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    Christian Harbulot, Le nationalisme économique américain

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Date d'inscription : 12/08/2013
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    Christian Harbulot, Le nationalisme économique américain Empty Christian Harbulot, Le nationalisme économique américain

    Message par Johnathan R. Razorback Lun 20 Avr - 14:38

    « Le nationalisme économique est un choix de politique gouvernementale. » (p.7)

    « se traduirait notamment par des nationalisations éventuelles, une politique monétaire articulée autour d’une monnaie nationale, la limitation des flux de capitaux internationales, le renforcement de droits de douane et un contrôle étatique des investissements. » (p.Cool

    « Le retour au nationalisme économique sous la Présidence Trump n’est-il pas la démonstration de l’usage circonstancié du nationalisme économique par les Etats-Unis pour instaurer et maintenir leur hégémonie ? » (p.11)

    « Le nationalisme économique est né de la volonté de donner à un peuple les moyens élémentaires de survie puis d’acquérir des richesses aux dépens d’autres peuples. » (p.14)

    « L’Etat est omniprésent et indissociable de la vie économique. Sa présence se retrouve dans la gestion de l’Incanti, un système d’enchères mettant à disposition les navires de la République aux marchands. Cela s’est traduit également par l’instauration de monopoles et d’un protectionnisme en faveur de la République au sein des territoires inféodés. […]
    La stratégie de puissance vénitienne passe également par la terre, notamment par son monopole de distribution de biens de première nécessité, en particulier le sel. L’office du sel en est une parfaite illustration, cette institution ayant été créée pour assurer un monopole. En 1240, la République vénitienne a également interdit aux régions sous sa tutelle de s’approvisionner auprès de ses concurrents, n’hésitant pas à faire signer des traités inégaux sous la menace des armes. […] Elle utilise la diplomatie, et lorsque celle-ci devient inutile, elle impose des blocus commerciaux et attaque ses concurrents. Venise domine la Méditerranée à partir de 1204. » (p.16)

    « Pour neutraliser le duché de Bourgogne, le roi de France prend des mesures qui favorisent la foire de Lyon au détriment de celle de Genève. Les marchands italiens obéissent. Louis XI s’attaque ensuite à Venise, grand allié du Duc de Bourgogne. Il instaure un embargo aux marchandises vénitiennes qui passent par la France, et arme des corsaires afin de piller les navires marchands vénitiens. Venise stoppe ainsi son soutien à la Bourgogne en 1478.
    Louis XI décide ensuite de bloquer les exportations de denrées alimentaires à destination d’Anvers et y provoque une famine. Le Roi utilise encore l’arme des foires et propose aux Anglais de créer des foires concurrentes à celle d’Anvers en France. Enfin, il demande aux banquiers italiens de stopper leurs prêts au Duc de Bourgogne. Les Flamands, affamés, demandent la paix avec la France et le duché de Bourgogne finit ruiné. Louis XI tente simultanément de développer son royaume. C’est un monarque interventionniste qui veut relever le pays économiquement. Pour cela, il insuffle un courant entrepreneurial au sein de la noblesse et attire des savoir-faire étrangers. Il aménage le marché intérieur du Royaume et harmonise les normes de production.
    Louis XI décide de donner à l’économie française un avantage décisif sur les autres Etats : la qualité. Il encourage enfin la copie des produits et des techniques de production étrangères si la qualité des biens finis s’avère supérieure. Louis XI met en outre un terme à la fuite des métaux précieux, qu’il utilise comme un investissement. Le Roi cherche également à doter son royaume d’une indépendance stratégique en fourniture de matières premières vis-à-vis de l’Italie, notamment pour l’alun, élément primordial pour les teintures. Enfin, Louis XI développe une politique commerciale internationale offensive : outre l’exemple des foires vu ci-dessus, il soutient fortement les ports du Languedoc et du Roussillon pour en faire un passage obligatoire du commerce et fonde la Compagnie des Galées de France, à qui il donne le monopole du commerce avec le Levant. » (pp.19-20)

    « Sa matrice naît dès 1790 sous la plume d’Alexander Hamilton. Cet homme politique américain défendit très tôt une politique « continentaliste » (entendre protectionniste) dans le but de favoriser une politique économique agraire et industrielle protégée par des tarifs douaniers. […]
    Ici se retrouve la méfiance précoce des Américains envers l’Europe et leur conviction d’être une nouvelle nation morale et divinement élue. » (p.31)

    « En 1825, List se rend aux Etats-Unis d’Amérique accompagné du Général La Fayette. Il y rédigea Outlines of American Political Economy, où y est repris tout particulièrement l’argument de l’industrie naissante de l’économiste américain Daniel Raymond. Dans cet ouvrage également, List vante le blocus du continent européen mis en place par le 1er Empire, qui permit aux industries allemandes d’émerger, ainsi qu’au nationalisme économique français tel qu’il s’exprime dans les écrits d’Adolphe Thiers et de Mathieu de Dombasle. List exporte ce modèle économique française aux Etats-Unis, et contribue ainsi fortement à l’élaboration des futures politiques protectionnistes américaines. » (p.33)

    « En 1828, les taux de tarifs douaniers dépassent 40%, contre 16% en 1816. […] Leur balance de commerce extérieur passe de 230 à 762 millions de dollars entre 1830 et 1860. Leurs tarifs douaniers financent la part la plus substantielle de leur trésor public (jusqu’en 1890). Les subsides de cette politique ne profitent majoritairement qu’aux Etats du Nord républicains, alors que le Sud démocrate subit plus fortment la hausse des produits manufacturés. […] Cette frustration économique liée à des arts de vivre très différents va mener à la guerre de Sécession. » (p.33)

    « Les plus hauts tarifs protectionnistes parmi les nations industrialisées. Le tarif Dingley est adopté en 1897. La moyenne du taux ad valorem sur les marchandises importées imposables reste de 49%, mais le pourcentage des importations imposables passe de 44% à 56%. » (p.34)

    « Suite à son élection en mars 1913, le président Wilson s’attache à baisser les barrières douanières. La réduction des tarifs est en moyenne de 30%, ce qui accroît la pénétration des produits étrangers sur le marché américain. Le 3 octobre 1913 est votée la loi Underwood-Simmons qui supprime les droits de douane sur le fer, l’acier, la laine brute et le sucre, égalant ainsi une protection minimale qui n’avait plus été pratiquée depuis le tarif Walker de 1857. » (p.37)

    « Le 27 mai 1921, l’Emergency Tariff Ac test voté et instaure des droits de douane sur les produits agricoles afin de soulager la crise des fermiers américains. » (p.38)

    « En juin 1930, le président Hoover fait voter le Smoot-Hawley Tariff Act. […] Le taux de prélèvement douanier se trouve majoré de 30 à 40%. En freinant la baisse des prix américains, le protectionnisme tend à améliorer les termes de l’échange aux Etats-Unis. Toutefois, ces mesures ont un impact sur le reste du monde. Les pays s’engagent eux aussi dans des mesures de rétorsion. » (pp.39-40)

    « De 1941 à 1945, le gouvernement fédéral dépense deux fois plus d’argent que dans le siècle et demi qui vient de s’écouler. Cette politique interventionniste provoque un retour foudroyant de la prospérité. » (p.40)

    [Des faits sans lien]

    « Globalement, les accords du GATT, puis ceux de l’OMC créés en 1997, permettent la réduction des barrières aux échanges. Ainsi, le taux moyen de protection douanière au niveau mondial a été divisé par 12.5 entre 1946 et 1980, tandis que de 1970 à 2000, le commerce mondial a été multiplié par 4.6 et la production mondiale par 2.4. » (p.42-43)

    « En 1982, le Buy American Act de Roosevelt, datant de 1933, est complété par des dispositions Buy American qui renforcent les mesures de protection des marchés publics contre l’achat de biens extraterritoriaux. » (p.43)

    « [Bill] clinton commence par créer des organismes de soutien aux exportations. » (p.44)

    « Les dossiers choisis sont envoyés au second organisme : l’Advocacy Center. Il dépend du département du commerce, et procure aux entreprises une assistance opérationnelle pour l’obtention de marchés publics à l’étranger, dans la planification des interventions. […] Les petites et moyennes entreprises bénéficient également d’un soutien spécifique à l’exportation, prodigué depuis plusieurs dizaines d’années par la Small Business Administration [créée en 1953]. » (p.44-45)

    « Le cas de British Petroleum, est le révélateur d’enjeux « identitaires » qui vont amener le pouvoir politique à intervenir en remettant en cause la ligne ultralibérale appliquée par le gouvernement. Commencée peu de temps après l’arrivée de Mme Thatcher au pouvoir, sa privatisation a rapidement attiré le Kuwait Investment Office (KIO) qui, tout en assurant le Royaume-Uni que ses intentions n’étaient pas hostiles, a progressivement augmenté son investissement dans le groupe jusqu’à détenir 21.6% des parts en mai 1988. Cette possibilité alarma une partie des parlementaires, qui, par la promulgation de la Monopolies and Mergers Commission, contraignit en octobre 1988 le KIO à ramener sa participation à 9.9% du capital. Le KIO étant le bras armé financier du gouvernement koweïtien, membre de l’OPEP, le Royaume-Uni ne put officiellement accepter une telle prise de participation. Cela menaçait potentiellement les intérêts stratégiques des consommateurs, de BP et du pays. En intervenant sur ce dossier, l’administration Thatcher prenait le contre-pied de sa politique libérale. » (p.55)

    « A la fin des années 1980, la Grande-Bretagne est marquée par un rapprochement entre d’un côté, les télécommunications et de l’autre, l’informatique et l’audiovisuel. […]
    Le pays se place alors dans les années 1980 comm un des leaders du domaine et notamment sur ce qui concerne la fibre optique. Ce développement entraînera de fortes exportations, la création d’emplois dans les industries anglaises du secteur ainsi qu’une position passagère de domination sur le marché mondial. Les deux plus grandes entreprises du secteur : Cable & Wireless et British Telecom sont ainsi respectivement pritavisés en 1981 et 1984. Cette privatisation du secteur a permis une importante levée de fonds pour l’Etat britannique. Elle a permis un développement à l’international des entreprises britanniques, notamment dans les zones où la Grande-Bretagne était la plus influente. Ces entreprises britanniques se sont ainsi lancées dans une conquête de marchés vers les anciennes colonies, les paradis fiscaux ainsi que sur le continent asiatique et l’Amérique du Nord. En 1990, British Telecom a pénétré le marché irlandais. Cable & Wireless investit lui massivement dans des opérateurs à Hong Kong, en Australie et crée des coentreprises en Russie. » (pp.56-57)

    « En 1979, au début du premier mandat de Thatcher, la fin du contrôle des changes est décidée. Cette loi réglementait l’achat et la vente de devises étrangères pour ses ressortissants et interdisait à un particulier ou à une entreprise résidents en Angleterre de posséder un stock de devises étrangères. […] Il en résulta une sorte de Big Bang qui eut pour conséquences l’augmentation massive et immédiate du volume des échanges de la City acquérant ainsi le statut de première place financière mondiale dans les années 1990. » (p.59)

    « Grâce à un développement interne favorisé par une production et consommation centrée sur leur territoire et des tarifs douaniers limitant les importations, les Etats-Unis sont devenues une puissance économique du commerce international dès la fin du XIXème siècle. » (p.113)
    -Christian Harbulot, Le nationalisme économique américain, VA Editions, coll. « Guerre de l’information », 2017, 117 pages.



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