https://fr.wikipedia.org/wiki/Murray_Bookchin
https://www.persee.fr/doc/homso_0018-4306_1997_num_123_1_2885
"A récolter le vivant et à s'en nourrir dans l'inconscience on appauvrit la perception du vivant que l'on porte en soi autant que la réalité du vivant qui nous entoure." (p.150)
"Quoi qu'on puisse penser de l'anarchisme intellectualisé de Paul Feyerabend, il n'en a pas moins eu ce grand mérite d'avoir fait entrer largement dans la science moderne l'air frais de la réalité." (p.151)
"L'organisation de la substance [est] une épopée de la complexité croissante des formes." (p.151)
"La rupture est si totale entre la production et la consommation, entre la ferme et l'usine, et plus encore entre l'usine et le consommateur que nous ne sommes plus, littéralement, que les clients ignorants d'un appareil industriel hallucinant, dont nous n'avons qu'une notion très vague et aucune maîtrise." (p.153)
"Placer l'ouvrier dans une dépendance totale à l'égard de la fabrique et du marché du travail industriel fut une précondition essentielle au triomphe de la société industrielle. L'urbanisme, conçu en gros comme l'organisation du surpeuplement urbain, les horaires de travail interminables, une généreuse tolérance pour l'alcoolisme et une division extrêmement fragmentée du travail combinèrent les exigences de l'exploitation à une politique délibérée de prolétarisation. La liquidation systématique de tous ces moyens autonomes de survie que pouvaient constituer pour l'ouvrier un petit lopin de terre, une connaissance rudimentaire de l'utilisation des outils, le savoir-faire nécessaire pour pourvoir aux besoins familiaux en matière de chaussures, de vêtements et de mobilier, -cela ne tendait qu'à retirer au prolétariat tout moyen de résistance face au capital. Et cette impuissance entraîna à son tour une inertie, une perte de caractère et de sens de la solidarité et une détérioration du sens moral qui devaient faire de l'ouvrier héréditaire anglais l'un des membres les plus dociles des classes exploitées qu'ait connu l'histoire européenne des deux derniers siècles. [...]
Pénétrer à nouveau les "métiers de l'artifice" de l'esprit des "métiers de la nature" n'est donc pas seulement l'un des axes cardinaux du projet de l'écologie sociale ; c'est aussi une entreprise éthique visant à réhumaniser la psychè et à démystifier la technè. L'individu complet, membre d'une société complète et menant une vie totale et non fragmentée, est la précondition de l'apparition d'une individualité marquée par l'histoire de ce trait social spécifique qu'est l'autonomie. Une telle conception, loin de dénier la nécessité de la communauté l'a toujours présupposée. Seulement elle se représente la communauté comme une libre, dans laquelle l'interdépendance, et non la dépendance ou l'indépendance, fournit à la personnalité les ingrédients multiformes de son développement. Si, à la manière d'Engels traitant de "réactionnaire" et atavique la revendication des jardins ouvriers soutenue par les proudhoniens allemands, l'on sacralise l'autoritarisme, la hiérarchie et la discipline industrielles comme autant d'impératifs permanents de la technique, on se résigne à ce que l'être humain ne soit qu'un travailleur salarié et les "métiers de l'artifice" une usine abrutissante. A cet égard, le marxisme a formulé le projet de la bourgeoisie avec plus de cohérence et de clarté que ne l'ont fait les libéraux les plus agressifs. En considérant l'usine et l'évolution technique comme socialement neutres, le "socialisme scientifique" s'est refusé à voir le rôle qu'ont joué l'usine et sa structure hiérarchique complexe, pour conditionner les ouvriers à l'obéissance et leur inculquer la soumission depuis l'enfance et à toutes les étapes de leur vie adulte." (pp.154-155)
-Murray Bookchin, "Vers une rationalité libertaire", extraits de The Ecology of Freedom, 1982, in L'Homme et la société, Année 1997, 123-124, pp. 149-157.
https://www.cairn.info/revue-ecorev-2018-1-page-13.htm
http://www.ecologiesociale.ch/articles-telechargeables/
"
-Murray Bookchin, L'anarchisme dans une société d'abondance,
https://fr.1lib.fr/book/5409992/ea3e40
"
-Murray Bookchin, Changer sa vie sans changer le monde : l'anarchisme contemporain entre émancipation individuelle et révolution sociale, Agone, 2019, 185 pages.
https://fr.1lib.fr/book/5247411/a36b68
https://www.persee.fr/doc/homso_0018-4306_1997_num_123_1_2885
"A récolter le vivant et à s'en nourrir dans l'inconscience on appauvrit la perception du vivant que l'on porte en soi autant que la réalité du vivant qui nous entoure." (p.150)
"Quoi qu'on puisse penser de l'anarchisme intellectualisé de Paul Feyerabend, il n'en a pas moins eu ce grand mérite d'avoir fait entrer largement dans la science moderne l'air frais de la réalité." (p.151)
"L'organisation de la substance [est] une épopée de la complexité croissante des formes." (p.151)
"La rupture est si totale entre la production et la consommation, entre la ferme et l'usine, et plus encore entre l'usine et le consommateur que nous ne sommes plus, littéralement, que les clients ignorants d'un appareil industriel hallucinant, dont nous n'avons qu'une notion très vague et aucune maîtrise." (p.153)
"Placer l'ouvrier dans une dépendance totale à l'égard de la fabrique et du marché du travail industriel fut une précondition essentielle au triomphe de la société industrielle. L'urbanisme, conçu en gros comme l'organisation du surpeuplement urbain, les horaires de travail interminables, une généreuse tolérance pour l'alcoolisme et une division extrêmement fragmentée du travail combinèrent les exigences de l'exploitation à une politique délibérée de prolétarisation. La liquidation systématique de tous ces moyens autonomes de survie que pouvaient constituer pour l'ouvrier un petit lopin de terre, une connaissance rudimentaire de l'utilisation des outils, le savoir-faire nécessaire pour pourvoir aux besoins familiaux en matière de chaussures, de vêtements et de mobilier, -cela ne tendait qu'à retirer au prolétariat tout moyen de résistance face au capital. Et cette impuissance entraîna à son tour une inertie, une perte de caractère et de sens de la solidarité et une détérioration du sens moral qui devaient faire de l'ouvrier héréditaire anglais l'un des membres les plus dociles des classes exploitées qu'ait connu l'histoire européenne des deux derniers siècles. [...]
Pénétrer à nouveau les "métiers de l'artifice" de l'esprit des "métiers de la nature" n'est donc pas seulement l'un des axes cardinaux du projet de l'écologie sociale ; c'est aussi une entreprise éthique visant à réhumaniser la psychè et à démystifier la technè. L'individu complet, membre d'une société complète et menant une vie totale et non fragmentée, est la précondition de l'apparition d'une individualité marquée par l'histoire de ce trait social spécifique qu'est l'autonomie. Une telle conception, loin de dénier la nécessité de la communauté l'a toujours présupposée. Seulement elle se représente la communauté comme une libre, dans laquelle l'interdépendance, et non la dépendance ou l'indépendance, fournit à la personnalité les ingrédients multiformes de son développement. Si, à la manière d'Engels traitant de "réactionnaire" et atavique la revendication des jardins ouvriers soutenue par les proudhoniens allemands, l'on sacralise l'autoritarisme, la hiérarchie et la discipline industrielles comme autant d'impératifs permanents de la technique, on se résigne à ce que l'être humain ne soit qu'un travailleur salarié et les "métiers de l'artifice" une usine abrutissante. A cet égard, le marxisme a formulé le projet de la bourgeoisie avec plus de cohérence et de clarté que ne l'ont fait les libéraux les plus agressifs. En considérant l'usine et l'évolution technique comme socialement neutres, le "socialisme scientifique" s'est refusé à voir le rôle qu'ont joué l'usine et sa structure hiérarchique complexe, pour conditionner les ouvriers à l'obéissance et leur inculquer la soumission depuis l'enfance et à toutes les étapes de leur vie adulte." (pp.154-155)
-Murray Bookchin, "Vers une rationalité libertaire", extraits de The Ecology of Freedom, 1982, in L'Homme et la société, Année 1997, 123-124, pp. 149-157.
https://www.cairn.info/revue-ecorev-2018-1-page-13.htm
http://www.ecologiesociale.ch/articles-telechargeables/
"
-Murray Bookchin, L'anarchisme dans une société d'abondance,
https://fr.1lib.fr/book/5409992/ea3e40
"
-Murray Bookchin, Changer sa vie sans changer le monde : l'anarchisme contemporain entre émancipation individuelle et révolution sociale, Agone, 2019, 185 pages.
https://fr.1lib.fr/book/5247411/a36b68