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    Léger Marie Deschamps + Georges Barthel, Dom Deschamps et la fin du politique + Éric Puisais, Dom Deschamps : métaphysique de la communauté et réalisation de l'individu

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Léger Marie Deschamps + Georges Barthel, Dom Deschamps et la fin du politique + Éric Puisais, Dom Deschamps : métaphysique de la communauté et réalisation de l'individu Empty Léger Marie Deschamps + Georges Barthel, Dom Deschamps et la fin du politique + Éric Puisais, Dom Deschamps : métaphysique de la communauté et réalisation de l'individu

    Message par Johnathan R. Razorback Dim 15 Aoû - 17:54

    https://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9ger_Marie_Deschamps

    https://www.persee.fr/doc/dhs_0070-6760_1977_num_9_1_1138

    "Tout tend à la révolution la plus fâcheuse dans la religion et le gouvernement."
    -Léger Marie Deschamps, Lettres sur l'esprit du siècle, 1769.

    "
    (pp.335-336)

    "
    (pp.336-338)

    https://www.cairn.info/revue-dix-huitieme-siecle-2009-1-page-187.htm

    "Deschamps, tout d’abord, était un moine, un bénédictin. Il appartenait à une communauté religieuse qui, en général, au 18e siècle connut des difficultés. C’est, de surcroît, une communauté, celle de Saint-Maur, qui s’est surtout illustrée par des travaux d’érudition et d’écriture. Lui-même a participé longuement à cette tâche importante, en particulier, en tant qu’historien de la Touraine, et aussi, à ce titre, en tant que généalogiste. Il devait s’intéresser à celui qui était la figure emblématique, du point de vue de la philosophie, dans la région : René Descartes. C’est à Dom Deschamps que l’on doit d’avoir retrouvé son acte de baptême !

    Fût-ce par désintérêt des questions historiques, fût-ce afin de trouver dans une retraite rurale un lieu propice à ses méditations métaphysiques, fût-ce pour s’éloigner des centres importants de son ordre et trouver dans cet isolement un refuge le désengageant des querelles politiques qui le tourmentaient alors, Deschamps a demandé à être nommé procureur du petit prieuré de Montreuil-Bellay, aux confins du Poitou, de l’Anjou et de la Touraine. La micro-communauté qui servit de cadre à sa vie quotidienne ne comptait, lui compris, que quatre moines.

    Rétrospectivement, quand nous l’observons, on ne peut que trouver cette décision étrange et presque paradoxale. Peut-on espérer se manifester à son siècle depuis une telle retraite ? Deschamps qui prétendait pouvoir dévoiler la Vérité et provoquer ainsi le grand « branle » universel pouvait-il sérieusement espérer que l’heureuse révolution prît sa source à Montreuil-Bellay ?

    Initialement, Dom Deschamps n’avait pas l’ambition de devenir un « Philosophe ». Sa théorie de la vérité met d’emblée en question les habitudes et les schémas de pensée à travers lesquels nous identifions la figure du « philosophe » et la notion de « vérité ». La Vérité étant, selon lui, par nature intemporelle et impersonnelle – non-individualisable – il n’avait pas la prétention ultime de se considérer comme son Auteur (individué). Tout au plus devait-il se borner à en être, humblement, le transcripteur."

    "Deschamps n’aura jamais mésestimé les génies de son époque. Il s’est intéressé à leur pensée, a lu leurs œuvres, il a correspondu avec eux, cherchant même parfois à s’en faire des disciples."

    "Ce qui est à l’appui du désordre moral de l’humanité, c’est d’avoir fait de ce principe métaphysique un Dieu personnel, rémunérateur et vengeur. C’est d’avoir fait une Église, une institution et une communauté partielle, indûment distinguée du tout. Car la religion (et non point, ici, la théologie) a fondé, sur le culte d’une divinité personnelle, l’ordre sanglant de la société. C’est elle qui, prêchant l’union, justifie la désunion entre les hommes faisant les uns rois et les autres esclaves, instaurant la domination du fort sur le faible et le joug cruel des lois divines et humaines. Sous le titre de « lois divines » se sont cachés les fondements fallacieux de toute domination. Les ressorts de la domination demandent à être cachés, ils n’auraient plus de jeu, s’ils étaient connus des hommes. Dévoiler les ressorts de la domination, ce n’est pas uniquement en dénoncer les contenus ou procéder à une explication politique ; c’est, pour Deschamps, en saisir « métaphysiquement » les principes logiques. Il n’est pas utile de vouloir faire un Prince juste et bon, il faut ne plus avoir de Prince ! Ce ne sont pas les individus qu’il faut remplacer, ce sont leurs conditions d’existence."

    "Son système, dans son expression « morale » (c’est-à-dire, pour lui, politique), reconnaît trois états : l’état de nature, l’état social (ou état des lois), et l’état de mœurs. Le dernier représente ce vers quoi l’histoire de l’humanité doit tendre. Le système deschampsien est téléologiquement orienté. Il y a une destination de l’homme : la construction d’une communauté humaine débarrassée non de ses individus, mais de ses individualités.

    Son système, comme il l’expérimente lui-même dans l’expression de sa pensée, vise à l’abolition du « je », du Moi haïssable de Pascal. Si l’insensé peut encore croire que « je ne suis pas toi, plus insensé encore serait, pour Deschamps, celui qui, se mettant d’accord avec Victor Hugo, ne reconnaîtrait pas, dès lors, que le « je » et le « toi » doivent s’abolir dans le « nous »."

    "Dom Deschamps est radical en ceci qu’il accuse la plupart des Philosophes des Lumières de se contenter de demi-Lumières. À l’image de cette coutume de l’abbé dans l’eau, ils peuvent bien tenter de subvertir l’ordre et d’en renverser les conséquences, mais ils ne se seront pas pour autant attaqué aux principes eux-mêmes. Ici, comme avec l’abbé dans l’eau, il restera toujours un « fort » pour justifier sa domination. Celle-ci changera de main, mais ne sera point supprimée. Ainsi, les lois divines ne sont-elles à ses yeux qu’une supercherie du législateur ; il fallait trouver une caution morale « divine » pour masquer la réalité de l’origine du mal : l’institution purement humaine de la propriété privée et de l’inégalité. Que la propriété fût celle de tel individu ou de tel autre, en son principe elle se maintient, et avec elle ses vices et l’ensemble des inégalités qu’elle peut engendrer. [...]  lorsque Deschamps s’en prend aux rapports de propriété, il s’en prend, dans le même temps, au rapport de propriété de l’homme sur la femme. « La communauté des femmes, dira-t-il, est l’essence de l’état de mœurs". Elle en est l’essence parce qu’elle représente, en elle-même, la suppression de tout rapport de propriété, de tout rapport de domination. Selon Deschamps, la relation homme/femme, comme la relation père/enfant, est non seulement une relation de domination du fort sur le faible, mais elle est celle à partir de laquelle les autres découlent. Il s’agit donc de la supprimer en tout premier lieu."

    "De cette usurpation du droit des femmes à être les égales des hommes dans la société, découlent de grands maux, à commencer par la prostitution. Deschamps, de façon très subversive pour un moine, explique et justifie la nécessité de la prostitution dans l’état social en en rejetant la faute, non sur la moralité des prostituées elles-mêmes, mais précisément sur la société elle-même qui rend cette situation, dégradante pour la femme, nécessaire au maintien de cet ordre social qu’il veut supprimer."

    "Selon Deschamps, en effet, Spinoza a parfaitement compris l’un, mais il n’a pas aperçu l’unique, et, faisant de sa substance unique, une substance infiniment modifiée, il devait, par la modification qu’elle accepte, faire en réalité deux substances : l’une qui est unique, et, en tant qu’unique non modifiée, et l’autre qui est une et qui accepte ou supporte la modification. Aussi, bien que pour Spinoza, omnis determinatio est negatio, il n’a pas, selon Deschamps, compris le sens négatif de la substance. L’un représente le positif et le fini, l’unique le négatif et l’infini."

    "Si on envisage la communauté, on y trouve à la fois l’un et l’unique. L’individu est un, c’est-à-dire simple individu en tant qu’il est compris comme appartenant à sa communauté, et il est unique en ce sens qu’en elle il réalise son individualité. Deschamps nous impose donc de repenser les catégories traditionnelles, nous apporte les moyens de le faire, et nous offre la possibilité de distinguer du positif au négatif l’individu et l’individualité. Autrement dit, la communauté ne se présente plus comme la négation de l’individu, mais au contraire comme son affirmation en tant que l’être individuel affirme par la communauté à laquelle il appartient l’ensemble des autres individus qui la composent. L’individualité serait, quant à elle, la négation de l’être un, c’est-à-dire l’individu en tant qu’il est l’élément multiple d’une communauté qui le réalise."
    -Éric Puisais, « Dom Deschamps : métaphysique de la communauté et réalisation de l'individu », Dix-huitième siècle, 2009/1 (n° 41), p. 187-203. DOI : 10.3917/dhs.041.0187. URL : https://www.cairn.info/revue-dix-huitieme-siecle-2009-1-page-187.htm


    "
    -Annie Ibrahim, « Dom Deschamps, bénédictin athée, matérialiste et communiste », dans Duflos Colas (dir.), Lumières, matérialisme et morale, Paris, Publication de la Sorbonnes, 2016, p. 137-153.



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    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".


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