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    Notions philosophie CAPES CULTURE CNED + Notions philosophie CAPES MATIERE ET ESPRIT CNED

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Message par Johnathan R. Razorback Ven 30 Sep 2022 - 21:25

    https://fr.book4you.org/book/4989802/6fe385?dsource=recommend

    "Les mots « culture » et « cultura » désignent initialement l'action de cultiver la nature, c'est-à-dire de s'employer à extraire de notre environnement, et grâce aux artifices humains, de quoi subsister."

    "Lors de son adaptation originaire du sens concret au sens abstrait, l'expression semble avoir désigné une disposition individuelle : la culture est le développement de certaines facultés de l'esprit d'un homme par des exercices intellectuels appropriés. Or cette disposition renvoie aussi bien à un acquis (lorsqu'on dit que quelqu'un qui est cultivé possède un certain « bagage ») qu'à une capacité (on n'est jamais totalement « cultivé »."

    "Par extension, la culture a désigné l'ensemble des connaissances acquises qui permettent de développer le sens critique, le jugement et le goût. En d'autres termes, la culture d'un individu, le fait qu'il se cultive ou soit cultivé, ne lui permettent pas seulement de devenir pleinement lui-même ; la culture est ce qui fait critère pour lui-même dans ses relations au monde. Entendue de la sorte, la culture est ce qui dote l'individu de la capacité d'évaluer, c'est-à-dire de hiérarchiser, de discriminer, et par là d'agir en acceptant ou en refusant telle ou telle stimulation sensorielle, telle ou telle signification symbolique."

    "Les deux significations abstraites s'enrichissent d'une troisième, qui, chronologiquement, semble assez largement postérieure (dans la seconde moitié du XVIIIème siècle) : il s'agit de la culture au sens collectif et statique, qui désigne l'ensemble des usages, des représentations et des valeurs traditionnels d'un groupe humain. On peut qualifier cette signification avec les termes « collectif» et « statique », dans la mesure où l'on désigne maintenant les manières d'agir, de concevoir et de décider qui constitue la trame sur laquelle l'individualité « cultivée » se distingue par les choix conscients qu'elle opère."

    "Le mot culture étant synonyme de civilisation dans son emploi au singulier, à savoir en son sens noble, caractérise aussi bien l'individu et le collectif : d'une part, un homme cultivé l'est réellement si et seulement s'il est parfaitement civilisé."

    "La culture est un ensemble d'usages, de représentations et de valeurs. Les usages peuvent désigner aussi bien les manières d'être qui concernent la vie quotidienne la plus empirique et banale (par exemple les manières dominantes ou traditionnelles de satisfaire les besoins : les traditions culinaires, les coutumes regardant l'hygiène corporelle, les moeurs sexuelles, etc.), que les usages techniques comme les arts et métiers, qui mobilisent des pratiques réfléchies. Les représentations peuvent concerner les idées que les individus se font spontanément de leur façon de vivre mais qu'ils partagent globalement à des différences de détail près, ou les constructions plus élaborées véhiculées par les discours enseignés dans les différents systèmes d'éducation (par exemple par des disciplines constituées telles la cosmologie, la philosophie, les disciplines historique et juridique, ou encore la ou les religions de référence). Les valeurs sont les critères qui permettent la décision individuelle et collective en fonction de prescriptions et d'interdits traditionnels ou sacrés. Autant dire que la culture ainsi entendue comprend des éléments extrêmement variés ; en penser la seule juxtaposition pour notre culture ou n'importe quelle autre culture semble être l'objet d'une tâche infinie, bien susceptible de donner le vertige."

    "Il est tentant de considérer comme le naturel de l'homme ce qui préexiste aux transformations que font intervenir ses usages et ses artifices, ou ce qui lui semble se dérober à l'action de ses usages, représentations et valeurs. Ce qui paraît particulièrement entrer dans cette rubrique est la «matière substrat» de l'homme, son propre corps, ou bien encore les expressions de celui-ci, qu'elles soient concrètes (tels les réflexes) ou abstraites (certaines pensées, considérées comme spontanées, sinon innées). D'autre part, et nonobstant, il est impossible de distinguer exactement ce qui, dans l'existence humaine — à commencer par l'apparition de l'identité personnelle à elle-même — relève d'une causalité naturelle et ce qui relève d'une causalité culturelle, c'est-à-dire ce qui doit être considéré comme l'effet total ou partiel d'une série de pratiques inventées par l'homme. La dimension temporelle de l'existence humaine, le fait que les dispositions innées s'actualisent dans des formes historiques et sociales par le biais de processus variés, démentent en effet que l'on puisse parler d'une nature humaine au sens simple de ce qui ne serait pas transformé."

    "Freud réintroduit donc l'idée qu'il existe une nature humaine immuable : les textes « anthropologiques » des années 1913-1927 mettent en avant le thème de l'origine phylogénétique du complexe d'Œdipe. Le développement ontogénétique du complexe, nous l'avons vu, ne dépend certes pas de la nature envisagée comme invariant, mais il est conditionné par un rapport entre le biologique et le vécu personnel (entre pulsions naturelles du ça et image idéalisée/détestée du père qui dépend de l'histoire personnelle) ; mais pour être toujours particularisée dans son apparition au plan de l'individu, vécue selon des modalités à chaque fois originales, l'existence même du complexe désigne son origine mythique. A ses observations cliniques, Freud ajoute une dimension anthropologique, qui pointe une naturalité archaïque de ce dispositif psychique fondamental en l'homme. C'est que le complexe n'existerait pas sans son origine, laquelle renvoie à un événement unique, fondateur, et comme définitif. La clinique freudienne se double donc d'une anthropologie, et celle-ci repose sur un mythe originaire. Après avoir critiqué la philosophie idéaliste parce qu'elle postule des a priori non vérifiables et non opératoires (la thèse de la conscience de soi et de la conscience morale autonomes et claires à elles-mêmes), et avoir insisté sur la nécessité de s'en tenir à l'observation clinique, Freud réintroduit un a priori basé sur un mythe : le complexe d'Œdipe dans sa dimension paléoanthropologique."

    "Malinowski se livre à une attaque très directe des présupposés du freudisme dans sa version anthropologique, ayant bien vu sa tendance universalisante. Car c'est l'idée même de nature humaine qu'il faut remettre en question : il n'y a pas d'essence unique de la nature humaine, du fait de la grande variété des modes humains d'association. Au mieux, on devrait dire que chaque société doit avoir « son complexe », sa disposition psychique inconsciente fondamentale ; cette avancée théorique de Malinowski conduit à penser qu'il faut se livrer à une étude scrupuleuse des conditions sociales d'émergence du psychique - et ces conditions sont, à chaque fois, particularisées dans l'espace et dans le temps."

    "Les observations très poussées de M. Mead tendent à montrer que l'identité sexuelle est un « montage» psycho-social, vers la réussite duquel tend l'ensemble des processus éducatifs décrits. Ces processus sont construits autour des rites d'initiation, lesquels combinent des pratiques communautaires, des récits mythiques faisant fonction de mémoire poétique du groupe, et l'inculcation des valeurs fondamentales pour ce dernier par le biais d'une pédagogie qui vise très souvent à discipliner l'esprit de l'individu en marquant son corps."

    "Faut-il absolument abandonner l'idée de nature au profit du relevé des pratiques, des représentations et des valeurs humaines ? Telle est la perspective adoptée par le culturalisme comme méthodologie de la science sociale. Or, une telle manière d'envisager l'importance de la culture a été anticipée par Montaigne et à certains égards par Pascal ; leurs positions respectives fournissent en quelque sorte les soubassements philosophiques de la méthodologie culturaliste."

    " [Comme Montaigne, Pascal] propose [...] de faire le deuil de l'idée d'une nature humaine qu'on retrouverait sous la coutume, immuable et éternelle."

    "Reconstitution hypothétique menée dans un esprit rationaliste, la méthode de Lucrèce se double d'une évaluation des étapes suivies par l'espèce humaine et de son devenir tout entier. Par exemple, Lucrèce restitue les fruits amers de l'invention de la religion à partir de la nécessité d'utiliser la peur pour des raisons de stabilité sociale ; ou bien encore il remarque le caractère équivoque du travail des métaux, dont on tire aussi bien des outils utiles à la prospérité que des armes destructrices. De cette manière, le processus qu'on nomme culture est donc présenté deux fois de façon dynamique : il s'agit d'en restituer le devenir particulier, et de le faire en fonction d'une idée du bonheur et de la vertu. L'analyse d'anthropologie culturelle à laquelle nous convie le poète évoque donc autant le processus par lequel une identité se forge, que la dimension axiologique de la culture comme civilisation. La culture, selon lui, est aussi bien ce qui permet à l'espèce humaine de devenir elle-même, qu'un « processus axiologiquement qualifiant » qui fournit des critères d'appréciation éthique des situations humaines. En d'autres termes, ce que permet de concevoir la démarche lucrécienne, c'est que, dès lors qu'on restitue la genèse culturelle de l'humanité, l'homme apparaît comme un être historique, et plus précisément comme un être perfectible, qui de plus est capable d'être responsable de son évolution, en tout cas qui est capable de s'en donner une représentation éthique."

    "Le temps [chez Lucrèce] est pleinement historique. [...] L'humanité est une espèce qui s'engendre elle-même dans le temps sous l'influence de ses propres pratiques ; elle est même l'unique espèce dont l'identité est caractérisée par ce qu'on peut nommer l'« autopoïêisis pratique »."

    "[Pour Vico] L'homme postule comme naturel ou évident ce qui n'a d'autre particularité que de lui être familier. D'un point de vue anthropologique, il existe donc une illusion transcendantale, qui conduit à revêtir ce qui est proche de nous des caractères associés à l'idée de nature : l'invariant et l'authentique, caractères érigés ensuite en normes absolues pour le jugement et pour la conduite pratique."

    "La démarche vichienne a des conséquences sur la représentation philosophique de l'histoire. Ne faisant qu'un avec son propre temps historique, l'humanité n'est pour autant pas immédiatement consciente de ce qu'elle réalise, ni de la manière dont elle le réalise, ainsi qu'on l'a dit plus haut. De sorte qu'il ne s'agit pas de faire du temps l'auxiliaire d'une essence prédéterminée de l'humanité, sous l'influence mécanique duquel ce qui est en puissance se ferait acte. Le processus historique ne s'effectue pas non plus comme le ferait la réalisation d'un plan divin préconçu ; il n'est pas davantage la déduction d'un savoir absolu. Il existe une nature de l'homme vers laquelle tendent étrangement les efforts désordonnés des individus historiques particuliers. Une idée originale de providence permet à Vico de concevoir ce mystère ; aussi la « science nouvelle » est-elle également un ouvrage de théologie, pour autant qu'une providence séculière et historique guide l'humanité. Cette providence n'est ni l'effet temporel ni la manifestation historique de la transcendance divine, mais semble s'apparenter à une bonne fortune qui guide l'homme vers la réalisation de ce qu'il a de meilleur en lui, ou d'éternel, en tout cas ce qui est susceptible de le faire échapper à l'oubli et à la dissolution dans le temps. Sur ce point Vico aurait rendu positives les déterminations de la notion de fortuna, si prégnante chez les humanistes depuis la Renaissance, particulièrement en Italie.

    Un des points forts de cette manière de penser l'action de la providence par référence à la fortune réside dans le fait que l'histoire n'est jamais conçue de manière linéaire. Le « cours » [en italien : corso] que suit chaque nation dans son développement historique peut s'accompagner d'un « recours » [ricorso] c'est-à-dire d'une involution capable de la mettre en péril, jusqu'à risque d'en faire disparaître les caractères saillants sous le coup de ses contradictions internes ou d'une invasion externe par une autre nation. Le « recours » est lui aussi un effet de la providence, qui purge le monde d'une nation affaiblie. Héritière sur ce point des doctrines classique du XVIIème siècle qui ont développé une théodicée, telles celles de Leibniz et de Bossuet, l'oeuvre vichienne peut, selon une approche en termes d'histoire de la philosophie, être considérée comme un passage vers les doctrines modernes, lesquelles ont « sécularisé » le principe de la théodicée pour penser l'histoire sous une forme dialectique (doctrines de Fichte, de Herder et de Hegel, mais aussi en partie celle de Kant)."

    "[Chez Rousseau] l'idée d'homme ne doit pas être considérée comme une essence, mais — du fait de cette faculté « presque illimitée » — comme le résultat toujours provisoire d'un processus indéfini. Ainsi la polyvalence humaine en matière de technique, manifestation concrète privilégiée de la perfectibilité, ne révèle pas seulement la plasticité des facultés d'une espèce dépourvue d'instinct : elle indique que la condition humaine est dynamisée par l'essai des possibles. La seconde chose est que, dans le mouvement de l'histoire, l'homme a détérioré son équipement naturel en croyant le perfectionner. Autrement dit, la perfectibilité, étant confrontation avec la contingence du devenir, fait que l'espèce est capable de se fourvoyer en actualisant ses potentialités."

    "Le « rêve de l'humanisme », ainsi qu'on a pu le nommer, ne consiste pas en un désir naïf de voir renaître le monde antique, mais réside dans le projet de repenser la civilisation moderne et de l'améliorer grâce aux outils fournis par le grand style des Anciens."

    "Le principe de l'éducation réside dans la visée d'un idéal, éduquer consiste à inculquer à celui qui apprend une norme de conduite supérieure."

    "Lahire ne dit pas vraiment autre chose que Bourdieu."
    -Thierry Ménissier, "La culture", Notions de philosophie pour le capes externe, CNED, 2010, 83 pages.

    https://fr.book4you.org/book/4989805/82d83e?dsource=recommend




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    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".


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