"Bruno Aubusson de Carvalay avait démontré dès 1985 qu’à infraction égale, le groupe des « sans profession » était le seul qui suscitât une probabilité forte d’emprisonnement ferme. Comment ne pas penser aux 43 % des jeunes des Zus (zones urbaines sensibles) au chômage en 2010 ?"
"Monique Dagnaud et Sébastien Roché, ont étudié à Grenoble, la suractivité délictuelle importante des mineurs d’origine étrangère, en particulier du Maghreb, à partir de dossiers jugés entre 1985 et 2000. Ils concluaient eux aussi que ces jeunes cumulaient nombre de handicaps socio-économiques : difficulté à trouver un emploi, ghettoïsation de l’habitat, pauvreté, alcoolisme d’un parent, grandes fratries, échec scolaire, immigration récente, etc. Cependant, dans ce cas, les conclusions des auteurs étaient bien différentes : aucun lien avec la culture n’était avancé."
"Fabien Jobard et Sophie Névanen, au terme d’une recherche sur les discriminations pénales et civiles selon l’origine, à partir d’un ensemble de prévenus pour infractions à agent de la force publique – le délit le plus grave –, établissent que, si couleur du jugement il y a, ce n’est pas dû aux décisions des juges, « aveugles à la couleur, [qui] ne rendent leurs décisions que sur des critères techniques, mais aux stades préalables du contact avec les policiers – et du constat formel qui s’ensuit – et avec le parquet. Il notent que, « pour un même type d’infractions, un peu plus d’un dixième des prévenus du groupe “Européens” sont frappés d’emprisonnement ferme, quand un quart des autres le sont, si bien que le risque de se voir condamné à la prison ferme est presque deux fois supérieur chez les prévenus des groupes “Maghrébins” et “Noirs” que chez les prévenus du groupe européens . ». Quelles explications donner à ces différences de traitement, comprenons bien : à faute égale ? Bien souvent, la décision du policier de se porter partie civile est facteur explicatif : si « 33,1 % des prévenus du groupe “Européens” voient des policiers se porter partie civile, c’est le cas pour 50,8 % des prévenus du groupe “Maghrébins” et 45,6 % de ceux du groupe “Noirs” . »."
"Une étude d’Éric Debarbieux et Georges Fotinos va dans le même sens, celui d’une discrimination structurelle, en révélant qu’« un élève d’un établissement Ambition Réussite – qui accueille un public défavorisé – risque trois fois plus d’être exclu temporairement et deux à trois fois plus de l’être définitivement qu’un élève d’une école classique, à faute égale. Les chercheurs notent que « plus les données sociales sont lourdes, plus les chefs d’établissement perçoivent un niveau de violence plus élevé, et le recours à l’exclusion est fréquent. »."
-Hélène Yvonne Meynaud, « Déni des cultures ou culture des poncifs ? À propos de l'ouvrage d'Hugues Lagrange, Le Déni des cultures », Travailler, 2012/1 (n° 27), p. 157-166. DOI : 10.3917/trav.027.0157. URL : https://www.cairn-int.info/revue-travailler-2012-1-page-157.htm
Laurent Muchielli, Didier et Eric Fassin, Véronique Le Goaziou, Solène Lardoux, Philippe Poutignat et Jocelyne Streiff-Senart, Véronique de Rudder, Maryse Tripier, Michel Wieviorka qui comptent parmi les spécialistes les plus importants de ce champ de recherche.
"Monique Dagnaud et Sébastien Roché, ont étudié à Grenoble, la suractivité délictuelle importante des mineurs d’origine étrangère, en particulier du Maghreb, à partir de dossiers jugés entre 1985 et 2000. Ils concluaient eux aussi que ces jeunes cumulaient nombre de handicaps socio-économiques : difficulté à trouver un emploi, ghettoïsation de l’habitat, pauvreté, alcoolisme d’un parent, grandes fratries, échec scolaire, immigration récente, etc. Cependant, dans ce cas, les conclusions des auteurs étaient bien différentes : aucun lien avec la culture n’était avancé."
"Fabien Jobard et Sophie Névanen, au terme d’une recherche sur les discriminations pénales et civiles selon l’origine, à partir d’un ensemble de prévenus pour infractions à agent de la force publique – le délit le plus grave –, établissent que, si couleur du jugement il y a, ce n’est pas dû aux décisions des juges, « aveugles à la couleur, [qui] ne rendent leurs décisions que sur des critères techniques, mais aux stades préalables du contact avec les policiers – et du constat formel qui s’ensuit – et avec le parquet. Il notent que, « pour un même type d’infractions, un peu plus d’un dixième des prévenus du groupe “Européens” sont frappés d’emprisonnement ferme, quand un quart des autres le sont, si bien que le risque de se voir condamné à la prison ferme est presque deux fois supérieur chez les prévenus des groupes “Maghrébins” et “Noirs” que chez les prévenus du groupe européens . ». Quelles explications donner à ces différences de traitement, comprenons bien : à faute égale ? Bien souvent, la décision du policier de se porter partie civile est facteur explicatif : si « 33,1 % des prévenus du groupe “Européens” voient des policiers se porter partie civile, c’est le cas pour 50,8 % des prévenus du groupe “Maghrébins” et 45,6 % de ceux du groupe “Noirs” . »."
"Une étude d’Éric Debarbieux et Georges Fotinos va dans le même sens, celui d’une discrimination structurelle, en révélant qu’« un élève d’un établissement Ambition Réussite – qui accueille un public défavorisé – risque trois fois plus d’être exclu temporairement et deux à trois fois plus de l’être définitivement qu’un élève d’une école classique, à faute égale. Les chercheurs notent que « plus les données sociales sont lourdes, plus les chefs d’établissement perçoivent un niveau de violence plus élevé, et le recours à l’exclusion est fréquent. »."
-Hélène Yvonne Meynaud, « Déni des cultures ou culture des poncifs ? À propos de l'ouvrage d'Hugues Lagrange, Le Déni des cultures », Travailler, 2012/1 (n° 27), p. 157-166. DOI : 10.3917/trav.027.0157. URL : https://www.cairn-int.info/revue-travailler-2012-1-page-157.htm
Laurent Muchielli, Didier et Eric Fassin, Véronique Le Goaziou, Solène Lardoux, Philippe Poutignat et Jocelyne Streiff-Senart, Véronique de Rudder, Maryse Tripier, Michel Wieviorka qui comptent parmi les spécialistes les plus importants de ce champ de recherche.