http://www.sinistra.net/lib/bas/battag/ceka/cekakfezuf.html
"La position des communistes de gauche ne sera donc jamais de condamner ceux qui se proposent d’attaquer, d’agresser, de subvertir les régimes qui se vantent d’être « libres » et démocratiques, d’abattre réellement les États capitalistes; mais plutôt de dénoncer l’impuissance, l’indignité des staliniens par rapport à une telle tâche, la possibilité toujours persistante pour leur organisation, sous l’habituel prétexte d’une situation nouvelle et de nouveaux développements, de se mettre dans une position de servitude, de compromis et d’obéissance vis-à-vis de l’impérialisme aujourd’hui rival.
Ce que les communistes de gauche condamnent, c’est le déguisement des intentions de guerre, ou du moins de chantage, vis-à-vis du super-État impérialiste d’Occident, sous couvert d’une propagande pacifiste qui devrait leurrer les couches semi-bourgeoises et petites-bourgeoises, et les soustraire (autre espérance vaine !) aux suggestions du dollar et de son catéchisme philanthropique et quaker; alors qu’on dit par voie interne aux quelques rares couches de prolétaires extrémistes : mais nous savons très bien que la liberté, la tolérance, le pacte constitutionnel sont de pures foutaises qui ne nous lieront jamais les mains, nous savons bien que le dernier mot reviendra à la force brute et à la bagarre sans exclusion de coups ! Nous donnerons les coups défendus au bon moment ! Pour l’instant, jouons les imbéciles autant que nous pouvons.
Les communistes de la gauche ne seraient pas scandalisés du tout de l’utilisation de moyens encore pires, puisqu’ils n’agissent pas selon des critères moraux. Mais ils ont constaté que ces méthodes désapprouvées ont progressivement démoli le mouvement révolutionnaire et raffermi la solidité du capitalisme.
Mais il ne s’agit pas ici de résumer la critique du stalinisme, inséparable de celle de la dégénérescence des piliers de la société russe, désormais dénués de tout caractère économique socialiste.
Il s’agit d’établir, face aux manœuvres et aux inepties de la propagande pro-occidentale, que la gauche communiste italienne impute précisément à la direction actuelle du soi-disant parti communiste une série d’erreurs qui empêchent de porter aujourd’hui des coups défendus au capitalisme national et international, coups qui ne seraient possibles que si on déployait notre prolétariat selon un plan d’action autonome : ce plan permettrait, s’il se refusait à tout scrupule et à toute réserve de nature nationale aussi bien dans les proclamations que dans les faits, une action effective de rupture des cadres de la discipline institutionnelle, de sabotage du pouvoir bourgeois en Italie, de lutte dans l’intérêt de la révolution mondiale; non seulement il passerait par-dessus toute considération pour les intérêts italiens, mais il parviendrait à une efficience maximale (que nous n’accordons pas au stalinisme) pour abattre la centrale capitaliste du monde, c.-à-d., dans la situation actuelle, la centrale du « monde libre », qu’on peut résumer par un seul mot : Amérique.
Ensuite, la perspective qu’il se forme un mouvement de tous les communistes exclus, titistes et trotskystes y compris, contre les communistes officiels, ne promet rien de mieux ! Une des caractéristiques de la gauche, c’est justement de refuser les fusions d’organisations; et c’est sur ce point qu’elle rompit avec Moscou en 1922 quand ce dernier imposa de repêcher les « terzini » qui, par rapport au matériel actuel, étaient vraiment des perles. Nous reprochons aux trotskystes d’avoir pousser à l’extrême cette tactique de prétendue manœuvre qui a été à la base de toute la dissolution. Et ces mêmes trotskystes éprouvent une grande répugnance pour les repentis du type de ces six apostats du Dieu qui a échoué. Nous ne connaissons pas de communistes exclus. Qu’ils aient choisi la liberté ou le dollar, deux monnaies qui n’ont pas cours chez nous, il n’y a que des staliniens exclus de leur parti, qui ne valent pas mieux que ceux qui en sont encore membres. Nous ne connaissons que des communistes dégoûtés. Dégoûtés des traîtres."
-Battaglia Comunista [tendance du Courant Communiste International], Nr. 16 – 1950. Traduit dans Invariance, Mai 1993.
https://fr.internationalism.org/tag/courants-politiques/battaglia-comunista
https://fr.internationalism.org/revue-internationale/201704/9549/annees-1950-et-60-damen-bordiga-et-passion-du-communisme
https://fr.internationalism.org/rint/122_conf
https://fr.internationalism.org/french/Rinte10/rencontre_inter_BC
"La position des communistes de gauche ne sera donc jamais de condamner ceux qui se proposent d’attaquer, d’agresser, de subvertir les régimes qui se vantent d’être « libres » et démocratiques, d’abattre réellement les États capitalistes; mais plutôt de dénoncer l’impuissance, l’indignité des staliniens par rapport à une telle tâche, la possibilité toujours persistante pour leur organisation, sous l’habituel prétexte d’une situation nouvelle et de nouveaux développements, de se mettre dans une position de servitude, de compromis et d’obéissance vis-à-vis de l’impérialisme aujourd’hui rival.
Ce que les communistes de gauche condamnent, c’est le déguisement des intentions de guerre, ou du moins de chantage, vis-à-vis du super-État impérialiste d’Occident, sous couvert d’une propagande pacifiste qui devrait leurrer les couches semi-bourgeoises et petites-bourgeoises, et les soustraire (autre espérance vaine !) aux suggestions du dollar et de son catéchisme philanthropique et quaker; alors qu’on dit par voie interne aux quelques rares couches de prolétaires extrémistes : mais nous savons très bien que la liberté, la tolérance, le pacte constitutionnel sont de pures foutaises qui ne nous lieront jamais les mains, nous savons bien que le dernier mot reviendra à la force brute et à la bagarre sans exclusion de coups ! Nous donnerons les coups défendus au bon moment ! Pour l’instant, jouons les imbéciles autant que nous pouvons.
Les communistes de la gauche ne seraient pas scandalisés du tout de l’utilisation de moyens encore pires, puisqu’ils n’agissent pas selon des critères moraux. Mais ils ont constaté que ces méthodes désapprouvées ont progressivement démoli le mouvement révolutionnaire et raffermi la solidité du capitalisme.
Mais il ne s’agit pas ici de résumer la critique du stalinisme, inséparable de celle de la dégénérescence des piliers de la société russe, désormais dénués de tout caractère économique socialiste.
Il s’agit d’établir, face aux manœuvres et aux inepties de la propagande pro-occidentale, que la gauche communiste italienne impute précisément à la direction actuelle du soi-disant parti communiste une série d’erreurs qui empêchent de porter aujourd’hui des coups défendus au capitalisme national et international, coups qui ne seraient possibles que si on déployait notre prolétariat selon un plan d’action autonome : ce plan permettrait, s’il se refusait à tout scrupule et à toute réserve de nature nationale aussi bien dans les proclamations que dans les faits, une action effective de rupture des cadres de la discipline institutionnelle, de sabotage du pouvoir bourgeois en Italie, de lutte dans l’intérêt de la révolution mondiale; non seulement il passerait par-dessus toute considération pour les intérêts italiens, mais il parviendrait à une efficience maximale (que nous n’accordons pas au stalinisme) pour abattre la centrale capitaliste du monde, c.-à-d., dans la situation actuelle, la centrale du « monde libre », qu’on peut résumer par un seul mot : Amérique.
Ensuite, la perspective qu’il se forme un mouvement de tous les communistes exclus, titistes et trotskystes y compris, contre les communistes officiels, ne promet rien de mieux ! Une des caractéristiques de la gauche, c’est justement de refuser les fusions d’organisations; et c’est sur ce point qu’elle rompit avec Moscou en 1922 quand ce dernier imposa de repêcher les « terzini » qui, par rapport au matériel actuel, étaient vraiment des perles. Nous reprochons aux trotskystes d’avoir pousser à l’extrême cette tactique de prétendue manœuvre qui a été à la base de toute la dissolution. Et ces mêmes trotskystes éprouvent une grande répugnance pour les repentis du type de ces six apostats du Dieu qui a échoué. Nous ne connaissons pas de communistes exclus. Qu’ils aient choisi la liberté ou le dollar, deux monnaies qui n’ont pas cours chez nous, il n’y a que des staliniens exclus de leur parti, qui ne valent pas mieux que ceux qui en sont encore membres. Nous ne connaissons que des communistes dégoûtés. Dégoûtés des traîtres."
-Battaglia Comunista [tendance du Courant Communiste International], Nr. 16 – 1950. Traduit dans Invariance, Mai 1993.
https://fr.internationalism.org/tag/courants-politiques/battaglia-comunista
https://fr.internationalism.org/revue-internationale/201704/9549/annees-1950-et-60-damen-bordiga-et-passion-du-communisme
https://fr.internationalism.org/rint/122_conf
https://fr.internationalism.org/french/Rinte10/rencontre_inter_BC