"Le principe au cœur de la pédagogie rationnelle est que les enseignant.e.s doivent « vendre la mèche », c’est-à-dire ne pas traiter la méthodologie avec mépris, et expliciter l’ensemble des savoirs à maîtriser pour ne pas s’appuyer sur des savoirs extérieurs et implicites, acquis dans la sphère familiale. L’explicitation de l’implicite porte aussi bien sur le savoir minimal à connaître que sur les méthodes de travail à mettre en œuvre pour l’acquérir. Pour éviter l’élimination arbitraire des classes populaires et diminuer le désavantage des plus défavorisés (c’est-à-dire des plus éloignés de la culture scolaire), la pédagogie rationnelle consiste à livrer un cours accessible et « rentable scolairement », avec un contenu facilement appropriable (Bourdieu, Passeron et de Saint Martin, 1965, p. 99). Un enjeu central est donc de « délimiter et définir l’exigible en rationalisant l’examen », en diminuant le rôle des manières et des savoir-faire diffus et en organisant de façon continue l’exercice (Bourdieu, Passeron et de Saint Martin, 1965, p. 30). L’objectif de la réussite aux examens et la question du mode d’évaluation des connaissances doivent donc être pris au sérieux et ne sont pas secondaires."
-Delphine Serre, « Une réflexivité pédagogique sous contraintes », Socio-logos [En ligne], 14 | 2019, mis en ligne le 20 juin 2019, consulté le 27 janvier 2023. URL : http://journals.openedition.org/socio-logos/4164 ; DOI : https://doi.org/10.4000/socio-logos.4164