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    Jacques Roux, « Penser le politique avec Simondon » + Politiques de l’individuation. Penser avec Simondon , dont Yves Citton, Sept résonances de Simondon

    Johnathan R. Razorback
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    Jacques Roux, « Penser le politique avec Simondon » + Politiques de l’individuation. Penser avec Simondon , dont Yves Citton, Sept résonances de Simondon Empty Jacques Roux, « Penser le politique avec Simondon » + Politiques de l’individuation. Penser avec Simondon , dont Yves Citton, Sept résonances de Simondon

    Message par Johnathan R. Razorback Mar 10 Nov 2020 - 17:41

    "Dans le sens courant du terme, on dit d’une position centriste qu’elle est conciliante, consensuelle, qu’elle veut ménager la chèvre et le chou : elle est déqualifiée comme apolitique. Si l’on suit la voie simondonienne, cette position au centre prend une tournure radicalement différente. Précisément, elle prend un tour radical, non pas au sens du parti radical, mais au sens des radicaux américains. Tenir la position du centre, c’est alors se tenir là où les choses se tiennent attachées, là où les extrêmes sont réunis sous forme d’une tension individuante, là où les choses sont réelles. Cette position au centre renvoie les extrêmes à leur statut de fictions, de pôles qui n’existent que pour ceux qui les occupent, qui n’intègrent pas la situation politique dans son processus réel d’individuation, dans son milieu associé."
    -Jacques Roux, « Penser le politique avec Simondon », Multitudes, 2004/4 (no 18), p. 47-54. DOI : 10.3917/mult.018.0047. URL : https://www.cairn-int.info/revue-multitudes-2004-4-page-47.htm

    "Le transindividuel est ce plan du réel où l’individu, lorsqu’il s’y tient, partage avec d’autres cela même qui ne lui appartient pas, ce à quoi lui-même, en tant qu’individu, n’a pas accès."

    "Le défaut de transindividualité, son absence, la lacune que cette absence produit dans le tissu de l’expérience, est source de maladie, d’un rapport maladif du sujet à lui-même."

    "Si le « collectif transindividuel » est le lieu où s’accomplit le dépassement de l’aliénation, c’est dans la mesure où il ne peut se confondre avec l’échange interindividuel, qui est exemplairement celui qui a lieu dans le rapport de travail."

    "Dès lors qu’une pensée spéculative porte l’exigence de faire exister ce que, par elle-même, elle ne peut constituer, si cette existence, cependant, continue de faire défaut, alors l’acte qui définit cette pensée menace d’être un acte fou."

    "Il serait tentant, pour prolonger la pensée de l’individuation, de substituer au projet d’une réforme pédagogique celui d’une expression des mutations sociales et politiques capable de renouveler la visée révolutionnaire : bien des éléments contenus dans l’œuvre de Simondon semblent aller dans ce sens."
    -Muriel Combes, « L'acte fou », Multitudes, 2004/4 (no 18), p. 63-71. DOI : 10.3917/mult.018.0063. URL : https://www.cairn.info/revue-multitudes-2004-4-page-63.htm

    « Pour que notre conscience coïncidât avec quelque chose de son principe, il faudrait qu’elle se détachât du tout fait et s’attachât au se faisant. » -Henri Bergson, L’évolution créatrice, Paris, PUF, 1948, p. 238.

    "Différence que Simondon marque par rapport à une pensée de la physis que l’on pourrait dire « romantique ». Pour lui, et c’est en cela qu’il nous intéresse particulièrement, la nature préindividuelle n’est pas quelque chose que nous devrions retrouver, à laquelle nous devrions chercher à être le plus adéquat possible, elle n’est pas le fondement de tous les éléments de notre expérience, une sorte d’étalon ou de principe sélectif ; elle est une pure construction. La nature préindividuelle est à construire pour pouvoir rendre compte de chaque individuation en la reliant et en lui donnant des dimensions plus larges. C’est le principe méthodologique de la démarche de Simondon: à chaque situation rencontrée dans l’expérience, il s’agit d’inventer et de construire un plan qui en élargisse les dimensions et qui permette de mettre en perspective la manière par laquelle elle se constitue et se relie aux autres éléments de l’expérience. Quel que soit le domaine envisagé – physique, biologique, psychique, collectif ou technique – Simondon construit un plan (une surface) qu’il pose comme préalable à leurs différenciations et qui lui permet de partir de ce qui les lie avant de les différencier."

    "Si le possible est ce qui donne naissance à l’individuation, l’individu qui en surgit diffère du possible qui a suscité son individuation. Produire ou susciter ne signifie pas « contenir » : le possible ne contient pas déjà l’actuel avant que celui-ci n’émerge, car tout individu, nous y reviendrons, est un événement qui ne peut être réductible à l’ensemble des éléments requis par sa genèse."

    "Nous ne savons pas ce que peut donner la mise en relation effective d’éléments hétérogènes, ce qu’on peut appeler un être-collectif au sens large (à la fois composé d’objets, de choses, d’individus, d’idées, etc.), puisque cette mise en relation entraîne nécessairement un régime d’individuation, c’est-à-dire l’émergence de quelque chose qui ne peut être réduit aux éléments qui le composent ni à une totalité quelconque."

    "Et si l’on peut rejoindre Bergson sur sa critique de l’intelligence, comme ce qui transforme l’expérience au profit de l’être-individuel stable et homogène, il n’est cependant pas nécessaire de se référer pour autant à une « intuition ». L’opposition de l’intelligence et de l’intuition tend à ignorer cette partie fondamentale d’une intelligence immanente qui s’explique dans le fonctionnement des pratiques dans lesquelles elle est prise, engagée, et qui se transmet par participation collective (transmissions de savoir-faire). Ces formes de savoir nous placent au plus près de ce qu’est une individuation en ne distinguant pas le processus de la réalité produite, l’opération de son résultat."

    "Le collectif n’est pas une réalité supérieure à l’individu, ni celui-ci le fondement de toute existence collective. Ce qui est premier, ce sont des régimes d’individuation à la fois psychiques et collectifs, humains et non-humains."
    -Didier Debaise, "Qu’est-ce qu’une pensée relationnelle ?", Multitudes, 18, Politiques de l’ individuation. Penser avec Simondon, automne 2004: https://www.multitudes.net/Qu-est-ce-qu-une-pensee/

    https://www.cairn.info/revue-multitudes-2004-4-page-25.htm

    "Avec Simondon, on se trouve bien devant une pensée de l’auto-organisation - telle que l’est fondamentalement celle du libéralisme - mais ce qui, du bas, s’auto-organise n’a plus rien à voir avec l’homo economicus ou le sujet de droit classique. Simondon nous amène à voir qu’il n’y a pas d’individus (tout faits, in-divisibles, a-tomiques) à partir desquels se construiraient les sociétés ou les marchés : il n’y a que des processus d’individuation, qui s’ancrent toujours dans un substrat pré-individuel et qui impliquent des dynamiques transindividuelles. Contre l’individualisme qui a été au cœur de la pensée moderne depuis Locke et les Lumières, Simondon affirme un principe d’inséparabilité  : aucun « individu » n’est isolable comme tel, il doit être compris comme emporté dans un processus permanent d’individuation qui se joue toujours à la limite entre lui-même et son milieu."

    "La définition même que Simondon propose du transindividuel est articulée de façon à distinguer les sociétés humaines des autres formes de sociétés animales : ces dernières « supposent comme condition d’existence l’hétérogénéité structurale et fonctionnelle des différents individus en société » (les fourmis-guerrières, les fourmis-porteuses, etc.) ; « au contraire, le collectif transindividuel groupe des individus homogènes : même si ces individus présentent quelque hétérogénéité, c’est en tant qu’ils ont une homogénéité de base que le collectif les groupe, et non pas en tant qu’ils sont complémentaires les uns par rapport aux autres dans une unité fonctionnelle supérieure » [...] Chaque humain est potentiellement guerrier, porteur, architecte ou écrivain, souvent tout à la fois. Il est donc bien plus qu’un simple « membre » d’un « corps politique » fondé sur une analogie naïve avec un corps biologique dans lequel il est exclu que la clavicule se fasse œil. Ici encore, la lecture de Simondon, loin de donner des solutions qui assignent chacun à une place fixe, déploie un spectre sur lequel les vrais problèmes peuvent se poser."

    "L’affect, contrairement à tout ce qu’affirme l’analyse traditionnelle des « passions », ne se réduit pas à une simple passivité, mais constitue le moment inaugural d’une activité fondamentalement collective."
    -Yves Citton, « Sept résonances de Simondon », Multitudes, 2004/4 (no 18), p. 25-31. DOI : 10.3917/mult.018.0025. URL : https://www.cairn.info/revue-multitudes-2004-4-page-25.htm






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    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".


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