https://www.cairn.info/revue-d-histoire-litteraire-de-la-france-2009-3-page-661.htm
"Alors que, dans les essais qu’il publie avant 1934, il prend position contre le nationalisme et en faveur d’un fédéralisme européen, ses œuvres romanesques publiées dans le même temps constituent un imaginaire alternatif grâce auquel il s’approprie peu à peu la thématique raciste."
"L’auto-dénigrement de la race française à laquelle il appartient."
"Avant 1934, on observe un contraste flagrant entre les positions politiques qu’assume Drieu dans ses essais et celles qui affleurent plus ou moins explicitement dans ses œuvres de fiction."
"Drieu ne croit en revanche pas en la Russie soviétique qui, selon lui, cherche à se moderniser selon des principes capitalistes camouflés. Les socialistes ne sont pas l’avant-garde d’une classe ouvrière qui n’existe pas, mais seulement des bourgeois en puissance."
"Comme il le déclare à l’Anglais Lord Owen, le Gille de Drôle de voyage n’épouse pas sa fille Béatrix parce qu’il ne veut pas se lier avec « la société fondée sur l’argent », société sans grandeur d’âme dont on ne saurait trop dire, à la lecture, si elle caractérise l’Angleterre anglo-saxonne dans son ensemble ou si elle trouve son origine — et l’incertitude ouvre des horizons imaginaires dans lesquels Drieu va bientôt s’engouffrer — dans le fait que lady Owen soit « une Juive ». Matérialisme, productivisme, uniformisation, tous ces traits du capitalisme anglo-saxon empêchent Drieu de donner un plein acquiescement à une civilisation qui n’est pas simplement le fait de l’Angleterre, mais de l’ensemble des pays industrialisés."
"Le Sud [méditerranéen] est valorisé et s’oppose explicitement au Nord industriel comme un espace originel où les hommes n’ont pas encore été pervertis par le machinisme et dans lequel ils demeurent au contact de leurs instincts."
"Quoique Drieu n’en ait pris connaissance que d’une manière diffuse, [[influence] des théories de Spengler sur la croissance et le déclin organiques des civilisations."
"Alors que la figure du Juif concentre en elle tout le matérialisme et l’intellectualisme dénoncés par Drieu et devient le ferment de la décadence occidentale."
"Comme le Walter franquiste de Gilles, Drieu se prononce dans la même logique pour « le catholicisme mâle, celui du Moyen Âge ». Ce christianisme raciste, hérité de Gobineau et opposé à la critique nietzschéenne d’un christianisme religion d’esclaves, outre qu’il permet d’écarter l’héritage sémite et par conséquent efféminé du christianisme, devient le fondement d’un nouvel ordre nordique plongeant ses racines dans l’Europe médiévale et ravivant le temps glorieux du saint Empire germanique."
-Guillaume Bridet, « Quand un écrivain français perd le nord : Drieu la Rochelle et l'esthétisation fasciste », Revue d'histoire littéraire de la France, 2009/3 (Vol. 109), p. 661-680. DOI : 10.3917/rhlf.093.0661. URL : https://www.cairn.info/revue-d-histoire-litteraire-de-la-france-2009-3-page-661.htm
"Alors que, dans les essais qu’il publie avant 1934, il prend position contre le nationalisme et en faveur d’un fédéralisme européen, ses œuvres romanesques publiées dans le même temps constituent un imaginaire alternatif grâce auquel il s’approprie peu à peu la thématique raciste."
"L’auto-dénigrement de la race française à laquelle il appartient."
"Avant 1934, on observe un contraste flagrant entre les positions politiques qu’assume Drieu dans ses essais et celles qui affleurent plus ou moins explicitement dans ses œuvres de fiction."
"Drieu ne croit en revanche pas en la Russie soviétique qui, selon lui, cherche à se moderniser selon des principes capitalistes camouflés. Les socialistes ne sont pas l’avant-garde d’une classe ouvrière qui n’existe pas, mais seulement des bourgeois en puissance."
"Comme il le déclare à l’Anglais Lord Owen, le Gille de Drôle de voyage n’épouse pas sa fille Béatrix parce qu’il ne veut pas se lier avec « la société fondée sur l’argent », société sans grandeur d’âme dont on ne saurait trop dire, à la lecture, si elle caractérise l’Angleterre anglo-saxonne dans son ensemble ou si elle trouve son origine — et l’incertitude ouvre des horizons imaginaires dans lesquels Drieu va bientôt s’engouffrer — dans le fait que lady Owen soit « une Juive ». Matérialisme, productivisme, uniformisation, tous ces traits du capitalisme anglo-saxon empêchent Drieu de donner un plein acquiescement à une civilisation qui n’est pas simplement le fait de l’Angleterre, mais de l’ensemble des pays industrialisés."
"Le Sud [méditerranéen] est valorisé et s’oppose explicitement au Nord industriel comme un espace originel où les hommes n’ont pas encore été pervertis par le machinisme et dans lequel ils demeurent au contact de leurs instincts."
"Quoique Drieu n’en ait pris connaissance que d’une manière diffuse, [[influence] des théories de Spengler sur la croissance et le déclin organiques des civilisations."
"Alors que la figure du Juif concentre en elle tout le matérialisme et l’intellectualisme dénoncés par Drieu et devient le ferment de la décadence occidentale."
"Comme le Walter franquiste de Gilles, Drieu se prononce dans la même logique pour « le catholicisme mâle, celui du Moyen Âge ». Ce christianisme raciste, hérité de Gobineau et opposé à la critique nietzschéenne d’un christianisme religion d’esclaves, outre qu’il permet d’écarter l’héritage sémite et par conséquent efféminé du christianisme, devient le fondement d’un nouvel ordre nordique plongeant ses racines dans l’Europe médiévale et ravivant le temps glorieux du saint Empire germanique."
-Guillaume Bridet, « Quand un écrivain français perd le nord : Drieu la Rochelle et l'esthétisation fasciste », Revue d'histoire littéraire de la France, 2009/3 (Vol. 109), p. 661-680. DOI : 10.3917/rhlf.093.0661. URL : https://www.cairn.info/revue-d-histoire-litteraire-de-la-france-2009-3-page-661.htm