L'Académie nouvelle

Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
L'Académie nouvelle

Forum d'archivage politique et scientifique

-40%
Le deal à ne pas rater :
Tefal Ingenio Emotion – Batterie de cuisine 10 pièces (induction, ...
59.99 € 99.99 €
Voir le deal

    François Dosse, Castoriadis. Une vie

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
    Admin


    Messages : 19605
    Date d'inscription : 12/08/2013
    Localisation : France

    François Dosse, Castoriadis. Une vie Empty François Dosse, Castoriadis. Une vie

    Message par Johnathan R. Razorback Jeu 28 Juil - 15:56

    "Dans la mesure où Castoriadis s'est donné le projet prométhéen de penser tout ce qui est pensable et de ne délaisser aucun des continents du savoir, il n'a pu être rangé dans aucune case ; ce qui peut expliquer qu'il ait été négligé par chacune des disciplines qu'il a pourtant traversées avec la plus grande rigueur." (p.8 )

    "Il fut l'un des rares intellectuels à résister contre vents et marées à la condamnation de la perspective révolutionnaire." (p.9)

    "Société [...] fondée sur l'intensité du lien social et non sur la maximisation du profit." (p.11)

    [Chap 3 : Naissance de Socialisme ou Barbarie]

    "
    (pp.57-59)

    "Opposant implicitement Marx aux analyses des dirigeants trotskistes
    (p.61)

    "A la fin de l'année 1947, la direction du PCI est renversée par la coalition des oppositions,
    (p.63)

    "La rupture intervient à l'occasion de la session du Comité central du PCI de janvier 1949. La tendance Chaulieu / Montal, qui représente suivant les votes entre trente et quarante militants, annonce son départ et son intention de publier sa propre revue, Socialisme ou Barbarie. [...]

    Son objectif premier est de sauver l'espérance socialiste de ce destin funeste qui a vu triompher un régime englobant désormais 400 millions d'habitants condamnés à la surexploitation et aux camps de concentration. Sortir de cette mystification en 1949, alors que l'URSS est au faîte de sa gloire, n'est pas un message facile à faire passer." (p.67)

    "Il ne suffit plus de proclamer l'abolition de la propriété privée, qui permet au régime stalinien de se parer des atours du socialisme, il faut supprimer la distinction "fixe et stable entre dirigeants et exécutants dans la production et dans la vie sociale en général"." (p.68)

    "L'étatisation peut devenir [...] la forme la plus achevée de l'exploitation dans l'intérêt de la classe dominante: "Il y a une division de la société russe tout d'abord en deux catégories: ceux qui sont bureaucrates et ceux qui ne le sont pas et ne le deviendront jamais". D'un côté, la bureaucratie dispose des moyens de production ; de l'autre, les ouvriers ne disposent de rien d'autre que de leur force de travail. En passant, Castoriadis égratigne celui qui défend alors le caractère socialiste du mode de production soviétique, l'économiste Charles Bettelheim, qui s'est fait le chantre des bienfaits de la planification [...] soviétique, avant de se convertir au maoïsme." (pp.68-69)

    "En janvier 1954, [Castoriadis] concède que la perspective révolutionnaire s'éloigne puisque son processus de maturation reste fondamentalement lié à la perspective d'une guerre mondiale. La révolution russe n'est-elle pas fille de la Grande Guerre ?" (p.72)

    " [Socialisme ou Barbarie] appartient pour l'essentiel au monde intellectuel. La plupart [de ses membres] ont suivi un cursus universitaire." (p.72)

    "
    (pp.76-78)

    "C'est au moment même [fin 1952] où le bloc soviétique commence à se fissurer que Sartre décide de devenir compagnon de route du PCF. Il publie "Les communistes et la paix", texte dans lequel il prétend que l'Union soviétique s'est prise d'un amour immodéré pour la paix et qu'il faut donc suivre l'orientation du mouvement communiste international, à défaut de quoi l'on deviendrait immanquablement un "salaud". [...]

    Sartre connaît une série de ruptures aussi douloureuses que dramatiques qui vont au fil des années l'isoler, malgré son inépuisable succès public. Outre [Claude] Lefort, Camus et Merleau-Ponty, ses amis intimes, en seront victimes. Une des raisons de ces déchirement tient peut-être à la volonté de Sartre d'effacer ses années d'apolitisme, de cécité, dans lesquelles il s'était, selon la bonne tradition khâgneuse, enfermé et qui l'ont rendu sourd et muet devant la montée de l'horreur nazie, inattentif et indifférent aux luttes sociales des années 1930. [...]

    [Merleau-Ponty et lui] sont liés depuis 1926, lorsqu'ils étaient condisciples à l'École normale supérieure de la rue d'Ulm. Au départ, ils se fréquentent peu, Sartre est pensionnaire et athée, tandis que Merleau-Ponty est externe et va à la messe tous les dimanches. Sous l'Occupation, ils se retrouvent et cherchent une troisième voie entre gaullisme et communisme, créant un petit groupe de résistance qui fera long feu, "Socialisme et Liberté". A la Libération, ils créent ensemble avec Simone de Beauvoir, Raymond Aron, Albert Olivier, Michel Leiris et Jean Paulhan la grande revue qui marque ce moment existentialiste, Les Temps modernes. Merleau, refusant la codirection que Sartre lui propose, en prend la direction effective et signe la plupart des éditoriaux de la revue. A la fin des années 1940, il est la cheville ouvrière de la revue et définit sa ligne politique.

    Merleau-Ponty critique avec lucidité la réalité soviétique avant Sartre. Dès 1947, il publie Humanisme et Terreur, dénonçant les procès de Moscou des années 1930 qui ont éliminé successivement tous les leaders du parti bolchevique. [...] Il récuse néanmoins le dilemme de Koestler entre le yogi, le sage, la belle âme d'un côté, et le commissaire pragmatique de l'autre [...] Selon Merleau-Ponty, l'existentialisme protège le marxisme de ses caricatures mécanistes et scientistes [et] reste [...] l'horizon "indépassable". Il radicalise sa critique au rythme des révélations sur le monde concentrationnaire qui prévaut à l'Est, ce qui suscite sa rupture définitive avec Sartre, qui intervient en 1952, en pleine guerre de Corée. [...] Merleau, censuré, quitte la revue durant l'été 1952 et publie Les Aventures de la dialectique en 1955, dans lequel il dénonce le volontarisme "ultra-bolchéviste" de Sartre. Si d'autres aventures se préparent sans Sartre, la fascination que celui-ci exerce sur la jeune génération reste très forte! "Nous étions plus d'un dans mon lycée des années 50 à qui L'Etre et le Néant faisait battre le coeur", écrira Régis Debray à la mort du philosophe.

    La rupture avec Claude Lefort intervient après sa critique de l'article de Sartre "Les communistes et la paix", publié en juillet 1952. Sartre ne le supporte pas et met Lefort à la porte des Temps modernes. A travers lui, c'est SouB qui perd une tribune qui aurait pu le sortir de son isolement. Le dépit de voir le grand philosophe se faire caution du stalinisme triomphant et d'être condamnés au silence suscite la colère des membres du groupe." (pp.84-87)

    "L'ontologie de Castoriadis, comme celle de Deleuze, est une ontologie de l'événement." (p.333)

    "
    (pp.406-407)

    "
    -François Dosse, Castoriadis. Une vie, Paris, La Découverte, 2018 (2014 pour la première édition), 620 pages.




    _________________
    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".


      La date/heure actuelle est Ven 26 Avr - 16:01