http://books.google.fr/books?id=vgabQJa_51cC&pg=PA41&dq=machiavel&hl=fr&sa=X&ei=lOJjVKaoMsffaNnFgWg&ved=0CDMQ6AEwAzgK#v=onepage&q=machiavel&f=false
"Machiavel jouit d'une gloire aussi suspecte qu'universelle: il a écrit Le Prince. Par malheur le titre ne vient pas de Machiavel qui avait appelé son livre De Principatibus, Les Principautés. Cinq ans après la mort de l'auteur, ses premiers éditeurs, Blado et Giunta, ont rebaptisé l'ouvrage. [...] S'il est vrai que, comme nous croyons pouvoir le montrer, le livre I des Discours sur la première décade de Tite-Live n'est pas autre chose que l'ouvrage consacré aux républiques, on rend difficile, en changeant le titre original, de comprendre les relations entre les deux chefs-d’œuvres." (p.1)
"Machiavel se distingue de ses prédécesseurs scolastiques et humanistes parce qu'il a dépassé simultanément le niveau du programme et celui de la philosophie politique, d'inspiration morale, pour construire une anthropologie politique." (p.2)
"Les Thoughts on Machiavelli de M. Léo Strauss offrent le modèle de ce qu'il ne faut pas faire pour pénétrer Machiavel." (p.4)
"C'est l'absence du sens de l'histoire chez les commentateurs, qui a fait de Machiavel objet de la critique le plus extraordinaire caméléon du monde, tour à tour athée, démocrate masqué, janséniste, patriote, quarante-huitard, hégélien, héros de la bourgeoisie, fasciste, chrétien, selon l'humeur de l'exégète et la mode de la période où il écrit. Voici donc notre quatrième règle: la voie royale pour parvenir à l'intelligence des textes machiavéliens n'est autre que l'histoire. [...] Pour le comprendre, la connaissance des événements, du milieu s'impose."
"Ni Savonarole, ni Machiavel ne peuvent, en leur milieu et en leur temps, concevoir une société laïque. Tous deux imaginent une société chrétienne, mais différemment. Pour tous deux la société se caractérise par le langage et par les institutions, mais pour le Frère institutions et langage sont naturels, pour Machiavel artificiels. Pour l'un l'homme est par essence un animal social, pour l'autre, "les hommes sont méchants", c'est-à-dire qu'ils se souviennent de leur utilité individuelle et non de la collectivité. Pour l'un les hommes ne peuvent vivre dans la solitude et forment spontanément des communautés afin de satisfaire leurs besoins, villes, châteaux, exploitations agricoles ; si la société se corrompt, c'est l'effet de la corruption individuelle, mollesse, luxe, volupté. Pour l'autre les sociétés, étant mortelles, sont accidentelles ; les hommes sont égoïstes et hostiles les uns aux autres ; il appartient au pouvoir de les réunir pour les contraindre à vivre ensemble. Renaudet a très bien noté que Machiavel ne croit pas au génie des peuples: il ne croit qu'aux communautés engendrées par l'action consciente et délibérée d'un grand homme."
"1. les partis florentins sont des groupes informels ; 2. ils ne se rattachent pas à des classes ou à des strates déterminés: formés par des intérêts familiaux, par des liens conjugaux, ils se complètent par la clientèle des grandes familles dont ils défendent les ambitions et pénètrent verticalement les différentes couches de la société ; 3. ils forment des groupes de pouvoir et ne sont pas liés par l'idéologie." (p.29)
-Bernard Guillemain, Machiavel: l'anthropologie politique, Genève, Librairie Droz, 1977,
"Machiavel jouit d'une gloire aussi suspecte qu'universelle: il a écrit Le Prince. Par malheur le titre ne vient pas de Machiavel qui avait appelé son livre De Principatibus, Les Principautés. Cinq ans après la mort de l'auteur, ses premiers éditeurs, Blado et Giunta, ont rebaptisé l'ouvrage. [...] S'il est vrai que, comme nous croyons pouvoir le montrer, le livre I des Discours sur la première décade de Tite-Live n'est pas autre chose que l'ouvrage consacré aux républiques, on rend difficile, en changeant le titre original, de comprendre les relations entre les deux chefs-d’œuvres." (p.1)
"Machiavel se distingue de ses prédécesseurs scolastiques et humanistes parce qu'il a dépassé simultanément le niveau du programme et celui de la philosophie politique, d'inspiration morale, pour construire une anthropologie politique." (p.2)
"Les Thoughts on Machiavelli de M. Léo Strauss offrent le modèle de ce qu'il ne faut pas faire pour pénétrer Machiavel." (p.4)
"C'est l'absence du sens de l'histoire chez les commentateurs, qui a fait de Machiavel objet de la critique le plus extraordinaire caméléon du monde, tour à tour athée, démocrate masqué, janséniste, patriote, quarante-huitard, hégélien, héros de la bourgeoisie, fasciste, chrétien, selon l'humeur de l'exégète et la mode de la période où il écrit. Voici donc notre quatrième règle: la voie royale pour parvenir à l'intelligence des textes machiavéliens n'est autre que l'histoire. [...] Pour le comprendre, la connaissance des événements, du milieu s'impose."
"Ni Savonarole, ni Machiavel ne peuvent, en leur milieu et en leur temps, concevoir une société laïque. Tous deux imaginent une société chrétienne, mais différemment. Pour tous deux la société se caractérise par le langage et par les institutions, mais pour le Frère institutions et langage sont naturels, pour Machiavel artificiels. Pour l'un l'homme est par essence un animal social, pour l'autre, "les hommes sont méchants", c'est-à-dire qu'ils se souviennent de leur utilité individuelle et non de la collectivité. Pour l'un les hommes ne peuvent vivre dans la solitude et forment spontanément des communautés afin de satisfaire leurs besoins, villes, châteaux, exploitations agricoles ; si la société se corrompt, c'est l'effet de la corruption individuelle, mollesse, luxe, volupté. Pour l'autre les sociétés, étant mortelles, sont accidentelles ; les hommes sont égoïstes et hostiles les uns aux autres ; il appartient au pouvoir de les réunir pour les contraindre à vivre ensemble. Renaudet a très bien noté que Machiavel ne croit pas au génie des peuples: il ne croit qu'aux communautés engendrées par l'action consciente et délibérée d'un grand homme."
"1. les partis florentins sont des groupes informels ; 2. ils ne se rattachent pas à des classes ou à des strates déterminés: formés par des intérêts familiaux, par des liens conjugaux, ils se complètent par la clientèle des grandes familles dont ils défendent les ambitions et pénètrent verticalement les différentes couches de la société ; 3. ils forment des groupes de pouvoir et ne sont pas liés par l'idéologie." (p.29)
-Bernard Guillemain, Machiavel: l'anthropologie politique, Genève, Librairie Droz, 1977,