https://www.cairn.info/revue-romantisme-2016-2-page-79.htm
"Le sublime tient à l’ampleur cosmique de ce « Grand Combat » qui ne cesse d’opposer des êtres plus qu’humains, individus intermédiaires, êtres de transformations infinies, animaux quasi totémiques. Car Ducasse nous place dans un climat de constantes métamorphoses. Il cherche à signifier la variabilité des figures qu’il nous présente. Celles-ci, incarnations momentanées du Mal ou du Bien, évoluent dans un univers instable, à la limite du cauchemar. Le jamais vu ou l’inouï apparaissent par le truchement d’entités souveraines ou dégradées. Au-delà des allégories, des symboles, Ducasse forge sa mythologie et sa tératologie en toute connaissance des prédécesseurs auxquels il emprunte, en bouleversant, en révulsant, en inversant, pour créer offensivement la stupéfaction (et non pas la « terreur ou la pitié ») du lecteur. Il réutilise à sa façon les grandes machines épiques, revisite les monstres, met en circulation des animaux aussi attirants ou répulsifs que la Chimère ou l’Hippogriffe de jadis. C’est l’occasion pour lui de ranimer un matériel caduc qu’il relativise avec fougue au nom d’un nouveau merveilleux, celui sur lequel Chateaubriand avait médité avec une admirable ardeur théorique dans son Génie du christianisme. De là l’estimation qu’en firent les surréalistes, sans nécessairement percevoir ce que Ducasse devait à toute une tradition dont il était particulièrement informé."
-Jean-Luc Steinmetz, « L’épopée Maldoror », Romantisme, 2016/2 (n° 172), p. 79-88. DOI : 10.3917/rom.172.0079. URL : https://www.cairn.info/revue-romantisme-2016-2-page-79.htm
"Le sublime tient à l’ampleur cosmique de ce « Grand Combat » qui ne cesse d’opposer des êtres plus qu’humains, individus intermédiaires, êtres de transformations infinies, animaux quasi totémiques. Car Ducasse nous place dans un climat de constantes métamorphoses. Il cherche à signifier la variabilité des figures qu’il nous présente. Celles-ci, incarnations momentanées du Mal ou du Bien, évoluent dans un univers instable, à la limite du cauchemar. Le jamais vu ou l’inouï apparaissent par le truchement d’entités souveraines ou dégradées. Au-delà des allégories, des symboles, Ducasse forge sa mythologie et sa tératologie en toute connaissance des prédécesseurs auxquels il emprunte, en bouleversant, en révulsant, en inversant, pour créer offensivement la stupéfaction (et non pas la « terreur ou la pitié ») du lecteur. Il réutilise à sa façon les grandes machines épiques, revisite les monstres, met en circulation des animaux aussi attirants ou répulsifs que la Chimère ou l’Hippogriffe de jadis. C’est l’occasion pour lui de ranimer un matériel caduc qu’il relativise avec fougue au nom d’un nouveau merveilleux, celui sur lequel Chateaubriand avait médité avec une admirable ardeur théorique dans son Génie du christianisme. De là l’estimation qu’en firent les surréalistes, sans nécessairement percevoir ce que Ducasse devait à toute une tradition dont il était particulièrement informé."
-Jean-Luc Steinmetz, « L’épopée Maldoror », Romantisme, 2016/2 (n° 172), p. 79-88. DOI : 10.3917/rom.172.0079. URL : https://www.cairn.info/revue-romantisme-2016-2-page-79.htm