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    James Connolly, Le Rôle de la classe ouvrière dans l'histoire de l'Irlande + Socialism and the Irish Rebellion: Writings from James Connolly + James Connolly: ''a full life'' + The Politics of James Connolly

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    James Connolly, Le Rôle de la classe ouvrière dans l'histoire de l'Irlande + Socialism and the Irish Rebellion: Writings from James Connolly + James Connolly: ''a full life'' + The Politics of James Connolly Empty James Connolly, Le Rôle de la classe ouvrière dans l'histoire de l'Irlande + Socialism and the Irish Rebellion: Writings from James Connolly + James Connolly: ''a full life'' + The Politics of James Connolly

    Message par Johnathan R. Razorback Jeu 7 Jan - 22:26

    https://fr.wikipedia.org/wiki/James_Connolly_(Irlande)

    https://fr.book4you.org/book/5270168/78433e

    "La décomposition des clans, achevée par Cromwell, consomma en définitive la ruine de l’Irlande gaélique. Désormais, en matière d’éducation supérieure des Irlandais, ce fut l’étranger qui fournit le modèle, l’étranger qui donna le ton.

    Autrement dit, la culture gaélique des chefs de clans fut brutalement détruite au XVIIe siècle et remplacée par les méthodes éducatives des despotes européens du continent. On les inculqua aux étudiants irlandais, qu’on renvoya ensuite dans leur pays pour prêcher la croyance fanatique dans les prérogatives royales et féodales, croyance aussi étrangère au génie gaélique que les maîtres anglais sur le sol de l’Irlande. Quel éclairage cela jette-t-il sur l’histoire irlandaise des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles ! Quelle belle démonstration sur l’origine réelle de cette prétendue « vénération des Irlandais pour l’aristocratie, » que décrivent avec tant d’éloquence les littérateurs charlatans de la bourgeoisie irlandaise ! On s’aperçoit que cette vénération est tout aussi exotique, tout aussi importée, que la caste aristocratique qui en est l’objet. L’une et l’autre ont été :


    « … d’immondes fleurs étrangères
    Qu’on fit pousser ici pour empoisonner nos plaines. »."

    "Dépossédée de son ancien système social, l’Irlande a été du même coup dépossédée de sa langue nationale, par laquelle se transmettait la culture de ses couches dirigeantes. Cette double perte provoqua l’arrêt prolongé du développement social, national et culturel du pays. Dans les dernières années du XVIIe siècle, pendant tout le XVIIIe et la majeure partie du XIXe, les Irlandais sont devenus, socialement et politiquement, les ilotes de l’Europe.

    Le paysan irlandais, qui avait été un homme libre du clan, possédant ses terres tribales et exerçant un pouvoir collectif avec ses compagnons, fut réduit à l’état de simple occupant précaire menacé par l’expulsion, le déshonneur, l’ignominie et soumis à un propriétaire privé qui n’avait de comptes à rendre à personne. Politiquement, il n’avait pas d’existence ; juridiquement, il n’avait aucun droit ; intellectuellement, submergé par le poids de sa déchéance sociale, il cédait à l’emprise avilissante de la pauvreté. Vaincu par la conquête, il subissait toutes les terribles conséquences de la défaite, sous la domination d’une classe dirigeante et d’une nation qui ont toujours suivi le vieux précepte des Romains :« Malheur au vaincu ».

    Pour ajouter à son humiliation, ceux de son nom, ceux de son peuple, qui avaient trouvé moyen d’échapper à la ruine générale et qui avaient pu envoyer leurs enfants s’instruire à l’étranger, découvraient que ces « wild geese », qui étaient partis vers la France, l’Italie ou l’Espagne pleins de haine pour la Couronne d’Angleterre et la cohorte de landlords anglais installés en Irlande, revenaient au pays transformés en partisans catholiques d’un prétendant au trône d’Angleterre. Ils usaient de tout le prestige de leur éducation étrangère pour discréditer l’idéal gaélique d’égalité et de démocratie et pour distiller en échange dans l’esprit de la jeune génération les idées féodales du droit divin des rois à régner et des sujets à obéir aveuglément.
    "

    "La littérature irlandaise de langue anglaise est née à cette époque, où le paysan irlandais, réduit au dernier degré de l’oppression, pouvait tout au plus espérer qu’on ait pitié de lui comme on a pitié d’un animal. Elle n’était pas écrite pour les Irlandais comme l’aurait été une véritable littérature nationale ; elle était écrite par des Irlandais, elle les prenait pour thème, mais elle était destinée aux Anglais et aux Anglo-Irlandais.

    C’est ce qui permet de dire que, dans la littérature anglaise, l’Irlandais est apparu avec l’excuse aux lèvres. Ses créateurs n’avaient aucune idée de ce qu’avait été l’Irlandais libre et indépendant de l’Irlande gaélique, mais ils connaissaient fort bien l’Irlandais vaincu, volé, asservi, abruti, corrompu, qu’avait engendré la domination de générations de landlords et de capitalistes. Celui-là, ils l’avaient bien repéré et ils l’exhibaient à la face du monde en demandant aux autres nations de voir en lui le type même de l’Irlandais authentique.

    Rampait-il devant un représentant du pouvoir royal, en un mouvement de soumission abjecte, né de cent ans de proscription politique et de dressage aux idées étrangères, on présentait fièrement sa bassesse comme l’exemple de « l’antique fidélité celte à la monarchie héréditaire ». Le souvenir des éternelles famines, des expulsions, des emprisonnements, des pendaisons, de l’occupation précaire de la terre, venait-il lui embrumer le cerveau et le pousser à s’humilier devant la classe supérieure ou à s’attacher comme un chien au destin d’un de ses membres, on citait sa flagornerie
    ."

    "La précarité permanente de son existence engendrait-elle en lui, dans un système où la terre c’est la vie, le désir forcené de posséder un lopin pour assurer la subsistance des siens, on claironnait aussitôt, triomphalement, que cette faim de terre, toute récente, était la preuve de « l’attachement irlandais au principe de la propriété privée ». Qu’il soit bien entendu que nous ne parlons pas des Anglais qui calomnient les Irlandais, mais des Irlandais qui distribuent ce genre d’éloges à leur propre peuple. Les calomniateurs anglais n’ont jamais fait autant de mal que ces prétendus peintres de la personnalité irlandaise. C’est à la face du monde que les Anglais rabaissaient les Irlandais, tandis que les professeurs et écrivains de la bourgeoisie irlandaise les rabaissaient à leurs propres yeux, donnant pour des vertus typiquement irlandaises les vices les plus ignobles engendrés par des générations de servitude.

    Ainsi, chaque fois qu’un paysan, ou un ouvrier, ou un artisan irlandais, se liguait avec ses compagnons pour lutter contre ses oppresseurs et défendre son droit de vivre sur la terre de ses ancêtres, les classes « respectables », toutes imbues d’idées étrangères, déploraient publiquement son action et l’attribuaient en douce « aux conséquences fâcheuses des erreurs de l’administration anglaise à l’égard de la personnalité irlandaise ».

    Mais quand par hasard un Irlandais, rejetant toutes les traditions de son peuple, se mettait à marcher sur la tête de ses compatriotes pour devenir riche ou puissant, on donnait sa vie en exemple de ce dont étaient capables les Irlandais favorisés par la naissance ou par les circonstances. On peut dire que les dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles ont été le chemin de croix du peuple irlandais. Le Gaël originel disparut et, à sa place, les politiciens bourgeois, les capitalistes et les prêtres s’efforcèrent de fabriquer un Irlandais hybride, contraint d’assimiler un système social, une langue, une personnalité, qui lui étaient étrangers. L’assimilation du système social et de la langue fut hélas un succès, un tel succès que, de nos jours, la majorité des Irlandais ignorent que leurs ancêtres ont pu connaître un autre régime de propriété, et qu’ils ont, dans leur propre pays, toutes les peines du monde à se débrouiller dans leur langue maternelle, qu’ils parlent avec l’accent hésitant des étrangers. Par bonheur, la personnalité nationale a été trop difficile à façonner aux moules respectables de l’étranger. Ce refus de céder à l’étreinte mortelle du conformisme capitaliste anglais a déjà provoqué un retour à la langue gaélique et va vraisemblablement faire aussi redécouvrir et réévaluer le système social dans lequel le peuple gaël a atteint le plus haut degré de civilisation et de culture en Europe
    ."
    -James Connolly, Le Rôle de la classe ouvrière dans l'histoire de l'Irlande, Paris, L'Arcantère éditions, 1986 (1910 pour la première édition à Dublin).

    https://fr.book4you.org/book/2695505/335db4

    https://fr.book4you.org/book/5686223/a45b17

    https://fr.book4you.org/book/15198028/8e17c3





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