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    Traîtres et trahisons, dont Maurice Goldring, "Figures du traître dans le mouvement républicain irlandais"

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Traîtres et trahisons, dont Maurice Goldring, "Figures du traître dans le mouvement républicain irlandais" Empty Traîtres et trahisons, dont Maurice Goldring, "Figures du traître dans le mouvement républicain irlandais"

    Message par Johnathan R. Razorback Mar 29 Oct - 15:36

    http://blog.ac-versailles.fr/motamot/index.php/post/09/11/2018/La-trahison-et-les-traîtres-%3A-petite-histoire-de-trahisons-et-portraits-de-traîtres-%21

    https://www.persee.fr/search?q=trahison&c=rfsp

    330 résultats, une seule définition.

    https://www.persee.fr/doc/rfsp_0035-2950_1961_num_11_4_392651_t1_0971_0000_002?q=trahison

    Les historiens sont se servent du mot (ou des formes conjuguées du verbe trahir) avec moins de gourmandise: 114 occurrences dans la revue Annales. Histoire, Sciences Sociales ; 180 dans la Revue historique. Mais là encore, point de définition dans les articles que nous avons consultés.

    Soucieux de ne pas avaliser le point de vue des acteurs, les chercheurs usent souvent entre guillemets d'un mot correspondant à une notion relevant en premier lieu du registre moral. L'inconvénient de cette fuite devant la production d'une définition non-normative de la trahison est du part d'emploi subjectiviste du mot (la trahison se réduit au sentiment de trahison repérable chez les acteurs historiques), et, plus gênant encore, un véritable flou entre la trahison et toutes les autres formes de cessation de relations, de transgressions de normes établies ou de rupture de la confiance entre des individus ou des groupes (la sécession politique d'un territoire, la désertion individuelle en temps de guerre ou la rupture violente entre des amants constituent-ils toujours, et quel sens, des trahisons ?).

    Certains vont même jusqu'à employer le terme pour signifier un jugement particulièrement négatif porté sur le comportement ou les idées d'autrui, indépendamment même de toute présomption de loyauté ou lien de confiance être l'individu "trahi" et le "traître". C'était déjà en un sens comparable que Julien Benda parlait de "trahison" des clercs.

    Pas d'entrée dans André Lalande, Vocabulaire technique et critique de la philosophie, PUF, 2016 (1926 pour la première édition), 1376 pages. Dans le Dictionnaire philosophique d'André Comte-Sponville, la notion, plus ou moins assimilée au renoncement, est mentionnée dans l'article "Fidélité".

    https://books.google.fr/books?id=MX8_S9ICdUIC&q=dictionnaire+de+philosophie+morale&dq=dictionnaire+de+philosophie+morale&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwix1OmFjdrlAhUGtRoKHVpwDqE4ChDoAQgwMAE

    https://books.google.fr/books?id=q4xeAQAACAAJ&dq=dictionnaire+de+philosophie+morale&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjv2-PfjtrlAhXPyYUKHX-kDrYQ6AEIMzAC

    https://www.cairn.info/revue-le-genre-humain-1988-1-page-19.htm?contenu=resume

    "Marie-Antoinette trahissait la France en transmettant des informations aux armées alliées." (p.22)

    "Guerre civile, dont Dakar, la Syrie et les combats entre milice et résistants furent les épisodes."

    "A partir de novembre 1942, le doute n'était plus permis." (p.25)

    "William Joyce a rompu la solidarité avec sa patrie, avec son peuple, au moment du danger. Même si la politique adoptée par les ministres de Sa Majesté, aboutissant à la guerre, était erronée, contraire à l'intérêt durable de la Grande-Bretagne, il n'avait pas le droit de combattre, fût-ce par la parole, son pays en guerre. L'individu ne saurait s'instituer en juge suprême et mettre son jugement au-dessus de la décision librement prise par des gouvernements légitimes. […] Il a pris parti, en fait, pour les ennemis de sa nation." (p.30)

    "Certains Allemands anti-nazis ont souhaité la défaite de leur patrie, ils ont même travaillé en vue de cette défaite avant qu'elle ne fût acquise. Étaient-ils des traîtres ?" (p.31)

    "Si l'on donne la puissance de la collectivité pour un but absolu, alors quiconque souhaite la défaite militaire de son pays trahit (au moins à courte échéance, la défaite militaire entraîne toujours un affaiblissement). Mais il n'y a aucun raison pour qu'un intellectuel fasse de la puissance le but dernier. Elle semble telle dans les époques tranquilles, où les guerres n'ont pas pour enjeu les structures fondamentales des Etats ou des collectivités aux prises. Mais l'Allemagne nationale-socialiste ne serait plus l'Allemagne pour des millions d'Allemands. Ceux qui détestaient l'existence que Hitler annonçait à son peuple hésitèrent sur leur devoir. Les uns combattirent, la mort dans l'âme: la victoire aurait été celle de leur tyran, la défaite serait celle de leur patrie. Les autres allèrent jusqu'au bout du refus et se dressèrent contre leur pays, livré aux mauvais bergers.
    Mais, me dira-t-on, comment refuserez-vous la même liberté au national-socialiste par rapport à une Allemagne démocratique ? Objection irréfutable si l'on admet le caractère interchangeable, pour ainsi dire, des idéologies. Mais rien n'est moins évident. Entre le démocrate dans l'Allemagne nationale-socialiste et le national-socialiste dans une Allemagne démocratique, il y a au moins une différence fondamentale: la démocratie ne met pas ses adversaires en prison, aussi longtemps qu'ils respectent les lois. Quelles que soient leurs passions, les anti-démocrates n'ont pas de raison valable de se séparer de leur patrie, qui leur laisse les mêmes droits qu'à tous les citoyens
    ." (p.32)

    "On ne trahit pas une patrie dont on est chassé." (p.33)
    -Raymond Aron, « Le dernier refuge de la liberté ? », Le Genre humain, 1988/1 (N° 16-17), p. 19-40. DOI : 10.3917/lgh.016.0019. URL : https://www.cairn.info/revue-le-genre-humain-1988-1-page-19.htm . Il s'agit de la reprise de la préface d'Aron à André Thérive, Essai sur les trahisons, Paris, Calmann-Lévy, 1951.

    https://www.cairn.info/revue-le-genre-humain-1988-1-page-157.htm?contenu=resume

    "Chez Hérodote, il arrive que le mot "trahison" s'efface, mais pour une tout autre raison. Il s'agit de sauver l'interprétation du phénomène qui prévaut dans le reste de l'œuvre, quand elle ne convient plus à un cas donné. Une trahison pose un tel problème: celle des Thermopyles, perpétrée par un Grec à un moment crucial du face-à-face des cités grecques avec les Perses. La nier, refuser de reconnaître qu'Éphialte -ou d'autres- soit allé indiquer au Grand Roi un chemin pour prendre Léonidas à revers, c'est du même coup nier un épisode capital dans l'élaboration de la noble image des Grecs qui occupe les derniers livres des Histoires. Car cette trahison, qui condamne les Spartiates à mort, n'en rend leur conduite que plus admirable […] Les Grecs sont capables de rester à leur poste et d'assumer, dans une situation désespérée, cette "belle mort" qui perpétue la vie de leur patrie. Cependant la trahison qui joue, on l'a vu, le rôle d'instrument de définition du Barbare, se trouve dès lors au centre d'une contradiction. Comment faire que ce qui est l'apanage de l'autre puisse figurer tout à coup si nettement et si essentiellement au cœur du même ? La solution apportée est discursive. Hérodote bannit les mots "trahison" et "médisme" ; Éphialte a "signalé" le chemin aux Perses (semainein). Ainsi libéré -de justesse-, l'historien peut alors poursuivre son travail de rejet du traître hors de la communauté grecque. Éphialte est, avec insistance et exclusivement, désigné par le nom de sa région d'origine: il s'agit d'un habitat de Mèlis (VII, 213 ; 214) ; le sentier était bien connu de tous les Maliens (VII, 215) et d'une grande utilité pour eux (ibid.). Le nom de Grecs, en revanche, revient à ceux qu'il trahit (VII, 213). L'effacement du mot "trahison" permet à Hérodote de continuer à élaborer ses représentations contrastées des Grecs et des Barbares." (pp.167-168)
    -Catherine Darbo-Peschanski, « Quand raconter c’est accuser. La trahison dans l’historiographie grecque classique (Hérodote, Thucydide) », Le Genre humain, 1988/1 (N° 16-17), p. 157-171. DOI : 10.3917/lgh.016.0157. URL : https://www.cairn.info/revue-le-genre-humain-1988-1-page-157.htm

    https://journals.openedition.org/acrh/5015?lang=en

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Maurice_Goldring

    https://mauricegoldring.blogspot.com/2019/10/deux-evenements.html

    https://www.persee.fr/doc/xxs_0294-1759_1992_num_36_1_2617_t1_0110_0000_3

    http://www.vers-les-iles.fr/livres/Nouveau/Goldring.html




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    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".

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    Traîtres et trahisons, dont Maurice Goldring, "Figures du traître dans le mouvement républicain irlandais" Empty Re: Traîtres et trahisons, dont Maurice Goldring, "Figures du traître dans le mouvement républicain irlandais"

    Message par Johnathan R. Razorback Mar 23 Fév - 21:00

    https://www.persee.fr/doc/irlan_0183-973x_1982_num_7_1_2700_t1_0303_0000_5

    "Il s'est produit pour le mouvement ouvrier irlandais ce qui est familier au mouvement républicain: est considérée comme un succès toute action qui réussit à se construire des héros et des martyrs. L'échec de 1916 a été un succès puisque James Connolly y a été sanctifié. 1913 a été un succès du syndicalisme irlandais puisque Jim Larkin a une statue devant la Grande Poste. L'éminence de ces deux figures a relégué dans l'ombre d'autres personnages moins attachants mais dont les traces sont peut-être plus profondément inscrite dans la réalité nationale. Elle a surtout empêché d'affronter la question centrale: pourquoi le mouvement ouvrier irlandais n'a-t-il pas réussi à se donner une expression politique indépendante et durable ? A la suite d'Arthur Mitchell, d'autres ouvrages apportent des éléments de réflexion sur cette question centrale.

    Bernard Ransom présente James Connolly comme un théoricien marxiste d'importance majeure. Rompant avec le marxisme ossifié au XIXe siècle, déterministe et scientiste, Connolly a réintégré les valeurs morales du catholicisme et du nationalisme dans le matérialisme historique. [...] Comment [la classe ouvrière] pouvait-elle conquérir une place dans un pays où la question nationale occupait toute la scène ? Les justification économiques du socialisme qui prédominaient dans le mouvement ouvrier britannique ne suffisait pas. Au contraire, elles contribuaient à maintenir la conception d'une Irlande comme pays "retardataire" dont le faible niveau de conscience avait besoin de l'aide du grand frère. En "naturalisant" le marxisme, Connolly transforma radicalement la question du "retard" économique. La survivance des clans, de la propriété collective des terres dans la société celte, n'était pas signe de "retard", mais les annonces prémonitoires d'un socialisme irlandais. Il suivit la même démarche sur les questions religieuses. Alors que le socialisme européen heurtait de front les idées religieuses en leur opposant rationalisme et matérialisme, Connolly s'efforça de démontrer que christianisme et socialisme ne s'excluaient pas. L'enseignement de l'église pouvait amener des catholiques à militer pour le socialisme à partir des valeurs religieuses fondamentales. Il opposait le catholicisme qui condamnait le capitalisme au protestantisme, morale de la bourgeoisie triomphante. [...]
    L'objectif de Connolly était d'arracher à la bourgeoisie la direction du combat national. Pour mener cette bataille d'idées, il voulait reprendre à la bourgeoisie nationale les valeurs qui étaient ses armes les plus redoutables de domination. Il y a brûlé son âme. Le simple fait que la carrière politique de Connolly culmine avec la participe de "The Irish Citizen Army" au soulèvement de Pâques 1916, indique une difficulté théorique non surmontée. Au lieu d'engager un bilan critique du grand affrontement de 1913, le dirigeant syndical déplaça son activité sur le terrain militaire, celui précisément où les affrontements de classe deviennent les plus confus. Dans les circonstances, il n'y avait peut-être pas d'autre issue possible. Ne faisons pas semblant de croire qu'il en avait trouvé une.

    Il reste que James Connolly a posé une question centrale: si la classe ouvrière veut jouer un rôle dirigeant, elle doit se doter d'une ambition politique, considérer que rien de ce qui est national ne lui est étranger, intervenir et proposer des solutions sur les questions les plus aiguës. En Irlande, elle est restée en marge des conflits centraux.
    " (pp.304-305)
    -Maurice Goldring, [compte-rendu de] Bernard Ransom, Connolly's Marxism, 1980, Etudes irlandaises, Année 1982, 7, pp. 303-308.



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