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    Julien Théry, Le gouvernement romain de la Chrétienté autour de 1206 :Innocent III et les débuts de la théocratie pontificale

    Johnathan R. Razorback
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    Julien Théry, Le gouvernement romain de la Chrétienté autour de 1206 :Innocent III et les débuts de la théocratie pontificale Empty Julien Théry, Le gouvernement romain de la Chrétienté autour de 1206 :Innocent III et les débuts de la théocratie pontificale

    Message par Johnathan R. Razorback Mer 4 Nov - 9:57

    http://cenj.ehess.fr/index.php?203

    https://www.academia.edu/8796048/_Le_gouvernement_romain_de_la_Chr%C3%A9tient%C3%A9_autour_de_1206_Innocent_III_et_les_d%C3%A9buts_de_la_th%C3%A9ocratie_pontificale_dans_Dominique_avant_les_dominicains_M%C3%A9moire_dominicaine_21_2007_p_33_38

    "L’année 1206 fut la neuvième d’un pontificat extraordinaire, dont il n’est pas excessif de dire qu’il fut l’un des plus déterminants dans l’histoire de l’Église par le nombre, l’importance et la pérennité des œuvres accomplies, des choix effectués, des entreprises engagées. Sans faire la part trop belle au regard a posteriori, on peut considérer l’ensemble du pontificat comme la construction progressive, consciente et volontaire par Innocent III d’un édifice qui serait finalement dévoilé au monde dans sa totalité formidable, à la fin de l’année 1215, avec la synthèse normative issue du concile de Latran IV. Les décrets du concile, qui forment une somme de mesures capitales pour le devenir de l’institution ecclésiale et de la Chrétienté, furent le fruit de l’expérience, de la pratique du gouvernement pontifical depuis 1198. Innocent III avait en effet gouverné l’Église, au temporel comme au spirituel, avec pour perspective permanente la mise au point, dans l’action, de principes universels."

    "La dissidence religieuse en Languedoc que Diègue et Dominique se proposèrent de combattre par la prédication à partir de 1206 avait pour principal fondement, comme toutes les autres déviances nées dans la Chrétienté latine depuis la fin du XIe siècle, la contestation de ces nouvelles formes institutionnelles de l’Église issues, peu à peu, de la réforme grégorienne. Les hérésies découlèrent d’abord et avant tout de remises en cause de la place renouvelée et des pouvoirs accrus pris par les clercs dans la société chrétienne. Certes protéiformes, les mouvements hétérodoxes n’en avaient pas moins pour point commun le refus d’une évolution dont Innocent III fut le plus grand artisan : la transformation de l’Église en une monarchie pontificale tendanciellement absolue, vouée à gouverner non seulement le monde clérical, mais aussi – et pas seulement au plan strictement spirituel – les laïcs."

    "La réflexion d’Innocent III autour de la notion de plénitude de puissance visait d’abord, en pratique, à justifier l’imposition de la suprématie juridictionnelle de la papauté sur les évêques et les églises locales. Mais en travaillant sur ses rapports avec la hiérarchie épiscopale, Innocent III créa les conditions d’une véritable transfiguration de l’office pontifical, parachevant ainsi la construction d’une ecclésiologie bien spécifique en-dehors de laquelle on ne peut comprendre ni l’entrée en dissidence, ni la persécution des hérétiques. Il ne s’agissait de rien de moins que d’une forme de divinisation de la fonction du pape, comme l’a souligné Kenneth Pennington. « Vicaire du Christ », le pontife suprême recevait en partage, non certes en sa personne, mais dans l’exercice de safonction, des pouvoirs d’ordre divin. Dans la bulle Quanto personam, qui condamna en 1198 le transfert d’un évêque d’Hildesheim au siège de Wurzbourg, effectué sans l’accord d’Innocent III, ce dernier avait ainsi étéconduit à affirmer que pour ce type d’affaire, le pape « tenait lieu sur terrenon de simple homme, mais de vrai Dieu »."

    "Les prétentions d’Innocent III (puis de ses successeurs) à la souveraineté absolue allaient bien vite excéder le domaine du gouvernement de la société cléricale. Or toute contestation de l’ecclésiologie hiérocratique qui présidait à ces prétentions était désormais susceptible d’être assimilée à une atteinte au Christ à travers son représentant sur terre, c'est-à-dire à une atteinte à la foi. Plus largement, toute résistance à l’autorité pontificale pouvait constituer en dernier recours, par transitivité en quelque sorte, un crime « de lèse-majesté éternelle » – c'est-à-dire, selon la définition qu’en donna Innocent III en 1199 dans la célèbre bulle Vergentis in senium, un crime d’hérésie."
    -Julien Théry, "Le gouvernement romain de la Chrétienté autour de 1206 : Innocent III et les débuts de la théocratie pontificale", paru dans les actes du colloque international Dominique avant les dominicains, 8ème centenaire de la rencontre de Castelnau-Montpellier, dans Mémoire dominicaine, 21, 2007, pages 33-37.




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