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    Jacques Bouveresse, Wittgenstein : la rime et la raison. Science, éthique et esthétique + Peut-on ne pas croire ? : Sur la vérité, la croyance & la foi + Essais : L'époque, la mode, la morale, la satire

    Johnathan R. Razorback
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    Message par Johnathan R. Razorback Mer 9 Juin - 19:59



    Dernière édition par Johnathan R. Razorback le Dim 4 Déc - 19:31, édité 1 fois


    _________________
    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".

    Johnathan R. Razorback
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    Message par Johnathan R. Razorback Lun 26 Sep - 18:31

    "S'il y a une chose dont il faut, selon Musil, se méfier particulièrement, c'est bien le concept imprécis et ambigu de la vie et plus encore celui de la vie appauvrie ou affaiblie, pour ne rien dire de celui de décadence, qui est d'un usage au moins aussi difficile." (p.20)

    "Selon Nietzsche, la question de la valeur (et donc de la nécessité pour nous) de la vérité a déjà reçu a priori une réponse et une réponse d'un type bien précis, sur laquelle on évite généralement de s'interroger. Mais on ne peut conclure de cela ni que, si la question était posée enfin ouvertement et sérieusement, la réponse à laquelle on serait conduit deviendrait nécessairement négative, ni que la légitimité de l'entreprise scientifique soit suspendue à l'acceptabilité de l'idée que la vérité est une valeur absolue et inconditionnelle. Pour pouvoir choisir avec de bonnes raisons la connaissance, et plus précisément la science, il n'est peut-être pas nécessaire d'être en mesure de démontrer que la vérité est plus importante que quoi que ce soit d'autre. Il suffit qu'elle soit simplement importante, même s'il peut y avoir également, le cas échéant, des choses aussi importantes et même peut-être plus importantes qu'elle. Ce qui est une illusion pourrait être justement le fait de considérer que la croyance à la valeur de la science présuppose nécessairement la croyance à des absolus de nature quelconque. Une justification de type simplement comparatif et relatif pourrait après tout être, en l'occurrence, parfaitement suffisante." (p.30)

    "Renan pense que la disparition de la croyance est un phénomène inéluctable et irréversible, dans lequel même des entreprises critiques comme la sienne n'entrent que pour une très faible part." (p.56)

    "Renan fait sûrement une observation intéressante pour notre siècle, qui, selon certains, se distingue du sien par sa tendance à redevenir religieux, quand il constate qu'on est
    d'autant plus attaché aux formes traditionnelles qu'on est moins religieux et d'autant moins religieux qu'on est plus incapable d'envisager un perfectionnement possible pour la religion à laquelle on adhère." (p.67)

    "Même les adversaires les plus déterminés de la religion pourraient difficilement nier qu'il y ait des croyants dont la religion a fait des hommes admirables et on peut, du reste, sûrement en dire autant de l'incroyance : elle est tout à fait capable, elle aussi, de produire des êtres vertueux et même des héros et des saints. Une croyance qui rend un homme meilleur et l'amène à se conduire d'une façon éthiquement plus respectable n'est-elle pas une croyance dont on peut difficilement contester la légitimité ou que, en tout cas, on peut difficilement contester à la personne concernée le droit d'avoir ?" (pp.71-72)

    "Demander à quelqu'un de respecter une croyance que son intellect considère comme stupide et/ou sa conscience comme moralement répugnante revient sûrement à exiger de lui une chose qui est tout à fait abusive et, de toute façon, probablement au-dessus de ses forces. Il peut, il est vrai, y avoir de bonnes raisons de lui demander de ne pas manifester publiquement le mépris -justifié ou non- qu'il éprouve pour des croyances d'une certaine sorte, mais lui demander de ne pas l'éprouver est évidemment une tout autre chose." (p.73)

    "Les pragmatistes comme James ne peuvent sûrement pas être soupçonnés, comme les intellectuels dont parlent Engel et Mulligan, de souffrir d'une insensibilité au vrai et aux valeurs cognitives en général; mais ils courent le risque d'encourager une réduction plus ou moins directe, et qui n'est pas non plus satisfaisante, des normes cognitives aux normes éthiques. Puisque la vérité pratique est, pour eux, plus fondamentale que la vérité théorique, ce qui compte est de savoir si une croyance est « bonne», plutôt que de savoir si elle est « vraie », au sens traditionnel du terme, et c'est le fait d'être bonne qui est en mesure de la rendre vraie, plutôt que l'inverse." (p.79)

    "Le rationaliste pense que l'adhésion à une proposition ne devrait, au moins en théorie, se fonder dans tous les cas que sur l'usage que l'on fait de sa propre raison, et jamais uniquement sur un acte de foi d'une espèce quelconque, par exemple un acte de foi dans la parole donnée par quelqu'un qui est considéré comme digne de confiance." (p.93)

    "C'est justement la volonté d'être réellement objectif qui devrait nous dissuader de confondre ce qui est avec ce dont nous sommes parvenus à nous rendre compte." (p.100)

    "Bien avant l'avènement officiel du postmodernisme, la théorie jamesienne de la croyance religieuse était déjà tout à fait postmoderne." (p.102)

    "Le postmodernisme considère sûrement la croyance religieuse avec une sympathie nettement plus grande que ne le fait le rationalisme moderne." (p.103)

    "Russell n'idéalise par conséquent en aucune façon le comportement habituel de ses représentants ; et il n'y a aucune naïveté dans la façon dont il se représente la situation. Il est parfaitement conscient du fait que ce que certains appelleraient aujourd'hui la« technoscience » est en train de prendre de plus en plus le pas sur la science proprement dite, autrement dit, la science« contemplative» et désintéressée, et la mentalité technoscientifique ou même purement technique sur l'esprit scientifique lui-même. Mais il maintient que la solution, pour l'humanité, ne peut consister que dans un retour à la mentalité circonspecte, exploratoire et progressive qui constitue la caractéristique principale du mode de pensée scientifique, et non dans l'essai de donner à la religion une chance supplémentaire de montrer de quoi elle est capable et une occasion nouvelle de faire ses preuves." (p.128)

    "L'esprit scientifique et à la mentalité démocratique [présupposent] qu'il y a des vérités impersonnelles et objectives à découvrir." (p.133)

    "'Il n'y a pas de place, dans une conception pragmatiste comme celle de James, pour l'idée de vérité absolue et éternelle." (note 1 p.137)

    "À la conception pragmatiste de la vérité et au pragmatisme en général, Russell reproche essentiellement trois choses : (1) leur manque d'humilité envers les réalités et les forces qui dépassent l'être humain, devant lesquelles celui-ci doit être prêt à s'incliner et s'efforcer d'apprendre à le faire avec plus de sérénité et de sagesse; (2) leur tendance à valoriser abusivement l'action au détriment de la connaissance, et plus précisément de l'aspect "contemplatif" de celle-ci ; leur manière de laisser finalement le champ libre au culte de la force et au règne de la loi du plus fort : après avoir commencé par épouser sans réserve et dans tous les domaines la cause de la démocratie et par se présenter comme le meilleur défenseur de la liberté et de la tolérance, le pragmatisme, en vertu d'une nécessité intrinsèque, est obligé pour finir de se rallier, sinon à la théorie, du moins à la pratique du darwinisme social." (p.144)
    -Jacques Bouveresse, Peut-on ne pas croire ? Sur la vérité, la croyance et la foi, Agone, 2007, 283 pages.

    " [Les hommes] sont immergés profondément dans des illusions et des images oniriques, leur oeil ne fait que glisser autour d'eux sur la surface des choses et ils voient des "formes", leur sensation ne conduit nulle part à la vérité mais se contente de recevoir des excitations et de jouer pour ainsi dire un jeu tâtonnant sur le dos des choses."
    -Friedrich Nietzsche, « Uber Wahrheit und Lüge im aussermoralischen Sinn », cité in Jacques Bouveresse, Peut-on ne pas croire ? Sur la vérité, la croyance et la foi, Agone, 2007, 283 pages, pp.15-16.

    « Le monde des opinions - à quelle profondeur les appréciations que nous faisons d'elles entrent dans les choses n'a pas été vu jusqu'ici : comment nous sommes enfermés dans un monde produit par nous-mêmes et comment toutes nos perceptions sensorielles elles-mêmes sont encore chargées de valeurs morales. »
    -Friedrich Nietzsche, FP, 192.



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    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

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