L'Académie nouvelle

Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
L'Académie nouvelle

Forum d'archivage politique et scientifique

Le Deal du moment : -10%
-30€ sur la nouvelle Tablette tactile Lenovo Tab ...
Voir le deal
269.99 €

    André Tosel, Marx et les Lumières européennes. Jeux d’ombres et de lumières

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
    Admin


    Messages : 20693
    Date d'inscription : 12/08/2013
    Localisation : France

    André Tosel, Marx et les Lumières européennes. Jeux d’ombres et de lumières Empty André Tosel, Marx et les Lumières européennes. Jeux d’ombres et de lumières

    Message par Johnathan R. Razorback Lun 19 Déc - 12:55

    "Élevé au sein d’une famille libérale pro-française Marx a été mis en contact précoce avec les penseurs français des Lumières et les auteurs révolutionnaires (Rousseau, Sieyès, Robespierre, Babeuf), tout en se nourrissant des Lumières allemandes (Kant, Heine) et de leur « dépassement » dialectique dans la philosophie de Hegel. La critique de l’économie politique anglaise est inscrite dans une référence aux Lumières anglaises (Bacon, Locke, Hume, Bentham), à leur anthropologie individualiste et aux vicissitudes du contractualisme juridico-politique au sein de l’école écossaise de l’histoire de la société civile (Ferguson, Millar, Robertson). On connaît aussi l’importance de la lecture de Spinoza."

    "Marx s’inscrit dans la tradition radicale des Lumières, qui se centre sur Spinoza et qui passe par Diderot, Helvétius… Il pense son projet d’autonomie d’abord dans le cadre de l’humanisme feuerbachien.

    La connaissance est libératrice sous la forme des sciences déterminées fondées sur la raison et l’expérience et sous la forme de la théorie de la connaissance. Le terme de critique recouvre ces deux acceptions avant de se spécialiser avec Kant dans la seconde forme. Le jeune Marx est un journaliste et un publiciste qui lutte pour la liberté de la presse et de la recherche. Il ose savoir."

    "La Question juive (1844) métamorphose le concept d’autonomie en montrant sa forme limitée : seule une minorité d’hommes est autonome et émancipée, mais elle exclut la majorité de l’appropriation des pouvoirs sociaux qu’ils ont produits.

    L’émancipation que revendiquent les Lumières est le fait d’une élite qui exclut de l’émancipation les hommes qui ne sont que des travailleurs et qui en tant que tels ne peuvent bénéficier de l’émancipation politique qui en fait par ailleurs des citoyens (dans le cas du suffrage universel masculin). Les Lumières sont inachevées dans la mesure où demeure en souffrance l’émancipation humaine qui est aussi sociale. La critique du despotisme et du privilège ne suffit pas, la critique a désormais pour objet l’être socio-historique humain en son entier."

    "La critique de l’économie politique se dessine dès 1844 comme la voie royale de la critique et de l’accomplissement des Lumières. Les Lumières ne peuvent s’accomplir que si s’opère la réappropriation (Wiederaneignung) par les hommes de leurs puissances sociales devenues des forces hostiles qui les dominent. L’autonomie individuelle et collective est inséparable de la poursuite du processus inachevé des Lumières en tant qu’émancipation. Cette poursuite se formule en termes d’aliénation (Entfremdung) et de désaliénation (Marx parle dans les Manuscrits de 1844 de suppression-dépassement de l’aliénation, Aufhebung der Entfremdung). La critique de l’économie politique implique très vite le support d’une théorie matérialiste de l’histoire, et toutes deux se concentrent sur la lutte politique de classes en vue d’un communisme supposé inscrit dans les possibilités réprimées de l’être social-historique capitaliste et porté par le prolétariat, la classe effectivement universelle. Ce qui n’était qu’idéal régulateur pour les Lumières devient possibilité historique réelle."

    "La désaliénation vise à effacer l’hégémonie de modes de vie hétéro-dirigés conduisant à traiter en choses exploitables et jetables une masse croissante d’hommes et de femmes devenus des “autres”, étrangers au monde, séparés de leur puissance d’agir et de penser en ce monde qui devient un non-monde."
    -André Tosel, "Marx et les Lumières européennes. Jeux d’ombres et de lumières", Contretemps en septembre 2006 (n°17): https://www.contretemps.eu/tosel-marx-lumieres-europeennes/




    _________________
    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".


      La date/heure actuelle est Jeu 7 Nov - 10:11