https://www.persee.fr/doc/dreso_0769-3362_1992_num_22_1_1187
"La distinction logique entre être et devoir-être -qui réside dans l'impossibilité de passer, au moyen d'une déduction logique, du domaine de l'un à celui de l'autre- est une des positions centrales de la théorie pure du droit."
"[La théorie pure du droit] assigne à l'interprétation scientifique l'unique tâche de révéler les significations possibles d'une norme concrète et de laisser à l'organe chargé d'appliquer le droit le choix, déterminable uniquement en termes de considérations politiques, entre les différentes interprétations théoriquement possibles. Qu'une seule de celles-ci soit "juste" ne peut être soutenu du point de vue de la science du droit. Une telle affirmation contribue uniquement à maintenir l'illusion d'une sécurité juridique qui, en vérité, n'existe pas." (p.559)
"Le droit ne peut être isolé de la politique dès lors qu'il en est un instrument. Sa création aussi bien que son application sont politiques et cela implique des fonctions déterminées par des jugements de valeur. Mais la science du droit peut et doit être séparée de la politique s'il lui est permis, en définitive, de prétendre au statut de science. Cela signifie que la connaissance du droit positif, sa description, l'analyse de sa structure, la définition des concepts qui le conçoivent et son interprétation scientifique -éléments inhérents à l'essence de chaque science- doivent être strictement objectives et, partant, ne peuvent être influencées par les jugements de valeur du théoricien du droit qui revêtent toujours un caractère subjectif et émotionnel."(pp.559-560)
"La justice est, en son essence, une valeur absolue ; et l'absolu en général, comme les valeurs absolues en particulier, se situent au-delà de la connaissance scientifique et rationnelle. La théorie pure du droit est un positivisme juridique. Elle est même la théorie du positivisme juridique ; et le positivisme juridique marche main dans la main avec le relativisme. En d'autres termes, lorsqu'on pose la question de la valeur d'un droit positif, de sa justice, la seule réponse qui peut être avancée est qu'il est relatif ; c'est-à-dire qu'il n'est juste que sous la présupposition d'une certaine valeur supérieure [...] Mais l'adoption d'une valeur supérieure repose toujours sur un jugement de valeur subjectif et irrationnel." (p.560)
-Hans Kelsen, "Qu'est-ce que la théorie pure du droit ?", Droit et Société, Année 1992, 22, pp. 551-568.
"La distinction logique entre être et devoir-être -qui réside dans l'impossibilité de passer, au moyen d'une déduction logique, du domaine de l'un à celui de l'autre- est une des positions centrales de la théorie pure du droit."
"[La théorie pure du droit] assigne à l'interprétation scientifique l'unique tâche de révéler les significations possibles d'une norme concrète et de laisser à l'organe chargé d'appliquer le droit le choix, déterminable uniquement en termes de considérations politiques, entre les différentes interprétations théoriquement possibles. Qu'une seule de celles-ci soit "juste" ne peut être soutenu du point de vue de la science du droit. Une telle affirmation contribue uniquement à maintenir l'illusion d'une sécurité juridique qui, en vérité, n'existe pas." (p.559)
"Le droit ne peut être isolé de la politique dès lors qu'il en est un instrument. Sa création aussi bien que son application sont politiques et cela implique des fonctions déterminées par des jugements de valeur. Mais la science du droit peut et doit être séparée de la politique s'il lui est permis, en définitive, de prétendre au statut de science. Cela signifie que la connaissance du droit positif, sa description, l'analyse de sa structure, la définition des concepts qui le conçoivent et son interprétation scientifique -éléments inhérents à l'essence de chaque science- doivent être strictement objectives et, partant, ne peuvent être influencées par les jugements de valeur du théoricien du droit qui revêtent toujours un caractère subjectif et émotionnel."(pp.559-560)
"La justice est, en son essence, une valeur absolue ; et l'absolu en général, comme les valeurs absolues en particulier, se situent au-delà de la connaissance scientifique et rationnelle. La théorie pure du droit est un positivisme juridique. Elle est même la théorie du positivisme juridique ; et le positivisme juridique marche main dans la main avec le relativisme. En d'autres termes, lorsqu'on pose la question de la valeur d'un droit positif, de sa justice, la seule réponse qui peut être avancée est qu'il est relatif ; c'est-à-dire qu'il n'est juste que sous la présupposition d'une certaine valeur supérieure [...] Mais l'adoption d'une valeur supérieure repose toujours sur un jugement de valeur subjectif et irrationnel." (p.560)
-Hans Kelsen, "Qu'est-ce que la théorie pure du droit ?", Droit et Société, Année 1992, 22, pp. 551-568.