https://fr.wikipedia.org/wiki/St%C3%A9phane_Giocanti
"Nombre d'idées défendues autour de 1900 peuvent passer pour aussi lointaines que l'ère pharaonique [...] Il n'est que de lire un règlement intérieur ou le Code pénal de cette période pour en convenir." (p.15-16)
"Maurras emploie tous les registres, toutes les tonalités du discours, tous les effets oratoires, tous les secrets du style." (p.16)
"Certains aspects du romantisme ne renvoient-ils pas au vertige de l'autodestruction qui sommeille en tout homme ?" (p.17)
"Il importerait de connaître les deux cents titres et la dizaine de milliers d'articles qu'il a publiés en soixante-six ans." (p.18)
"Les années 1894-95 correspondent à un tournant majeur dans la destinée de Maurras. [...]
A la fin du mois d'août 1894, Barrès écrit à Maurras pour le prévenir qu'il est en train de reprendre le journal La Cocarde, près de disparaître [...] Il lui propose de devenir rédacteur régulier [...] Le premier numéro paraît le 20 septembre 1894. La rédaction accueille une belle brochette de talents. Elle comprend notamment le jeune romancier René Boylesve, que Barrès et Maurras soutiennent auprès des éditeurs, Hugues Rebell (auteur d'Union des trois aristocraties et romancier érotique), Camille Mauclair (écrivain symboliste, critique musical et critique d'art), Clovis Hugues et le peintre Paul Guigou." (p.127)
"A la "trahison" du capitaine Dreyfus, Maurras ne consacre encore aucun article spécifique. Le procès de cet officier, accusé d'avoir vendu ses services à l'Allemagne et à l'Italie, s'est déroulé à huis clos. De La Libre Parole au Temps, toute la presse considère que cette affaire est classée. Drumont, Clemenceau, Jaurès ternissent le "traître". Dans La Cocarde, l'article de Barrès ne détonne pas par rapport à ce qu'on lit ailleurs: il décrit la dégradation du capitaine, le 5 janvier 1895, dans la grande cour de l'École militaire, comme une "parade de Judas". Un article de Maurras, sur la soixante qu'il donne à ce journal, développe en revanche un point de vue xénophobe en consonance avec celui de Barrès: reprenant aux Grecs le terme "métèque" pour désigner l'étranger à qui l'hospitalité est donnée, il soutient le projet de loi qui vise à rendre obligatoire la qualité de Français depuis trois générations pour accéder aux grades et emplois publics." (p.130)
"Une lettre du 10 décembre 1892 évoque "un livre de mythes devant s'appeler La Douce Mort", la plupart ayant été écrits entre 1890 et cette année-là. [...] Cette édition originale sera expurgée au début des années vingt en raison de sa réputation scandaleuse auprès des milieux catholiques adverses de l'Action française, et de la volonté de Maurras de ne pas gêner ses propres amis croyants. [...]
Le Chemin de Paradis est l’œuvre la plus sulfureuse, la plus païenne, la plus sensuelle et la plus mythologique de son auteur. [...]
Le conte "Les serviteurs", par exemple, est une exaltation de l'aristocratie et de la hiérarchie, où l'amitié (la philia grecque) et la reconnaissance réciproque entre maître et serviteur gouvernent l'ordre inégalitaire." (p.133)
"Jusqu'en 1914, aucun ministre catholique ne sera admis au gouvernement. Au cours des années 1879-80, l'enseignement est interdit au clergé, pourtant à l'origine du tissu éducatif français." (p.140)
"De 1879 à 1914 s'effectue la plus vaste épuration administrative de toute l'histoire de la France: juges, bâtonniers, avocats se voient privés de leurs emplois ou mis à la retraite d'office par décision du Parlement et du gouvernement, rompant avec le libéralisme affiché. [...] Bien que le parti monarchiste ne fomente aucun complot, Freycinet déclare les membres des anciennes familles régnantes "hors la loi par leur naissance", et fait promulguer la Loi d'exil du 22 juin 1886 -en vigueur jusqu'en 1950. Ces entorses aux libertés publiques témoignent inversement de la peur ou de la fragilité de la nouvelle République, solitaire dans une Europe composée d'empires et de royaumes. Elles suggèrent aux monarchistes de tradition que la Liberté républicaine ne correspondent pas pleinement avec la liberté. Telle est la critique posée par le catholicisme (même après le Ralliement), mais aussi, sur un autre plan, par de nombreux félibres: la liberté d'enseigner les langues d'oc est sans cesse rejetée, les écoles publiques imposent l'unilinguisme en stigmatisant les parlers locaux." (p.141)
"Son adhésion à l'idée monarchique résulte donc à la fois de sa culture familiale, de l'influence d'amis comme Amouretti et de sa réflexion personnelle. L'échec de la décentralisation dans le cadre républicain y joue un rôle fondamental. Vis-à-vis de l'extérieur, deux modèles agissent sur lui, l'un ancien, l'autre moderne: d'une part, le contre-exemple grec, "l'anarchie faite peuple", démentie par la sagesse des historiens et des philosophes athéniens - "Bossuet, Maistre, Comte ont raison sur la politique grecque, dont l'échec historique n'est pas douteux" ; d'autre part, l'exemple contemporain de l’Angleterre. Parmi les modèles européens que Maurras observe, c'est elle qu'il estime le plus et dont il vante la réussite. [...] Le nom de Disraeli revient plusieurs fois sous sa plume, toujours avec une consonance laudative. De Londres, Bourget lui fait remarquer que la tournure nationaliste des idées s'y porte beaucoup plus à l'aise qu'à Paris. Comme Maurras l'écrira ensuite, "la conversion de mon esprit est antérieure d'un an à l'Affaire, elle date des premières semaines que j'ai vécues hors de France". [...] Il accepte de collaborer au journal royaliste Le Soleil, comme son directeur Édouard Hervé lui en fait la proposition." (p.142)
"Une connaissance plus intime du personnage Verlaine s'est ensuite affirmée grâce à la fréquentation de Moréas et Barrès, tous deux amis de l'auteur de Sagesse. [...] En 1894, au temps de La Cocarde, Barrès et Robert de Montesquiou ont constitué un comité pour fournir au poète déchu une pension mensuelle, mais l'auteur du Culte du Moi lui vient régulièrement en aide depuis 1882. En 1895, dans la Revue encyclopédique, Maurras consacre au poète son article le plus développé, le plus précis et sans doute le plus exact: "Verlaine, les époques de sa poésie". Il propose un portrait comparé: "Ce n'est pas seulement par la perfection des rythmes que La Bonne Chanson et les Fêtes galantes diffèrent des Fleurs du mal. La sincérité de l'accent, la vérité du ton, des mots, des sentiments, l'absence de toute affectation de cruauté, de toute grimace cruelle, voilà les grands points distinctifs." (p.148)
"A côté de Léon Blum et de Jean Lorrain, Maurras est aussi l'un des premiers soutiens de Marcel Proust, qu'il fréquente depuis l'année précédente, dans le salon de Mme Arman de Caillavet [...] En juin 1896, il reçoit son premier livre, Les Plaisirs et les Jours, dans son édition luxueuse avec couverture glacée vert, chez Calmann-Lévy. Ébloui par les qualités d'écriture étalées devant lui, Maurras constate l' "extrême diversité de talents" de l'auteur." (p.149)
"La personne d'Alfred Dreyfus est dépassé par les enjeux idéologiques qui se greffent peu à peu sur son procès. De 1897 à 1906, la République va vivre une crise, une ivresse de la division montée sur le nouveau pouvoir de la presse et de l'Opinion." (p.159)
"Ce que Maurras appelle la "question juive" doit trouver un règlement d'ordre politique et administratif, sans recourir à des arguments prétendus scientifiques, ni déboucher sur des violences: contrairement à Proudhon, il ne réclame ni la fermeture des synagogues, ni l'expulsion des Juifs du territoire. C'est, selon la formule de P.-A. Taguieff, un antisémitisme d'exclusion politique et sociale." (p.161)
"En analysant rageusement la structure de l'individualisme politique qui s'emparerait désormais de l'Etat, Maurras en vient à incriminer le christianisme, historiquement responsable de la perte de la cité. Retrouvant les reproches de Machiavel, il confie à Barrès que "l'esprit chrétien" serait à l'origine de la décadence intellectuelle de la France. Non seulement cet esprit a renversé l'Empire romain, désorganisé "au XVIe siècle la civilisation catholique par la lecture de la Bible en langage vulgaire", "fomenté Rousseau", "excité la Révolution", "élevé la morale à la dignité d'une super-science, d'une hyper-politique, l'une et l'autre métaphysiques", mais il produit "aujourd'hui une théologie de l'individu, théorie de l'anarchie pure"." (p.164)
"C'est au cours de cette période rageuse [l'Affaire Dreyfus] que se mettent en place les orientations les plus polémiques de sa pensée politique, et que son nom acquiert une notoriété qu'il n'avait pas encore atteinte. C'est alors que se cristallise son antisémitisme, peu présent auparavant dans son journalisme. [...] Les protestants, les Juifs, la maçonnerie se disputent dans ses articles la palme de l'ennemi intérieur." (p.168)
"Atermoiements de la Ligue de la patrie française (dont Maurras a été l'un des membres fondateurs). [...]
Jusqu'en 1900, il ne figure pas au premier rang du nouveau comité, et ne semble pas le convoiter ; le 21 janvier 1899, il écrit à Barrès: "Je n'ai ni les ambitions ni les facultés d'un meneur politique"." (p.176)
"A Barrès, il se décrit comme "un vieil adversaire de la politique coloniale", inquiet de "l'antibritannisme" qui pourrait détourner "de la revanche"." (p.180)
"Il note toutefois qu'il n'a prise ni sur Caplain-Cortembrt, ni sur Copin-Albancelli, ni sur Spronck, ni sur Delbet, ni sur Villebois-Mareuil, qui compte parmi les fondateurs et les premiers adhérents du mouvement politique. Il trouve en revanche des brèches intéressantes chez Vaugeois et Pujo, où il s'engouffre peu à peu pour les conquérir. Au cours des trois années suivant[...] [novembre 1899], il emportera des succès étonnants et des revers que la légende maurrassienne a parfois diminués, en exagérant l'évidence politique dont Maurras aurait été le missionnaire." (p.181)
"Benoît Malon, maître à penser de Jean Jaurès." (p.182)
"Maurras le met en garde [Bainville] sur la théorie du Surhomme telle qu'elle apparaît alors en France, et sur "les rêveries de race pure" qui pourraient les tenter." (p.183)
"En septembre 1901, [Barrès] explique à Maurras sa nouvelle décision: "renoncer à la politique active, c'est-à-dire au Drapeau, à la Patrie française, et à toute candidature. Je ne vous ferai point l'historique de cet état d'esprit. La mort de mon père et de ma mère, dans un si bref espace de trois ans, me détache des choses de la terre". On se demande dans quelle mesure Barrès n'est pas aussi ébranlé du fait de l'isolement où il se trouve depuis les débuts de l'Action française, puisqu'il ne suscite pas lui-même une école intellectuelle ou une force politique définie, capable d'unifier les nationalistes. [...] Désormais, l'Action française est entièrement rallié aux idées de Maurras. Les autres, les républicains, tel Maurice Spronck, se sont séparés du groupe." (p.195)
"A cette date [1902], le développement de la carrière littéraire et journalistique de Maurras se perçoit à travers la correspondance de plus en plus volumineuse qu'il reçoit, et les propositions qu'on lui fait. Le grand critique du Journal des débats, Émile Faguet, lui fait part de sa "haute estime littéraire et morale". Arthur Meyer lui propose d'entrer au Gaulois: il préfère rester à La Gazette de France, dont le tirage est pourtant très inférieur. Il prend une part active à Minerva, "revue des lettres et des arts" qui ressemble peut-être le mieux à la revue littéraire qui lui convient." (p.212-213)
"Dans l'ordre personnel, il trouve heureusement en Barrès, en Bourget, en Mistral, des amis sûrs et attentifs." (p.215)
"En 1904, Dimier est reçu par le pape Pie X au Vatican, et lui remet "une note sur les conséquences néfastes du ralliement". Le saint-père l'assure que l'Église n'a pas à préférer tel ou tel mode de gouvernement, qu'il s'agisse de la république ou de la monarchie. Ce voyage est ressenti par Maurras et ses amis comme un encouragement exaltant." (p.217)
"L'Action a du mordant, de l'audace: elle exalte une jeunesse militante, avide d'en découdre avec les autorités en place, mais aussi de provoquer et de s'amuser par des plaisanteries de potaches." (p.229)
"Lorsque L'Action française quotidienne est enfin lancée en mars 1908, avec un capital de 500 000 francs, commence une lutte âpre et systématique: jusqu'à la fin, le journal sera déficitaire et dépendra de la bonne volonté des militants, adhérents et amis. [...] Maurras sera le journaliste politique le plus prolifique de son siècle, avec plus de dix mille articles." (p.232)
"En 1910-11, la conjonction entre l'AF et le syndicalisme révolutionnaire aboutit à la création du cercle Proudhon, avec un manifeste signé par Édouard Berth, Georges Sorel, Jean Variot, Pierre Gilbert et Georges Valois, et une éphémère série de Cahiers. Certes, Maurras préside la première conférence (à l'Institut d'Action française), médite sur les résultats possibles, cherche à se servir de ce laboratoire d'idées pour fonder un terreau favorable à l'Action française au sein de la classe ouvrière. Certes aussi, des Camelots comme Bernanos et Henry Lagrange s'enflamment pour l'union entre syndicalistes et nationalistes, qui conspue également les conservateurs et les socialistes ralliés au parlementarisme.
Mais Maurras veille à ce que le cercle Proudhon ne soit pas organiquement intégré à l'Action française. Il rejette le juridisme contractualiste de Proudhon [...] Par ailleurs, il ne partage ni le nietzschéisme de Valois ni la fièvre de Lagrange, avec qui éclatent des disputes, et qu'il finit par chasser de l'Action française. D'un autre côté, il exerce sur ce groupe une influence déterminante, par laquelle celui-ci échappe au modèle d'une entité préfasciste: comme Maurras, en effet, le cercle Proudhon est décentralisateur et fédéraliste ; en insistant sur le rôle de la raison et de l'empirisme, il se trouve loin de l'irrationalisme, du "jeunisme", du populisme et de l'intégration des masses dans la vie nationale qui caractériseront les ambitions du fascisme." (p.236-237)
"Pierre Lasserre offre un exemple encore plus net d'un libéral rallié à Maurras. Reçu à l'agrégation de philosophie en compagnie d'Élie Halévy et Louis Dimier, Lasserre a compté parmi les premiers membres de l'Action française dès 1899, en étant à la fois dreyfusard sur le plan judiciaire et antidreyfusard en politique. Il écrit dans L'Action française mensuelle, et soutient en 1907 une thèse qui fait scandale à la Sorbonne, appelée à retentir au moins jusqu'à la guerre: Le Romantisme français. Essai sur la révolution dans les idées et les sentiments au XIXème siècle. Là, il complète les intuitions de Maurras dans un langage universitaire parfois étroit, mais où il démontre que le romantisme, loin de se confiner au seul espace littéraire, touche à la métaphysique, à la morale et à l'attitude de l'homme devant la vie, au problème de sa responsabilité dans la Cité. L'ouvrage marque une date charnière en préparant l'antiromantisme de la Revue critique des idées et des livres, celui de la NRF. Julien Benda lui devra beaucoup: Maurras et Lasserre l'accuseront de plagiat. Gide note que l'ouvrage de Lasserre est "le plus important livre de critique qu'on nous ait donné depuis Taine". Thibaudet le considère comme l'un des meilleurs critiques de son temps. Les débats provoqués incitent Lasserre à poursuivre sa tâche, en critiquant le haut enseignement de l'Etat et en défendant les Humanités classiques. Lorsqu'il publie au Mercure de France La Morale de Nietzsche, Maurras saisit l'occasion pour reprendre sa critique du philosophe allemand (à l'emporte-pièce), et dénouer les fausses analogies. C'est Lasserre qui tient la critique littéraire de L'Action française depuis sa création. Il s'éloignera du mouvement en 1914, agacé, semble-t-il, par les réductions militantes auxquelles ses thèses donnent lieu, mais surtout désireux de se consacrer à son travail, quitte à rejoindre ce libéralisme politique dont il était originaire, auprès de Paul Desjardins. Il enseignera à l'École pratique des hautes études et donnera encore plusieurs œuvres marquantes, comme La Jeunesse d'Ernest Renan. Malgré ce retrait, lorsque Lasserre publie en 1918 Mistral, poète, moraliste et citoyen, Maurras commente favorablement cet ouvrage. Il ne semble pas que les deux hommes aient nourri une amitié intime." (p.243-244)
"La force royaliste poursuit son ascension, comme le montre l'évolution du tirage de L'Action française. De mille cinq cents abonnés en 1908, le quotidien atteint vingt-deux mille en 1912 et trente mille en 1913, rythme qu'il va conserver désormais, nonobstant la progression spectaculaire en période de crise." (p.252)
"Péguy n'adresse-t-il pas chacune de ses œuvres à Maurras depuis 1911 ? Les amis du premier ne tendent-ils pas à devenir les amis du second, quand ils ne le sont pas déjà ?" (p.255)
"Lorsque le chef socialiste est assassiné, un bruit court selon lequel l'auteur du crime serait un Camelot du Roi. L'AF publie aussitôt un démenti par les agences de presse. Maurras qualifie cette action d' "indigne et sotte". L'assassin, Raoul Villain, était membre du Sillon, mais avant tout, déséquilibré. [...] La rumeur aura néanmoins fait long feu, agitée, selon Maurras, par des adversaires soucieux de ne pas voir le mouvement royaliste mordre sur la force ouvrière. "Nous nous sommes inclinés hier devant la dépouille sanglante de M. Jean Jaurès, et nous avons immédiatement exprimé la réprobation que nous inspirait cet attentat deux fois criminel, puisqu'il est stupide. L'incomparable honneur qui vient d'être accordé à M. Jean Jaurès de tomber en signe de sa foi et de sa doctrine affranchit sa personne des jugements d'ordre moral sur sa politique et sur son action. Seules ses idées restent exposées au débat qui ne peut mourir" [Maurras, "La vie et la mort de M. Jean Jaurès, AF, 2 août 1914]." (p.255-256)
"Dès la déclaration de guerre, il appelle ses partisans à l'union nationale et renonce à la lutte systématique contre le régime républicain, comme y invite le duc d'Orléans dans un appel solennel publié dans L'Écho de Paris du 23 avril. [...] Alors qu'un combat sans merci a été jusqu'alors mené contre la République, on va voir Maurras soutenir le gouvernement radical de Viviani, jusqu'à Aristide Briand, bête noire de l'Action française ; on le verra faire l'éloge des ministres jugés compétents, comme Albert Thomas, ancien rédacteur de L'Humanité et ministre des Armements." (p.257)
-Stéphane Giocanti, Maurras : le chaos et l'ordre, Paris, Flammarion, coll. Grandes biographies, 2008 (2006 pour la première édition), 568 pages.
"Nombre d'idées défendues autour de 1900 peuvent passer pour aussi lointaines que l'ère pharaonique [...] Il n'est que de lire un règlement intérieur ou le Code pénal de cette période pour en convenir." (p.15-16)
"Maurras emploie tous les registres, toutes les tonalités du discours, tous les effets oratoires, tous les secrets du style." (p.16)
"Certains aspects du romantisme ne renvoient-ils pas au vertige de l'autodestruction qui sommeille en tout homme ?" (p.17)
"Il importerait de connaître les deux cents titres et la dizaine de milliers d'articles qu'il a publiés en soixante-six ans." (p.18)
"Les années 1894-95 correspondent à un tournant majeur dans la destinée de Maurras. [...]
A la fin du mois d'août 1894, Barrès écrit à Maurras pour le prévenir qu'il est en train de reprendre le journal La Cocarde, près de disparaître [...] Il lui propose de devenir rédacteur régulier [...] Le premier numéro paraît le 20 septembre 1894. La rédaction accueille une belle brochette de talents. Elle comprend notamment le jeune romancier René Boylesve, que Barrès et Maurras soutiennent auprès des éditeurs, Hugues Rebell (auteur d'Union des trois aristocraties et romancier érotique), Camille Mauclair (écrivain symboliste, critique musical et critique d'art), Clovis Hugues et le peintre Paul Guigou." (p.127)
"A la "trahison" du capitaine Dreyfus, Maurras ne consacre encore aucun article spécifique. Le procès de cet officier, accusé d'avoir vendu ses services à l'Allemagne et à l'Italie, s'est déroulé à huis clos. De La Libre Parole au Temps, toute la presse considère que cette affaire est classée. Drumont, Clemenceau, Jaurès ternissent le "traître". Dans La Cocarde, l'article de Barrès ne détonne pas par rapport à ce qu'on lit ailleurs: il décrit la dégradation du capitaine, le 5 janvier 1895, dans la grande cour de l'École militaire, comme une "parade de Judas". Un article de Maurras, sur la soixante qu'il donne à ce journal, développe en revanche un point de vue xénophobe en consonance avec celui de Barrès: reprenant aux Grecs le terme "métèque" pour désigner l'étranger à qui l'hospitalité est donnée, il soutient le projet de loi qui vise à rendre obligatoire la qualité de Français depuis trois générations pour accéder aux grades et emplois publics." (p.130)
"Une lettre du 10 décembre 1892 évoque "un livre de mythes devant s'appeler La Douce Mort", la plupart ayant été écrits entre 1890 et cette année-là. [...] Cette édition originale sera expurgée au début des années vingt en raison de sa réputation scandaleuse auprès des milieux catholiques adverses de l'Action française, et de la volonté de Maurras de ne pas gêner ses propres amis croyants. [...]
Le Chemin de Paradis est l’œuvre la plus sulfureuse, la plus païenne, la plus sensuelle et la plus mythologique de son auteur. [...]
Le conte "Les serviteurs", par exemple, est une exaltation de l'aristocratie et de la hiérarchie, où l'amitié (la philia grecque) et la reconnaissance réciproque entre maître et serviteur gouvernent l'ordre inégalitaire." (p.133)
"Jusqu'en 1914, aucun ministre catholique ne sera admis au gouvernement. Au cours des années 1879-80, l'enseignement est interdit au clergé, pourtant à l'origine du tissu éducatif français." (p.140)
"De 1879 à 1914 s'effectue la plus vaste épuration administrative de toute l'histoire de la France: juges, bâtonniers, avocats se voient privés de leurs emplois ou mis à la retraite d'office par décision du Parlement et du gouvernement, rompant avec le libéralisme affiché. [...] Bien que le parti monarchiste ne fomente aucun complot, Freycinet déclare les membres des anciennes familles régnantes "hors la loi par leur naissance", et fait promulguer la Loi d'exil du 22 juin 1886 -en vigueur jusqu'en 1950. Ces entorses aux libertés publiques témoignent inversement de la peur ou de la fragilité de la nouvelle République, solitaire dans une Europe composée d'empires et de royaumes. Elles suggèrent aux monarchistes de tradition que la Liberté républicaine ne correspondent pas pleinement avec la liberté. Telle est la critique posée par le catholicisme (même après le Ralliement), mais aussi, sur un autre plan, par de nombreux félibres: la liberté d'enseigner les langues d'oc est sans cesse rejetée, les écoles publiques imposent l'unilinguisme en stigmatisant les parlers locaux." (p.141)
"Son adhésion à l'idée monarchique résulte donc à la fois de sa culture familiale, de l'influence d'amis comme Amouretti et de sa réflexion personnelle. L'échec de la décentralisation dans le cadre républicain y joue un rôle fondamental. Vis-à-vis de l'extérieur, deux modèles agissent sur lui, l'un ancien, l'autre moderne: d'une part, le contre-exemple grec, "l'anarchie faite peuple", démentie par la sagesse des historiens et des philosophes athéniens - "Bossuet, Maistre, Comte ont raison sur la politique grecque, dont l'échec historique n'est pas douteux" ; d'autre part, l'exemple contemporain de l’Angleterre. Parmi les modèles européens que Maurras observe, c'est elle qu'il estime le plus et dont il vante la réussite. [...] Le nom de Disraeli revient plusieurs fois sous sa plume, toujours avec une consonance laudative. De Londres, Bourget lui fait remarquer que la tournure nationaliste des idées s'y porte beaucoup plus à l'aise qu'à Paris. Comme Maurras l'écrira ensuite, "la conversion de mon esprit est antérieure d'un an à l'Affaire, elle date des premières semaines que j'ai vécues hors de France". [...] Il accepte de collaborer au journal royaliste Le Soleil, comme son directeur Édouard Hervé lui en fait la proposition." (p.142)
"Une connaissance plus intime du personnage Verlaine s'est ensuite affirmée grâce à la fréquentation de Moréas et Barrès, tous deux amis de l'auteur de Sagesse. [...] En 1894, au temps de La Cocarde, Barrès et Robert de Montesquiou ont constitué un comité pour fournir au poète déchu une pension mensuelle, mais l'auteur du Culte du Moi lui vient régulièrement en aide depuis 1882. En 1895, dans la Revue encyclopédique, Maurras consacre au poète son article le plus développé, le plus précis et sans doute le plus exact: "Verlaine, les époques de sa poésie". Il propose un portrait comparé: "Ce n'est pas seulement par la perfection des rythmes que La Bonne Chanson et les Fêtes galantes diffèrent des Fleurs du mal. La sincérité de l'accent, la vérité du ton, des mots, des sentiments, l'absence de toute affectation de cruauté, de toute grimace cruelle, voilà les grands points distinctifs." (p.148)
"A côté de Léon Blum et de Jean Lorrain, Maurras est aussi l'un des premiers soutiens de Marcel Proust, qu'il fréquente depuis l'année précédente, dans le salon de Mme Arman de Caillavet [...] En juin 1896, il reçoit son premier livre, Les Plaisirs et les Jours, dans son édition luxueuse avec couverture glacée vert, chez Calmann-Lévy. Ébloui par les qualités d'écriture étalées devant lui, Maurras constate l' "extrême diversité de talents" de l'auteur." (p.149)
"La personne d'Alfred Dreyfus est dépassé par les enjeux idéologiques qui se greffent peu à peu sur son procès. De 1897 à 1906, la République va vivre une crise, une ivresse de la division montée sur le nouveau pouvoir de la presse et de l'Opinion." (p.159)
"Ce que Maurras appelle la "question juive" doit trouver un règlement d'ordre politique et administratif, sans recourir à des arguments prétendus scientifiques, ni déboucher sur des violences: contrairement à Proudhon, il ne réclame ni la fermeture des synagogues, ni l'expulsion des Juifs du territoire. C'est, selon la formule de P.-A. Taguieff, un antisémitisme d'exclusion politique et sociale." (p.161)
"En analysant rageusement la structure de l'individualisme politique qui s'emparerait désormais de l'Etat, Maurras en vient à incriminer le christianisme, historiquement responsable de la perte de la cité. Retrouvant les reproches de Machiavel, il confie à Barrès que "l'esprit chrétien" serait à l'origine de la décadence intellectuelle de la France. Non seulement cet esprit a renversé l'Empire romain, désorganisé "au XVIe siècle la civilisation catholique par la lecture de la Bible en langage vulgaire", "fomenté Rousseau", "excité la Révolution", "élevé la morale à la dignité d'une super-science, d'une hyper-politique, l'une et l'autre métaphysiques", mais il produit "aujourd'hui une théologie de l'individu, théorie de l'anarchie pure"." (p.164)
"C'est au cours de cette période rageuse [l'Affaire Dreyfus] que se mettent en place les orientations les plus polémiques de sa pensée politique, et que son nom acquiert une notoriété qu'il n'avait pas encore atteinte. C'est alors que se cristallise son antisémitisme, peu présent auparavant dans son journalisme. [...] Les protestants, les Juifs, la maçonnerie se disputent dans ses articles la palme de l'ennemi intérieur." (p.168)
"Atermoiements de la Ligue de la patrie française (dont Maurras a été l'un des membres fondateurs). [...]
Jusqu'en 1900, il ne figure pas au premier rang du nouveau comité, et ne semble pas le convoiter ; le 21 janvier 1899, il écrit à Barrès: "Je n'ai ni les ambitions ni les facultés d'un meneur politique"." (p.176)
"A Barrès, il se décrit comme "un vieil adversaire de la politique coloniale", inquiet de "l'antibritannisme" qui pourrait détourner "de la revanche"." (p.180)
"Il note toutefois qu'il n'a prise ni sur Caplain-Cortembrt, ni sur Copin-Albancelli, ni sur Spronck, ni sur Delbet, ni sur Villebois-Mareuil, qui compte parmi les fondateurs et les premiers adhérents du mouvement politique. Il trouve en revanche des brèches intéressantes chez Vaugeois et Pujo, où il s'engouffre peu à peu pour les conquérir. Au cours des trois années suivant[...] [novembre 1899], il emportera des succès étonnants et des revers que la légende maurrassienne a parfois diminués, en exagérant l'évidence politique dont Maurras aurait été le missionnaire." (p.181)
"Benoît Malon, maître à penser de Jean Jaurès." (p.182)
"Maurras le met en garde [Bainville] sur la théorie du Surhomme telle qu'elle apparaît alors en France, et sur "les rêveries de race pure" qui pourraient les tenter." (p.183)
"En septembre 1901, [Barrès] explique à Maurras sa nouvelle décision: "renoncer à la politique active, c'est-à-dire au Drapeau, à la Patrie française, et à toute candidature. Je ne vous ferai point l'historique de cet état d'esprit. La mort de mon père et de ma mère, dans un si bref espace de trois ans, me détache des choses de la terre". On se demande dans quelle mesure Barrès n'est pas aussi ébranlé du fait de l'isolement où il se trouve depuis les débuts de l'Action française, puisqu'il ne suscite pas lui-même une école intellectuelle ou une force politique définie, capable d'unifier les nationalistes. [...] Désormais, l'Action française est entièrement rallié aux idées de Maurras. Les autres, les républicains, tel Maurice Spronck, se sont séparés du groupe." (p.195)
"A cette date [1902], le développement de la carrière littéraire et journalistique de Maurras se perçoit à travers la correspondance de plus en plus volumineuse qu'il reçoit, et les propositions qu'on lui fait. Le grand critique du Journal des débats, Émile Faguet, lui fait part de sa "haute estime littéraire et morale". Arthur Meyer lui propose d'entrer au Gaulois: il préfère rester à La Gazette de France, dont le tirage est pourtant très inférieur. Il prend une part active à Minerva, "revue des lettres et des arts" qui ressemble peut-être le mieux à la revue littéraire qui lui convient." (p.212-213)
"Dans l'ordre personnel, il trouve heureusement en Barrès, en Bourget, en Mistral, des amis sûrs et attentifs." (p.215)
"En 1904, Dimier est reçu par le pape Pie X au Vatican, et lui remet "une note sur les conséquences néfastes du ralliement". Le saint-père l'assure que l'Église n'a pas à préférer tel ou tel mode de gouvernement, qu'il s'agisse de la république ou de la monarchie. Ce voyage est ressenti par Maurras et ses amis comme un encouragement exaltant." (p.217)
"L'Action a du mordant, de l'audace: elle exalte une jeunesse militante, avide d'en découdre avec les autorités en place, mais aussi de provoquer et de s'amuser par des plaisanteries de potaches." (p.229)
"Lorsque L'Action française quotidienne est enfin lancée en mars 1908, avec un capital de 500 000 francs, commence une lutte âpre et systématique: jusqu'à la fin, le journal sera déficitaire et dépendra de la bonne volonté des militants, adhérents et amis. [...] Maurras sera le journaliste politique le plus prolifique de son siècle, avec plus de dix mille articles." (p.232)
"En 1910-11, la conjonction entre l'AF et le syndicalisme révolutionnaire aboutit à la création du cercle Proudhon, avec un manifeste signé par Édouard Berth, Georges Sorel, Jean Variot, Pierre Gilbert et Georges Valois, et une éphémère série de Cahiers. Certes, Maurras préside la première conférence (à l'Institut d'Action française), médite sur les résultats possibles, cherche à se servir de ce laboratoire d'idées pour fonder un terreau favorable à l'Action française au sein de la classe ouvrière. Certes aussi, des Camelots comme Bernanos et Henry Lagrange s'enflamment pour l'union entre syndicalistes et nationalistes, qui conspue également les conservateurs et les socialistes ralliés au parlementarisme.
Mais Maurras veille à ce que le cercle Proudhon ne soit pas organiquement intégré à l'Action française. Il rejette le juridisme contractualiste de Proudhon [...] Par ailleurs, il ne partage ni le nietzschéisme de Valois ni la fièvre de Lagrange, avec qui éclatent des disputes, et qu'il finit par chasser de l'Action française. D'un autre côté, il exerce sur ce groupe une influence déterminante, par laquelle celui-ci échappe au modèle d'une entité préfasciste: comme Maurras, en effet, le cercle Proudhon est décentralisateur et fédéraliste ; en insistant sur le rôle de la raison et de l'empirisme, il se trouve loin de l'irrationalisme, du "jeunisme", du populisme et de l'intégration des masses dans la vie nationale qui caractériseront les ambitions du fascisme." (p.236-237)
"Pierre Lasserre offre un exemple encore plus net d'un libéral rallié à Maurras. Reçu à l'agrégation de philosophie en compagnie d'Élie Halévy et Louis Dimier, Lasserre a compté parmi les premiers membres de l'Action française dès 1899, en étant à la fois dreyfusard sur le plan judiciaire et antidreyfusard en politique. Il écrit dans L'Action française mensuelle, et soutient en 1907 une thèse qui fait scandale à la Sorbonne, appelée à retentir au moins jusqu'à la guerre: Le Romantisme français. Essai sur la révolution dans les idées et les sentiments au XIXème siècle. Là, il complète les intuitions de Maurras dans un langage universitaire parfois étroit, mais où il démontre que le romantisme, loin de se confiner au seul espace littéraire, touche à la métaphysique, à la morale et à l'attitude de l'homme devant la vie, au problème de sa responsabilité dans la Cité. L'ouvrage marque une date charnière en préparant l'antiromantisme de la Revue critique des idées et des livres, celui de la NRF. Julien Benda lui devra beaucoup: Maurras et Lasserre l'accuseront de plagiat. Gide note que l'ouvrage de Lasserre est "le plus important livre de critique qu'on nous ait donné depuis Taine". Thibaudet le considère comme l'un des meilleurs critiques de son temps. Les débats provoqués incitent Lasserre à poursuivre sa tâche, en critiquant le haut enseignement de l'Etat et en défendant les Humanités classiques. Lorsqu'il publie au Mercure de France La Morale de Nietzsche, Maurras saisit l'occasion pour reprendre sa critique du philosophe allemand (à l'emporte-pièce), et dénouer les fausses analogies. C'est Lasserre qui tient la critique littéraire de L'Action française depuis sa création. Il s'éloignera du mouvement en 1914, agacé, semble-t-il, par les réductions militantes auxquelles ses thèses donnent lieu, mais surtout désireux de se consacrer à son travail, quitte à rejoindre ce libéralisme politique dont il était originaire, auprès de Paul Desjardins. Il enseignera à l'École pratique des hautes études et donnera encore plusieurs œuvres marquantes, comme La Jeunesse d'Ernest Renan. Malgré ce retrait, lorsque Lasserre publie en 1918 Mistral, poète, moraliste et citoyen, Maurras commente favorablement cet ouvrage. Il ne semble pas que les deux hommes aient nourri une amitié intime." (p.243-244)
"La force royaliste poursuit son ascension, comme le montre l'évolution du tirage de L'Action française. De mille cinq cents abonnés en 1908, le quotidien atteint vingt-deux mille en 1912 et trente mille en 1913, rythme qu'il va conserver désormais, nonobstant la progression spectaculaire en période de crise." (p.252)
"Péguy n'adresse-t-il pas chacune de ses œuvres à Maurras depuis 1911 ? Les amis du premier ne tendent-ils pas à devenir les amis du second, quand ils ne le sont pas déjà ?" (p.255)
"Lorsque le chef socialiste est assassiné, un bruit court selon lequel l'auteur du crime serait un Camelot du Roi. L'AF publie aussitôt un démenti par les agences de presse. Maurras qualifie cette action d' "indigne et sotte". L'assassin, Raoul Villain, était membre du Sillon, mais avant tout, déséquilibré. [...] La rumeur aura néanmoins fait long feu, agitée, selon Maurras, par des adversaires soucieux de ne pas voir le mouvement royaliste mordre sur la force ouvrière. "Nous nous sommes inclinés hier devant la dépouille sanglante de M. Jean Jaurès, et nous avons immédiatement exprimé la réprobation que nous inspirait cet attentat deux fois criminel, puisqu'il est stupide. L'incomparable honneur qui vient d'être accordé à M. Jean Jaurès de tomber en signe de sa foi et de sa doctrine affranchit sa personne des jugements d'ordre moral sur sa politique et sur son action. Seules ses idées restent exposées au débat qui ne peut mourir" [Maurras, "La vie et la mort de M. Jean Jaurès, AF, 2 août 1914]." (p.255-256)
"Dès la déclaration de guerre, il appelle ses partisans à l'union nationale et renonce à la lutte systématique contre le régime républicain, comme y invite le duc d'Orléans dans un appel solennel publié dans L'Écho de Paris du 23 avril. [...] Alors qu'un combat sans merci a été jusqu'alors mené contre la République, on va voir Maurras soutenir le gouvernement radical de Viviani, jusqu'à Aristide Briand, bête noire de l'Action française ; on le verra faire l'éloge des ministres jugés compétents, comme Albert Thomas, ancien rédacteur de L'Humanité et ministre des Armements." (p.257)
-Stéphane Giocanti, Maurras : le chaos et l'ordre, Paris, Flammarion, coll. Grandes biographies, 2008 (2006 pour la première édition), 568 pages.