"Épicure est né en -341 (ou en -342) à Samos. Son père Néoclès est un clérouque à Samos, c'est-à-dire un colon athénien envoyé en poste avancé pour renforcer la cité mère, avec pour récompense un petit lot de terre (klèros). Natif de Samos, Épicure est donc resté citoyen d'Athènes où il arrive en -321. C'est l'année de la mort d'Alexandre ; l'année suivante Aristote meurt à Chalcis en Eubée. S'ouvre à ce moment une période de troubles et de dissensions. La domination d'Alexandre avait consacré la fin de l'autonomie des cités. Ses généraux se disputent maintenant son empire. [...] Le monde clos s'est ouvert, laisse l'individu seul et sans doute désemparé." (p.XIII)
"Épicure aurait dès l'âge de 14 ans, à Samos, suivi les leçons du platonicien Pamphilos, qui ne lui plurent pas. Il vient à Athènes à 18 ans faire le service des éphèbe, et aurait alors eu des rapports avec l'Académie où enseignait Xénocrate, successeur de Speusippe, lui-même successeur de Platon. Il constitue son système contre Aristote -celui des "dialogues perdus", très platonicien alors- et contre Platon. Il revient à Athènes en -307/306. Il y occupe une maison étroite (trop petite pour le nombre de ses amis, dit Cicéron), et surtout le Jardin, où il enseigne. Pendant les quarante-six années qu'il lui reste à vivre, guerres et émeutes se succèdent. Il meurt en -271. L'homme est attachant ; le sage est fascinant: il peut aussi exaspérer par l'orgueil dont on l'accuse et par ses paradoxes. Épicure, par exemple, dit de lui-même qu'il n'a été le disciple que de lui-même. Orgueil, passion folle d'Épicure pour la gloire, qui lui fait récuser ses maîtres, diront ses ennemis. Il est au centre de sa philosophie. L'épicurisme est la philosophie d'Épicure. Quel truisme ! Mais le stoïcisme, fondé par Zénon de Citium à la même époque, ne s'appelle pas le "zénonisme". Et si l'on parle de platonisme ou d'aristotélisme ce n'est pas que Platon ni Aristote se fussent mis au centre et comme sujet de leur philosophie. C'est ce que fit Épicure ; et pour cela il fut calomnié, raillé, insulté. On ne peut pas ne pas commencer par l'homme, dans sa vie, son comportement, sa santé même. Il faisait pitié physiquement, au point que, pendant de nombreuses années, il ne put se lever de son lit. Il dépensait quotidiennement un rien pour se nourrir. Il ne pouvait regarder le soleil ni le feu, ni supporter un manteau jeté sur ses épaules, nous dit la Souda. Malgré tout il vécut jusqu'à 72 ans." (p.XIII-XIV)
"Ce serait aussi pour sauver la liberté humaine de la nécessité démocritéenne qu'Épicure aurait introduit le clinamen." (p.XVIII)
"La forme humaine des dieux [...] fait vraiment partie du dogme épicurien." (p.XXV)
"Non, de fait, je ne saurai, pour ma part, concevoir ce qu'est le bien si je retranche les plaisirs des saveurs d'un côté, et celles du sexe, des concerts et de la beauté, de l'autre.", écrit Épicure dans son traité La Fin" (p.XXXVII)
"Lucrèce parle de la vénérable pensée de Démocrite." (p.XL)
"Épicure introduit le temps, l'avenir dans la problématique du plaisir, dans le calcul des plaisirs et la prévision des conséquences." (p.XLI)
"Certes il n'y a pas de système de plaisir chez La Fontaine, mais une compréhension profonde d'un épicurisme vécu d'élégante manière, qui sait se référer à des problèmes posés par Épicure, et renvoyer à Lucrèce." (p.XLIX)
"Casanova connaît à fond la doctrine d'Épicure. Il la connaît comme un disciple." (p.XLIX)
-Daniel Delattre & Jackie Pigeaud, préface à Daniel Delattre & Jackie Pigeaud (éds), Les Épicuriens, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris, 2010, 1481 pages.
"Ce grand homme a suffisamment de témoins pour attester de son attitude on ne peut plus conciliante envers tous: ce sont les vingt statues de bronze dont l'honora sa patrie ; ses amis si nombreux que des cités entières ne sauraient les contenir ; tous ses disciples que captivèrent, telles des sirènes, les charmes de sa doctrine, à l'exception de Métrodore de Stratonicée, qui l’abandonna pour Carnéade, peut-être lassé qu'il était par les marques de bonté on ne peut plus grandes d'Épicure ; son école, qui -tandis que presque toutes les autres écoles se sont éteintes- s'est constamment maintenue jusqu'à cette date, en laissant se succéder à sa tête une quantité innombrable de ses disciples ; sa reconnaissance envers ses parents, ainsi que ses bienfaits à l'égard de ses frères et sa douceur pour ses domestiques, comme cela ressort à l'évidence de son Testament et du fait qu'ils philosophaient avec lui, Mys déjà mentionné étant le plus fameux d'entre eux ; et, d'une façon générale, l'humanité qu'Épicure manifestait envers tout le monde. Si sa piété pour les dieux et son amour de la patrie sont chose qui ne se peuvent raconter (c'est un esprit de conciliation poussé à l'excès qui ne lui permit pas de s'attacher non plus à la politique), c'est en Grèce même qu'il passa son existence, dit-on, à une époque justement où elle était en proie à de terribles difficultés, ne la quittant que pour se rendre, deux ou trois fois, dans les contrées de l'Ionie pour y visiter ses amis." (p.6)
"[Dioclès] ajoute qu'Épicure n'appréciait pas la mise en commun des ressources, contrairement à Pythagore pour qui "les biens des amis sont propriété commune", car un tel comportement caractérise des gens qui ne se font pas confiance ; or si on n'a pas confiance, on n'est pas non plus amis." (p.6)
"Épicure est l'auteur de très lettres nombreux livres ; il a surpassé tout le monde par la quantité de sa production, puisque le nombre de ses rouleaux est de quelque trois cents." (p.11)
-Diogène Laërce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres, in Daniel Delattre & Jackie Pigeaud (éds), Les Épicuriens, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris, 2010, 1481 pages.
"Rien ne naît ne ce qui n'est pas. [...]
Et assurément le tout a toujours été tel qu'il est maintenant, et il sera toujours tel. {Il n'y a rien en effet en quoi il puisse changer, car, à côté du tout, il n'y a rien qui, l'ayant pénétré, produirait le changement.}" (p.15)
"Que les corps soient, en effet, la sensation elle-même le confirme en toutes circonstances, elle qu'il est nécessaire de suivre pour témoigner du non-apparent, à l'aide du raisonnement." (p.15)
-Épicure, Lettre à Hérodote, in Daniel Delattre & Jackie Pigeaud (éds), Les Épicuriens, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris, 2010, 1481.
"Qu'on ne remettre pas à plus tard, parce qu'on est jeune, la pratique de la philosophie et qu'on ne se lasse pas de philosopher, quand on est vieux. En effet, il n'est, pour personne, ni trop tôt ni trop tard, lorsqu'il s'agit de veiller à la santé de son âme. D'ailleurs, celui qui dit que le moment de philosopher n'est pas encore venu, ou que ce moment est passé, ressemble à celui qui dit, s'agissant du bonheur, que son moment n'est pas encore venu ou qu'il n'est plus. Aussi le jeune homme doit-il, comme le vieillard, philosopher: de la sorte, le second, tout en vieillissant, rajeunira grâce aux biens du passé, parce qu'il leur vouera de la gratitude, et le premier sera dans le même temps jeune et fort avancé en âge, parce qu'il ne craindra pas l'avenir. Il faut donc faire de ce qui produit le bonheur l'objet de ses soins, tant il est vrai que, lorsqu'il est présent, nous avons tout et que, quand il est absent, nous faisons tout pour l'avoir." (p.45)
"Les dieux existent [...] mais ils ne sont pas tels que [la multitude] les considère." (p.45)
"Accoutume-toi, en outre, à la pensée que la mort n'est rien pour nous, puisque tout bien et tout mal résident dans la sensation et que la mort est privation de sensation. De là vient qu'une connaissance correcte du fait que la mort n'est rien pour nous a pour effet de nous permettre de jouir du caractère mortel de la vie, parce que cette connaissance, au lieu de nous attribuer un temps problématique, nous ôte le regret de l'immortalité. En effet, il n'y a rien de terrible dans le fait de vivre, lorsqu'on a réellement saisi que dans le fait de ne pas vivre, il n'y a rien de terrible {aussi est-il stupide, celui qui dit craindre la mort non pour la peine que sa présence lui causera, mais pour celle que sa perspective lui cause ; car ce dont la présence ne nous tourmente pas ne cause qu'une peine sans fondement lorsqu'on l'attend. Ainsi, le plus terrifiant des maux, la mort, n'est rien pour nous, puisque précisément, quand nous existons, la mort n'est pas présente et, quand la mort est présente, alors nous n'existons pas. Elle n'est donc ni pour les vivants ni pour ceux qui sont morts, puisque précisément elle n'est pas pour les premiers, et que les seconds ne sont plus. Mais la multitude fuit la mort, parce qu'elle voit en elle tantôt le plus grand des maux, tantôt la cessation de tout ce que comporte la vie} ; et on ne craint pas de ne pas vivre, car alors, vivre n'est pas un poids et ne pas vivre n'est pas tenu pour une sorte de mal.
Et de même qu'on ne choisit nullement la nourriture la plus abondante et la plus plaisante, on ne cherche pas non plus à jouir du moment le plus long, mais du plus plaisant." (p.46)
"Et il est encore bien pire, celui [le poète Théognis] qui dit qu'il est beau de "ne pas naître", "et, une fois né, de franchir au plus vite les portes de l'Hadès" ; car, s'il est convaincu de ce qu'il affirme, comment se fait-il qu'il ne quitte pas la vie ? De fait, c'est à sa portée, pourvu qu'il s'y soit fermement déterminé. En revanche, si c'est plaisanterie de sa part, il fait montre d'impertinence sur des questions qui ne l'admettent pas." (p.47)
"Il faut en outre garder en mémoire que le futur n'est pas sous notre gouverne et qu'il n'y échappe pas non plus tout à fait, afin que nous ne nous attendions pas à ce qu'il advienne tout à coup, et que nous ne désespérions pas le voir jamais advenir.
Il faut en outre prendre en compte que, parmi les désirs, les uns sont naturels et les autres sans fondement ; que parmi les désirs naturels, les uns sont nécessaires et les autres seulement naturels ; et que, parmi les désirs nécessaires, les uns sont nécessaires au bonheur, d'autres à l'absence de tourments corporels, et d'autres à la vie elle-même. En effet, une observation rigoureuse des désirs sait rapporter tout choix et tout rejet à la santé du corps et à l'absence de trouble de l'âme, puisque c'est là la fin de la vie bienheureuse. {De fait, ce pour quoi nous faisons tout, c'est pour éviter la douleur et l'effroi. D'ailleurs, une fois que cet état nous advient, toute la tempête de l'âme se dissipe, le vivant n'ayant pas à se mettre en marche vers quelque chose qui lui manquerait ni à rechercher quelque autre chose, grâce à laquelle le bien de l'âme et du corps atteindrait à sa plénitude (de fait, c'est quand l'absence du plaisir nous cause de la douleur que nous avons besoin du plaisir): nous n'avons plus besoin du plaisir.}
Voilà justement pourquoi nous disons que le plaisir est le principe et la fin de la vie bienheureuse." (p.47)
"Nous ne choisissons pas tout plaisir -il nous arrive, au contraire, de laisser de côté de nombreux plaisirs, quand il s'ensuit, pour nous, trop de désagrément-, et nous considérons que beaucoup d'états douloureux sont préférables à des plaisirs, quand un plaisir plus grand découle, pour nous, du fait que nous avons enduré pendant longtemps ces états douloureux. [...]
Tout état douloureux n'est pas toujours par nature à rejeter. {C'est assurément par la mesure comparative et l'examen de ce qui est utile et de ce qui ne l'est pas qu'il convient de juger tout cela." (p.47-48)
"Quand donc nous disons que le plaisir constitue la fin, nous ne parlons pas des plaisirs des libertins ni de ceux qui consistent à jouir -comme le croient certains qui, ignorant de quoi nous parlons, sont en désaccord avec nos propos ou les prennent en un mauvais sens- mais de l'absence de douleur, pour le corps, et de l'absence de trouble, pour l'âme. {En effet, ce n'est ni l'incessante succession des beuveries et des parties de plaisir, ni les jouissances que l'on retire des garçons et des femmes, ni celles que procurent les poissons et tous les autres mets qu'offre une riche table qui rendent la vie plaisante ; c'est, au contraire, un raisonnement sobre, qui recherche la connaissance exacte des raisons de chaque choix et de chaque rejet et repousse les opinions qui permettent à la perturbation la plus grande de s'emparer des âmes.
Or le principe de tout cela et le plus grand bien, c'est la prudence. C'est pourquoi justement la prudence est une chose plus précieuse encore que la philosophie, car elle est la source naturelle de toutes les vertus de reste et enseigne qu'il n'est pas possible de mener une vie plaisante qui ne sois pas prudente ni une belle et juste qui ne sois pas plaisante ; car les vertus sont naturellement liées à la vie plaisante, et la vie plaisante en est inséparable." (p.48-49)
"Ainsi, ces doctrines et celles qui s'y apparentent, fais-en l'objet de tes soins, jour et nuit, pour toi-même et pour qui te ressemble ; et jamais, ni dans la veille ni dans tes rêves, tu ne connaîtras de trouble profond, mais tu vivras comme un dieu parmi les hommes. Car il n'est en rien semblable à un vivant mortel, l'homme qui vit au milieu de biens immortels." (p.49-50)
-Épicure, Lettre à Ménécée, in Daniel Delattre & Jackie Pigeaud (éds), Les Épicuriens, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris, 2010, 1481 pages.
"Ce qui est bienheureux et incorruptible ne connaît pas soi-même d'embarras et n'en cause pas à autrui, de sorte qu'il n'est la proie ni de la colère ni de la complaisance." (Maxime I, p.51)
"[Celui] qui ne mène pas une vie prudente, c'est-à-dire belle et juste), il n'est pas possible qu'il mène une vie plaisante." (Maxime V, p.52)
"Aucun plaisir n'est un mal en soi ; mais ce qui est susceptible de produire certains plaisirs apporte bien plus de tourments que de plaisirs." (Maxime VIII, p.52)
"Si ce qui est susceptible de donner du plaisir aux libertins libérait leur pensée des craintes relatives au monde céleste aussi bien qu'à la mort et aux souffrances, et leur enseignait en outre la limite des désirs, nous n'aurions jamais rien à reprocher à ces gens-là, puisqu'ils font de toutes parts récolte de plaisirs sans laisser nulle place à la sensation de la douleur et de la peine, qui est précisément le mal." (Maxime X, p.53)
"Il n'est pas possible, on le sait, de se libérer du sentiment de crainte à l'égard des questions les plus capitales si, loin d'avoir une connaissance véritable de la nature du Tout en son entier, on s'inquiète pour soi-même de ce que racontent les mythes. De la sorte, il n'est pas possible, sans l'étude de la nature, de goûter les plaisirs purs." (Maxime XII, p.53)
"La richesse selon la nature est à la fois bien délimitée et facile à se procurer. Mais ce que des opinions sans fondement tiennent pour la richesse s'épuise dans l'illimité." (Maxime XV, p.54)
"L'homme juste est le plus dépourvu de trouble, alors que l'injuste est rempli d'un très grand trouble." (Maxime XVII, p.54)
"La pensée [...] qui a pris en compte la fin de la chair et sa limite, et s'est affranchie des peurs relatives à l'éternité, procure la vie la plus accomplie, sans que nous ayons aucunement besoin, en plus, du temps illimité." (Maxime XX, p.55)
"Si tu combats toutes les sensations, tu n'auras rien non plus à quoi te rapporter pour discerner celles d'entre elles que tu dis trompeuses." (Maxime XXIII, p.55)
"Parmi ce que la sagesse se procure en vue du bonheur de la vie tout entière, le plus important, de très loin, c'est la possession de l'amitié." (Maxime XXVII, p.56)
"Le juste selon la nature est la garantie de l'utilité qu'on trouve à ne pas se causer de torts mutuels ni à en subir." (Maxime XXXI, p.57)
"La justice n'est pas, on le sait, quelque chose en soi, mais, quand les hommes se rassemblent entre eux -quelle que soit la dimension des lieux où ils se rencontrent, à chaque fois-, une sorte de contrat visant à empêcher de causer du tort et d'en subir." (Maxime XXXIII, p.57)
"L'injustice est un mal non pas en elle-même, mais par la crainte que suscite l'inquiétude qu'elle puisse un jour ne pas échapper à ceux qui ont reçu pour office de punir de tels actes." (Maxime XXXIV, p.58)
"Il n'est pas possible que celui qui cause en secret l'un des torts que l'on s'est mutuellement accordé à ne pas causer ni à subir soit certain d'échapper aux regards, même s'il y échappe mille et mille fois dans le présent ; tant qu'il ne sera pas mort, il n'y a nulle évidence qu'il y échappera." (Maxime XXXV, p.58)
"Si quelqu'un institue une loi sans aboutir à un résultat conforme à ce qui est utile à la communauté mutuelle des hommes, cela n'a plus la nature du juste." (Maxime XXXVII, p.58)
-Épicure, Maximes Capitales, in Daniel Delattre & Jackie Pigeaud (éds), Les Épicuriens, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris, 2010, 1481 pages.
"Souviens-toi que, tout en ayant une nature mortelle et disposant d'un temps limité, tu t'es élevé grâce aux raisonnements sur la nature jusqu'à l'illimité et à l'éternité, et que tu as observé "ce qui est, ce qui sera et ce qui a été"."." (Sentence 10, p.62)
"Tout amitié [...] a son commencement dans l'avantage." (Sentence 23, p.64)
"Il faut aller jusqu'à s'exposer au danger en faveur d'une amitié." (Sentence 28, p.65)
"On peut se battre aussi pour le bonheur." (Sentence 33, p.66)
"Il faut en même temps rire, philosopher, gérer sa maison, s'occuper du reste de ses affaires privées et faire entendre la voix de la philosophie." (Sentence 41, p.67)
"Les malfaisants se font à eux-mêmes d'autant plus de mal qu'ils réussissent mieux dans leurs entreprises." (Sentence 53, p.69)
"A tous les désirs il faut opposer cette question "Que m'arrivera-t-il si ce que je recherche en vertu de mon désir s'accomplit, et que m'arrivera-t-il si cela ne s'accomplit pas ?" (Sentence 71, p.72)
"Le fruit le plus important de l'autosuffisance, c'est la liberté." (Sentence 77, p.73)
"Celui qui est sans trouble ne tourmente ni lui-même ni autrui." (Sentence 79, p.73)
-Épicure, Sentences vaticanes, in Daniel Delattre & Jackie Pigeaud (éds), Les Épicuriens, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris, 2010, 1481 pages.
"Épicure aurait dès l'âge de 14 ans, à Samos, suivi les leçons du platonicien Pamphilos, qui ne lui plurent pas. Il vient à Athènes à 18 ans faire le service des éphèbe, et aurait alors eu des rapports avec l'Académie où enseignait Xénocrate, successeur de Speusippe, lui-même successeur de Platon. Il constitue son système contre Aristote -celui des "dialogues perdus", très platonicien alors- et contre Platon. Il revient à Athènes en -307/306. Il y occupe une maison étroite (trop petite pour le nombre de ses amis, dit Cicéron), et surtout le Jardin, où il enseigne. Pendant les quarante-six années qu'il lui reste à vivre, guerres et émeutes se succèdent. Il meurt en -271. L'homme est attachant ; le sage est fascinant: il peut aussi exaspérer par l'orgueil dont on l'accuse et par ses paradoxes. Épicure, par exemple, dit de lui-même qu'il n'a été le disciple que de lui-même. Orgueil, passion folle d'Épicure pour la gloire, qui lui fait récuser ses maîtres, diront ses ennemis. Il est au centre de sa philosophie. L'épicurisme est la philosophie d'Épicure. Quel truisme ! Mais le stoïcisme, fondé par Zénon de Citium à la même époque, ne s'appelle pas le "zénonisme". Et si l'on parle de platonisme ou d'aristotélisme ce n'est pas que Platon ni Aristote se fussent mis au centre et comme sujet de leur philosophie. C'est ce que fit Épicure ; et pour cela il fut calomnié, raillé, insulté. On ne peut pas ne pas commencer par l'homme, dans sa vie, son comportement, sa santé même. Il faisait pitié physiquement, au point que, pendant de nombreuses années, il ne put se lever de son lit. Il dépensait quotidiennement un rien pour se nourrir. Il ne pouvait regarder le soleil ni le feu, ni supporter un manteau jeté sur ses épaules, nous dit la Souda. Malgré tout il vécut jusqu'à 72 ans." (p.XIII-XIV)
"Ce serait aussi pour sauver la liberté humaine de la nécessité démocritéenne qu'Épicure aurait introduit le clinamen." (p.XVIII)
"La forme humaine des dieux [...] fait vraiment partie du dogme épicurien." (p.XXV)
"Non, de fait, je ne saurai, pour ma part, concevoir ce qu'est le bien si je retranche les plaisirs des saveurs d'un côté, et celles du sexe, des concerts et de la beauté, de l'autre.", écrit Épicure dans son traité La Fin" (p.XXXVII)
"Lucrèce parle de la vénérable pensée de Démocrite." (p.XL)
"Épicure introduit le temps, l'avenir dans la problématique du plaisir, dans le calcul des plaisirs et la prévision des conséquences." (p.XLI)
"Certes il n'y a pas de système de plaisir chez La Fontaine, mais une compréhension profonde d'un épicurisme vécu d'élégante manière, qui sait se référer à des problèmes posés par Épicure, et renvoyer à Lucrèce." (p.XLIX)
"Casanova connaît à fond la doctrine d'Épicure. Il la connaît comme un disciple." (p.XLIX)
-Daniel Delattre & Jackie Pigeaud, préface à Daniel Delattre & Jackie Pigeaud (éds), Les Épicuriens, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris, 2010, 1481 pages.
"Ce grand homme a suffisamment de témoins pour attester de son attitude on ne peut plus conciliante envers tous: ce sont les vingt statues de bronze dont l'honora sa patrie ; ses amis si nombreux que des cités entières ne sauraient les contenir ; tous ses disciples que captivèrent, telles des sirènes, les charmes de sa doctrine, à l'exception de Métrodore de Stratonicée, qui l’abandonna pour Carnéade, peut-être lassé qu'il était par les marques de bonté on ne peut plus grandes d'Épicure ; son école, qui -tandis que presque toutes les autres écoles se sont éteintes- s'est constamment maintenue jusqu'à cette date, en laissant se succéder à sa tête une quantité innombrable de ses disciples ; sa reconnaissance envers ses parents, ainsi que ses bienfaits à l'égard de ses frères et sa douceur pour ses domestiques, comme cela ressort à l'évidence de son Testament et du fait qu'ils philosophaient avec lui, Mys déjà mentionné étant le plus fameux d'entre eux ; et, d'une façon générale, l'humanité qu'Épicure manifestait envers tout le monde. Si sa piété pour les dieux et son amour de la patrie sont chose qui ne se peuvent raconter (c'est un esprit de conciliation poussé à l'excès qui ne lui permit pas de s'attacher non plus à la politique), c'est en Grèce même qu'il passa son existence, dit-on, à une époque justement où elle était en proie à de terribles difficultés, ne la quittant que pour se rendre, deux ou trois fois, dans les contrées de l'Ionie pour y visiter ses amis." (p.6)
"[Dioclès] ajoute qu'Épicure n'appréciait pas la mise en commun des ressources, contrairement à Pythagore pour qui "les biens des amis sont propriété commune", car un tel comportement caractérise des gens qui ne se font pas confiance ; or si on n'a pas confiance, on n'est pas non plus amis." (p.6)
"Épicure est l'auteur de très lettres nombreux livres ; il a surpassé tout le monde par la quantité de sa production, puisque le nombre de ses rouleaux est de quelque trois cents." (p.11)
-Diogène Laërce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres, in Daniel Delattre & Jackie Pigeaud (éds), Les Épicuriens, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris, 2010, 1481 pages.
"Rien ne naît ne ce qui n'est pas. [...]
Et assurément le tout a toujours été tel qu'il est maintenant, et il sera toujours tel. {Il n'y a rien en effet en quoi il puisse changer, car, à côté du tout, il n'y a rien qui, l'ayant pénétré, produirait le changement.}" (p.15)
"Que les corps soient, en effet, la sensation elle-même le confirme en toutes circonstances, elle qu'il est nécessaire de suivre pour témoigner du non-apparent, à l'aide du raisonnement." (p.15)
-Épicure, Lettre à Hérodote, in Daniel Delattre & Jackie Pigeaud (éds), Les Épicuriens, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris, 2010, 1481.
"Qu'on ne remettre pas à plus tard, parce qu'on est jeune, la pratique de la philosophie et qu'on ne se lasse pas de philosopher, quand on est vieux. En effet, il n'est, pour personne, ni trop tôt ni trop tard, lorsqu'il s'agit de veiller à la santé de son âme. D'ailleurs, celui qui dit que le moment de philosopher n'est pas encore venu, ou que ce moment est passé, ressemble à celui qui dit, s'agissant du bonheur, que son moment n'est pas encore venu ou qu'il n'est plus. Aussi le jeune homme doit-il, comme le vieillard, philosopher: de la sorte, le second, tout en vieillissant, rajeunira grâce aux biens du passé, parce qu'il leur vouera de la gratitude, et le premier sera dans le même temps jeune et fort avancé en âge, parce qu'il ne craindra pas l'avenir. Il faut donc faire de ce qui produit le bonheur l'objet de ses soins, tant il est vrai que, lorsqu'il est présent, nous avons tout et que, quand il est absent, nous faisons tout pour l'avoir." (p.45)
"Les dieux existent [...] mais ils ne sont pas tels que [la multitude] les considère." (p.45)
"Accoutume-toi, en outre, à la pensée que la mort n'est rien pour nous, puisque tout bien et tout mal résident dans la sensation et que la mort est privation de sensation. De là vient qu'une connaissance correcte du fait que la mort n'est rien pour nous a pour effet de nous permettre de jouir du caractère mortel de la vie, parce que cette connaissance, au lieu de nous attribuer un temps problématique, nous ôte le regret de l'immortalité. En effet, il n'y a rien de terrible dans le fait de vivre, lorsqu'on a réellement saisi que dans le fait de ne pas vivre, il n'y a rien de terrible {aussi est-il stupide, celui qui dit craindre la mort non pour la peine que sa présence lui causera, mais pour celle que sa perspective lui cause ; car ce dont la présence ne nous tourmente pas ne cause qu'une peine sans fondement lorsqu'on l'attend. Ainsi, le plus terrifiant des maux, la mort, n'est rien pour nous, puisque précisément, quand nous existons, la mort n'est pas présente et, quand la mort est présente, alors nous n'existons pas. Elle n'est donc ni pour les vivants ni pour ceux qui sont morts, puisque précisément elle n'est pas pour les premiers, et que les seconds ne sont plus. Mais la multitude fuit la mort, parce qu'elle voit en elle tantôt le plus grand des maux, tantôt la cessation de tout ce que comporte la vie} ; et on ne craint pas de ne pas vivre, car alors, vivre n'est pas un poids et ne pas vivre n'est pas tenu pour une sorte de mal.
Et de même qu'on ne choisit nullement la nourriture la plus abondante et la plus plaisante, on ne cherche pas non plus à jouir du moment le plus long, mais du plus plaisant." (p.46)
"Et il est encore bien pire, celui [le poète Théognis] qui dit qu'il est beau de "ne pas naître", "et, une fois né, de franchir au plus vite les portes de l'Hadès" ; car, s'il est convaincu de ce qu'il affirme, comment se fait-il qu'il ne quitte pas la vie ? De fait, c'est à sa portée, pourvu qu'il s'y soit fermement déterminé. En revanche, si c'est plaisanterie de sa part, il fait montre d'impertinence sur des questions qui ne l'admettent pas." (p.47)
"Il faut en outre garder en mémoire que le futur n'est pas sous notre gouverne et qu'il n'y échappe pas non plus tout à fait, afin que nous ne nous attendions pas à ce qu'il advienne tout à coup, et que nous ne désespérions pas le voir jamais advenir.
Il faut en outre prendre en compte que, parmi les désirs, les uns sont naturels et les autres sans fondement ; que parmi les désirs naturels, les uns sont nécessaires et les autres seulement naturels ; et que, parmi les désirs nécessaires, les uns sont nécessaires au bonheur, d'autres à l'absence de tourments corporels, et d'autres à la vie elle-même. En effet, une observation rigoureuse des désirs sait rapporter tout choix et tout rejet à la santé du corps et à l'absence de trouble de l'âme, puisque c'est là la fin de la vie bienheureuse. {De fait, ce pour quoi nous faisons tout, c'est pour éviter la douleur et l'effroi. D'ailleurs, une fois que cet état nous advient, toute la tempête de l'âme se dissipe, le vivant n'ayant pas à se mettre en marche vers quelque chose qui lui manquerait ni à rechercher quelque autre chose, grâce à laquelle le bien de l'âme et du corps atteindrait à sa plénitude (de fait, c'est quand l'absence du plaisir nous cause de la douleur que nous avons besoin du plaisir): nous n'avons plus besoin du plaisir.}
Voilà justement pourquoi nous disons que le plaisir est le principe et la fin de la vie bienheureuse." (p.47)
"Nous ne choisissons pas tout plaisir -il nous arrive, au contraire, de laisser de côté de nombreux plaisirs, quand il s'ensuit, pour nous, trop de désagrément-, et nous considérons que beaucoup d'états douloureux sont préférables à des plaisirs, quand un plaisir plus grand découle, pour nous, du fait que nous avons enduré pendant longtemps ces états douloureux. [...]
Tout état douloureux n'est pas toujours par nature à rejeter. {C'est assurément par la mesure comparative et l'examen de ce qui est utile et de ce qui ne l'est pas qu'il convient de juger tout cela." (p.47-48)
"Quand donc nous disons que le plaisir constitue la fin, nous ne parlons pas des plaisirs des libertins ni de ceux qui consistent à jouir -comme le croient certains qui, ignorant de quoi nous parlons, sont en désaccord avec nos propos ou les prennent en un mauvais sens- mais de l'absence de douleur, pour le corps, et de l'absence de trouble, pour l'âme. {En effet, ce n'est ni l'incessante succession des beuveries et des parties de plaisir, ni les jouissances que l'on retire des garçons et des femmes, ni celles que procurent les poissons et tous les autres mets qu'offre une riche table qui rendent la vie plaisante ; c'est, au contraire, un raisonnement sobre, qui recherche la connaissance exacte des raisons de chaque choix et de chaque rejet et repousse les opinions qui permettent à la perturbation la plus grande de s'emparer des âmes.
Or le principe de tout cela et le plus grand bien, c'est la prudence. C'est pourquoi justement la prudence est une chose plus précieuse encore que la philosophie, car elle est la source naturelle de toutes les vertus de reste et enseigne qu'il n'est pas possible de mener une vie plaisante qui ne sois pas prudente ni une belle et juste qui ne sois pas plaisante ; car les vertus sont naturellement liées à la vie plaisante, et la vie plaisante en est inséparable." (p.48-49)
"Ainsi, ces doctrines et celles qui s'y apparentent, fais-en l'objet de tes soins, jour et nuit, pour toi-même et pour qui te ressemble ; et jamais, ni dans la veille ni dans tes rêves, tu ne connaîtras de trouble profond, mais tu vivras comme un dieu parmi les hommes. Car il n'est en rien semblable à un vivant mortel, l'homme qui vit au milieu de biens immortels." (p.49-50)
-Épicure, Lettre à Ménécée, in Daniel Delattre & Jackie Pigeaud (éds), Les Épicuriens, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris, 2010, 1481 pages.
"Ce qui est bienheureux et incorruptible ne connaît pas soi-même d'embarras et n'en cause pas à autrui, de sorte qu'il n'est la proie ni de la colère ni de la complaisance." (Maxime I, p.51)
"[Celui] qui ne mène pas une vie prudente, c'est-à-dire belle et juste), il n'est pas possible qu'il mène une vie plaisante." (Maxime V, p.52)
"Aucun plaisir n'est un mal en soi ; mais ce qui est susceptible de produire certains plaisirs apporte bien plus de tourments que de plaisirs." (Maxime VIII, p.52)
"Si ce qui est susceptible de donner du plaisir aux libertins libérait leur pensée des craintes relatives au monde céleste aussi bien qu'à la mort et aux souffrances, et leur enseignait en outre la limite des désirs, nous n'aurions jamais rien à reprocher à ces gens-là, puisqu'ils font de toutes parts récolte de plaisirs sans laisser nulle place à la sensation de la douleur et de la peine, qui est précisément le mal." (Maxime X, p.53)
"Il n'est pas possible, on le sait, de se libérer du sentiment de crainte à l'égard des questions les plus capitales si, loin d'avoir une connaissance véritable de la nature du Tout en son entier, on s'inquiète pour soi-même de ce que racontent les mythes. De la sorte, il n'est pas possible, sans l'étude de la nature, de goûter les plaisirs purs." (Maxime XII, p.53)
"La richesse selon la nature est à la fois bien délimitée et facile à se procurer. Mais ce que des opinions sans fondement tiennent pour la richesse s'épuise dans l'illimité." (Maxime XV, p.54)
"L'homme juste est le plus dépourvu de trouble, alors que l'injuste est rempli d'un très grand trouble." (Maxime XVII, p.54)
"La pensée [...] qui a pris en compte la fin de la chair et sa limite, et s'est affranchie des peurs relatives à l'éternité, procure la vie la plus accomplie, sans que nous ayons aucunement besoin, en plus, du temps illimité." (Maxime XX, p.55)
"Si tu combats toutes les sensations, tu n'auras rien non plus à quoi te rapporter pour discerner celles d'entre elles que tu dis trompeuses." (Maxime XXIII, p.55)
"Parmi ce que la sagesse se procure en vue du bonheur de la vie tout entière, le plus important, de très loin, c'est la possession de l'amitié." (Maxime XXVII, p.56)
"Le juste selon la nature est la garantie de l'utilité qu'on trouve à ne pas se causer de torts mutuels ni à en subir." (Maxime XXXI, p.57)
"La justice n'est pas, on le sait, quelque chose en soi, mais, quand les hommes se rassemblent entre eux -quelle que soit la dimension des lieux où ils se rencontrent, à chaque fois-, une sorte de contrat visant à empêcher de causer du tort et d'en subir." (Maxime XXXIII, p.57)
"L'injustice est un mal non pas en elle-même, mais par la crainte que suscite l'inquiétude qu'elle puisse un jour ne pas échapper à ceux qui ont reçu pour office de punir de tels actes." (Maxime XXXIV, p.58)
"Il n'est pas possible que celui qui cause en secret l'un des torts que l'on s'est mutuellement accordé à ne pas causer ni à subir soit certain d'échapper aux regards, même s'il y échappe mille et mille fois dans le présent ; tant qu'il ne sera pas mort, il n'y a nulle évidence qu'il y échappera." (Maxime XXXV, p.58)
"Si quelqu'un institue une loi sans aboutir à un résultat conforme à ce qui est utile à la communauté mutuelle des hommes, cela n'a plus la nature du juste." (Maxime XXXVII, p.58)
-Épicure, Maximes Capitales, in Daniel Delattre & Jackie Pigeaud (éds), Les Épicuriens, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris, 2010, 1481 pages.
"Souviens-toi que, tout en ayant une nature mortelle et disposant d'un temps limité, tu t'es élevé grâce aux raisonnements sur la nature jusqu'à l'illimité et à l'éternité, et que tu as observé "ce qui est, ce qui sera et ce qui a été"."." (Sentence 10, p.62)
"Tout amitié [...] a son commencement dans l'avantage." (Sentence 23, p.64)
"Il faut aller jusqu'à s'exposer au danger en faveur d'une amitié." (Sentence 28, p.65)
"On peut se battre aussi pour le bonheur." (Sentence 33, p.66)
"Il faut en même temps rire, philosopher, gérer sa maison, s'occuper du reste de ses affaires privées et faire entendre la voix de la philosophie." (Sentence 41, p.67)
"Les malfaisants se font à eux-mêmes d'autant plus de mal qu'ils réussissent mieux dans leurs entreprises." (Sentence 53, p.69)
"A tous les désirs il faut opposer cette question "Que m'arrivera-t-il si ce que je recherche en vertu de mon désir s'accomplit, et que m'arrivera-t-il si cela ne s'accomplit pas ?" (Sentence 71, p.72)
"Le fruit le plus important de l'autosuffisance, c'est la liberté." (Sentence 77, p.73)
"Celui qui est sans trouble ne tourmente ni lui-même ni autrui." (Sentence 79, p.73)
-Épicure, Sentences vaticanes, in Daniel Delattre & Jackie Pigeaud (éds), Les Épicuriens, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris, 2010, 1481 pages.