« Sanctuaire régionaux dont l’importance panhellénique s’accroît, comme ceux de Déméter à Anthéla, d’Apollon à Delphes, de Poséidon à Calaurie et de Zeus à Olympie ou Dodone. » (p.190)
« Quand les Gaulois tranchèrent physiquement les liens métaphorique l’ethnos des Macédoniens. Les communautés locales et leurs institutions continuèrent sans doute à fonctionner, de même que le gouvernement et les liaisons continuèrent sans doute à fonctionner, de même que le gouvernement et les liaisons entre les régions et les cantons. Mais pas en tant qu’ethnos. Entre les saignées réciproques des années 280 et l’œuvre de sang accomplie par les glaives celtiques, le cadre directeur qui avait été l’élément moteur de l’Etat macédonien depuis sa formation se désintégra littéralement et durablement. […] Les prétendants successifs au trône se révélèrent incapables de rassembler l’ethnos. » (p.192)
« Démétrios Poliorcète alla jusqu’à construire une forteresse éponyme, Démétrias, sur le golfe de Pagasai, en Thessalie. Elle devint sa capitale, reliant son territoire macédonien à ceux du sud. Les successeurs de Démétrios conservèrent Démétrias pour ses accès faciles à Pélasgiotis et Phthiotis, maillon clé d’une chaîne de bases à partir desquelles ils propulsaient leur pouvoir à travers tout le sud du continent, les fameux « verrous de la Grèce ». » (p.194)
« C’est seulement au début du IIIème siècle que les Etoliens comme entité politique commencèrent à jouer un rôle actif et régulier dans les affaires de la Grèce continentale. Leur action la plus significative fut de s’arroger le contrôle du mont Parnasse, qui servait sans doute de tampon entre les communautés de l’Etolie orientale et l’extérieur. Toutefois, comme Delphes comptait parmi les nouveaux territoires, l’ambition des Etoliens ne leur apporta qu’une nouvelle source d’affliction. En 289, en effet, le maître antigonide de la Macédoine, Démétrios Ier Poliorcète, leur déclara une guerre « sacrée » et les attaqua […] huit ans plus tard, le roi sparte Areus forma une coalition péloponnésienne et fit de même […] Quand les Celtes vinrent […] l’ethnos étolien les attendait […] de pied ferme. » (p.196-197)
« Les poleis anti-spartiates étaient des amies taillées sur mesure pour la Macédoine, et la région entière un paradis pour les agents recruteurs des armées mercenaires de l’âge hellénistique. A l’exception de Corinthe. Sa prospérité et sa situation géographique en avaient fait un enjeu de grande valeur dans les luttes entre les Diadoques ; pour l’heure, c’était Antigone Gonatas qui détenait les clés de sa haute citadelle, et par là même aussi les clés du reste du Péloponnèse. » (p.198)
« La présence des Celtes à Lysimacheia fournit à Antigone Gonatas, fils du précédent roi de Macédoine, Démétrios Poliorcète, un bon prétexte pour se faire valoir. Ses forces les taillèrent en pièces, un succès qui, bien que précaire, le propulsa au sommet de l’ethnos macédonien […] Compte tenu du chaos qui régnait dans le pays avant son retour, la capacité d’Antigone a) à rétablir l’ordre en Macédoine, b) à imposer à nouveau le contrôle macédonien sur l’ethnos des Thessaliens, c) à reconstruire l’hégémonie de la Macédoine dans le sud de la Grèce continentale, et d) à vivre enfin jusqu’à un bel âge en succombant à la seule nature, tout cela doit être considéré comme l’un des accomplissements les plus remarquables du monde grec du IIIe siècle. » (p.199)
-Joseph. B. Scholten, « La Macédoine et le continent 280-221 », chapitre IX in, Andrew Erskine (dir.), Le Monde hellénistique. Espaces, sociétés, cultures 323-31 av. J.C., Presses Universitaires de Rennes, 2004, 727 pages, pp.187-217.
« Remarquable famille partie de rien, ou de si peu, les Attalides créèrent un royaume qui imprima sa marque sur toutes les réalisations politiques, sociales et culturelles de l’ère hellénistique, et même au-delà. » (p.219)
« Philétairos, qui est âgé d’à peu près vingt ans quand Alexandre meurt, devient officier d’Antigone le Borgne, servant sous les ordres de son stratège Dokimos. Il suit celui-ci en 302 lorsqu’il rejoint les rangs du rival d’Antigone, Lysimaque de Thrace. Il se fixe finalement à Pergame, où il est en charge du trésor thrace qui s’élève alors à 9000 talents. Les circonstances historiques, autant que son ambition personnelle, mènent Philétairos vers une émancipation graduelle, lente et prudente. Les sources anciennes font état des luttes et des intrigues qui se font jour à la cour et qui culminent en 283 avec le meurtre d’Agathocle, fils et, apparemment, héritier de Lysimaque, victime des fausses accusations lancées contre lui par la reine Arsinoé. Un certain nombre d’officiers de Lysimaque, parmi lesquels se trouve Philétairos, se déclarent alors inconsolables de la mort injustifiée d’un jeune homme si brillant et si prometteur. Craignant les projets d’Arsinoé, ils fomentent une conspiration avant de faire défection auprès de Lysimaque en faveur de Séleucos Ier de Syrie. L’armée thrace et l’armée syrienne se rencontrèrent à Couroupédion en 281. Lysimaque perdit en un jour à la fois sa vie et son royaume. Il n’avait probablement jamais envisagé que Philétairos pût le trahir. Pourtant c’est ce qu’il fit. Certes, comme eunuque, il ne lui était pas possible d’avoir des enfants, mais après tout cela ne l’empêchait pas d’avoir un neveu. Aussi, après de nombreuses manœuvres, parvint-il à gagner la confiance de son nouveau maître Séleucos Ier, comme de son successeur Antiochos Ier, et à acquérir pour Pergame, dont il était le gouverneur, une certaine autonomie. Son neveu Eumène Ier fut ainsi en mesure de lui succèder sans incident en 263. » (p.220-221)
« Frapper une monnaie à l’effigie de Philétairos, peu après sa victoire sur Antiochos Ier, compte sans doute parmi les premiers actes accomplis par Eumène Ier de Pergame dans le but d’arborer son indépendance nouvellement acquise. » (p.222)
« Attale [Ier] fut le premier basileus pergaménien […] Il développa […] la ligne politique de Philétairos en y ajoutant des principes que suivraient tous ses successeurs lorsqu’ils définiraient la politique extérieure de Pergame […] entretien des liens et des alliances avec les cités, les ligues et les Etats qu’on pouvait présumer trop faibles ou trop éloignés géographiquement pour constituer une véritable menace pour la survie du royaume. Par contre, les alliances avec les grandes puissances comme la Macédoine et la Syrie devaient être évitées à tout prix, jugées suspectes et dangereuses. » (p.222)
« Dans les décennies qui suivirent la paix d’Apamée, Eumène II s’engagea dans un ambitieux programme de construction, faisant de Pergame l’un des joyaux du monde hellénistique. Il agrandit le sanctuaire d’Athéna Nikèphoros et, en 181, rouvrit le festival de Nikèphoria, qui acquit alors un prestige panhellénique. » (p.225)
« Une situation critique se fit jour immédiatement après la mort d’Attale III [-133], avant même que Rome eût pu réagir à la nouvelle de ce testament. Se proclamant fils d’Eumène II, Aristinikos organisa une rébellion qui connut au départ un certain succès. Il s’empressa de mettre la main sur le diadème, prit le nom d’Eumène III et procéda à des émissions monétaires […] Ses partisans […] remportèrent des victoires significatives, jusqu’à leur défaite finale, en l’an 130. Aristonikos fut capturé et emmené pour être exécuté dans une prison romaine. Jugeant l’Asie Mineure par trop instable, le Sénat prit en charge la région afin de la sécuriser. Il restaura la loi et l’ordre, planifia sa reconstruction et imposa un règlement aux puissances de la région. Le trésor royal attalide, les biens et les domaines royaux se trouvaient déjà, grâce au testament, légalement en possession de Rome. L’annexion de la région entière fut la résultante de l’implication romaine continue sur une longue période de temps. » (p.227)
-Elizabeth Kosmetatou, « Les Attalides de Pergame », Chapitre X in, Andrew Erskine (dir.), Le Monde hellénistique. Espaces, sociétés, cultures 323-31 av. J.C., Presses Universitaires de Rennes, 2004, 727 pages, pp.219-237.
« Une longue inscription issue de Cos précise quelles obligations s’imposaient aux marchands : « Et s’ils doivent entreprendre un voyage sur mer, que ceux qui servent sur les grands navires sacrifient à Aphrodite Pontia, sur l’autel susmentionné, une victime adulte d’une valeur de 30 drachmes par tente, ou bien qu’ils paient la prêtresse au lieu de faire les présents traditionnels, à hauteur de 10 drachmes par tente plus une drachme qu’ils devront déposer dans la boite des offrandes. » (p.427)
« La majorité des gens qui vécurent pendant les trois siècles qui constituent la période hellénistique étaient très certainement de modestes agriculteurs qui ne voyaient jamais au-delà des limites de la terre où ils étaient nés. En même temps, ces gens étaient reliés à un monde plus étendu par l’intermédiaire de leur régime local et des marchés qu’ils fréquentaient, soit pour acheter des biens qu’ils ne produisaient pas eux-mêmes, comme les poteries ou bien les objets de métal ouvragés, soit pour vendre l’excédent de leurs propres productions pour gagner un peu d’argent, dont ils faisaient des réserves en prévision de temps plus difficiles. Ils pouvaient utiliser cet argent pour acheter des produits de base importés tels que le grain, l’huile d’olive, ou le blé si leurs récoltes étaient mauvaises ; ou bien pour acheter la terre du voisin (comme Hésiode le conseillait longtemps auparavant) ; ou encore pour payer les taxes imposées par la polis ou par le souverain. D’un point de vue plus large, ils formaient des unités d’échange régionales […] à l’intérieur desquelles les biens et les gens circulaient, et qui étaient quelquefois rattachées à un sanctuaire central comme Délos ou Delphes, quelquefois issues de réalités géographiques, quelquefois de l’exercice de la force politique ou militaire, qu’elle soit présente ou résiduelle. En définitive, les nouveaux grands royaumes, à savoir les Antigonides en Macédoine et en Grèce, les Ptolémées en Egypte et les Séleucides partout ailleurs, créèrent des loci d’activité économique, de production, d’échange et de consommation. Dans ce contexte plus large, plus complexe, les gens et les marchandises voyageaient parfois très loin. » (p.428)
« Philippe [V de Macédoine] était persuadé que suffisamment de gens vivaient à Larissa pour que la terre continuât d’être cultivée ; le problème était que l’accès à la terre leur était interdit, parce qu’ils ne jouissaient pas des mêmes droits que les citoyens. [Il ordonna donc l’extension du corps civique pour restaurer les bases agricoles de Larissa]. » (p.431)
« L’esclavage agricole [était] un trait caractéristique du paysage rural hellénistique. Ainsi, au début du IIe siècle, un citoyen de Mysala, en Carie, « se rendit à la boulè et déclara devant l’assemblée que l’un de ses esclaves (sôma) s’était enfui et réfugié à Myndos » ; alors les Mylaséens désignèrent un ambassadeur pour se rendre à Myndos et chercher réparation. » (p.432)
« Un inscription de Kyparissa, en Messénie, datant de la fin du IVe siècle ou du début du IIIe siècle, contient le règlement lié à la collecte du pentékostè, la taxe de 2% sur les importations et exportations, qu’imposaient bon nombre de poleis. » (p.437)
« De nombreuses poleis disposaient […] de fonds destinés à prêter de l’argent aux personnes privées ; les revenus générés par ces prêts pouvaient alors être utilisés pour financer un festival ou des dédicaces aux dieux. » (p.439-440)
« La cité elle-même, soit directement, soit par l’intermédiaire des sanctuaires publics, possédait des domaines agricoles qu’elle louait à bail. » (p.441)
« D’autre part, les cités sanctionnaient par des amendes les violations de la loi de toutes sortes. » (p.442)
« Au lendemain du tremblement de terre qui dévasta le sud-ouest de l’Asie Mineure en 199-198, le roi Antiochos III et sa femme Laodicé fournirent de l’argent et du grain à la ville de Iasos. » (p.443)
« L’Orient grec souffrit terriblement au cours du dernier siècle de la période hellénistique, notamment d’avoir choisi –ou plutôt d’avoir été contraint de choisir- le mauvais camp lors des conflits qui dévastèrent la région. […]
Les Romains leur imposèrent notamment de lourdes indemnités de guerre ; elles étaient collectées par des financiers romains, qui mettaient souvent à profit leurs contrats pour prêter de l’argent à des taux d’intérêts très élevés aux cités qui manquaient de ressources. » (p.452)
-Gary Reger, « L’économie », Chapitre XX in, Andrew Erskine (dir.), Le Monde hellénistique. Espaces, sociétés, cultures 323-31 av. J.C., Presses Universitaires de Rennes, 2004, 727 pages, pp.427-453.
« Quand les Gaulois tranchèrent physiquement les liens métaphorique l’ethnos des Macédoniens. Les communautés locales et leurs institutions continuèrent sans doute à fonctionner, de même que le gouvernement et les liaisons continuèrent sans doute à fonctionner, de même que le gouvernement et les liaisons entre les régions et les cantons. Mais pas en tant qu’ethnos. Entre les saignées réciproques des années 280 et l’œuvre de sang accomplie par les glaives celtiques, le cadre directeur qui avait été l’élément moteur de l’Etat macédonien depuis sa formation se désintégra littéralement et durablement. […] Les prétendants successifs au trône se révélèrent incapables de rassembler l’ethnos. » (p.192)
« Démétrios Poliorcète alla jusqu’à construire une forteresse éponyme, Démétrias, sur le golfe de Pagasai, en Thessalie. Elle devint sa capitale, reliant son territoire macédonien à ceux du sud. Les successeurs de Démétrios conservèrent Démétrias pour ses accès faciles à Pélasgiotis et Phthiotis, maillon clé d’une chaîne de bases à partir desquelles ils propulsaient leur pouvoir à travers tout le sud du continent, les fameux « verrous de la Grèce ». » (p.194)
« C’est seulement au début du IIIème siècle que les Etoliens comme entité politique commencèrent à jouer un rôle actif et régulier dans les affaires de la Grèce continentale. Leur action la plus significative fut de s’arroger le contrôle du mont Parnasse, qui servait sans doute de tampon entre les communautés de l’Etolie orientale et l’extérieur. Toutefois, comme Delphes comptait parmi les nouveaux territoires, l’ambition des Etoliens ne leur apporta qu’une nouvelle source d’affliction. En 289, en effet, le maître antigonide de la Macédoine, Démétrios Ier Poliorcète, leur déclara une guerre « sacrée » et les attaqua […] huit ans plus tard, le roi sparte Areus forma une coalition péloponnésienne et fit de même […] Quand les Celtes vinrent […] l’ethnos étolien les attendait […] de pied ferme. » (p.196-197)
« Les poleis anti-spartiates étaient des amies taillées sur mesure pour la Macédoine, et la région entière un paradis pour les agents recruteurs des armées mercenaires de l’âge hellénistique. A l’exception de Corinthe. Sa prospérité et sa situation géographique en avaient fait un enjeu de grande valeur dans les luttes entre les Diadoques ; pour l’heure, c’était Antigone Gonatas qui détenait les clés de sa haute citadelle, et par là même aussi les clés du reste du Péloponnèse. » (p.198)
« La présence des Celtes à Lysimacheia fournit à Antigone Gonatas, fils du précédent roi de Macédoine, Démétrios Poliorcète, un bon prétexte pour se faire valoir. Ses forces les taillèrent en pièces, un succès qui, bien que précaire, le propulsa au sommet de l’ethnos macédonien […] Compte tenu du chaos qui régnait dans le pays avant son retour, la capacité d’Antigone a) à rétablir l’ordre en Macédoine, b) à imposer à nouveau le contrôle macédonien sur l’ethnos des Thessaliens, c) à reconstruire l’hégémonie de la Macédoine dans le sud de la Grèce continentale, et d) à vivre enfin jusqu’à un bel âge en succombant à la seule nature, tout cela doit être considéré comme l’un des accomplissements les plus remarquables du monde grec du IIIe siècle. » (p.199)
-Joseph. B. Scholten, « La Macédoine et le continent 280-221 », chapitre IX in, Andrew Erskine (dir.), Le Monde hellénistique. Espaces, sociétés, cultures 323-31 av. J.C., Presses Universitaires de Rennes, 2004, 727 pages, pp.187-217.
« Remarquable famille partie de rien, ou de si peu, les Attalides créèrent un royaume qui imprima sa marque sur toutes les réalisations politiques, sociales et culturelles de l’ère hellénistique, et même au-delà. » (p.219)
« Philétairos, qui est âgé d’à peu près vingt ans quand Alexandre meurt, devient officier d’Antigone le Borgne, servant sous les ordres de son stratège Dokimos. Il suit celui-ci en 302 lorsqu’il rejoint les rangs du rival d’Antigone, Lysimaque de Thrace. Il se fixe finalement à Pergame, où il est en charge du trésor thrace qui s’élève alors à 9000 talents. Les circonstances historiques, autant que son ambition personnelle, mènent Philétairos vers une émancipation graduelle, lente et prudente. Les sources anciennes font état des luttes et des intrigues qui se font jour à la cour et qui culminent en 283 avec le meurtre d’Agathocle, fils et, apparemment, héritier de Lysimaque, victime des fausses accusations lancées contre lui par la reine Arsinoé. Un certain nombre d’officiers de Lysimaque, parmi lesquels se trouve Philétairos, se déclarent alors inconsolables de la mort injustifiée d’un jeune homme si brillant et si prometteur. Craignant les projets d’Arsinoé, ils fomentent une conspiration avant de faire défection auprès de Lysimaque en faveur de Séleucos Ier de Syrie. L’armée thrace et l’armée syrienne se rencontrèrent à Couroupédion en 281. Lysimaque perdit en un jour à la fois sa vie et son royaume. Il n’avait probablement jamais envisagé que Philétairos pût le trahir. Pourtant c’est ce qu’il fit. Certes, comme eunuque, il ne lui était pas possible d’avoir des enfants, mais après tout cela ne l’empêchait pas d’avoir un neveu. Aussi, après de nombreuses manœuvres, parvint-il à gagner la confiance de son nouveau maître Séleucos Ier, comme de son successeur Antiochos Ier, et à acquérir pour Pergame, dont il était le gouverneur, une certaine autonomie. Son neveu Eumène Ier fut ainsi en mesure de lui succèder sans incident en 263. » (p.220-221)
« Frapper une monnaie à l’effigie de Philétairos, peu après sa victoire sur Antiochos Ier, compte sans doute parmi les premiers actes accomplis par Eumène Ier de Pergame dans le but d’arborer son indépendance nouvellement acquise. » (p.222)
« Attale [Ier] fut le premier basileus pergaménien […] Il développa […] la ligne politique de Philétairos en y ajoutant des principes que suivraient tous ses successeurs lorsqu’ils définiraient la politique extérieure de Pergame […] entretien des liens et des alliances avec les cités, les ligues et les Etats qu’on pouvait présumer trop faibles ou trop éloignés géographiquement pour constituer une véritable menace pour la survie du royaume. Par contre, les alliances avec les grandes puissances comme la Macédoine et la Syrie devaient être évitées à tout prix, jugées suspectes et dangereuses. » (p.222)
« Dans les décennies qui suivirent la paix d’Apamée, Eumène II s’engagea dans un ambitieux programme de construction, faisant de Pergame l’un des joyaux du monde hellénistique. Il agrandit le sanctuaire d’Athéna Nikèphoros et, en 181, rouvrit le festival de Nikèphoria, qui acquit alors un prestige panhellénique. » (p.225)
« Une situation critique se fit jour immédiatement après la mort d’Attale III [-133], avant même que Rome eût pu réagir à la nouvelle de ce testament. Se proclamant fils d’Eumène II, Aristinikos organisa une rébellion qui connut au départ un certain succès. Il s’empressa de mettre la main sur le diadème, prit le nom d’Eumène III et procéda à des émissions monétaires […] Ses partisans […] remportèrent des victoires significatives, jusqu’à leur défaite finale, en l’an 130. Aristonikos fut capturé et emmené pour être exécuté dans une prison romaine. Jugeant l’Asie Mineure par trop instable, le Sénat prit en charge la région afin de la sécuriser. Il restaura la loi et l’ordre, planifia sa reconstruction et imposa un règlement aux puissances de la région. Le trésor royal attalide, les biens et les domaines royaux se trouvaient déjà, grâce au testament, légalement en possession de Rome. L’annexion de la région entière fut la résultante de l’implication romaine continue sur une longue période de temps. » (p.227)
-Elizabeth Kosmetatou, « Les Attalides de Pergame », Chapitre X in, Andrew Erskine (dir.), Le Monde hellénistique. Espaces, sociétés, cultures 323-31 av. J.C., Presses Universitaires de Rennes, 2004, 727 pages, pp.219-237.
« Une longue inscription issue de Cos précise quelles obligations s’imposaient aux marchands : « Et s’ils doivent entreprendre un voyage sur mer, que ceux qui servent sur les grands navires sacrifient à Aphrodite Pontia, sur l’autel susmentionné, une victime adulte d’une valeur de 30 drachmes par tente, ou bien qu’ils paient la prêtresse au lieu de faire les présents traditionnels, à hauteur de 10 drachmes par tente plus une drachme qu’ils devront déposer dans la boite des offrandes. » (p.427)
« La majorité des gens qui vécurent pendant les trois siècles qui constituent la période hellénistique étaient très certainement de modestes agriculteurs qui ne voyaient jamais au-delà des limites de la terre où ils étaient nés. En même temps, ces gens étaient reliés à un monde plus étendu par l’intermédiaire de leur régime local et des marchés qu’ils fréquentaient, soit pour acheter des biens qu’ils ne produisaient pas eux-mêmes, comme les poteries ou bien les objets de métal ouvragés, soit pour vendre l’excédent de leurs propres productions pour gagner un peu d’argent, dont ils faisaient des réserves en prévision de temps plus difficiles. Ils pouvaient utiliser cet argent pour acheter des produits de base importés tels que le grain, l’huile d’olive, ou le blé si leurs récoltes étaient mauvaises ; ou bien pour acheter la terre du voisin (comme Hésiode le conseillait longtemps auparavant) ; ou encore pour payer les taxes imposées par la polis ou par le souverain. D’un point de vue plus large, ils formaient des unités d’échange régionales […] à l’intérieur desquelles les biens et les gens circulaient, et qui étaient quelquefois rattachées à un sanctuaire central comme Délos ou Delphes, quelquefois issues de réalités géographiques, quelquefois de l’exercice de la force politique ou militaire, qu’elle soit présente ou résiduelle. En définitive, les nouveaux grands royaumes, à savoir les Antigonides en Macédoine et en Grèce, les Ptolémées en Egypte et les Séleucides partout ailleurs, créèrent des loci d’activité économique, de production, d’échange et de consommation. Dans ce contexte plus large, plus complexe, les gens et les marchandises voyageaient parfois très loin. » (p.428)
« Philippe [V de Macédoine] était persuadé que suffisamment de gens vivaient à Larissa pour que la terre continuât d’être cultivée ; le problème était que l’accès à la terre leur était interdit, parce qu’ils ne jouissaient pas des mêmes droits que les citoyens. [Il ordonna donc l’extension du corps civique pour restaurer les bases agricoles de Larissa]. » (p.431)
« L’esclavage agricole [était] un trait caractéristique du paysage rural hellénistique. Ainsi, au début du IIe siècle, un citoyen de Mysala, en Carie, « se rendit à la boulè et déclara devant l’assemblée que l’un de ses esclaves (sôma) s’était enfui et réfugié à Myndos » ; alors les Mylaséens désignèrent un ambassadeur pour se rendre à Myndos et chercher réparation. » (p.432)
« Un inscription de Kyparissa, en Messénie, datant de la fin du IVe siècle ou du début du IIIe siècle, contient le règlement lié à la collecte du pentékostè, la taxe de 2% sur les importations et exportations, qu’imposaient bon nombre de poleis. » (p.437)
« De nombreuses poleis disposaient […] de fonds destinés à prêter de l’argent aux personnes privées ; les revenus générés par ces prêts pouvaient alors être utilisés pour financer un festival ou des dédicaces aux dieux. » (p.439-440)
« La cité elle-même, soit directement, soit par l’intermédiaire des sanctuaires publics, possédait des domaines agricoles qu’elle louait à bail. » (p.441)
« D’autre part, les cités sanctionnaient par des amendes les violations de la loi de toutes sortes. » (p.442)
« Au lendemain du tremblement de terre qui dévasta le sud-ouest de l’Asie Mineure en 199-198, le roi Antiochos III et sa femme Laodicé fournirent de l’argent et du grain à la ville de Iasos. » (p.443)
« L’Orient grec souffrit terriblement au cours du dernier siècle de la période hellénistique, notamment d’avoir choisi –ou plutôt d’avoir été contraint de choisir- le mauvais camp lors des conflits qui dévastèrent la région. […]
Les Romains leur imposèrent notamment de lourdes indemnités de guerre ; elles étaient collectées par des financiers romains, qui mettaient souvent à profit leurs contrats pour prêter de l’argent à des taux d’intérêts très élevés aux cités qui manquaient de ressources. » (p.452)
-Gary Reger, « L’économie », Chapitre XX in, Andrew Erskine (dir.), Le Monde hellénistique. Espaces, sociétés, cultures 323-31 av. J.C., Presses Universitaires de Rennes, 2004, 727 pages, pp.427-453.