http://danieleletocha.com/index_htm_files/Boetie_precuseur_des_lumieres.pdf
"Bien avant les philosophes des Lumières, La Boétie a rigoureusement laïcisé sa réflexion. Le fondement en est strictement anthropologique, la méthode ne met en œuvre qu'une rationalité abstraite et les fins ne concernent que la sphère profane des affaires humaines. En contexte français, à cette date, une telle prise de position paraît exceptionnelle car, d'une part, elle participe de l'antimachiavélisme par son refus radical du principe absolutiste mais, d'autre part, et c'est peut-être plus décisif, elle en partage le cadre laïc et l'épistémologie naturalisée. Pas plus que ce "puant athée" de Machiavel (comme l'appellent les contemporains de La Boétie), le Discours ne s'inscrit dans la problématique de salut des peuples chère aux érasmiens. Et cette naturalisation des questions, au sens non pas expérimental, mais plutôt immanentiste, ouvre sur un champ d'intelligibilité hétérogène, dans lequel les anciennes réponses, tel le droit divin, perdent leur pertinence. Ici, le souverain est lié par le pacte politique et non plus par une mission divine; il rend des comptes à l'autre partie contractante et non au ciel. La Boétie, en pleine crise de la Réforme, écrit en dehors de toute considération théologique et confessionnelle." (p.6)
"[Diderot est] le seul à soutenir vigoureusement le droit de résistance des peuples à l'oppression politique." (p.
"La Boétie, en commun avec Voltaire, Rousseau, d'Alembert, Diderot et Condorcet, définit normativement la nature humaine. Elle est présentée comme substrat inaltérable, transcendant l'espace et le temps, indifférente aux corruptions historiques et empiriques. On y reconnaît le type de l'idée régulatrice.
De telles modalités épistémologiques permettent d'affirmer que des causes naturelles (empiriques) produisent des effets contre nature (idéale)." (p.9)
"La Boétie est bien l'un des précurseurs directs de la doctrine des droits de l'Homme et surtout du principe de l'inviolabilité de la conscience, dans une société de citoyens égaux et fraternels." (p.13)
-Danièle Letocha, Étienne de La Boétie précurseur des Lumières ?
"Bien avant les philosophes des Lumières, La Boétie a rigoureusement laïcisé sa réflexion. Le fondement en est strictement anthropologique, la méthode ne met en œuvre qu'une rationalité abstraite et les fins ne concernent que la sphère profane des affaires humaines. En contexte français, à cette date, une telle prise de position paraît exceptionnelle car, d'une part, elle participe de l'antimachiavélisme par son refus radical du principe absolutiste mais, d'autre part, et c'est peut-être plus décisif, elle en partage le cadre laïc et l'épistémologie naturalisée. Pas plus que ce "puant athée" de Machiavel (comme l'appellent les contemporains de La Boétie), le Discours ne s'inscrit dans la problématique de salut des peuples chère aux érasmiens. Et cette naturalisation des questions, au sens non pas expérimental, mais plutôt immanentiste, ouvre sur un champ d'intelligibilité hétérogène, dans lequel les anciennes réponses, tel le droit divin, perdent leur pertinence. Ici, le souverain est lié par le pacte politique et non plus par une mission divine; il rend des comptes à l'autre partie contractante et non au ciel. La Boétie, en pleine crise de la Réforme, écrit en dehors de toute considération théologique et confessionnelle." (p.6)
"[Diderot est] le seul à soutenir vigoureusement le droit de résistance des peuples à l'oppression politique." (p.
"La Boétie, en commun avec Voltaire, Rousseau, d'Alembert, Diderot et Condorcet, définit normativement la nature humaine. Elle est présentée comme substrat inaltérable, transcendant l'espace et le temps, indifférente aux corruptions historiques et empiriques. On y reconnaît le type de l'idée régulatrice.
De telles modalités épistémologiques permettent d'affirmer que des causes naturelles (empiriques) produisent des effets contre nature (idéale)." (p.9)
"La Boétie est bien l'un des précurseurs directs de la doctrine des droits de l'Homme et surtout du principe de l'inviolabilité de la conscience, dans une société de citoyens égaux et fraternels." (p.13)
-Danièle Letocha, Étienne de La Boétie précurseur des Lumières ?