"Les préférences morales, comme les goûts et les dégoûts, doivent beaucoup à l’appartenance à des groupes qui occupent des positions différenciées dans l’espace social."
"Les différents groupes sociaux ne présentent pas un degré d’intégration morale identique. L’homogénéité des cadres et professions intellectuelles contraste ainsi avec la relative dispersion des classes populaires."
"À droite, c’est la lecture qui rebute."
"Tandis qu’à droite, on refuserait clairement d’avoir un chat (animal indépendant très associé à la possession d’un capital culturel), c’est le chien (animal de compagnie dépendant et susceptible d’être dangereux) que les individus situés à la gauche de l’espace rejettent."
"Tandis qu’il semble que pour les uns, les conséquences, en particulier matérielles, des actions et des décisions priment, quitte à transgresser des interdits ou à contrevenir à la loi, pour les autres, ce sont les « principes », une certaine conception du bien et du mal, ainsi qu’une définition institutionnelle de l’ordre social qui importent. Cet axe oppose ainsi deux types de postures tout aussi morales : l’une qui se préoccupe au premier chef des résultats concrets des actions et que l’on peut qualifier de conséquentialiste (ou pragmatique) ; l’autre, de nature plus déontologique (ou normative), qui vise prioritairement à éviter de « mal » se conduire en respectant un corpus de règles et de devoirs qui valent pour tous."
"Les cadres manifestent également une aversion plus marquée que les autres groupes sociaux pour les environnements bruyants (23,1 % contre 16,9 % pour l’ensemble), signe de leur attachement à une certaine retenue."
"Les groupes les plus dominés – agriculteurs, employés et ouvriers – entretiennent ainsi des rapports négatifs au présent et à l’avenir, rapports qui se traduisent simultanément par des positionnements politiques extrêmes et par un désintérêt revendiqué pour la politique."
"Ces conditions matérielles d’existence peuvent nourrir un rapport critique à l’ordre traditionnel et une forme d’individualisme contestataire qui trouve sa traduction dans le désintérêt pour la politique chez les plus jeunes et les membres des classes populaires. Alors que les moins de 30 ans sont 58,4 % à déclarer leur faible intérêt voire leur désintérêt, cette proportion décroît régulièrement pour atteindre 21,8 % chez les 65 ans et plus. Elle atteint 54,5 % chez les ouvriers ainsi que 56,6 % chez les employées contre 29,1 % chez les cadres."
"L’opposition si marquée dans la société française des années 1970 telle qu’elle était décrite dans La Distinction, entre fractions de classe à capital culturel et à capital économique, s’est considérablement réduite dans un contexte de rapprochement des élites et de leur mode de reproduction. Les classes populaires, décrites comme partageant le même style de vie dans les années 1970, ont elles connu le mouvement inverse."
"Les individus sont d’autant plus disposés à agir et à se situer par rapport aux conséquences de leurs actes que leur avenir est moins prévisible."
-Rémy Caveng, Fanny Darbus, François Denord, Delphine Serre & Sylvain Thine, « Des morales de classe ? Dispositions éthiques et positions sociales dans la France contemporaine », Actes de la recherche en sciences sociales, 2018/4 (N° 224), p. 76-101. DOI : 10.3917/arss.224.0076. URL : https://www.cairn.info/revue-actes-de-la-recherche-en-sciences-sociales-2018-4-page-76.htm
"Les différents groupes sociaux ne présentent pas un degré d’intégration morale identique. L’homogénéité des cadres et professions intellectuelles contraste ainsi avec la relative dispersion des classes populaires."
"À droite, c’est la lecture qui rebute."
"Tandis qu’à droite, on refuserait clairement d’avoir un chat (animal indépendant très associé à la possession d’un capital culturel), c’est le chien (animal de compagnie dépendant et susceptible d’être dangereux) que les individus situés à la gauche de l’espace rejettent."
"Tandis qu’il semble que pour les uns, les conséquences, en particulier matérielles, des actions et des décisions priment, quitte à transgresser des interdits ou à contrevenir à la loi, pour les autres, ce sont les « principes », une certaine conception du bien et du mal, ainsi qu’une définition institutionnelle de l’ordre social qui importent. Cet axe oppose ainsi deux types de postures tout aussi morales : l’une qui se préoccupe au premier chef des résultats concrets des actions et que l’on peut qualifier de conséquentialiste (ou pragmatique) ; l’autre, de nature plus déontologique (ou normative), qui vise prioritairement à éviter de « mal » se conduire en respectant un corpus de règles et de devoirs qui valent pour tous."
"Les cadres manifestent également une aversion plus marquée que les autres groupes sociaux pour les environnements bruyants (23,1 % contre 16,9 % pour l’ensemble), signe de leur attachement à une certaine retenue."
"Les groupes les plus dominés – agriculteurs, employés et ouvriers – entretiennent ainsi des rapports négatifs au présent et à l’avenir, rapports qui se traduisent simultanément par des positionnements politiques extrêmes et par un désintérêt revendiqué pour la politique."
"Ces conditions matérielles d’existence peuvent nourrir un rapport critique à l’ordre traditionnel et une forme d’individualisme contestataire qui trouve sa traduction dans le désintérêt pour la politique chez les plus jeunes et les membres des classes populaires. Alors que les moins de 30 ans sont 58,4 % à déclarer leur faible intérêt voire leur désintérêt, cette proportion décroît régulièrement pour atteindre 21,8 % chez les 65 ans et plus. Elle atteint 54,5 % chez les ouvriers ainsi que 56,6 % chez les employées contre 29,1 % chez les cadres."
"L’opposition si marquée dans la société française des années 1970 telle qu’elle était décrite dans La Distinction, entre fractions de classe à capital culturel et à capital économique, s’est considérablement réduite dans un contexte de rapprochement des élites et de leur mode de reproduction. Les classes populaires, décrites comme partageant le même style de vie dans les années 1970, ont elles connu le mouvement inverse."
"Les individus sont d’autant plus disposés à agir et à se situer par rapport aux conséquences de leurs actes que leur avenir est moins prévisible."
-Rémy Caveng, Fanny Darbus, François Denord, Delphine Serre & Sylvain Thine, « Des morales de classe ? Dispositions éthiques et positions sociales dans la France contemporaine », Actes de la recherche en sciences sociales, 2018/4 (N° 224), p. 76-101. DOI : 10.3917/arss.224.0076. URL : https://www.cairn.info/revue-actes-de-la-recherche-en-sciences-sociales-2018-4-page-76.htm