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    Gaston Bachelard, La Poétique de la Rêverie

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Gaston Bachelard, La Poétique de la Rêverie Empty Gaston Bachelard, La Poétique de la Rêverie

    Message par Johnathan R. Razorback Mar 23 Mai - 17:31



    "Contempler en rêvant, est-ce connaître ? Est-ce comprendre ? Ce n’est certainement pas percevoir. L’œil qui rêve ne voit pas ou du moins il voit dans une autre vision. Cette vision ne se constitue pas avec des « restes ». La rêverie cosmique nous fait vivre en un état qu’il faut bien désigner comme anté-perceptif. La communication du rêveur et de son monde est, dans la rêverie de solitude, toute proche, elle n’a pas de « distance », pas cette distance qui marque le monde perçu, le monde fragmenté par les perceptions. Bien entendu, nous ne parlons pas ici de la rêverie de lassitude, post-perception où s’enténèbrent les perceptions perdues. Que devient image perçue quand l’imagination prend en charge l’image pour en faire le signe d’un monde ? Dans la rêverie du poète, le monde est imaginé, directement imaginé. On touche là un des paradoxes de l’imagination : alors que les penseurs qui reconstruisent un monde retracent un long chemin de réflexion, l’image cosmique est immédiate. Elle nous donne le tout avant les parties. Dans son exubérance, elle croit dire le tout du Tout. Elle tient l’univers par un de ses signes. Une seule image envahit tout l’univers. Elle diffuse dans tout l’univers le bonheur que nous avons d’habiter dans le monde même de cette image. Le rêveur, en sa rêverie sans limite ni réserve, se donne corps et âme à l’image cosmique qui vient de l’enchanter. Le rêveur est dans un monde, il n’en saurait douter. Une seule image cosmique lui donne une unité de rêverie, une unité de monde. D’autres images naissent de l’image première, s’assemblent, s’embellissent mutuellement. Jamais les images ne se contredisent, le rêveur de monde ne connaît pas la division de son être. Devant toutes les « ouvertures » du monde, le penseur de monde se fait une règle d’hésiter. Le penseur de monde est l’être d’une hésitation. Dès l’ouverture du monde par une image, le rêveur de monde habite le monde qui vient de lui être offert. D’une image isolée peut naître un univers. Une fois de plus nous voyons en action l’imagination grandissante." (pp.149-150)
    -Gaston Bachelard, La poétique de la rêverie, PUF, 1961 (1960 pour la première édition).




    _________________
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