https://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Raffestin
https://www.erudit.org/fr/revues/cgq/1982-v26-n68-cgq2641/021567ar.pdf
https://www.persee.fr/doc/spgeo_0046-2497_1983_num_12_4_3863
-Augustin Berque,
https://www.erudit.org/fr/revues/cgq/1985-v29-n77-cgq2649/021723ar.pdf
https://archive-ouverte.unige.ch/unige:4376
"L'abolition des frontières n'est jamais autre chose qu'une amnésie souhaitée et voulue. L'amnésie débarrasse de beaucoup de problèmes mais elle en crée tout autant. Par ailleurs, il n'y a pas d'amnésie collective réussie...
Autant dire tout de suite que le slogan « il faut gommer les frontières » n'a aucun sens à long terme car la notion de frontière est non seulement constitutive du vivant mais encore constitutive du vivant en société. Tout au plus, par ce slogan, les sociétés européennes sont en train de se fabriquer une crise supplémentaire par la confusion des limites." (p.158)
"Cet interface assume quatre fonctions essentielles : traduction, régulation, différenciation et relation.
La limite est toujours la traduction d'une intention, d'une volonté, d'un pouvoir. Dans cette perspective la frontière est trace, indice, signe et à l'extrême, signal. Autrement dit « vivre » consiste à produire des limites qui traduisent la portée limite d'une activité, d'une force. Au-delà de cette limite, il y a affaiblissement, déstructuration et désorganisation. La limite traduit de l'information et par là même elle devient un instrument de taxonomie territoriale." (p.159)
"La limite est régulation en ce sens qu'elle délimite une aire à l'intérieur de laquelle règne une autonomie relative pour ceux-là mêmes qui l'ont instituée. Elle est garante d'une homéostasie sociale et en ce sens elle agit comme un commutateur qui ouvre ou ferme, permet ou prohibe.
La limite est encore différenciation. Elle est fondatrice de différences qu'elle permet d'instituer ou de préserver. Aucune activité ne peut se passer de différences. L'indifférenciation débouche sur le chaos et par conséquent sur la crise. La limite est une manière de lutter contre l'entropie qui menace, à terme, tout système".
Enfin la frontière est relation dans la mesure où elle juxtapose des territoires qui se confrontent, se comparent et se découvrent.
Dans ces conditions les relations peuvent être d'opposition, d'échange ou de collaboration." (p.160)
"Que dire de la persécution — le mot n'est pas excessif — exercée sur les Suisses qui, pour des raisons privées, passent fréquemment la frontière et sont exposés à des tracasseries et à des sanctions dont le fondement légal n'est de loin pas établi." (p.162)
-Claude Raffestin, « Autour de la fonction sociale de la frontière », Espaces et Sociétés, n°70-71, 1992, pp.157-164.
https://www.erudit.org/fr/revues/cgq/1982-v26-n68-cgq2641/021567ar.pdf
https://www.persee.fr/doc/spgeo_0046-2497_1983_num_12_4_3863
-Augustin Berque,
https://www.erudit.org/fr/revues/cgq/1985-v29-n77-cgq2649/021723ar.pdf
https://archive-ouverte.unige.ch/unige:4376
"L'abolition des frontières n'est jamais autre chose qu'une amnésie souhaitée et voulue. L'amnésie débarrasse de beaucoup de problèmes mais elle en crée tout autant. Par ailleurs, il n'y a pas d'amnésie collective réussie...
Autant dire tout de suite que le slogan « il faut gommer les frontières » n'a aucun sens à long terme car la notion de frontière est non seulement constitutive du vivant mais encore constitutive du vivant en société. Tout au plus, par ce slogan, les sociétés européennes sont en train de se fabriquer une crise supplémentaire par la confusion des limites." (p.158)
"Cet interface assume quatre fonctions essentielles : traduction, régulation, différenciation et relation.
La limite est toujours la traduction d'une intention, d'une volonté, d'un pouvoir. Dans cette perspective la frontière est trace, indice, signe et à l'extrême, signal. Autrement dit « vivre » consiste à produire des limites qui traduisent la portée limite d'une activité, d'une force. Au-delà de cette limite, il y a affaiblissement, déstructuration et désorganisation. La limite traduit de l'information et par là même elle devient un instrument de taxonomie territoriale." (p.159)
"La limite est régulation en ce sens qu'elle délimite une aire à l'intérieur de laquelle règne une autonomie relative pour ceux-là mêmes qui l'ont instituée. Elle est garante d'une homéostasie sociale et en ce sens elle agit comme un commutateur qui ouvre ou ferme, permet ou prohibe.
La limite est encore différenciation. Elle est fondatrice de différences qu'elle permet d'instituer ou de préserver. Aucune activité ne peut se passer de différences. L'indifférenciation débouche sur le chaos et par conséquent sur la crise. La limite est une manière de lutter contre l'entropie qui menace, à terme, tout système".
Enfin la frontière est relation dans la mesure où elle juxtapose des territoires qui se confrontent, se comparent et se découvrent.
Dans ces conditions les relations peuvent être d'opposition, d'échange ou de collaboration." (p.160)
"Que dire de la persécution — le mot n'est pas excessif — exercée sur les Suisses qui, pour des raisons privées, passent fréquemment la frontière et sont exposés à des tracasseries et à des sanctions dont le fondement légal n'est de loin pas établi." (p.162)
-Claude Raffestin, « Autour de la fonction sociale de la frontière », Espaces et Sociétés, n°70-71, 1992, pp.157-164.