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    Nikolaï Boukharine, L'économie politique du rentier. La théorie de la valeur et du profit de l'école autrichienne (Critique de l'économie marginaliste)

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Nikolaï Boukharine, L'économie politique du rentier. La théorie de la valeur et du profit de l'école autrichienne (Critique de l'économie marginaliste) Empty Nikolaï Boukharine, L'économie politique du rentier. La théorie de la valeur et du profit de l'école autrichienne (Critique de l'économie marginaliste)

    Message par Johnathan R. Razorback Mer 23 Juin - 10:11

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Nikola%C3%AF_Boukharine#Une_position_politique_propre_?

    https://www.marxists.org/francais/boukharine/works.htm

    https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1914/00/1914%20Economie%20Politique%20du%20Rentier.pdf

    "Pourrait faire croire qu’une sorte de convergence des deux théories modernes fondamentales de la valeur est en train de s’esquisser ici et là, et c’est d’ailleurs bien ce que préconisent certains empiristes issus de Keynes, comme J. Robinson, ou de Marx, comme Kantorovitch, les uns et les autres rejetant à la métaphysique toute « dogmatique » relative à la fonction-valeur dans l’économie." (p.134)

    "Le lecteur est donc assuré de trouver dans le livre de Boukharine de quoi répondre à ses inquiétudes d’aujourd’hui. Il sera même surpris, je crois, de son actualité, et d’apprendre qu’il y a déjà plus de cinquante ans une discussion de cette ampleur avait été menée avec une doctrine qu’on lui dépeint dans les écoles comme sans rivale." (p.137)
    -Pierre Naville, préface de 1967 à Nikolaï Boukharine, L'économie politique du rentier. La théorie de la valeur et du profit de l'école autrichienne (Critique de l'économie marginaliste), 1914, Éditions Syllepse, 2010, 149 pages.

    "En 1911, Boukharine, jeune dirigeant bolchevik de 23 ans, est emprisonné puis déporté dans l’Arkhangelsk. Il s’évade vers Hanovre, et après un détour par Cracovie où il rencontre Lénine pour la première fois, s’établit à Vienne à la fin de 1912. Inscrit à l’Université, il y suit les séminaires de Böhm-Bawerk et Wieser, les principaux représentants de l’école économique « autrichienne ». C’est à Vienne qu’il écrit son Économie politique du rentier, achevée à l’automne 1914. C’est à Vienne aussi qu’il rencontre en 1913, un autre exilé, Staline, qu’il aidera, dit-on, à rédiger sa brochure Le marxisme et la question nationale. Les études de Boukharine se poursuivront au gré des expulsions, à Lausanne (où il étudiera Walras), puis à Stockholm et enfin à New York, avant son retour en Russie au début de la révolution de février 1917.

    Il faudra attendre 1919 pour que le manuscrit de L’économie politique du rentier soit retrouvé et publié." (p.138)

    "Boukharine a-t-il soutenu des positions intransigeantes contre le traité de Brest-Litovsk ou en faveur du communisme de guerre dont il fait l’éloge et la théorie dans son Economique de la période de transition paru en 1920. Mais un an plus tard, il se rallie à la NEP (Nouvelle politique économique). Après la mort de Lénine en 1924, il combat l’opposition emmenée par Trotski et se rapproche de Staline avec lequel il fera alliance après que Zinoviev et Kamenev aient rompu avec lui. Il est ensuite à l’origine de la théorie du « socialisme dans un seul pays » dont Staline fera l’usage que l’on sait, et l’aide à conforter sa position de pouvoir dans le Parti." (p.139)

    "Boukharine s’adapte aux circonstances et conserve son statut d’intellectuel de référence. Il est ainsi nommé rédacteur en chef des Izvestia en 1934, mais au prix d’un renoncement de fait à toute intervention politique dans la vie du parti. Cela ne suffira pas à le mettre à l’abri des purges staliniennes. Il est arrêté en février 1937, et soumis à partir de mars 1938 à l’un des plus spectaculaires « procès de Moscou » visant le « bloc antisoviétique des droitiers et des trotskistes ».

    Face au procureur Vychinski qui finira par le décrire comme « le produit maudit du croisement d’un renard et d’un porc », Boukharine adopte un système de défense qui consiste à reconnaître sa responsabilité abstraite tout en la niant en pratique : « Je plaide coupable pour tous les crimes commis par cette organisation contre-révolutionnaire, indépendamment de la question de savoir si je connaissais son existence ou si j’ai participé directement à une de ses actions. » Son biographe, Stephen Cohen, dresse un tableau élogieux de l’attitude de Boukharine durant son procès, mais la lecture d’une lettre adressée en 1937 à Staline jette le trouble car elle est assez hallucinante. Elle se termine ainsi : « Ma conscience est pure devant toi, Koba. Je te demande une dernière fois pardon (un pardon spirituel). Je te serre dans mes bras, en pensée. Adieu pour les siècles des siècles et ne garde pas rancune au malheureux que je suis. »

    La seule manière d’interpréter cette reddition est le désir de Boukharine d’épargner des représailles à sa famille en faisant preuve de sa bonne foi. Cette lettre n’est cependant pas son véritable testament politique. Il se trouve dans sa Lettre à la génération future des dirigeants du parti qu’il demande à sa femme, Anna Larina, d’apprendre par cœur pour la transmettre, ce qui sera fait beaucoup plus tard. Il y exprime le vœu d’être lavé des accusations dont il a été l’objet qui sera exaucé avec sa réhabilitation en 1988, une manière de célébrer le centième anniversaire de sa naissance.

    Mais Boukharine est également préoccupé par la sauvegarde de ses écrits de prison. Ils sont considérables puisqu’ils représentent quatre ouvrages, dorénavant disponibles en anglais: un roman autobiographique (How it All Began) ; un traité philosophique (Philosophical Arabesques) ; un essai sur Le socialisme et sa culture, et un recueil de poèmes. Dans une lettre de 1937, il écrit à Staline :« J’ai écrit [les manuscrits de la prison] le plus souvent la nuit, les arrachant littéralement de mon cœur. Je vous prie ardemment de ne pas laisser ce travail disparaître [...]. Cela n’a rien à voir avec mon sort personnel. » Dans une autre lettre adressée à sa femme en 1938, mais qui ne lui parviendra qu’en 1992, il expliquait que ses Arabesques étaient à ses yeux le plus important de ses écrits de prison, un livre « dialectique du début à la fin», une sorte de réponse doublement posthume aux reproches de Lénine dans son Testament." (p.140)

    "Toute l’histoire de l’économie politique peut se résumer en une oscillation entre la théorie de la valeur-travail et celle de la valeur-utilité, avec des variantes et des synthèses plus ou moins boiteuses. Le débat avait déjà opposé Ricardo à Malthus et Say. Ensuite, l’économie politique a été durablement dominée par une synthèse éclectique, commune à Mill et Marshall. Dans ses Principes d’économie politique, Marshall soutient ainsi que le coût de production et l’utilité déterminent conjointement la valeur et que, par conséquent, « discuter de leurs contributions respectives serait aussi stérile que de se demander quelle est des deux lames d’une paire de ciseaux celle qui coupe la feuille de papier ». Mais il confond les fluctuations à court terme de l’offre et de la demande avec la détermination à moyen terme des prix de production et se plaît aussi à sauter d’analyses d’équilibre partiel (un marché pris séparément) à l’équilibre général (l’ensemble des marchés).

    Sur la question de la valeur, Böhm-Bawerk adopte une position unilatérale qui fait des préférences des consommateurs le déterminant final de la valeur des marchandises : un bien vaut plus qu’un autre parce qu’il procure une utilité supérieure. C’est un pur retour aux conceptions préclassiques, contemporaines d’Adam Smith, et dont les représentants les plus systématiques sont  deux abbés : un français, Condillac (1714-1780) et un italien, Galiani (1728-1787)." (p.142)

    "L’essentiel de la critique de Boukharine porte sur cette tentative de refondation de Böhm-Bawerk. A vrai dire, il s’agit d’un véritable galimatias qui semble aujourd’hui complètement dépassé. Mais l’avantage de la présentation de Böhm-Bawerk est d’expliciter ses hypothèses et ses raisonnements. Et si l’on y réfléchit bien, ce sont, encore une fois, les mêmes que l’on retrouve aujourd’hui dans n’importe quel manuel de microéconomie. La grande différence réside dans l’appareil mathématique qui les enrobe, mais le point de vue du consommateur que Boukharine reproche tant à Böhm-Bawerk reste prégnant dans l’économie dominante contemporaine.

    Si cette opposition valeur-travail valeur-utilité est commode, il faut cependant se garder d’une vision simpliste qui opposerait un marxisme ne s’intéressant qu’aux valeurs d’échange à une théorie néoclassique faisant jouer un rôle central à l’utilité. Chez Marx, valeur d’échange et valeur d’usage s’articulent de trois manières. Pour qu’une marchandise soit vendue, il faut d’abord qu’elle possède une valeur d’usage adéquate à la demande sociale solvable. Ensuite, les prix de marché fluctuent autour des prix de production : la loi de l’offre et de la demande explique ces écarts même si elle ne peut rendre compte du niveau des prix de référence.

    Mais les valeurs d’usage importent, même dans le champ du marxisme, car les conditions de reproduction introduisent un troisième point d’application de la demande sociale. En effet, le bouclage des schémas de reproduction suppose une correspondance entre ce qui est produit et ce qui est consommé. Marx écrit par exemple que « pour qu’une marchandise puisse être vendue à sa valeur de marché, c’est-à-dire proportionnellement au travail social nécessaire qu’elle contient, la masse totale du travail social utilisée pour la totalité de cette sorte de marchandise doit correspondre à l’importance du besoin social existant pour cette marchandise, c’est-à-dire du besoin social solvable ». Cette nécessaire adéquation entre la production et les biens concrets qui matérialisent les besoins sociaux vaut encore plus si on raisonne en dynamique. Il faut que la structure des besoins sociaux (solvables) évolue en adéquation avec l’offre, et pas seulement du seul point de vue de la masse de valeurs, mais aussi de la structure des valeurs d’usage qui « portent » cette valeur d’échange globale. Autrement dit, il faut que la structure de consommation soit compatible avec l’orientation de l’accumulation, et la reproduction d’ensemble induit par conséquent une dialectique entre production et consommation." (pp.142-143)

    "La nouveauté introduite par Böhm-Bawerk, qui se défend par ailleurs de suivre Senior, consiste à remplacer l’abstinence par l’attente, en introduisant la notion de « détour de production ». C’est l’idée fondatrice de la théorie autrichienne du capital qui sera retravaillée, bien plus tard, par Hicks dans Le temps et le capital. L’idée est de mesurer le capital par la période de production, pendant laquelle il faut s’abstenir de consommer pour investir. Dans sa Théorie positive, Böhm-Bawerk prend l’exemple, devenu fameux, d’un paysan qui a le choix entre aller chercher de l’eau à la source chaque fois qu’il a soif, ou bien prendre le temps de construire un seau ou, mieux encore, une canalisation. Le capital équivaut donc au temps qu’il faut détourner d’une jouissance (consommation) immédiate pour investir. Et le profit, ou en l’occurrence l’économie de temps, rétribue cet effort et doit donc être proportionnel à la période de production. Cette robinsonnade est en soi absurde, parce qu’elle ne laisse aucune place à la nécessaire division du travail, certains allant chercher de l’eau pendant que d’autres fabriquent des seaux." (p.144)
    -Michel Husson, avant-propos à Nikolaï Boukharine, L'économie politique du rentier. La théorie de la valeur et du profit de l'école autrichienne (Critique de l'économie marginaliste), 1914, Éditions Syllepse, 2010, 149 pages.

    "
    -Nikolaï Boukharine, L'économie politique du rentier. La théorie de la valeur et du profit de l'école autrichienne (Critique de l'économie marginaliste), 1914, Éditions Syllepse, 2010, 149 pages.

    https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1914/00/conciliationnisme.htm



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