https://journals.openedition.org/medievales/5564
"Le XIVe siècle, si l’on suit les idées fortes d’Armando Petrucci, constitue le moment où, pour des auteurs qui écrivent en vulgaire ou en latin – dans les genres canoniques du droit ou de la théologie –, se crée un concept nouveau, celui du libro unitario, objet qui renferme dans sa reliure des textes ou un texte qui ont un seul auteur. Armando Petrucci, ou certains de ses élèves, ont étudié cette première apparition pour Pétrarque, mais on retrouverait, pour des auteurs français comme Christine de Pisan ou René d’Anjou, une évolution identique qui crée une césure par rapport à la tradition du livre en miscellanées dominante à partir des viie-viiie siècles.
L’émergence du nom propre procède de ce nouveau concept de livre – l’œuvre-livre – qui joue sur l’identité entre un objet et une œuvre – œuvre isolée ou corpus de textes qui font œuvre. C’est un point très important par rapport à tous les raisonnements qui ont posé, en termes de volonté auctoriale ou de catégorie juridique, la question de l’émergence de l’œuvre comme livre et du livre comme œuvre. L’identité entre texte et objet est liée au geste matériel et intellectuel de la reliure, qui peut dépendre du possesseur du livre comme du copiste.
Toujours selon Armando Petrucci, les xiie-xiiie siècles, au moins dans l’Europe méditerranéenne, représenteraient une rupture inauguratrice : celle du scrivere per leggere. À un modèle monastique de la copie, celle du scrivere senza leggere, s’oppose un modèle scolastique de la lecture où, à l’intérieur du monde universitaire, comme dans les mondes laïques séculiers apparaît le groupe des alfabeti liberi qui écrivent et lisent en dehors d’une obligation professionnelle."
"Le XIVe siècle, si l’on suit les idées fortes d’Armando Petrucci, constitue le moment où, pour des auteurs qui écrivent en vulgaire ou en latin – dans les genres canoniques du droit ou de la théologie –, se crée un concept nouveau, celui du libro unitario, objet qui renferme dans sa reliure des textes ou un texte qui ont un seul auteur. Armando Petrucci, ou certains de ses élèves, ont étudié cette première apparition pour Pétrarque, mais on retrouverait, pour des auteurs français comme Christine de Pisan ou René d’Anjou, une évolution identique qui crée une césure par rapport à la tradition du livre en miscellanées dominante à partir des viie-viiie siècles.
L’émergence du nom propre procède de ce nouveau concept de livre – l’œuvre-livre – qui joue sur l’identité entre un objet et une œuvre – œuvre isolée ou corpus de textes qui font œuvre. C’est un point très important par rapport à tous les raisonnements qui ont posé, en termes de volonté auctoriale ou de catégorie juridique, la question de l’émergence de l’œuvre comme livre et du livre comme œuvre. L’identité entre texte et objet est liée au geste matériel et intellectuel de la reliure, qui peut dépendre du possesseur du livre comme du copiste.
Toujours selon Armando Petrucci, les xiie-xiiie siècles, au moins dans l’Europe méditerranéenne, représenteraient une rupture inauguratrice : celle du scrivere per leggere. À un modèle monastique de la copie, celle du scrivere senza leggere, s’oppose un modèle scolastique de la lecture où, à l’intérieur du monde universitaire, comme dans les mondes laïques séculiers apparaît le groupe des alfabeti liberi qui écrivent et lisent en dehors d’une obligation professionnelle."