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    Carlo Ginzburg, Lectures de Mauss,

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Carlo Ginzburg, Lectures de Mauss,  Empty Carlo Ginzburg, Lectures de Mauss,

    Message par Johnathan R. Razorback Sam 12 Déc - 22:42

    http://www.culturahistorica.es/ginzburg/lectures_de_mauss.pdf

    "Marcel Mauss fit un éloge chaleureux du livre de Bloch après sa publication." (p.1304)

    "Ce classique de l’anthropologie est, aujourd’hui plus que jamais, au centre de discussions acharnées : ou, plus précisément, de critiques corrosives qui entament non seulement ses bases ethnographiques mais jusqu’à son armature conceptuelle. C’est bien ce qu’a fait Testart lui-même quand il a soutenu, d’une part, que le potlatch ne constitue pas un exemple de l’obligation de la réciprocité du don et quand il a nié, d’autre part, que cette obligation à la réciprocité constitue un phénomène universel. Toute discussion à propos de l’Essai sur le don doit se mesurer à cette double critique." (p.1305)

    "Œdipe tyran, relu à travers Socrate, enseigne que la politique, l’art suprême, est un art de la mesure. Mauss pense par contraste aux bolcheviques : une des cibles implicites des pages conclusives de l’Essai sur le don. En abolissant le marché entre 1918 et 1922, les bolcheviques ont accompli un geste violent et éphémère. Mauss développa son jugement dans un essai paru en cinq livraisons, entre le 3 février et le 5 mars 1923 dans La vie socialiste. La première, intitulée « Fascisme et bolchevisme. Réflexions sur la violence », s’ouvrait par une attaque féroce contre Georges Sorel, reprise ensuite dans la dernière livraison qui avait pour titre « Observations sur la violence. Contre la violence. Pour la force ». Écrites en même temps que l’Essai sur le don, ces pages l’illuminent d’une lumière vive – et inversement.

    « Le crime et la faute du bolchevisme, écrit Mauss, c’est de s’être imposé au peuple et d’avoir molesté même la classe ouvrière dont le gouvernement se dit issu, d’avoir meurtri toutes les institutions sociales qui eussent pu être la base de l’édifice. Nous ne voulons donc pas de la force qui s’impose contre le droit ou sans le droit. Mais nous ne renonçons pas à mettre la force au service du droit. »

    La force est pour Mauss une composante inéliminable de la vie sociale : « Il n’y a pas de société sans discipline, sans contrainte, sans sanctions. » Mais la force visible ne pourrait pas agir si elle n’était soutenue par celle qu’on ne saurait voir. Une des sections les plus discutées de l’Essai sur le don s’intitule justement « La force des choses ». « Dans les choses échangées au potlatch, écrit Mauss, il y a une vertu qui force les dons à circuler, à être donnés et à être rendus. »." (p.1314)

    "Kojève avait retrouvé Rousseau chez Hegel grâce à Mauss, qui avait lu Boas à travers Rousseau." (p.1317)

    "Claude Lefort intervint pour défendre « le ‘vrai’ Mauss » contre l’ensemble de l’interprétation de Lévi-Strauss. [...] La thèse de Lefort était inattaquable : la lecture kantienne de l’Essai sur le don (et fût-ce sous la forme d’un « kantisme sans moi transcendantal », selon la formule de Paul Ricœur, reprise ensuite par Lévi-Strauss lui-même) 69 nous mène très loin de la « lutte des hommes », du potlatch agonistique, d’Hegel – et, ajouterais-je, de Rousseau. Sur un plan général, observait Lefort :

    Quand on a substitué à l’échange vécu, à l’expérience de la rivalité, du prestige ou de
    l’amour, l’échange pensé, on obtient un système de cycles de réciprocité entre les lignées
    A B C D : les sujets concrets de l’échange ont disparu." (p.1319)
    -Carlo Ginzburg, "Lectures de Mauss", Annales. Histoire, Sciences Sociales, vol. 65, n°6, 2010.




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