https://journals.openedition.org/sociologie/1545
"Introduite dans le vocabulaire juridique par une circulaire de 1927, la condition d’assimilation est précisée par des indicateurs objectifs qui ne sont pas sans rappeler les critères de civilisation élaborés dans les colonies. Peut-on pour autant conclure à « l’hypothèse » d’un transfert colonial ? L’auteur invalide une telle hypothèse dans la mesure où les configurations sociales dans l’un et l’autre espace sont radicalement différentes : d’un côté, elle se réfère à des sujets considérés comme faisant partie des « races inférieures », de l’autre, elle concerne des étrangers, en grande majorité européens, appréhendés comme faisant partie des « races sœurs ». L’affinité supposée des races européennes, du moins pour les Républicains, explique en partie la politique de naturalisation « libérale » alors pratiquée en métropole. Entrent également en ligne de compte les préoccupations afférentes à la baisse démographique à laquelle une politique d’assimilation est censée, en partie, répondre. Aussi, la crainte que se forment, au sein de la nation, des « noyaux d’étrangers » qui mettraient en cause son unité, ne fait que renforcer chez les Républicains la conviction qu’il est nécessaire d’agir activement en vue de leur assimilation. Néanmoins, le gouvernement ne renonce pas à son pouvoir d’appréciation poussé à la vigilance par la crainte de l’influence communiste autant que par celle des catholiques sur les ouvriers étrangers. La langue, considérée comme un instrument efficace de diffusion des idéaux républicains et de stabilisation des institutions de la République, va désormais constituer le critère déterminant de la condition d’assimilation. La singularité de cette « configuration politique et sociale propre au contexte de la loi de 1927 » (p. 117) représente, pour l’auteur, un argument plus efficace que celui du transfert colonial dès lors qu’il s’agit d’expliquer l’apparition de la condition d’assimilation dans le droit métropolitain de la nationalité."
-Myriam Hachimi Alaoui, « Les frontières de l’identité nationale »[Hajjat Abdellali], Sociologie [En ligne], Comptes rendus, 2012, mis en ligne le 29 janvier 2013, consulté le 29 septembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/sociologie/1545
"Introduite dans le vocabulaire juridique par une circulaire de 1927, la condition d’assimilation est précisée par des indicateurs objectifs qui ne sont pas sans rappeler les critères de civilisation élaborés dans les colonies. Peut-on pour autant conclure à « l’hypothèse » d’un transfert colonial ? L’auteur invalide une telle hypothèse dans la mesure où les configurations sociales dans l’un et l’autre espace sont radicalement différentes : d’un côté, elle se réfère à des sujets considérés comme faisant partie des « races inférieures », de l’autre, elle concerne des étrangers, en grande majorité européens, appréhendés comme faisant partie des « races sœurs ». L’affinité supposée des races européennes, du moins pour les Républicains, explique en partie la politique de naturalisation « libérale » alors pratiquée en métropole. Entrent également en ligne de compte les préoccupations afférentes à la baisse démographique à laquelle une politique d’assimilation est censée, en partie, répondre. Aussi, la crainte que se forment, au sein de la nation, des « noyaux d’étrangers » qui mettraient en cause son unité, ne fait que renforcer chez les Républicains la conviction qu’il est nécessaire d’agir activement en vue de leur assimilation. Néanmoins, le gouvernement ne renonce pas à son pouvoir d’appréciation poussé à la vigilance par la crainte de l’influence communiste autant que par celle des catholiques sur les ouvriers étrangers. La langue, considérée comme un instrument efficace de diffusion des idéaux républicains et de stabilisation des institutions de la République, va désormais constituer le critère déterminant de la condition d’assimilation. La singularité de cette « configuration politique et sociale propre au contexte de la loi de 1927 » (p. 117) représente, pour l’auteur, un argument plus efficace que celui du transfert colonial dès lors qu’il s’agit d’expliquer l’apparition de la condition d’assimilation dans le droit métropolitain de la nationalité."
-Myriam Hachimi Alaoui, « Les frontières de l’identité nationale »[Hajjat Abdellali], Sociologie [En ligne], Comptes rendus, 2012, mis en ligne le 29 janvier 2013, consulté le 29 septembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/sociologie/1545