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    David Levystone, La constitution des athéniens du pseudo-xénophon. D'un despotisme à l'autre

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    David Levystone, La constitution des athéniens du pseudo-xénophon. D'un despotisme à l'autre Empty David Levystone, La constitution des athéniens du pseudo-xénophon. D'un despotisme à l'autre

    Message par Johnathan R. Razorback Dim 24 Mai - 15:17

    "En 404 av. J.-C., à la fin de la guerre du Péloponnèse, Athènes perd son empire, ses murs et sa flotte. Elle est également privée de son régime traditionnel : la démocratie. Avec l'oligarchie des Trente, dirigée par Critias, se révèle alors un pouvoir absolu qui ne cherche d'autre légitimité que celle de la seule force : elle se maintient par le recours à une répression féroce  et avec l'appui d'une garnison étrangère.

    Pourtant, trente ans plus tôt, au début de la guerre, Athènes se trouve au sommet de sa puissance et paraît très supérieure à Sparte. C'est la démocratie impérialiste triomphante de Périclès qui n'a plus même d'adversaire à l'intérieur de la cité : le parti oligarchique est alors impuissant, à la suite de l'ostracisme de son chef (Thucydide, fils de Mélésias).

    Mais tandis que la démocratie devient extrême  et s'enfonce dans une guerre qu'elle paraît de moins en moins certaine d'emporter, le mouvement oligarchique se raffermit à nouveau. L'affaire de la mutilation des Hermès en témoigne  ainsi, bien sûr, que le coup d'État de 411 (de mai à septembre), favorisé par les défaites militaires successives que connaît alors la cité. Suite à une série d'assassinats, cette petite oligarchie réussit à faire voter par l'Assemblée l'abandon des institutions démocratiques. La mission d'instaurer une nouvelle organisation des pouvoirs est confiée à un Conseil de quatre cents citoyens. Mais ceux-ci (les « Quatre Cents ») se les arrogent tous et retardent l'établissement de la liste des cinq mille citoyens appelés à participer à la vie politique. Le pouvoir revient finalement aux Cinq Mille, après une nouvelle défaite militaire et grâce à l'intervention des marins de la flotte basée à Samos et d'Alcibiade ­ pourtant soupçonné d'avoir à l'origine comploté pour le compte de l'oligarchie. Ce régime ne dure que quelques mois et le retour aux pratiques démocratiques se fait sans heurt. Cette première crise aura certes des conséquences importantes, dont le retour triomphal d'Alcibiade, jusque-là exilé, mais elle n'est rien au regard du second coup de force oligarchique, quelques années plus tard : celui des Trente.

    Ce fut sans aucun doute le pire régime qu'ait connu Athènes. Ce fut, en tout cas, celui qui marqua le plus les mémoires : le gouvernement des Quatre Cents, quoique fondé lui aussi sur la force, n'était que rarement considéré comme une « tyrannie ». En effet, ses promoteurs pouvaient s'assurer l'adhésion d'un secteur assez large de la population et ils ne commirent pas de crimes comparables à ceux de leurs successeurs. Il s'agissait, en somme, d'une « véritable » oligarchie ; en 404, au contraire, Critias fait éliminer Théramène et ses partisans ­ oligarques « modérés » ­, qui voulaient s'appuyer sur les riches citoyens pour gouverner : pour lui, le pouvoir des Trente ne pouvait être qu'une tyrannie fonctionnant au profit de ses seuls membres.

    La haine du peuple qui l'anime se signale par une répression impitoyable : en seulement quelques mois, huit à dix pour cent des citoyens athéniens seront massacrés par Critias et ses complices !
    "

    "Au Ve siècle, presque toutes les cités possèdent des murs d'enceinte. Seuls les Spartiates rejettent par principe les fortifications et soutiennent qu'une cité n'est véritablement fortifiée que si elle est tenue par des hommes braves (Plutarque, Lycurgue, XIX, 12 ; Plutarque, Apophthegmes laconiens, 228e) : ce sont eux, les murs, et la vertu des habitants fournit une fortification suffisante. Ibid., 210e : « On demandait à Agésilas pour quelle raison Sparte n'avait pas de murailles. Il répondit : "Ce n'est pas avec des pierres et des planches que l'on entoure une ville de remparts, mais plutôt à même les vertus de ses habitants" ». Pour eux, les cités fortifiées sont des places où se cachent les femmes (Plutarque, Apophthegmes de rois et de généraux."

    "La cité lacédémonienne interdisait, pour des raisons morales, toute activité commerciale à ses citoyens."

    "En 406 avant J.-C. Lorsque les généraux vainqueurs aux Arginuses furent poursuivis devant le Conseil des Cinq-Cents pour n'avoir pas recueilli les morts tombés à la mer pendant la bataille, la présidence était, au moment du procès, exercée par Socrate (Xénophon, Mémorables, I, 1, 18). Le peuple et les accusateurs voulaient poursuivre tous les généraux dans une même formule d'accusation et les faire condamner par un seul et unique arrêt. C'était une procédure contraire à la loi, car celle-ci exigeait que le jugement fût individuel, et qu'il y eût autant de verdicts qu'il y avait de prévenus. Socrate, obéissant au serment qu'il avait prêté de juger suivant les lois établies, résista seul contre tous et recueillit les suffrages suivant les règles ordinaires, ce qui n'empêcha pas, d'ailleurs, la condamnation à mort des généraux. Selon Platon, Apologie de Socrate, 32b, repris par Diogène Laërce, II, 24, il y avait dix stratèges ; selon Xénophon, Helléniques, I, 7, 15, sur les dix stratèges, huit prirent part effectivement à la bataille et six seulement revinrent à Athènes où ils furent jugés et exécutés."
    -David Levystone, « La constitution des athéniens du pseudo-Xénophon. D'un despotisme à l'autre », Revue Française d'Histoire des Idées Politiques, 2005/1 (N°21), p. 3-48. DOI : 10.3917/rfhip.021.0003. URL : https://www.cairn.info/revue-francaise-d-histoire-des-idees-politiques1-2005-1-page-3.htm



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