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    Julien Offray de La Mettrie, Œuvres philosophiques

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Julien Offray de La Mettrie, Œuvres philosophiques Empty Julien Offray de La Mettrie, Œuvres philosophiques

    Message par Johnathan R. Razorback Dim 5 Mar - 15:23

    "Les hommes ayant formé le projet de vivre ensemble, il a fallu un système de mœurs politiques pour la sûreté de ce commerce." (p.8 )

    "[La religion] a paru les yeux couverts d'un bandeau sacré, et bientôt elle a été entourée de toute cette multitude qui écoute bouche béante et d'un air stupéfait les merveilles dont elle est avide, merveilles qui la contiennent -ô prodige !- d'autant plus qu'elle les comprend moins." (p.8 )

    "On fait aisément croire aux hommes ce qu'ils désirent, on leur persuade sans peine ce qui flatte leur amour-propre [...] Ils ont cru qu'un peu de boue organisée pouvait être immortelle." (p.10)

    "Les prêtres déclament, échauffent les esprits par des promesses magnifiques bien dignes d'enfler un sermon éloquent, ils prouvent tout ce qu'ils avancent sans se donner la peine de raisonner. Ils veulent enfin qu'on s'en rapporte à Dieu sait quelles autorités apocryphes, et leurs foudres sont prêts à écraser et réduire en poudre quiconque est assez raisonnable pour ne pas vouloir croire aveuglément tout ce qui révolte le plus la raison. Que les philosophes se conduisent plus sagement ! Pour ne rien promettre, ils ne sont pas quittes à si bon marché ; ils paient en choses sensées et en raisonnements solides ce qui ne coûte aux autres que du poumon, et une éloquence aussi vide et aussi vaines que leurs promesses." (p.12-13)

    "Croire qu'il est des vérités qu'il vaut mieux laisser éternellement ensevelies dans le sein de la Nature que de les produire au grand jour, c'est favoriser la superstition et la barbarie." (p.13)

    "L'espérance [...] sentiment qui meurt le dernier dans l'homme [...] On ne se prive de la vie que par un sentiment de malheur, d'ennui, de crainte ou de certitude d'être encore plus mal qu'on n'est." (p.14)

    "Les matérialistes ont beau prouver que l'homme n'est que machine, le peuple n'en croira jamais rien. [...] Grâce à la sévérité des lois, il pourrait être spinoziste sans que la société eût rien à craindre que la destruction des autels où semble conduire ce hardi système." (p.15)

    "L'homme borné ou illuminé, croyant à la doctrine de mauvais cahiers qu'il nous débite d'un air suffisant, s'imagine bonnement que tout est perdu -morale, religion, société- s'il est prouvé que l'homme n'est pas libre. L'homme de génie, au contraire, l'homme impartial et sans préjugés regarde la solution du problème, quelle qu'elle soit, comme fort indifférente, et en soi, et même eu égard à la société." (p.16)

    "Depuis que le polythéisme est aboli par les lois, en sommes-nous plus honnêtes gens ? Julien apostat valait-il moins que chrétien ? En était-il moins un grand homme et le meilleur des princes ?" (p.16)

    "Le philosophe est homme, et par conséquent il n'est pas exempt de toutes passions, mais elles sont réglées et pour ainsi dire circonscrites par le compas même de la sagesse ; c'est pourquoi elles peuvent bien le porter à la volupté (eh! pourquoi se refuserait-il à ces étincelles de bonheur, à ces honnêtes et charmants plaisirs pour lesquels on dirait que ses sens ont été visiblement faits ?), mais elles ne l'engageront ni dans le crime ni dans le désordre." (p.20)

    "Ce n'est véritablement, suivant la réflexion du plus bel esprit de nos jours, ni Bayle, ni Spinoza, ni Vanini, ni Hobbes, ni Locke et autres métaphysiciens de la même trempe, ce ne sont point aussi tous ces aimables et voluptueux philosophes de la fabrique de Montaigne, de Saint-Évremond ou de Chaulieu qui ont porté le flambeau de la discorde dans la patrie: ce sont des théologiens, esprits turbulents qui font la guerre aux hommes pour servir un dieu de paix." (p.20)

    "Il n'y a aucune relation nécessaire entre ne croire qu'un dieu ou n'en croire aucun, et être un mauvais citoyen. De là vient que dans l'histoire des athées je n'en trouve pas un seul qui n'ait mérité des autres et de sa patrie." (p.21)

    « Par quel bonheur, entouré de si puissants ennemis, me suis-je soutenu et même élevé malgré eux jusqu’au trône d’un roi [Frédéric II de Prusse], dont la seule protection déclarée pouvait enfin dissiper, comme une vapeur maligne, un si cruel acharnement ?
    Osons le dire : je ne ressemble en rien à tous ces portraits qui courent de moi par le monde, et on aurait même tort d’en juger par mes écrits. […] Je n’ai ni mauvais cœur ni mauvaise intention à me reprocher ; et si mon esprit s’est égaré (il est fait pour cela), mon cœur plus heureux ne s’est point égaré avec lui.
    » (p.24)

    « Le sort des meilleurs esprits est de passer du berceau de l’ignorance où nous naissons tous, dans le berceau du pyrrhonisme où la plupart meurent. » (p.24)

    « Philosophe, attaché avec plaisir au char glorieux de la sagesse, m’élevant au-dessus des préjugés, je gémis sur leur nécessité, fâché que le monde entier ne puisse être peuplé d’habitants qui se conduisent par raison. » (p.25)

    « Rien ne doit enchaîner dans un philosophe la liberté de penser […] Plus la mer est recouverte d’écueils et fameuse en naufrages, plus je penserai qu’il est beau d’y chercher l’immortalité au travers de tant de périls. […] Soyons donc libres dans nos écrits comme dans nos actions, montrons-y la fière indépendance d’un républicain. » (p.33)

    « Que la postérité soit votre seul point de vue, qu’il ne soit jamais croisé par aucun autre. Écrivez comme si vous étiez seul dans l’univers ou comme si vous n’aviez rien à craindre de la jalousie et des préjugés des hommes, ou vous manquerez le but. » (p.35)
    -Julien Offray de La Mettrie, Discours préliminaire (1750), in Œuvres philosophiques, Éditions Coda, 2004, 425 pages.

    « Les plaisirs des sens mal réglés perdent toute leur vivacité et ne sont plus des plaisirs. » (p.39)

    « L’étude à ses extases, comme l’amour. » (p.39)
    -Julien Offray de La Mettrie, Lettre-dédicace A Monsieur Haller, in Œuvres philosophiques, Éditions Coda, 2004, 425 pages.

    « Il ne suffit pas à un sage d’étudier la Nature et la vérité ; il doit oser la dire en fveur du petit nombre de ceux qui veulent et peuvent penser, car pour les autres, qui sont volontairement esclaves des préjugés, il ne leur est pas plus possible d’atteindre la vérité qu’aux grenouilles de voler.
    Je réduis à deux les systèmes des philosophes sur l’âme de l’homme. Le premier, et le plus ancien, est le système du matérialisme ; le second est celui du spiritualisme.
    Les métaphysiciens qui ont insinué que la matière pourrait bien avoir la faculté de penser n’ont pas déshonoré leur raison. Pourquoi ? C’est qu’ils ont un avantage (car ici c’en est un) : de s’être mal exprimés. En effet, demander si la matière peut penser sans la considérer autrement qu’en elle-même, c’est demander si la matière peut marquer les heures. On voit d’avance que nous éviterons cet écueil où M. Locke a eu le malheur d’échouer
    . » (p.43)

    « L’homme est une machine si composée qu’il est impossible de s’en faire d’abord une idée claire, et conséquemment de la définir. C’est pourquoi toutes les recherches que les plus grands philosophes ont faites a priori, c’est-à-dire en voulant se servir en quelque sorte des ailes de l’esprit, ont été vaines. Ainsi ce n’est qu’a posteriori, ou en cherchent à démêler l’âme comme au travers des organes du corps, qu’on peut, je ne dis pas découvrir avec évidence la nature même de l’homme, mais atteindre le plus grand degré de probabilité possible sur ce sujet. » (p.46)

    « Galien même a connu cette vérité, que Descartes a poussé loin, jusqu’à dire que la médecine seule pouvait changer les esprits et les mœurs avec le corps. » (p.46)

    « L’âme et le corps s’endorment ensemble. A mesure que le mouvement du sang se calme, un doux sentiment de paix et de tranquillité se répand dans toute la machine. L’âme se sent mollement s’appesantir avec les paupières et s’affaisser avec les fibres du cerveau, elle devient ainsi peu à peu comme paralytique avec tous les muscles du corps. Ceux-ci ne peuvent plus porter le poids de la tête, celle-là ne peut plus soutenir le fardeau de la pensée ; elle est dans le sommeil comme n’étant point. » (p.47)

    « L’opium change jusqu’à la volonté ; il force l’âme qui voulait veiller et se divertir, d’aller se mettre au lit malgré elle. » (p.48)

    « Le corps humain est une machine qui monte elle-même ses ressorts, vivante image du mouvement perpétuel. » (p.48)

    « Il ne faut que des yeux pour voir l’influence nécessaire de l’âge sur la raison. L’âme suit les progrès du corps, comme ceux de l’éduction. » (p.49)

    « On prend tout encore de ceux avec qui l’on vit, leurs gestes, leurs accents, etc. […] La meilleur compagnie pour un homme d’esprit est la sienne, s’il n’en trouve une semblable. L’esprit se rouille avec ceux qui n’en ont point. » (p.51)

    « Les divers états de l’âme sont donc toujours corrélatifs à ceux du corps. » (p.51)

    « Une honnête fierté […] est la marque d’une âme belle et grande. » (p.59)

    « C’est par un abus honteux qu’on croit dire des choses différentes lorsqu’on ne dit que différents mots ou différents sons auxquels on n’a attaché aucune idée ou distinction réelle. » (p.59-60)

    « Si le crime porte avec soi sa propre punition, plus ou moins cruelle, si la longue et la plus barbare habitude ne peut tout à fait arracher le repentir des cœurs les plus inhumains, s’ils sont déchirés par la mémoire même de leurs actions, pourquoi effrayer l’imagination des esprits faibles par un Enfer, par des spectres et des précipices de feu, moins réels encore que ceux de Pascal ? » (p.64)

    « Qui tourmente les hommes est tourmenté par lui-même, et les maux qu’il sentira seront la juste mesure de ceux qu’il aura faits. » (p.65)

    « L’Etat […] nourrit une multitude de fainéants que la vanité a décorés du nom de philosophes. » (p.65)

    « La Nature nous a tous crées uniquement pour être heureux ; oui tous, depuis le vert qui rampe jusqu’à l’aigle qui se perd dans la rue. » (p.65)

    « Ne nous perdons point dans l’infini, nous ne sommes pas faits pour en avoir la moindre idée ; il nous est absolument impossible de remonter à l’origine des choses. Il est égal d’ailleurs pour notre repos que la matière soit éternelle ou qu’elle ait été créée, qu’il y ait un dieu ou qu’il n’y en ait pas. Quelle folie de tant se tourmenter pour ce qu’il est impossible de connaître, et ce qui ne nous rendrait pas plus heureux, quand nous en viendrons à bout. » (p.66)

    « Je crois la pensée si peu incompatible avec la matière organisée, qu’elle semble en être une propriété, telle que l’électricité, la faculté motrice, l’impénétrabilité, l’étendue, etc. » (p.80)

    « Non, la matière n’a rien de vil qu’aux yeux grossiers qui la méconnaissent dans ses plus brillants ouvrages, et la Nature n’est point une ouvrière bornée. » (p.82)

    « Il n’y a dans tout l’univers qu’une seule substance diversement modifiée. » (p.84)
    -Julien Offray de La Mettrie, L’Homme-Machine (1747), in Œuvres philosophiques, Éditions Coda, 2004, 425 pages.

    "Par quelle infinité de combinaisons il a fallu que la matière est passé avant d'arriver à celle-là seule de laquelle pouvait résulter un animal parfait ! [...]

    "Les éléments de la matière, à force de s'agiter et de se mêler entre eux, étant parvenus à faire des yeux, il a été aussi impossible de ne pas voir que de ne pas se voir dans un miroir. [...] La Nature n'a pas plus songé à faire l'oeil pour voir, que l'eau pour servir de miroir à la simple bergère.
    " (p.237)

    "Les tâtonnements de l'art pour imiter la Nature font juger des siens propres." (p.238)

    "L'homme n'apporte point sa raison en naissant ; il est plus bête qu'aucun animal [...] Laissez cet instinct en friche, la chenille n'aura point l'honneur de devenir papillon ; l'homme ne sera qu'un animal comme un autre." (p.242-243)

    "Non, je ne serai point le corrupteur du goût inné qu'on a pour la vie ; je ne répandrai point le dangereux poison du stoïcisme sur les beaux jours [...] Je tâcherai au contraire d'émousser la pointe des épines de la vie, si je n'en puis diminuer le nombre, afin d'augmenter le plaisir d'en cueillir les roses." (p.251)
    -Julien Offray de La Mettrie, Le Système d'Épicure (1750), in Œuvres philosophiques, Éditions Coda, 2004, 425 pages.

    "Que nous serons anti-stoïciens ! Ces philosophes sont sévères, tristes, durs ; nous serons doux, gais, complaisants. Tout âmes, ils font abstraction de leur corps ; tout corps, nous ferons abstraction de notre âme. Ils se montrent inaccessibles au plaisir et à la douleur, nous nous ferons gloire de sentir l'une et l'autre. S'évertuant au sublime, ils s'élèvent qu'autant qu'ils cessent de l'être. Nous, nous ne disposerons point de ce qui nous gouverne, nous ne commanderons point à nos sensations ; avouant leur empire et notre esclavage, nous tâcherons de nous les rendre agréables, persuadés que c'est là où gît le bonheur de la vie. Et enfin nous nous croirons d'autant plus heureux que nous serons plus hommes ou plus dignes de l'être, que nous sentirons la Nature, l'humanité, et toutes les vertus sociales ; nous n'en admettrons point d'autres, ni d'autre vie que celle-ci. [...]
    Pour expliquer le mécanisme du bonheur nous ne consulterons que la Nature et la raison, les seuls astres capables de nous éclairer et de nous conduire, si nous ouvrons si bien notre âme à leurs rayons: qu'elle soit absolument fermée à tous ces miasmes empoisonnés qui forment comme l'atmosphère du fanatisme et du préjugé.
    " (p.296)

    "La tranquillité de l'âme, voilà le but d'un homme sage." (p.303)

    "On fait le bonheur de la société avec le sien propre." (p.305)

    "On s'enrichit en quelque sorte du bien qu'on fait, on participe à la joie qu'on procure. Il était digne de l'homme que cela fût ainsi. Il ne suffisait pas que la vertu fût la beauté de l'âme ; il fallait, pour nous exciter à faire usage de cette beauté, que l'âme fût flatté d'être belle, et surtout d'être trouvée telle et qu'elle y trouvât du plaisir." (p.306)

    "La volonté est nécessairement déterminée à désirer et chercher ce qui peut faire l'avantage actuel de l'âme et du corps." (p.313)

    "Quel plus charmant épicurien [que Montaigne]!" (p.314)

    "Si les plaisirs des sens sont essentiellement trop courts et trop peu fréquents pour constituer un état aussi permanent que la félicité, regardons-les du moins comme des éclairs de bonheur, qui ne peuvent manquer sans rendre les joies de la vie imparfaites et tronquées." (p.327)
    -Julien Offray de La Mettrie, Anti-Sénèque ou Discours sur le Bonheur (1751), in Œuvres philosophiques, Éditions Coda, 2004, 425 pages.



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    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".


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