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    John Oswald, Le Gouvernement du Peuple, ou Plan de constitution pour la République universelle

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Messages : 20739
    Date d'inscription : 12/08/2013
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    John Oswald, Le Gouvernement du Peuple, ou Plan de constitution pour la République universelle Empty John Oswald, Le Gouvernement du Peuple, ou Plan de constitution pour la République universelle

    Message par Johnathan R. Razorback Ven 15 Jan - 15:10

    https://fr.wikipedia.org/wiki/John_Oswald

    http://www.athene.antenna.nl/ARCHIEF/NR03-Parijs/OSWALD%20-%20Gouvernement.htm

    "Une nation, disent les politiques, ne peut délibérer que par l'organe de ses représentants; or, si la nation peut délibérer par procuration, elle peut aussi s'assembler et décider par procuration: de sorte que la souveraineté du peuple se réduit, en dernière analyse, à vox et praeterea nihil [la voix et rien de plus], au droit de voter pour se donner des maîtres; alors le gouvernement ressemble fort à cet état fantôme de choses dans lequel les poètes nous peignent le séjour des trépassés aux Champs Elysées, où des ombres sans substance font illusion' aux regards.

    J'avoue que je n'ai jamais pu réfléchir sur ce système de représentation sans m'étonner de la crédulité, je dirais presque la stupidité avec laquelle l'esprit humain avale les absurdités les plus palpables. Si un homme proposait sérieusement que la nation pissât par procuration, on le traiterait de fou; et cependant penser par procuration est une proposition que l'on entend, non seulement sans s'étonner, mais qu'on reçoit avec enthousiasme.

    Nous ne saurions nous acquitter les uns pour les autres des fonctions les plus viles de l'existence animale: est-il donc en notre pouvoir d'exercer les uns pour les autres les fonctions les plus relevées de l'existence intellectuelle? Mais le fait est, que quoiqu'il nous soit aussi impossible de penser les uns pour les autres, que d'aimer les uns pour les autres, de boire ou de manger les uns pour les autres, cependant l'habitude de déléguer à autrui le soin de penser pour nous, nous fait insensiblement désapprendre à penser tout à fait: et ceci répond merveilleusement bien à l'intention charitable de ces messieurs, qui veulent nous épargner la peine de penser par nous-mêmes. - Et voilà le grand secret de la représentation!
    "

    "En un mot ce système de représentation peut être regardé comme une arche métaphysique, ou non seulement chaque espèce d'animaux a son représentant, mais encore tout le monde idéal, avec les êtres de raison et tout le jargon scholastique. Les charlatans politiques de l'Angleterre, qui ont dirigé longtemps, et véritablement avec beaucoup de dextérité, la lanterne magique de la représentation, ont inventé un langage qui leur est particulier; ils ont parlé de la balance des trois pouvoirs, de l'avantage infini qui résulte de la répression mutuelle du roi, de la chambre des lords et de celle des communes; et pareils à ces danseurs qui font admirer leur adresse en variant leurs postures sur une corde plus ou moins tendue, ils ont si fort multiplié les tours de force pour contrebalancer, dans leur industrieux raffinement, les grands intérêts de la nation, que le spectateur, frappé d'étonnement, tremble à chaque minute de vair le chancelant édifice de l'Etat se culbuter sur le théâtre et se briser comme du verre. A l'aide de la terreur panique qu'ils savaient exciter, dans les esprits, ces adeptes dans l'escamotage, pouvaient en tout temps fouiller à pleine main dans les poches des citoyens, pendant que ceux-ci, les yeux en l'air, avec une admiration stupide, contemplaient les, grands hommes qui avaient la bonté de penser pour eux, et qui employaient à leur service des talents surnaturels, secondés d'une éloquence trop sublime pour daigner s'allier avec le sens commun. En France, les jongleurs de l'assemblée constituante empruntèrent le , jargon de leurs aînés d'Angleterre; ils déclarèrent que le gouvernement de la France était représentatif, c'est-à-dire, qu'il n’appartient pas au peuple réellement, mais seulement par représentation ou en apparence; bref, ils établirent une parade de gouvernement au nom du peuple, qui n'y devait point participer. Ils ne firent aucune difficulté de reconnaître la souveraineté du peuple, pourvu que l'exercice de cette souveraineté leur fût confié. Ils auraient volontiers dit au peuple, "vous serez roi", maïs en ajoutant, comme le matelot ivre de la Tempête de Shakespeare "et je serai vice-roi au-dessus de vous"."

    "Quant à la troisième objection faite à tous les gouvernements populaires, savoir que les affaIres publiques absorbant l'attention des citoyens, ne leur laisse raient pas le temps de vaquer à leurs affaires particulières, j'ai remarqué qu'elle se trouve ordinairement dans la bouche de certains hommes, qui cependant ne croient pas que ce soit une perte de temps pour le peuple d'assister six mois de l'année aux pantalonnades des prêtres. Ils trouvent infiniment convenable que les citoyens passent leurs journées à pratiquer des cérémonies dignes des siècles barbares, et trop ridicules pour être singées même par des chiens de bateleurs. Mais ils ne peuvent souffrir qu'ils s'assemblerait pour des motifs qui intéressent le plus les hommes; ils ne veulent pas leur permettre de se réunir pour exercer leur raison; maïs ils les encouragent à s'assembler pour faire profession d'obéissance aux dogmes d'une religion qui exige sacrifice absolu de l'entendement humain.

    Mais rien ne prouve mieux que cette objection même l'excellence du gouvernement dont il s'agit. En effet, quel autre but se propose ou doit se proposer le gouvernement, que d'unir les hommes par les liens de la fraternité? Et comment atteindre ce but, si ce n'est par des assemblées fréquentes ou ils délibèrent? Le meilleur gouvernement sera donc celui qui donnera toute la publicité possible aux actions des individus; et il n'y a que ce moyen d'établir le règne de la volonté, de la liberté, de la loi, de l'amour, expressions qui, dans la sagesse primitive des langues, dérivent de la même racine et signifient la même chose. Espérons que dans les nouveaux progrès de la révolution la sagesse collective des hommes brisera enfin le joug de fer de la propriété, et rendra à nos enfants le bonheur de l'age d'or, l'héritage commun de la terre, la communauté illimitée des jouissances!

    Cette perspective éloignée est la seule chose qui réjouisse mon cœur, au milieu de la corruption de la société; elle seule verse dans mon sein le baume de la consolation, parmi les soins rongeurs qui consument mon existence
    ."
    -John Oswald, Le Gouvernement du Peuple, ou Plan de constitution pour la République universelle, 1793.



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