https://www.babelio.com/auteur/Jean-Pierre-Paulet/48838
https://fr.1lib.fr/book/4459967/700308
"À l’échelle mondiale, en 1850, le taux d’urbanisation n’est que de 6,4 % : en 1900 il ne dépasse pas 14 %. Au milieu du XXe siècle, 30 % seulement des habitants de la planète étaient considérés comme « urbains ». Cette croissance est désormais de plus en plus rapide. Une date, que l’on peut qualifier d’historique, se situe en 2007 : d’après l’ONU et la Banque Mondiale la moitié de la population mondiale est désormais composée de citadins. Cette progression doit se poursuivre et les estimations les plus sérieuses évoquent 60 % d’urbains en 2030 !
Il est cependant difficile d’expliquer des paysages de plus en plus complexes et artificialisés. Avec l’étalement des villes on peut se demander si la mondialisation ne conduit pas à un phénomène urbain généralisé ? En 1952, George Chabot, pouvait encore écrire : « Il semble que la notion de ville soit, chez chacun de nous, très claire ; nous définissons la ville par contraste avec la campagne qui l’entoure » (Les villes, A. Colin). Aujourd’hui, la séparation ville/campagne devient complexe et n’a plus de sens en termes de mode de vie."
"Gigantisme des « mégapoles » comme Lagos, Mexico, Sao Paulo. Dans les « mégalopoles » se concentre la puissance et les capitaux : elles ont aussi plusieurs dizaines de millions d’habitants comme Tokyo, Séoul ou le « Grand New York »."
"En 1996, Olivier Dollfus créa le concept « d’archipel mégalopolitain mondial » ; un ensemble de villes qui contribuent « à la direction du monde » car elles concentrent des activités d’innovation et de commandement."
"En France, d’après l’INSEE, une agglomération, pour devenir une ville doit avoir au moins 2 000 habitants mais au Japon le seuil est de 50 000 et au Danemark de 200 !"
"Si le bon sens fait tout naturellement reposer la ville sur la notion de concentration des hommes, du bâti, des flux, des capitaux, de l’innovation, les définitions « classiques » insistent sur un certain nombre de caractéristiques concrètes, spécifiques, allant de la « maison urbaine » à étages aux équipements, aux voies de circulation ou aux plans de la cité. Dans ce contexte, il faut ajouter un élément essentiel de la géographie que nous avons appelé « classique » : le milieu physique. Celui-ci est sans conteste fondamental pour comprendre une ville donnée. Mais il a été longtemps placé en préliminaire, pour bien marquer que tout ce qui va suivre est fortement déterminé par les « conditions naturelles ». Quoi qu’il en soit, on voit, très tôt qu’une « individualité géographique ne résulte pas de simples considérations de géologie et de climat » et Vidal de la Blache montre bien que c’est l’homme qui en « pliant la nature à son usage […] met en lumière son individualité » (ouvrage cité). Pourtant, quelle que soit la définition, on s’accorde pour reconnaître jusqu’aux années 60, en France en particulier, que chaque ville est un « cas » spécifique peu comparable ; il suffit donc de montrer l’originalité locale et la « personnalité » de la région ou de la ville. Vidal de la Blache, en conclusion de son Tableau de la France, résume sa conception de la méthode : « L'étude attentive de ce qui est fixe et permanent […] doit être ou devenir plus que jamais notre guide. » On comprend mieux la vogue des « monographies » et des études régionales. R. Blanchard, dans son livre sur Grenoble (Étude de géographie urbaine, Armand Colin, 1912), précise que la ville doit être étudiée en « fonction des conditions physiques de sa situation ». Les études de l’époque ne cherchent pas à généraliser, encore moins à ébaucher des théories. Autrement dit, la voie royale de cette géographie urbaine repose sur « l’empirisme et l’idiographisme » (Bailly (A.S.), Les concepts de la Géographie humaine, Masson, 1991). L'Histoire est directement liée à ces concepts : le paysage est le résultat d’une évolution, d’une accumulation de formes et de « couches » successives qui font d’une ville donnée une « région historique » unique et sans équivalent."
"La forme d’un objet (d’une rue, d’un quartier, d’une ville) correspond à une concentration d’énergie, de travail s’exprimant « des forces » (politiques, économiques ou sociales) pouvant faire durer cette forme, la transformer ou la faire disparaître. [...]
Les formes observées dans les villes sont tout à fait particulières car elles reposent toujours sur un grand principe : la concentration et la densité du tissu urbain. [...]
Certains auteurs vont jusqu’à évoquer une « urbanisation transurfacique à synergie multistrate » (H. Reymond, divers, 1998) pour désigner le système urbain. En fait, le terme synergie suppose une action coordonnée, allant vers un même but. Or dans les villes, ces diverses surfaces (le sous-sol, les tunnels, les routes, les habitations, les usines) ont des conflits d’objectifs [...] l’entassement, la promiscuité, le bruit, la pollution, la circulation entraînent des antagonismes entre les diverses fonctions des lieux. La principale caractéristique de la ville est donc, à des degrés divers, la surcharge environnementale."
"La principale caractéristique de l’urbain correspond à des structures géométriques ou topologiques que l’on peut qualifier de labyrinthiques."
"Les modèles anciens possèdent tous les mêmes caractères, qu’il s’agisse de l’Europe ou de l’Asie : besoin de sécurité, remparts, lieux du culte, palais ou églises occupent des places centrales."
"R[oger] Brunet conçoit l’agglomération urbaine comme un « ensemble d’immeubles habités ou fréquentés, jointifs ou très rapprochés se distinguant collectivement d’un environnement nettement moins dense » (1992)."
6%
-Jean-Pierre Paulet, Manuel de Géographie urbaine, Armand Colin, 2009.
https://fr.1lib.fr/book/4459967/700308
"À l’échelle mondiale, en 1850, le taux d’urbanisation n’est que de 6,4 % : en 1900 il ne dépasse pas 14 %. Au milieu du XXe siècle, 30 % seulement des habitants de la planète étaient considérés comme « urbains ». Cette croissance est désormais de plus en plus rapide. Une date, que l’on peut qualifier d’historique, se situe en 2007 : d’après l’ONU et la Banque Mondiale la moitié de la population mondiale est désormais composée de citadins. Cette progression doit se poursuivre et les estimations les plus sérieuses évoquent 60 % d’urbains en 2030 !
Il est cependant difficile d’expliquer des paysages de plus en plus complexes et artificialisés. Avec l’étalement des villes on peut se demander si la mondialisation ne conduit pas à un phénomène urbain généralisé ? En 1952, George Chabot, pouvait encore écrire : « Il semble que la notion de ville soit, chez chacun de nous, très claire ; nous définissons la ville par contraste avec la campagne qui l’entoure » (Les villes, A. Colin). Aujourd’hui, la séparation ville/campagne devient complexe et n’a plus de sens en termes de mode de vie."
"Gigantisme des « mégapoles » comme Lagos, Mexico, Sao Paulo. Dans les « mégalopoles » se concentre la puissance et les capitaux : elles ont aussi plusieurs dizaines de millions d’habitants comme Tokyo, Séoul ou le « Grand New York »."
"En 1996, Olivier Dollfus créa le concept « d’archipel mégalopolitain mondial » ; un ensemble de villes qui contribuent « à la direction du monde » car elles concentrent des activités d’innovation et de commandement."
"En France, d’après l’INSEE, une agglomération, pour devenir une ville doit avoir au moins 2 000 habitants mais au Japon le seuil est de 50 000 et au Danemark de 200 !"
"Si le bon sens fait tout naturellement reposer la ville sur la notion de concentration des hommes, du bâti, des flux, des capitaux, de l’innovation, les définitions « classiques » insistent sur un certain nombre de caractéristiques concrètes, spécifiques, allant de la « maison urbaine » à étages aux équipements, aux voies de circulation ou aux plans de la cité. Dans ce contexte, il faut ajouter un élément essentiel de la géographie que nous avons appelé « classique » : le milieu physique. Celui-ci est sans conteste fondamental pour comprendre une ville donnée. Mais il a été longtemps placé en préliminaire, pour bien marquer que tout ce qui va suivre est fortement déterminé par les « conditions naturelles ». Quoi qu’il en soit, on voit, très tôt qu’une « individualité géographique ne résulte pas de simples considérations de géologie et de climat » et Vidal de la Blache montre bien que c’est l’homme qui en « pliant la nature à son usage […] met en lumière son individualité » (ouvrage cité). Pourtant, quelle que soit la définition, on s’accorde pour reconnaître jusqu’aux années 60, en France en particulier, que chaque ville est un « cas » spécifique peu comparable ; il suffit donc de montrer l’originalité locale et la « personnalité » de la région ou de la ville. Vidal de la Blache, en conclusion de son Tableau de la France, résume sa conception de la méthode : « L'étude attentive de ce qui est fixe et permanent […] doit être ou devenir plus que jamais notre guide. » On comprend mieux la vogue des « monographies » et des études régionales. R. Blanchard, dans son livre sur Grenoble (Étude de géographie urbaine, Armand Colin, 1912), précise que la ville doit être étudiée en « fonction des conditions physiques de sa situation ». Les études de l’époque ne cherchent pas à généraliser, encore moins à ébaucher des théories. Autrement dit, la voie royale de cette géographie urbaine repose sur « l’empirisme et l’idiographisme » (Bailly (A.S.), Les concepts de la Géographie humaine, Masson, 1991). L'Histoire est directement liée à ces concepts : le paysage est le résultat d’une évolution, d’une accumulation de formes et de « couches » successives qui font d’une ville donnée une « région historique » unique et sans équivalent."
"La forme d’un objet (d’une rue, d’un quartier, d’une ville) correspond à une concentration d’énergie, de travail s’exprimant « des forces » (politiques, économiques ou sociales) pouvant faire durer cette forme, la transformer ou la faire disparaître. [...]
Les formes observées dans les villes sont tout à fait particulières car elles reposent toujours sur un grand principe : la concentration et la densité du tissu urbain. [...]
Certains auteurs vont jusqu’à évoquer une « urbanisation transurfacique à synergie multistrate » (H. Reymond, divers, 1998) pour désigner le système urbain. En fait, le terme synergie suppose une action coordonnée, allant vers un même but. Or dans les villes, ces diverses surfaces (le sous-sol, les tunnels, les routes, les habitations, les usines) ont des conflits d’objectifs [...] l’entassement, la promiscuité, le bruit, la pollution, la circulation entraînent des antagonismes entre les diverses fonctions des lieux. La principale caractéristique de la ville est donc, à des degrés divers, la surcharge environnementale."
"La principale caractéristique de l’urbain correspond à des structures géométriques ou topologiques que l’on peut qualifier de labyrinthiques."
"Les modèles anciens possèdent tous les mêmes caractères, qu’il s’agisse de l’Europe ou de l’Asie : besoin de sécurité, remparts, lieux du culte, palais ou églises occupent des places centrales."
"R[oger] Brunet conçoit l’agglomération urbaine comme un « ensemble d’immeubles habités ou fréquentés, jointifs ou très rapprochés se distinguant collectivement d’un environnement nettement moins dense » (1992)."
6%
-Jean-Pierre Paulet, Manuel de Géographie urbaine, Armand Colin, 2009.