https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Pierre_Marchand_(g%C3%A9ographe)
https://www.persee.fr/doc/htn_0018-439x_1992_num_2_1_3121
"Dans le cas d'une île ou d'une péninsule, les régions dynamiques, "là où il se passe quelque chose" selon le mot de Goldoni cité par A. Reynaud, le "centre" donc, est situé sur le pourtour et la périphérie, espace dominé, se retrouve au milieu ! Dans cette configuration, le "centre" est polarisé par plusieurs villes concurrentes, une hiérarchie ne se créant que sous l'action de facteurs externes." (p.67)
"L'histoire a hypertrophié le rôle de Dublin au point d'en faire une région capitale à l'échelle du pays." (p.67)
"La politique socio-spatiale du gouvernement de Margaret Thatcher ont ruiné en partie, malgré le sursaut récent de Glasgow, la façade occidentale de la Grande Bretagne. Liverpool en est l'exemple le plus flagrant." (p.68)
"A partir du XIIe siècle, pendant huit cents ans, la domination anglaise, quelle qu'en fût sa forme légale, va mettre, politiquement et économiquement, l'île en situation d'espace dominé donc de périphérie, accentuant encore le déterminisme dû à sa localisation à l'ouest de l'Europe. [...] Le choix des anglais se porte sur Dublin, de par sa position face à l'Angleterre et son ouverture sur la plaine centrale. La promotion de Dublin comme tête de pont de la conquête, puis de l'administration est alors assurée. [...] Le château, siège du pouvoir, la beauté de l'urbanisme géorgien de la capitale font de Dublin au XVIIIe siècle l'une des toutes premières villes des Iles Britanniques. L'Acte d'Union de 1800, même s'il fait perdre à Dublin son rôle majeur à l'échelle des Iles Britanniques ne remettra pas en question le sommet de la hiérarchie des centres urbains. [...]
Belfast n'apparaît pas dans cette liste, même si sa localisation originelle est comparable à celle des autres cités irlandaises. De par la structure sociale de la population et ses fonctions industrielles, c'est, au XIXe siècle, autant un prolongement de l'Ecosse qu'une ville proprement irlandaise. [...] Les poids démographiques et économiques de Belfast vont créer de toutes pièces un deuxième "centre" concurrent de Dublin, beaucoup plus intégré à l'île voisine, d'autant que, après 1800, Dublin devient une ville "comme les autres" au sein du Royaume-Uni.
La spécificité économique et son dynamisme permettent dès lors à Belfast, d'organiser sa propre périphérie, intégrant dans son orbite les vieilles cités d'Armagh, Ballymena, Bangor, Larne et Newry. De même Dublin, comme tout centre actif, a vu très tôt s'organiser son propre espace périphérique. Le "Palae" base agricole de la domination anglaise ainsi que quelques petites villes telles Drogheda, Trim ou Kildare, sont les premiers témoins d'une structure hiérarchisée en relais et en auréoles concentriques qui s'étendra à toute l'île à l'époque contemporaine." (p.69)
"La région de Dublin correspond évidemment au "centre". Passage obligé de la plupart des produits et des hommes, la capitale canalise les flux de capitaux de marchandises et d'informations et les redistribue, tant à l'amont, en Irlande, qu'à l'aval, vers le reste du monde, et en particulier vers l'Europe et surtout le Royaume-Uni. La masse de Dublin écrase l'ensemble de la vie de l'île par sa suprématie économique et l'intensité de sa vie culturelle. Son agglomération [...] s'étend largement dans la campagne englobant des centres secondaires dynamiques comme Dun Laoghaire ou Howth. Le bassin de main-d'oeuvre déborde jusqu'à Maynooth, Kildare ou Bray.
La plaine centrale et surtout le Sud du pays apparaissent comme une périphérie agricole, dominée par la capitale -les distances y sont courtes. Mais la puissance du lobby rural, le poids de l'agriculture dans la balance des paiements, les traditions forcent le centre à composer et font de ces riches campagnes une périphérie plus intégrée au fonctionnement de l'espace irlandais que ne le laisserait supposer la masse même de l'agglomération dublinoise. Evidemment, cette intégration varie selon un gradient du nord au sud et de l'est vers l'ouest." (p.70)
"Périphéries sous perfusion." (p.71)
-Jean-Pierre Marchand, "Le modèle centre/périphérie et l’Irlande", Hommes et Terres du Nord, Année 1992, 2, pp. 67-71.
https://www.persee.fr/doc/htn_0018-439x_1992_num_2_1_3121
"Dans le cas d'une île ou d'une péninsule, les régions dynamiques, "là où il se passe quelque chose" selon le mot de Goldoni cité par A. Reynaud, le "centre" donc, est situé sur le pourtour et la périphérie, espace dominé, se retrouve au milieu ! Dans cette configuration, le "centre" est polarisé par plusieurs villes concurrentes, une hiérarchie ne se créant que sous l'action de facteurs externes." (p.67)
"L'histoire a hypertrophié le rôle de Dublin au point d'en faire une région capitale à l'échelle du pays." (p.67)
"La politique socio-spatiale du gouvernement de Margaret Thatcher ont ruiné en partie, malgré le sursaut récent de Glasgow, la façade occidentale de la Grande Bretagne. Liverpool en est l'exemple le plus flagrant." (p.68)
"A partir du XIIe siècle, pendant huit cents ans, la domination anglaise, quelle qu'en fût sa forme légale, va mettre, politiquement et économiquement, l'île en situation d'espace dominé donc de périphérie, accentuant encore le déterminisme dû à sa localisation à l'ouest de l'Europe. [...] Le choix des anglais se porte sur Dublin, de par sa position face à l'Angleterre et son ouverture sur la plaine centrale. La promotion de Dublin comme tête de pont de la conquête, puis de l'administration est alors assurée. [...] Le château, siège du pouvoir, la beauté de l'urbanisme géorgien de la capitale font de Dublin au XVIIIe siècle l'une des toutes premières villes des Iles Britanniques. L'Acte d'Union de 1800, même s'il fait perdre à Dublin son rôle majeur à l'échelle des Iles Britanniques ne remettra pas en question le sommet de la hiérarchie des centres urbains. [...]
Belfast n'apparaît pas dans cette liste, même si sa localisation originelle est comparable à celle des autres cités irlandaises. De par la structure sociale de la population et ses fonctions industrielles, c'est, au XIXe siècle, autant un prolongement de l'Ecosse qu'une ville proprement irlandaise. [...] Les poids démographiques et économiques de Belfast vont créer de toutes pièces un deuxième "centre" concurrent de Dublin, beaucoup plus intégré à l'île voisine, d'autant que, après 1800, Dublin devient une ville "comme les autres" au sein du Royaume-Uni.
La spécificité économique et son dynamisme permettent dès lors à Belfast, d'organiser sa propre périphérie, intégrant dans son orbite les vieilles cités d'Armagh, Ballymena, Bangor, Larne et Newry. De même Dublin, comme tout centre actif, a vu très tôt s'organiser son propre espace périphérique. Le "Palae" base agricole de la domination anglaise ainsi que quelques petites villes telles Drogheda, Trim ou Kildare, sont les premiers témoins d'une structure hiérarchisée en relais et en auréoles concentriques qui s'étendra à toute l'île à l'époque contemporaine." (p.69)
"La région de Dublin correspond évidemment au "centre". Passage obligé de la plupart des produits et des hommes, la capitale canalise les flux de capitaux de marchandises et d'informations et les redistribue, tant à l'amont, en Irlande, qu'à l'aval, vers le reste du monde, et en particulier vers l'Europe et surtout le Royaume-Uni. La masse de Dublin écrase l'ensemble de la vie de l'île par sa suprématie économique et l'intensité de sa vie culturelle. Son agglomération [...] s'étend largement dans la campagne englobant des centres secondaires dynamiques comme Dun Laoghaire ou Howth. Le bassin de main-d'oeuvre déborde jusqu'à Maynooth, Kildare ou Bray.
La plaine centrale et surtout le Sud du pays apparaissent comme une périphérie agricole, dominée par la capitale -les distances y sont courtes. Mais la puissance du lobby rural, le poids de l'agriculture dans la balance des paiements, les traditions forcent le centre à composer et font de ces riches campagnes une périphérie plus intégrée au fonctionnement de l'espace irlandais que ne le laisserait supposer la masse même de l'agglomération dublinoise. Evidemment, cette intégration varie selon un gradient du nord au sud et de l'est vers l'ouest." (p.70)
"Périphéries sous perfusion." (p.71)
-Jean-Pierre Marchand, "Le modèle centre/périphérie et l’Irlande", Hommes et Terres du Nord, Année 1992, 2, pp. 67-71.