https://fr.wikipedia.org/wiki/Olivier_Dard
"A partir de l'Action française, entendue comme mouvement et surtout comme journal quotidien, il aspire à se poser en chef d' "école". La biographie de Maurras, ainsi entendue, ne renvoie pas seulement à un parcours intellectuel et politique personnel. La vie de cet homme, malgré le handicap et le traumatisme que lui inflige une surdité précoce, est aussi une aventure collective tant au plan littéraire que politique et journalistique." (p.10)
"Ces préceptes généraux [de Chemin de Paradis] ne sauraient être détachés d'un contexte où Maurras s'en prend durement aux modernes, aux réformateurs et plus largement à tous les discours émancipateurs, socialistes ou chrétiens (il fustige la "troupe humanitaire de nos évangélistes ibséniens ou tolstoïsants"). [...] Il manie une ironie cinglante ("Leurs discours émanciperaient jusqu'aux bêtes de trait s'ils en avaient le moyen")." (p.56-57)
" [Le Chemin de Paradis] fut refusé par l'éditeur Charpentier malgré l'appui de Barrès et Anatole France est intervenu pour que Calmann-Lévy le prenne." (p.57)
"Henri Clouard, figure en vue de la première génération de disciples de Maurras." (p.60)
" [Pour Marie-Odile Germain, La Cocarde] "servira en fait de creuset à l'élaboration des idées nationalistes" [Marie-Odile Germain, "Barrès journaliste et l'écriture au quotidien", Cahiers de l'Association internationale des études françaises", n°48, p.95]." (p.61)
"[1933] heure où les ligues nationalistes sont dynamiques et où l'Action française retrouve de l'éclat." (p.71)
"[L'Affaire Dreyfus] est pour Maurras une référence fondamentale qui, à la sortie de son procès le 27 janvier 1945, s'écrie: "C'est la revanche de Dreyfus"." (p.72)
"Entre [le 15 janvier] 1905, date de la fondation de la ligue, et 1908, fondation du quotidien, l'Action française se transforme profondément. Dans une lettre de l'été 1901 à Henri Vaugeois, Eugène de Lur-Saluces s'inquiétait de la disparition possible, faute d'argent, de la "petite revue grise". Puis dans un courrier adressé à Maurras en avril 1902, il considérait encore l'Action française comme le "résidu de la grande ébullition nationaliste aujourd'hui si tombée et apaisée". C'est tout le contraire qui advient: elle s'impose au fil des années comme un acteur incontournable de la scène médiatique et politique nationale." (p.90)
"Marqueur propre au maurrassisme [...] doter le nationalisme français d'une doctrine dont il était dépourvu et qui s'enseigne." (p.93)
"La naissance du quotidien L'Action française en 1908 est sans doute l'événement majeur du l'histoire du maurrassisme." (p.97)
"Si les questions religieuses préoccupent Maurras depuis son adolescence, c'est à partir des années 1903-1904 et ses premiers articles sur Marc Sangnier qu'il se lance dans un combat où il entend tout à la fois pourfendre à travers Sangnier la "démocratie religieuse" et se faire reconnaître, quoique non croyant, par le monde catholique, comme un porte-parole légitime des intérêts de l'Église. L'équilibre est périlleux mais la conjoncture, de la séparation de l'Église et de l'Etat aux inventaires, sert Maurras. En éditant à la fin de 1906 Le Dilemme de Marc Sangnier, le Martégal fait bien une "publication opportune"." (p.107)
"Si Maurras et l'Action française dénoncent les traîtres et si son chef fustige régulièrement la démocratie au nom de l'efficacité de la lutte à conduire, la lecture de ses écrits publiés à partir de l'été 1914 montre que dans l'ensemble les gouvernements sont plutôt soutenus. Avec bien entendu des nuances […] L'arrivée aux affaires de Clemenceau marque un changement pour l'AF. De tous les présidents du conseil, il est sans conteste le plus soutenu et ce jusqu'aux lendemains du conflit où Maurras continue à lui rendre hommage." (p.125)
"Force est […] de constater que non seulement Maurras et l'AF perdent durant la guerre une partie de leur mordant […] mais plus encore que son chef et les siens s'intègrent, à leur façon, à la société et aux élites du temps. Cette forme combinée de notabilisation et de normalisation est particulièrement nette à partir de l'avènement de Clemenceau à la présidence du Conseil." (p.127)
"A côté du travail de mémoire, remplacer les cadres et reconstruire le mouvement est un impératif à Paris, mais aussi en province où bien des sections sont décimées." (p.135)
"La Revue universelle est lancée en avril 1920. Dirigée par Jacques Bainville et comptant comme rédacteur en chef Henri Massis, elle tire rapidement à 5000 exemplaires. Elle mêle, ambitions littéraires et préoccupations religieuses: il s'ait dans l'esprit de Massis, et de Jacques Maritain, d'en faire une revue "tout ensemble catholique et française"." (p.137)
"L'implantation territoriale de la ligue est moins marquée vers 1923-1924 qu'elle ne l'était avant 1914 (107 sections contre 224 en 1912)." (p.138)
"Les positions de l'AF varient selon les présidents du Conseil: si Briand est une figure honnie, Poincaré, qui est redevenu sénateur de la Meuse en 1920 lui succède le 15 janvier 1922, est bien davantage apprécié: c'est "la fin du cauchemar" proclame Daudet." (p.141. Dard parle p.139 du "poincarisme de raison" de l'AF)
"L'éditorialiste [Maurras] de l'Action française appelle aussi à un vote [en mai 1924] en faveur du centre: "Défendons le centre, et les chefs du centre, contre leurs propres fautes. Partout où nos amis n'ont pas une bonne liste de droite à soutenir, qu'ils se gardent bien d'affaiblir le centre, même de le laisser tomber. Qu'ils votent tous en masse en sa faveur". En même temps que la consigne peut surprendre, l'argumentation est aussi alambiquée que démoralisatrice vis-à-vis de militants et de sympathisants appelés à lire ou à entendre des discours de rupture vis-à-vis du régime parlementaire et de sa classe politique. Si on ne sait comment ces consignes ont été reçues, au soir du 11 mai, les résultats pour l'Action française et ses amis sont très mauvais car ils n'ont réuni que 328 003 voix. Pire encore, Daudet, qui se présentait dans la circonscription la plus nationaliste de Paris est sèchement battu. La désillusion est profonde." (pp.145-146)
"L'année 1926 est sans doute pour Maurras et l'AF une annus horribilis qui menace à terme sa cohésion sinon son existence. A côté de la dissidence Valois, l'ordre intimé par le pape aux catholiques d'AF peut provoquer une hémorragie de grande ampleur au sein d'un mouvement et surtout d'un journal qui se voit comme une citadelle assiégée et où l'atmosphère est survoltée." (p.163)
"L'attitude de Maurras [en février 1934], qui prêche le coup de force mais n'envisage pas de passer à l'acte, suscite, comme une dizaines d'années plus tôt, des critiques et des dissidences, qui conduisent certains maurrassiens vers le fascisme. Le prestige de Maurras comme chef politique est durablement entamé même si son magistère intellectuel reste établi et nourri par ses 250 jours d'emprisonnement à la santé en 1936-1937 après ses articles contre Léon Blum. Ce magistère se renforce même dans la seconde moitié des années 1930, marquées par une notabilisation accentuée et une élection à l'Académie française en juin 1938 dont l'écho est important aussi bien en France qu'à l'étranger. La levée de la condamnation de l'AF par le Vatican (10 juillet 1939) parachève une décennie démarrée au plus bas." (pp.166-167)
"Les nouveaux venus […] se sentent largement affranchis de la religion […] [L'AF] retrouve un allant certain au tournant des années 1930. Les circonstances y contribuent car Maurras et les siens peuvent reprendre la dénonciation de la politique extérieure d'un gouvernement accusé de faiblesse, notamment face à l'Allemagne." (p.173)
"La Jeune Droite, une des branches des relèves spiritualistes des années 1930, ne peut cependant être considérée comme un simple appendice de l'AF mais elle se situe dans ses périphéries immédiates, en particulier au plan politique." (p.178)
"Le tirage du journal progresse à partir de 1932 et les conférences de propagande se multiplient: 151 en 1932 et 700 en 1933. L'AF n'est pas seule à profiter de cette conjoncture porteuse puisque les autres ligues nationalistes, notamment les Croix-de-Feu, progressent également." (p.180)
"Dans la nébuleuse de la presse nationale, le quotidien doit faire face à de nouveaux venus, qui issus de ses rangs, sans rompre avec lui, regardent du côté du fascisme. Pour Maulnier et les hommes de l'Insurgé, l'attraction forte ne dure que quelques mois fin 1936 et surtout début 1937. A Je suis partout, elle est beaucoup plus profonde et s'accompagne d'une fascination croissante pour l'Allemagne. JSP tente de s'internationaliser à l'occasion de la guerre d'Espagne et célèbre de jeunes chefs étrangers, de José Antonio Primo de Rivera à Codreanu en passant par Léon Degrelle." (p.193)
"Nullement souhaitée, la défaite a été redoutée par Maurras. Le 10 juin 1940, s'apprêtant à quitter Paris pour ne plus jamais y revenir, il ne cachait pas sa déception et sa rancœur […] Avec Pujo et différents collaborateurs, il arrive à Poitiers le 12 et y fait reparaître provisoirement l'Action française avant de repartir pour Limoges et de l'y relancer le 1er juillet. A la fin octobre, le quotidien se fixe à Lyon pour la durée de la guerre. […] Une déclaration de Maurras à l'agence Havas datée du 26 juin 1940 et très largement reprise fixait ses positions. En premier lieu, une défense sans réserve de l'armistice, "point militaire réglé": "Fou, et fou à lier serait n'importe quel Français qui voudrait substituer son jugement à celui qu'ont émis les compétences militaires des Pétain et des Weygand". Sur le plan politique, le choix est également net […] soutien indéfectible au Maréchal Pétain et à sa politique, répression comprise. Cette adéquation, maintes fois relevée par Maurras lui-même et bien des contemporains coûte au directeur de l'Action française un procès, 2749 jours de prison et le sceau de l'infamie." (pp.200-201)
"Georges Loustaunau-Lacau (ancien cagoulard et futur "Navarre" du réseau Alliance), qu'il avait reçu avant la guerre à Martigues et qui le croise à Vichy en juillet 1940 a raconté son "œil bleu […] ravagé de tristesse" et leur commune aversion de l'occupant." (p.202)
"Maurras est resté un germanophobe impénitent et un adversaire du nazisme qu'il considère comme la forme la plus aboutie du pangermanisme." (p.213)
p.236
-Olivier Dard, Charles Maurras. Le maître et l'action, Armand Collin, coll. Nouvelles biographies historiques, 2013, 352 pages.
"A partir de l'Action française, entendue comme mouvement et surtout comme journal quotidien, il aspire à se poser en chef d' "école". La biographie de Maurras, ainsi entendue, ne renvoie pas seulement à un parcours intellectuel et politique personnel. La vie de cet homme, malgré le handicap et le traumatisme que lui inflige une surdité précoce, est aussi une aventure collective tant au plan littéraire que politique et journalistique." (p.10)
"Ces préceptes généraux [de Chemin de Paradis] ne sauraient être détachés d'un contexte où Maurras s'en prend durement aux modernes, aux réformateurs et plus largement à tous les discours émancipateurs, socialistes ou chrétiens (il fustige la "troupe humanitaire de nos évangélistes ibséniens ou tolstoïsants"). [...] Il manie une ironie cinglante ("Leurs discours émanciperaient jusqu'aux bêtes de trait s'ils en avaient le moyen")." (p.56-57)
" [Le Chemin de Paradis] fut refusé par l'éditeur Charpentier malgré l'appui de Barrès et Anatole France est intervenu pour que Calmann-Lévy le prenne." (p.57)
"Henri Clouard, figure en vue de la première génération de disciples de Maurras." (p.60)
" [Pour Marie-Odile Germain, La Cocarde] "servira en fait de creuset à l'élaboration des idées nationalistes" [Marie-Odile Germain, "Barrès journaliste et l'écriture au quotidien", Cahiers de l'Association internationale des études françaises", n°48, p.95]." (p.61)
"[1933] heure où les ligues nationalistes sont dynamiques et où l'Action française retrouve de l'éclat." (p.71)
"[L'Affaire Dreyfus] est pour Maurras une référence fondamentale qui, à la sortie de son procès le 27 janvier 1945, s'écrie: "C'est la revanche de Dreyfus"." (p.72)
"Entre [le 15 janvier] 1905, date de la fondation de la ligue, et 1908, fondation du quotidien, l'Action française se transforme profondément. Dans une lettre de l'été 1901 à Henri Vaugeois, Eugène de Lur-Saluces s'inquiétait de la disparition possible, faute d'argent, de la "petite revue grise". Puis dans un courrier adressé à Maurras en avril 1902, il considérait encore l'Action française comme le "résidu de la grande ébullition nationaliste aujourd'hui si tombée et apaisée". C'est tout le contraire qui advient: elle s'impose au fil des années comme un acteur incontournable de la scène médiatique et politique nationale." (p.90)
"Marqueur propre au maurrassisme [...] doter le nationalisme français d'une doctrine dont il était dépourvu et qui s'enseigne." (p.93)
"La naissance du quotidien L'Action française en 1908 est sans doute l'événement majeur du l'histoire du maurrassisme." (p.97)
"Si les questions religieuses préoccupent Maurras depuis son adolescence, c'est à partir des années 1903-1904 et ses premiers articles sur Marc Sangnier qu'il se lance dans un combat où il entend tout à la fois pourfendre à travers Sangnier la "démocratie religieuse" et se faire reconnaître, quoique non croyant, par le monde catholique, comme un porte-parole légitime des intérêts de l'Église. L'équilibre est périlleux mais la conjoncture, de la séparation de l'Église et de l'Etat aux inventaires, sert Maurras. En éditant à la fin de 1906 Le Dilemme de Marc Sangnier, le Martégal fait bien une "publication opportune"." (p.107)
"Si Maurras et l'Action française dénoncent les traîtres et si son chef fustige régulièrement la démocratie au nom de l'efficacité de la lutte à conduire, la lecture de ses écrits publiés à partir de l'été 1914 montre que dans l'ensemble les gouvernements sont plutôt soutenus. Avec bien entendu des nuances […] L'arrivée aux affaires de Clemenceau marque un changement pour l'AF. De tous les présidents du conseil, il est sans conteste le plus soutenu et ce jusqu'aux lendemains du conflit où Maurras continue à lui rendre hommage." (p.125)
"Force est […] de constater que non seulement Maurras et l'AF perdent durant la guerre une partie de leur mordant […] mais plus encore que son chef et les siens s'intègrent, à leur façon, à la société et aux élites du temps. Cette forme combinée de notabilisation et de normalisation est particulièrement nette à partir de l'avènement de Clemenceau à la présidence du Conseil." (p.127)
"A côté du travail de mémoire, remplacer les cadres et reconstruire le mouvement est un impératif à Paris, mais aussi en province où bien des sections sont décimées." (p.135)
"La Revue universelle est lancée en avril 1920. Dirigée par Jacques Bainville et comptant comme rédacteur en chef Henri Massis, elle tire rapidement à 5000 exemplaires. Elle mêle, ambitions littéraires et préoccupations religieuses: il s'ait dans l'esprit de Massis, et de Jacques Maritain, d'en faire une revue "tout ensemble catholique et française"." (p.137)
"L'implantation territoriale de la ligue est moins marquée vers 1923-1924 qu'elle ne l'était avant 1914 (107 sections contre 224 en 1912)." (p.138)
"Les positions de l'AF varient selon les présidents du Conseil: si Briand est une figure honnie, Poincaré, qui est redevenu sénateur de la Meuse en 1920 lui succède le 15 janvier 1922, est bien davantage apprécié: c'est "la fin du cauchemar" proclame Daudet." (p.141. Dard parle p.139 du "poincarisme de raison" de l'AF)
"L'éditorialiste [Maurras] de l'Action française appelle aussi à un vote [en mai 1924] en faveur du centre: "Défendons le centre, et les chefs du centre, contre leurs propres fautes. Partout où nos amis n'ont pas une bonne liste de droite à soutenir, qu'ils se gardent bien d'affaiblir le centre, même de le laisser tomber. Qu'ils votent tous en masse en sa faveur". En même temps que la consigne peut surprendre, l'argumentation est aussi alambiquée que démoralisatrice vis-à-vis de militants et de sympathisants appelés à lire ou à entendre des discours de rupture vis-à-vis du régime parlementaire et de sa classe politique. Si on ne sait comment ces consignes ont été reçues, au soir du 11 mai, les résultats pour l'Action française et ses amis sont très mauvais car ils n'ont réuni que 328 003 voix. Pire encore, Daudet, qui se présentait dans la circonscription la plus nationaliste de Paris est sèchement battu. La désillusion est profonde." (pp.145-146)
"L'année 1926 est sans doute pour Maurras et l'AF une annus horribilis qui menace à terme sa cohésion sinon son existence. A côté de la dissidence Valois, l'ordre intimé par le pape aux catholiques d'AF peut provoquer une hémorragie de grande ampleur au sein d'un mouvement et surtout d'un journal qui se voit comme une citadelle assiégée et où l'atmosphère est survoltée." (p.163)
"L'attitude de Maurras [en février 1934], qui prêche le coup de force mais n'envisage pas de passer à l'acte, suscite, comme une dizaines d'années plus tôt, des critiques et des dissidences, qui conduisent certains maurrassiens vers le fascisme. Le prestige de Maurras comme chef politique est durablement entamé même si son magistère intellectuel reste établi et nourri par ses 250 jours d'emprisonnement à la santé en 1936-1937 après ses articles contre Léon Blum. Ce magistère se renforce même dans la seconde moitié des années 1930, marquées par une notabilisation accentuée et une élection à l'Académie française en juin 1938 dont l'écho est important aussi bien en France qu'à l'étranger. La levée de la condamnation de l'AF par le Vatican (10 juillet 1939) parachève une décennie démarrée au plus bas." (pp.166-167)
"Les nouveaux venus […] se sentent largement affranchis de la religion […] [L'AF] retrouve un allant certain au tournant des années 1930. Les circonstances y contribuent car Maurras et les siens peuvent reprendre la dénonciation de la politique extérieure d'un gouvernement accusé de faiblesse, notamment face à l'Allemagne." (p.173)
"La Jeune Droite, une des branches des relèves spiritualistes des années 1930, ne peut cependant être considérée comme un simple appendice de l'AF mais elle se situe dans ses périphéries immédiates, en particulier au plan politique." (p.178)
"Le tirage du journal progresse à partir de 1932 et les conférences de propagande se multiplient: 151 en 1932 et 700 en 1933. L'AF n'est pas seule à profiter de cette conjoncture porteuse puisque les autres ligues nationalistes, notamment les Croix-de-Feu, progressent également." (p.180)
"Dans la nébuleuse de la presse nationale, le quotidien doit faire face à de nouveaux venus, qui issus de ses rangs, sans rompre avec lui, regardent du côté du fascisme. Pour Maulnier et les hommes de l'Insurgé, l'attraction forte ne dure que quelques mois fin 1936 et surtout début 1937. A Je suis partout, elle est beaucoup plus profonde et s'accompagne d'une fascination croissante pour l'Allemagne. JSP tente de s'internationaliser à l'occasion de la guerre d'Espagne et célèbre de jeunes chefs étrangers, de José Antonio Primo de Rivera à Codreanu en passant par Léon Degrelle." (p.193)
"Nullement souhaitée, la défaite a été redoutée par Maurras. Le 10 juin 1940, s'apprêtant à quitter Paris pour ne plus jamais y revenir, il ne cachait pas sa déception et sa rancœur […] Avec Pujo et différents collaborateurs, il arrive à Poitiers le 12 et y fait reparaître provisoirement l'Action française avant de repartir pour Limoges et de l'y relancer le 1er juillet. A la fin octobre, le quotidien se fixe à Lyon pour la durée de la guerre. […] Une déclaration de Maurras à l'agence Havas datée du 26 juin 1940 et très largement reprise fixait ses positions. En premier lieu, une défense sans réserve de l'armistice, "point militaire réglé": "Fou, et fou à lier serait n'importe quel Français qui voudrait substituer son jugement à celui qu'ont émis les compétences militaires des Pétain et des Weygand". Sur le plan politique, le choix est également net […] soutien indéfectible au Maréchal Pétain et à sa politique, répression comprise. Cette adéquation, maintes fois relevée par Maurras lui-même et bien des contemporains coûte au directeur de l'Action française un procès, 2749 jours de prison et le sceau de l'infamie." (pp.200-201)
"Georges Loustaunau-Lacau (ancien cagoulard et futur "Navarre" du réseau Alliance), qu'il avait reçu avant la guerre à Martigues et qui le croise à Vichy en juillet 1940 a raconté son "œil bleu […] ravagé de tristesse" et leur commune aversion de l'occupant." (p.202)
"Maurras est resté un germanophobe impénitent et un adversaire du nazisme qu'il considère comme la forme la plus aboutie du pangermanisme." (p.213)
p.236
-Olivier Dard, Charles Maurras. Le maître et l'action, Armand Collin, coll. Nouvelles biographies historiques, 2013, 352 pages.