Johnathan R. Razorback- Admin
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par Johnathan R. Razorback Ven 9 Aoû - 22:32
"Comment financer les dépenses sociales compte tenu des déficits ? Comment fixer nos priorités dans une société choquée par la crise ? Comment faire du social utile à notre compétitivité ?
La majorité peut-elle reprendre la main sur un sujet préempté la gauche ?
Arrêtons de nous complexer sur le social. Dans le passé, la droite s'est parfois enfermée dans un rôle de père Fouettard ou a singé la gauche pour s'acheter une bonne conscience. Nous devons assumer nos idées. Il existe une politique sociale de droite. Depuis 2007, le président a mis les questions de justice au cœur des réformes. L'opposition a peu de leçons à donner, elle qui s'est opposée à tout, contrairement aux partenaires sociaux qui ont eu une attitude responsable.
Qu'est-ce qu'une mesure sociale de droite ?
Il y a quatre critères pour définir ce qu'elle doit être. D'abord, il faut assumer que le social, ce n'est pas seulement agir pour les plus défavorisés. Les classes moyennes ont souffert dans la crise. Est-ce normal qu'elles n'aient pas accès aux bourses scolaires et aux aides au logement ? Posons la question des seuils. Ensuite, il faut en finir avec la culture du chèque. On doit privilégier des mesures actives, en passant un contrat «donnant-donnant» avec les bénéficiaires des dispositifs. Dans le RSA, ce n'est pas le volet assistanat qui m'intéresse mais l'outil de retour au travail. Il faut développer le «sur-mesure» par rapport aux usines à gaz trop lourdes dont notre pays a le secret. Enfin, une évaluation systématique doit être faite. On doit pouvoir rendre compte. Bref, il faut en finir avec le politiquement social correct.
Le président a-t-il tenu les promesses faites aux classes moyennes en 2007 ?
Nicolas Sarkozy et François Fillon n'ont pas abandonné les classes moyennes. Avant la crise, leurs droits de succession ont été allégés. Pendant la crise, elles ont été dispensées du règlement d'une partie de leur impôt sur le revenu.
Quelle doit être la place des parlementaires de la majorité ?
Beaucoup d'entre eux sont des experts du social que l'on doit associer à l'exécution des mesures."
-Anne Rovan, Wauquiez : « Il existe une politique sociale de droite », 8 décembre 2009: https://www.lefigaro.fr/politique/2009/12/08/01002-20091208ARTFIG00008-wauquiez-il-existe-une-politique-sociale-de-droite-.php
"La Droite sociale est une initiative politique lancée en 2010 par Laurent Wauquiez et de nombreux élus issus de toutes les familles de pensée de la droite et du centre. Depuis l'origine, elle est fondée sur une idée : la droite ne peut pas se limiter à un programme régalien ou à un programme de rigueur. Elle doit allier la force de l’État et la justice sociale. Elle doit défendre une vision globale, forte et cohérente pour notre pays.
Au cœur des idées de la Droite sociale, il y a la valeur travail. Notre système social se désagrège parce que nous ne savons plus faire valoir le travail contre l'assistanat. En France, il est possible de mieux vivre des aides sociales qu'en travaillant. C'est à la fois injuste et désespérant pour ceux qui peinent à gagner leur vie. Nous devons rétablir une culture des droits et des devoirs : celui qui travaille doit toujours gagner plus que celui qui ne travaille pas, et celui qui reçoit des aides sociales doit accomplir en échange des travaux d'intérêt général.
Cette réforme est indispensable pour redonner leur place à ceux qui sont les oubliés de la politique depuis des décennies : les Français issus des classes moyennes et de la ruralité. Les classes moyennes de notre pays ont été écrasées entre deux injustices. Elles sont privées des aides dont bénéficient les plus défavorisés, et ne bénéficient pas des niches dont profitent les plus favorisés. Ce sont elles qui subissent tout le poids des impôts qui s'accumulent depuis des années. Nos campagnes et nos villages, quant à eux, ont été laissés à l'abandon, et subissent de plein fouet les conséquences de la désindustrialisation et du délitement de nos services publics. Il est urgent de leur redonner la place qui est la leur, car ils sont le socle indispensable de notre pays.
[...] Pour redresser la France, la Droite sociale est convaincue qu'il faut redonner de l'air à notre économie. En même temps que la valeur travail, la liberté d'entreprendre doit redevenir un principe concret dans notre pays. La priorité doit aller à la fin du matraquage fiscal et réglementaire et aux dérives d'une bureaucratie qui se complait dans la multiplication de nouvelles taxes, de nouvelles normes et de nouveaux formulaires. Notre économie et nos emplois sont bridés par les lourdeurs de notre système : nous devons, simplement, revenir à des principes de bon sens.
Cela ne veut pas dire qu'il faille tout laisser faire et tout laisser passer. Le grand marché mondial et la finance dérégulée ne doivent plus nous dicter leurs lois. C'est pourquoi la Droite sociale croit à une refondation de l'Europe, qui doit devenir un bouclier pour nos emplois et nos entreprises. L'Union européenne doit défendre une vision équilibrée des échanges et de la production : ni protectionnisme obtus, ni libre-échangisme à tout prix. L'intérêt européen et l'intérêt des entreprises européennes doivent revenir au centre de nos préoccupations. Il est temps de retrouver le sens du projet européen initial : créer une force à l'échelle du continent pour protéger nos industries et nos économies. [...]
Défendre ce projet de société n'aurait pas de sens s'il n'allait pas de pair avec la défense de notre nation, de notre culture et de notre identité. La Droite sociale est convaincue que les citoyens ne sont pas des consommateurs interchangeables, sans origine ni visage. Elle pense qu'au XXIe siècle, la patrie et les racines ont plus que jamais un sens. Nous avons une conception exigeante de la civilisation française, de notre laïcité et de notre histoire. Face aux risques du monde actuel, et surtout face à la menace islamiste qui s'étend à l'intérieur comme à l'extérieur de nos frontières, nous voulons défendre l'idée d'une France fière d'elle-même et de ses valeurs.
Pour être à la hauteur de cette ambition, il est indispensable que l’État et la société française renouent avec ce qui nous manque tant aujourd'hui : le sens de l'autorité. De la famille à la présidence de la République en passant par l'école, nous pensons que l'autorité doit redevenir une valeur fondamentale. Car l'autorité, c'est la force de gouverner, mais c'est aussi le fondement du respect mutuel. Si nous voulons éviter que la France ne se défasse, nous devons retrouver ce courage essentiel." ( https://www.droitesociale.fr/notre-mission-pour-la-france/ ).
Arnaud Guyot-Jeannin, "Pourquoi la droite sociale ?", Boulevard Voltaire (éditorial), 8 septembre 2018: https://www.bvoltaire.fr/pourquoi-la-droite-sociale/
Historiquement, la seule vraie droite – légitimiste et contre-révolutionnaire – était associée à une pensée et à des luttes sociales en rupture avec le capitalisme libéral. On l’oublie un peu vite, tant la gauche les a monopolisées (même si, depuis 1983, le Parti socialiste a rallié les valeurs marchandes). Quant à la droite, elle a aussi sa part de responsabilité dans sa défense du libéralisme bourgeois qui va de pair avec sa vacuité sociale.
Pour autant, Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan – classé à droite de l’échiquier politique – ne sont pas libéraux. Leur gaullisme social respectif n’équivaut pas à défendre un socialisme national, mais demeure respectueux du modèle social français que gauche et droite libérale veulent démanteler. Néanmoins, Marine Le Pen est-elle suivie par les cadres du Rassemblement national qu’elle préside ? Rien n’est moins sûr. Aliot, Collard, Saint-Just – sans évoquer Marion Maréchal – campent sur une ligne sociale-libérale qui représente le cache-sexe d’un libéralisme hybride. Quant à Nicolas Dupont-Aignan, il est très difficile de savoir s’il fait des émules au sein de Debout la France dont il est le président. Les membres de son parti ne sont guère connus, voire fantomatiques.
Qu’elles soient traditionaliste ou souverainiste, les droites intellectuelle et de gouvernement s’entendent pour fustiger les ravages de l’économisme usuraire et soutenir un protectionnisme solidaire. Mais quelles sont les sources de cet antilibéralisme social de droite ? Il faut poser la question et y répondre, tant la droite libérale-conservatrice et la droite libérale-oligarchique sont aux antipodes de la doctrine sociale de l’Église comme du solidarisme politique et économique.
René de la Tour du Pin, Charles Péguy, Maurice Barrès, Charles Maurras, le premier Thierry Maulnier, Robert Aron, Denis de Rougemont, Robert Poulet, Paul Sérant, Gustave Thibon, etc., sont quelques-uns des penseurs sociaux de droite. Léon Daudet, Georges Bernanos, Robert Brasillach, Pierre Drieu La Rochelle, Pierre Gripari, Jean Cau représentent, eux, quelques-uns des écrivains hostiles au libéralisme et soucieux de la question sociale. Plus près de nous, le catholique traditionaliste Thomas Molnar a pu écrire : “Société civile : L’idéologie libérale était le moyen rêvé pour la faire sortir de son état latent, de l’ombre de l’histoire, parce que le libéralisme justifie les appétits humains, liés aux intérêts matériels – contre la discipline des vertus, fondement social de l’Église et de l’État” (L’Hégémonie libérale). Dans un genre différent, le père de la Nouvelle Droite, Alain de Benoist, a noté justement : “La conception de l’homme comme “animal/être économique” […] est le symbole, le signe même qui connote à la fois le capitalisme bourgeois et le socialisme marxiste. Libéralisme et marxisme sont nés comme les deux pôles opposés d’un même système de valeurs économiques […] Libéraux (ou néo-libéraux) et marxistes sont d’accord sur un point essentiel : pour eux, la fonction déterminante d’une société, c’est l’économie” (Les Idées à l’endroit).
Il reste beaucoup à faire pour que la droite se réapproprie la question sociale. Son héritage intellectuel peut le lui permettre. Elle peut également lire les socialistes français comme Pierre Leroux et Benoît Malon. Cela l’éclairera. Jean-Claude Michéa a bien vu que le socialisme français n’était pas de gauche (pas plus que de droite, il est vrai).
Arnaud Guyot-Jeannin, "Lorsque la droite européenne était socialiste", Boulevard Voltaire (éditorial), 25 septembre 2018: https://www.bvoltaire.fr/lorsque-la-droite-europeenne-etait-socialiste/
Dans un précédent article (Pourquoi la droite sociale ?), nous montrions que la droite légitimiste et la droite bonapartiste avaient été à la pointe du combat social. Il nous faut aller plus loin aujourd’hui. En effet, la droite traditionaliste et la droite révolutionnaire se sont réclamées du « socialisme » comme alternative au matérialisme marxo-libéral. En France et en Allemagne, le socialisme a pu recouvrir une signification tout autre que celle du collectivisme. Dans le premier pays, il a pu être défini comme un système économique où la justice sociale occupe le premier plan. Alors que, dans le deuxième pays, il apparaît comme un anthropologisme recouvrant la communauté du peuple.
Historiquement, ce sont Édouard Drumont et Maurice Barrès qui utilisent les premiers l’expression « socialisme national » pour désigner le recours indispensable à une économie solidaire dans une nation organique. De son côté, Charles Péguy s’est dit « socialiste », tout en récusant le jauressisme : « Le socialisme qui était un système économique de la saine et de la juste organisation du travail social, est devenu sous le nom de jauressisme et sous le nom identique et conjoint de sabotage, un système de désorganisation du travail social et en outre et en cela, une excitation des instincts bourgeois dans le monde ouvrier, un entraînement des ouvriers à devenir, à leur tour, de sales bourgeois. » Péguy stigmatise plus généralement la domination de l’argent – il est l’auteur de L’Argent, suivi de l’Argent (suite) -, non en raison d’un égalitarisme niveleur, mais parce qu’il souhaite une plus grande équité dans la répartition des richesses. C’est là plus qu’une nuance.
Charles Maurras et les Cahiers du Cercle Proudhon se sont également revendiqués d’un socialisme corporatif et mutualiste tour à tour. Le maître de Martigues a pu écrire : « Le socialisme libéré de l’élément cosmopolite et démocratique peut aller au nationalisme comme un gant bien fait à une belle main. » Dans les colonnes de L’Action française, on peut même lire : « Le nationalisme sous-entend une idée de protection du travail et des travailleurs, et l’on peut même, au moyen des calembours qui sont fréquents en politique, y faire entrer l’idée de nationaliser le sol, le sous-sol, les moyens de production. Sans calembour, un sentiment national plus intense, avisé par une administration plus sérieuse des intérêts nationaux, en tant que tels, pouvait introduire dans l’esprit de nos lois un compte rationnel des fortes plus-values que la société ajoute à l’initiative et à l’effort des particuliers, membres de la nation. Cette espèce de socialisme nationaliste était viable à condition d’en vouloir aussi les moyens, dont le principal eût dépendu d’un gouvernement fortement charpenté. Si l’État doit être solide pour faire face à l’Étranger, il doit l’être bien davantage pour résister à cette insaisissable étrangère, la Finance, à ce pouvoir cosmopolite, le Capital » (2 août 1914).
De leur côté, Pierre Drieu La Rochelle et Maurice Bardèche font appel à un « socialisme fasciste » dans une perspective européenne. Un « socialisme européen » loué plus tard par Jean Mabire.
En Allemagne, le courant Jeune-Conservateur prône un socialisme soldatique et communautaire. Arthur Moeller van den Bruck constate : « Chaque peuple a son propre socialisme. » Il renvoie à Oswald Spengler (Prussianité et Socialisme) et à Werner Sombart (Le Socialisme allemand). Un socialisme national qu’il ne faut pas confondre avec le national-socialisme…
Dernière édition par Johnathan R. Razorback le Mar 25 Aoû - 10:27, édité 2 fois
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« La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).
« Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.
« Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".