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    Ian Packer & Bruno Poncharal, Libéralisme et Nouveau Libéralisme des années 1880 à 1914

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Ian Packer & Bruno Poncharal, Libéralisme et Nouveau Libéralisme des années 1880 à 1914 Empty Ian Packer & Bruno Poncharal, Libéralisme et Nouveau Libéralisme des années 1880 à 1914

    Message par Johnathan R. Razorback Dim 10 Mai - 22:46

    https://www.cairn.info/revue-vingtieme-siecle-revue-d-histoire-2013-4-page-15.htm

    "Le Parti libéral dominait la vie politique britannique depuis les années 1830, quand il se divisa en 1886 sur la question du gouvernement autonome, ou Home Rule pour l’Irlande. Après 1886, il dut faire face, d’une part, à un Parti conservateur revigoré allié aux unionistes libéraux qui refusaient le Home Rule, d’autre part, à la contestation naissante des socialistes et des syndicalistes. Les débats historiques autour du Parti libéral de 1886 à 1914 se sont en grande partie concentrés sur la question de savoir jusqu’à quel point il avait réussi à contenir ces forces adverses et s’il fallait attribuer son déclin brutal après la Première Guerre mondiale aux années qui avaient précédé 1914 ou aux difficultés rencontrées par les libéraux pendant la guerre, en particulier la scission de 1916 entre les partisans de Herbert Asquith et ceux de David Lloyd George. L’un des enjeux de ce débat consistait à reconnaître que le libéralisme n’avait pas été, pendant cette période, un concept statique et qu’il y avait eu plusieurs tentatives de redéfinition de son programme et de ses orientations. L’une des plus importantes d’entre elles consista en ce faisceau d’idées qui se fit connaître sous le nom de Nouveau Libéralisme."

    "L’expression Nouveau Libéralisme semble avoir été utilisée pour la première fois en 1889 dans un article rédigé pour la revue Nineteenth Century par un député libéral dénommé Llewellyn Atherley-Jones. Il s’agissait avant tout d’un appel lancé au Parti libéral pour qu’il se rallie à un « nouveau » libéralisme. À l’époque, cet article suscita un certain intérêt et provoqua quelques réponses ; puis, à partir des années 1890, l’expression semble être devenue relativement courante pour décrire des tentatives de redéfinition des orientations politiques du Parti libéral. Mais cela pose évidemment un certain nombre de questions : en quoi consistait donc « l’ancien » libéralisme ? Et dans les changements qu’Atherley-Jones jugeait nécessaires, qu’est-ce qui était « nouveau » ? L’ancien libéralisme ressemblait beaucoup à ce à quoi le Parti libéral, et son vénérable dirigeant William Gladstone, étaient associés à la fin des années 1880 : la défense du système de libre-échange, c’est-à-dire l’absence de taxes sur les importations ; la réforme du système politique, en particulier l’extension du suffrage et la réforme ou l’abolition de la Chambre des Lords ; la réduction du rôle des Églises d’État, Église d’Angleterre et Église d’Écosse ; une meilleure reconnaissance des nations non anglaises au sein du Royaume-Uni, en particulier à travers l’adoption d’un Home Rule pour l’Irlande ; et certaines exigences spécifiques émanant des non-conformistes religieux, dont un effort pour faire baisser la consommation d’alcool en réduisant le nombre de pubs .

    Llewellyn Atherley-Jones pensait qu’il fallait un renouvellement, non parce que le programme existant était particulièrement « vieux », mais parce que les mesures qu’il prônait étaient à l’origine de la catastrophique défaite aux élections générales de 1886. L’élection avait succédé à l’adoption par William Gladstone de la politique du Home Rule ; celle-ci avait divisé son propre parti entraînant la défection d’un groupe important de députés, suivi par quelques leaders radicaux, tel Joseph Chamberlain, qui formèrent le Parti libéral unioniste et s’allièrent aux conservateurs. Tous les libéraux n’étaient pas convaincus que l’insistance de Gladstone à faire du Home Rule une mesure phare du Parti leur permettrait de se remettre de la défaite de 1886, et la fin des années 1880 fut marquée par les rumeurs et les conjectures entourant la direction du Parti. Les prescriptions de Llewellyn Atherley-Jones étaient vagues, mais elles contenaient le noyau du Nouveau Libéralisme. Tout d’abord, il estimait que l’avenir du libéralisme se trouvait dans la classe ouvrière. Ce n’était pas vraiment une révélation. Le Reform Act de 1884 introduit par le gouvernement de Gladstone garantissait que plus des trois quarts du corps électoral serait composés d’hommes issus de la classe ouvrière . Mais la vraie question était de savoir comment séduire cet électorat. Llewellyn Atherley-Jones considérait qu’une des clés consistait à promouvoir « une plus large diffusion du bien-être physique  », en d’autres termes, il fallait que l’État prenne des mesures pour élever le niveau de vie des travailleurs en mettant en place des formes d’action sociale (social welfare). Les libéraux, en s’engageant sur cette voie, seraient accusés de « socialisme », prévenait-il, mais il fallait néanmoins qu’ils s’y engagent vigoureusement."

    "Pendant les années 1903-1906, les conservateurs, par exemple, finirent par abandonner le libre-échange pour se tourner vers une taxation des importations, ce qu’ils appelaient une « réforme tarifaire » (tariff reform), afin de stimuler des secteurs vacillants de l’économie et d’encourager la prospérité nationale et l’unité de l’Empire. Tous les projets visant à accroître l’intervention de l’État dans l’économie et la société avaient tendance à être taxés de « socialisme » par ceux à qui ils déplaisaient et qui souhaitaient les discréditer en les associant au très petit nombre de socialistes engagés qui avaient commencé à émerger dans les années 1880 au sein d’organisations comme la Fédération social-démocrate (Social Democratic Federation) ou chez les Fabiens. Mais il serait plus exact de dire que les socialistes n’étaient eux-mêmes qu’un symptôme d’une tendance plus générale à ce que l’on pourrait nommer de manière plus neutre le « collectivisme » dans tous les partis et dans de nombreux domaines de réflexion, dont l’économie, la sociologie, la philosophie et la théologie.

    Mais le souhait de Llewellyn Atherley-Jones de voir les libéraux s’emparer de la réforme sociale était à certains égards particulièrement problématique. L’un des nombreux marqueurs de l’identité libérale était justement sa défense de la « liberté » contre l’intervention de l’État : liberté de parole et d’assemblée, liberté commerciale et religieuse. Ainsi, beaucoup de libéraux étaient hostiles à l’intervention de l’État dans la société parce qu’ils considéraient qu’il était aux mains d’une petite clique n’agissant pas dans l’intérêt du plus grand nombre. À la fin du 19e siècle, lorsque le droit de vote fut étendu, on commença à envisager un État contrôlé par le peuple et donc susceptible d’être une force de libération et de promotion du bien-être général. Tout bien considéré, la façon dont les libéraux se voyaient eux-mêmes comme « le parti peuple » pouvait prendre le pas sur leur conception de la liberté. Il existait déjà des signes indiquant que le Parti libéral était prêt à recourir aux institutions démocratiques locales pour étendre le rôle de l’État. Le gouvernement Gladstone de 1868-1874 avait fait voter la première grande loi sur l’éducation en 1870, autorisant la création d’écoles sur fonds publics et sous le contrôle de conseils d’administration élus par les contribuables locaux. Son dernier gouvernement (1892-1894) fit voter le
    Local Government Act de 1894 qui créait en Angleterre et au Pays de Galles un réseau de conseils communaux élus ayant le pouvoir, entre autres, d’attribuer à la population des terrains à bail. Dans les années 1890, le Parti se distingua également en faisant des propositions sur le contrôle du commerce de l’alcool, principalement en permettant à la population d’organiser des référendums locaux pour savoir si la vente d’alcool devait être ou non autorisée dans leur zone."

    "Leonard T. Hobhouse, journaliste et universitaire, et John A. Hobson, auteur à son compte, sont les plus connus des penseurs libéraux à avoir repris les suggestions de Llewellyn Atherley-Jones et à développer son idée d’une réorientation du libéralisme en faveur de la réforme sociale. Ni l’un ni l’autre n’occupaient de fonction politique, mais ils publiaient régulièrement dans la presse libérale, en particulier le Manchester Guardian, le Daily News et l’hebdomadaire Nation, tout en diffusant leur pensée dans divers ouvrages, dont Liberalism publié par Hobhouse en 1911 et The Crisis of Liberalism par Hobson en 1909. Tous deux se considéraient comme fermement ancrés dans la tradition libérale et défendaient farouchement de nombreux principes au cœur du « vieux » programme libéral des années 1880 ; ainsi, Hobhouse fut un temps secrétaire de l’Union pour le libre-échange (Free Trade Union). Pour les deux hommes, la réforme sociale s’inscrivait dans le prolongement des préceptes libéraux en vigueur et un de leurs principaux objectifs était de montrer que le vocabulaire libéral et les idées qui y étaient associées n’étaient pas incompatibles avec celle-ci ; et ils insistaient tout particulièrement sur le fait que des concepts comme liberty et freedom auxquels souscrivait tout libéral pouvaient être interprétés dans le sens de la réforme sociale.

    Ils abordaient ce problème sous des angles variés. Leonard T. Hobhouse, par exemple, réfutait l’idée selon laquelle la liberté (freedom ou liberty) dans la société reposait sur la liberté de contrat entre les parties, entre employeurs et employés par exemple, tenant l’État à l’écart de toute réglementation des conditions de travail. Hobhouse estimait qu’en réalité « la véritable liberté postule une égalité effective (substantial) entre les parties. À proportion de la position dominante d’une partie, cette dernière est en mesure de dicter ses conditions. Inversement, à proportion de la faiblesse de l’autre partie, cette dernière est forcée d’accepter des conditions défavorables ». L’État, selon lui, était donc justifié à intervenir afin d’assurer de meilleures conditions de travail aux employés, car cela ne faisait que rétablir les conditions d’une négociation libre et égale incarnant une véritable liberté de contrat : « le vrai consentement est le libre consentement, et une pleine liberté de consentement implique l’égalité des deux parties dans la négociation  ». Ce genre d’intervention de l’État restreignait nécessairement la liberté des employeurs, « mais, soutenait Hobhouse, la fonction de la coercition exercée par l’État est de prévaloir sur la coercition individuelle… », et cela était nécessaire pour assurer la liberté des employés au travail, tout comme pour préserver toutes les autres libertés civiles menacées par des groupes puissants. C’est ainsi que Hobhouse en arrivait à la conclusion suivante : « dans de nombreux domaines, un contrôle accru est essentiel à la liberté – par exemple en matière de contrats industriels. Il n’y a, pour moi, aucune contradiction entre liberté et contrôle public ».

    De la même manière, John A. Hobson soutenait que si le but du libéralisme était d’étendre la liberté, ce problème pouvait être formulé en posant la question suivante : « De quelles chances égales [equal opportunities] doit bénéficier chaque Britannique pour s’assurer une réelle liberté d’évolution personnelle [self-development] ? » De quel type d’égalité des chances a-t-on besoin pour assurer à chaque individu une réelle liberté de développement et d’épanouissement de soi ? En d’autres termes, la liberté n’était pas simplement une affaire d’absence de contraintes, mais impliquait aussi la liberté de développer sa personnalité et ses talents, définition que l’on pouvait faire remonter à John Stuart Mill, le saint patron du libéralisme au milieu du 19e siècle. Selon la formule de Hobhouse, « c’était la fonction de l’État d’assurer les conditions grâce auxquelles l’esprit et le caractère de chacun puissent se développer ». C’était là une vision beaucoup plus solidaire des relations entre les individus et la société et de leurs responsabilités mutuelles. En particulier, tandis que l’État était en droit d’attendre de l’individu qu’il fasse tout ce qui était en son pouvoir pour assurer sa propre subsistance, l’individu, en retour, pouvait réclamer « les moyens de préserver les conditions d’une vie civilisée », puisque c’était là une condition sine qua non à tout sentiment de liberté ou à toute perspective de réalisation de soi. Ainsi, pour Hobson comme pour Hobhouse la garantie de conditions minimum de bien-être était un paramètre essentiel à toute société libérale."

    "Après le raz de marée libéral lors de l’élection générale de 1906, les rangs des jeunes députés libéraux comptaient un certain nombre de partisans de la réforme sociale, notamment Charles F. G. Masterman, un journaliste qui, ayant comme de nombreux autres nouveaux libéraux mené des enquêtes sociales et pris part à des actions de terrain, se considérait comme un spécialiste de la question. Afin de promouvoir leurs opinions, quelques nouveaux libéraux déclarés formèrent un groupe « collectiviste » de députés de base (backbenchers) rassemblés autour de leur collègue chevronné sir Charles Dilke. Une analyse des votes libéraux aux Communes montre qu’il y avait un noyau de vingt-cinq à trente députés prêts à voter de manière régulière contre leur gouvernement afin de le pousser plus loin sur le chemin des réformes sociales. Il y avait aussi ceux qui, comme l’ex-leader du Parti, lord Rosebery, se plaignaient du fait que « le Nouveau Libéralisme [était] en réalité largement dirigé contre la liberté, alors que le vieux libéralisme entendait la promouvoir ». Mais, dès 1907, Rosebery, sentant qu’il était à contre-courant, avait pratiquement rompu ses liens avec le Parti libéral."

    "Le tropisme général vers le « collectivisme » (collectivism) à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle avait mis les réformes sociales au cœur du débat entre libéraux et conservateurs dans les années 1890 et 1900. Par exemple, la réforme sociale de loin la plus importante introduite par le gouvernement libéral à cette période fut la loi sur les pensions de retraite de 1908 (Old Age Pensions Act). Celle-ci nous paraît fort modeste aujourd’hui, avec ses cinq shillings par semaine accordés aux citoyens au-dessus de soixante-dix ans dont le revenu annuel était inférieur à trente et une livres et dix shillings ; elle comprenait, en outre, toute une série d’exceptions. Toutefois, elle introduisit quelques principes très importants en séparant, de fait, les prestations sociales de l’ancienne loi sur les pauvres (Poor Law) ; et en octroyant des pensions comme un droit et non plus comme une aide humiliante distribuée à contrecœur à des nécessiteux."

    "à l’instigation de Joseph Chamberlain, les conservateurs avaient mis en avant leur volonté d’instaurer ces pensions lorsqu’ils remportèrent l’élection générale de 1895, avant de notoirement échouer à tenir leurs promesses durant toute la période où ils furent au pouvoir entre 1895 et 1905. Les libéraux ne manquèrent pas de critiquer la supposée duplicité de Chamberlain, mais ce faisant ils devaient eux-mêmes être prêts à reprendre ce projet de pensions. Le coup joué par Chamberlain en 1895 semblait prouver que cette idée était populaire et pas moins de 59 % des candidats libéraux l’introduisirent dans leur programme électoral en 1906. Cela eut pour effet de prendre les conservateurs à revers, alors que c’est eux, et non les libéraux, qui avaient placé ce sujet au centre du débat politique britannique."

    "David Lloyd George, le chancelier de l’Échiquier, chargé de défendre la mesure, n’hésita pas à proclamer que tout libéral qui refuserait cet argument n’était en rien un libéral, mais appartenait « au nouveau parti anarchiste […] ouvertement et cruellement individualiste », démontrant ainsi que l’attachement à l’individualisme, qui avait été un mot d’ordre pour de nombreux libéraux de l’époque victorienne, était en 1908 redéfini comme antilibéral."

    "Bon nombre de libéraux n’étaient pas prêts à accepter un fort accroissement des dépenses, alors même que l’instauration de pensions de vieillesse le rendait inévitable et que venait s’y ajouter un budget en hausse pour le réarmement naval. En 1908-1909, le déficit budgétaire atteignait seize millions de livres.

    Depuis le milieu des années 1890, les libéraux avaient pris parti en faveur d’une méthode particulière pour faire face aux dépenses croissantes de l’État, mais ils n’avaient pas prévu que celles-ci atteindraient de tels niveaux. La méthode en question reposait sur la « progressivité » de l’impôt direct ; il s’agissait de faire payer aux plus hauts revenus un plus fort pourcentage de leur richesse qu’à ceux dont les revenus étaient plus faibles. Cela permettait aux libéraux de ne pas remettre en cause leur sacro-saint principe de libre-échange, en ne taxant pas les importations et en faisant supporter les hausses d’impôts au plus petit nombre. Ce principe avait été appliqué pour la première fois aux droits de succession dans le budget de 1894. Dans le budget de 1909, il fut également appliqué à l’impôt sur le revenu et les fortes augmentations des impôts directs progressifs permirent au gouvernement libéral de financer ses réformes sociales. Mais comment l’ampleur de ces hausses d’impôts pouvait-elle se justifier aux yeux des libéraux, dont beaucoup continuaient de croire dans la réduction des dépenses ? Il aurait été possible de reprendre certains arguments classiques des nouveaux libéraux, en particulier ceux avancés par John A. Hobson, pour justifier de telles mesures. En effet, déjà en 1894, Hobson avait suggéré que l’économie souffrait d’une crise de « sous-consommation  ». Les pauvres n’avaient tout simplement pas assez de revenu disponible pour constituer un marché destiné aux biens britanniques ; ainsi, leur distribuer davantage de revenu permettrait de stimuler l’activité économique. Mais alors que cette théorie économique allait se révéler extrêmement influente dans les années 1920 et 1930, on n’a guère lieu de penser qu’elle fut mise en avant pour défendre le budget du gouvernement par les dirigeants politiques ou les journalistes libéraux en 1909-1910."

    "L’autre grande initiative des libéraux après les pensions de retraite, la loi sur l’assurance nationale de 1911. Tous les citoyens gagnant moins de cent soixante livres par an étaient intégrés à un système administré par l’État, dans lequel, travailleurs, employeurs et État versaient une contribution hebdomadaire à un fonds ; en échange, les membres du fonds bénéficiaient d’indemnités de maladie et d’autres avantages médicaux. En 1913, l’assurance nationale fut étendue à titre expérimental afin de verser des indemnités de chômage à deux millions et demi de travailleurs dans les industries où le chômage cyclique ou saisonnier était fréquent. Ces mesures reçurent, bien sûr, le soutien de John A. Hobson et Leonard T. Hobhouse, et elles s’accordaient parfaitement avec leur vision d’une société plus solidaire, avec des droits et des responsabilités mutuels. Mais elles n’avaient pas fait l’objet d’une large discussion. La plupart des débats sur les grandes réformes sociales n’étaient pas allés plus loin que le financement des pensions, tandis que les socialistes et les travaillistes s’étaient davantage préoccupés de la journée de huit heures et de la législation sur le « droit au travail » pour aider les chômeurs. Surtout, ni Hobson ni Hobhouse (ou aucun autre libéral de premier plan) n’avaient évoqué un système semblable à l’assurance nationale dans leurs écrits. En réalité, les deux auteurs avaient fourni des arguments généraux et théoriques en faveur de la réforme sociale, mais en aucune manière les plans détaillés de systèmes spécifiques. L’assurance nationale était en grande partie l’idée de David Lloyd George, fruit de son implication dans le pilotage de la réforme sur les pensions de retraite à la Chambre des Communes en 1908. La popularité et l’envergure de ces propositions l’amenèrent à voir dans la législation sociale la clé de la réussite du Parti dans l’avenir, et les pensions devraient servir de précédent pour promouvoir de nouvelles prestations sociales. David Lloyd George eut donc l’idée d’un vaste système d’assurance-maladie, mais qui, cette fois, ne serait pas financé entièrement par les impôts comme les pensions de vieillesse. Il s’appuierait au contraire sur le principe qui était déjà connu de millions de gens et sur l’expertise de sociétés d’assurance amies déjà existantes pour administrer le système. Celui-ci, plus encore que dans le cas des pensions, serait fondé sur un droit à l’assistance pour ceux qui auraient participé et contribué à un programme d’assurances."
    -Ian Packer et Bruno Poncharal, « Libéralisme et Nouveau Libéralisme des années 1880 à 1914 », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, 2013/4 (N° 120), p. 15-25. DOI : 10.3917/ving.120.0015. URL : https://www.cairn.info/revue-vingtieme-siecle-revue-d-histoire-2013-4-page-15.htm



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