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    Henri Guillemin, 1848. La première résurrection de la République

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Henri Guillemin, 1848. La première résurrection de la République Empty Henri Guillemin, 1848. La première résurrection de la République

    Message par Johnathan R. Razorback Ven 22 Sep - 20:48

    « La « réprésentation nationale » est uniquement celle des vrais riches. Pour être électeur, il faut payer, non même plus, comme sous la bourgeoisie Constituante, l’équivalent, en contributions directes, de « dix journées de travail », mais bien un minimum de 300 francs (et pour être éligible, 1000). De telle sorte que « la France » politique est réduite au chiffre de 90 000 notables, ou semi-notables, soit un sur cent des Français majeurs. » (p.20)
    « Les « trois Glorieuses », en juillet 1830, débouchent, le 29, sur un gouvernement provisoire qui, sur sept membres, ne compte pas moins de trois banquiers (Laffitte, Odier, Casimir-Perier) et le premier président du Conseil du régime Louis-Philippe est un banquier (Laffitte). Par précaution, ensuite, et décence, et souci de trompe-l’œil, les banquiers, après Casamir, préféreront s’effacer et ne maintenir leur toute-puissance que par personnes interposées. Thiers leur sera précieux pour cet emploi ; si précieux que la Banque de France fera frapper en son honneur (1840) une médaille d’or. » (p.24)
    « Le commerçant est-il gêné dans ses profits par la concurrence de produits importés que le consommateur se procure à bien meilleur prix et que les siens ? L’Etat, l’Etat impartial, l’Etat absent (l’économie ne le concerne pas) oublie soudain sa règle de neutralité sereine. Il intervient, impérieux. Il pose ses barrières de douane. Car « la protection, dira Pouyer-Quertier, industriel du Havre, et futur ministre des Finances du gouvernement de M. Thiers, la protection est une obligation que l’Etat se doit d’assurer à l’égard des manufacturiers ».
    Les chemins de fer vont naître sous Louis-Philippe. Et rien n’illustre mieux, et en traits plus expliites, l’ « économie » telle que la conçoit l’équipe établie depuis 1830 à Paris, aux leviers de commande, rien n’est plus admirablement exemplaire que la loi d’organisation datée du 11 juin 1842 : l’Etat prend à sa charge les frais d’expropriation pour le passage des lignes (et là même, déjà, quel champ d’opérations financières avenantes !) et tous les frais de substructure, comportant ponts et tunnels. La compagnie concessionnaire se borne à fournir les rails (et à en assurer la pose) ainsi que le matériel roulant. En échange de ces prestations, tous les bénéfices de l’exploitation lui sont réservés ; il est prévu en outre que, si la concession n’est pas renouvelée, lui seront remboursées les sommes qu’elle a engagées dans l’affaire. Type de contrat, celui que passe l’Etat avec la Compagnie des Chemins de fer du Nord, fondée par les Rothschlid : apport de l’Etat, 87 millions ; apport de la Compagnie, 60 millions ; durée de la concession première : quarante ans. Les bénéfices de la Compagnie seront de 14 millions par an. Autrement dit, les financiers auront, en moins de cinq ans, récupéré leur capital et continueront pendant trente-cinq ans, à toucher leurs 14 millions annuels. Qui dit mieux ? […]
    Singulière « libertée » constituée d’un dispositif écrasant de prohibitions et de lois dont l’objet est de faciliter et de couvrir les profits d’une bande –en anglais : « gang »- à qui l’économie nationale appartient. » (p.26-27)
    « La même année 1832, dans la Revue encyclopédique d’avril, J. Reynaud a fixé un point important du vocabulaire. « Je nomme prolétaires, a-t-il dit, les hommes qui, produisant toute la richesse de la nation, ne possèdent pour vivre que le salaire journalier de leur travail, -travail qui dépend de causes laissées en dehors d’eux. Je nomme bourgeois tous les hommes à la volonté desquels la destinée du prolétaire est soumise et enchaînée, qui tiennent l’industrie à leurs gages et qui n’ont de vœu, pour leur sort du lendemain, que la continuation de leur sort de la veille » ; autrement dit : les conservateurs. En 1842, les statistiques officielles –par conséquent suspectes d’atténuation – signalent, pour l’ensemble du pays, quatre millions de « mendiants reconnus » et quatre autres millions d’ « indigents non mendiants ». Le 30 août 1848, nul ne contestera les chiffres donnés, à la tribune, par Pierre Leroux : « plus de trente millions » de personnes, en France, disposent de « moins de vingt sous par jour ».
    Entre 1830 et 1848, les salaires ont généralement diminué, parfois de manière très sensible (dans les filatures, la journée de travail est tombée, en moyenne, de 2.75F à 1.80F), tandis que le prix de la vie connaissait une hausse constante (17% sur les principaux articles de consommation entre 1826 et 1846). » (p.32-33)
    -Henri Guillemin, 1848. La première résurrection de la République, Éditions d’Utovie, Coll. H.G, 2006 (1948 pour la première édition), 574 pages.



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