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    Peter Gelderloos, Comment la non-violence protège l'Etat + Diversité des tactiques

    Johnathan R. Razorback
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    Message par Johnathan R. Razorback Dim 17 Oct - 17:08

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Peter_Gelderloos

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Diversit%C3%A9_des_tactiques

    https://fr.book4you.org/book/11950251/616817


    [Chapitre 1 : La non-violence est inefficace]
    « Je pourrais passer beaucoup de temps à parler des échecs de la non-violence. Toutefois, il semble plus utile de parler des succès de la non-violence. Le pacifisme attirerait difficilement de nouvelles recrues si son idéologie n’avait remporté aucune victoire historique. Examinons ces succès emblématiques : l’indépendance de l’Inde gagnée contre l’empire colonial britannique, l’acceptation d’un nombre maximum dans la course à l'armement nucléaire, les plafonds imposés au nombre d’armes nucléaires par les négociations SALT (Strategic Arms Limitation Talk), le mouvement pour les droits civiques des Noir-e-s américain-e-s dans les années 1960 et le mouvement pacifiste pendant la guerre contre le Vietnam. Et bien qu’elles n’aient pas encore été saluées comme une victoire, les protestations massives de 2003 contre l’invasion de l’Irak par les États-Unis ont été très applaudies par les activistes non-violent-es.
    On peut discerner un schéma récurrent de manipulation historique et de blanchiment flagrant dans chacune des victoires revendiquées par les activistes non-violent-e-s. La position pacifiste requiert que le succès doit pouvoir être attribué aux tactiques pacifistes et à elles seules, alors que nous autres pensons que le changement provient de l’ensemble des tactiques utilisées dans toute situation révolutionnaire, pourvu qu’elles soient déployées de façon efficace. Parce qu’aucun conflit social majeur ne présente une uniformité de tactiques et d’idéologies – autrement dit on trouve dans tous les conflits de ce genre le recours à des tactiques pacifistes et à des tactiques résolument non-pacifistes –, les pacifistes doivent effacer la part d’histoire qui est en désaccord avec leurs affirmations ou au contraire attribuer leurs échecs à la présence au sein du mouvement concerné d’une forme de lutte violente. »
    « On nous raconte qu’en Inde, guidés par leur leader Gandhi, les gens construisirent au fil des décennies un mouvement non-violent de masse et s’engagèrent dans la protestation, la non-coopération, les boycotts économiques, des grèves de la faim exemplaires et des actes de désobéissance pour bloquer la machinerie de l’impérialisme britannique. Ils subirent des massacres et répliquèrent par une ou deux émeutes mais, dans l’ensemble, le mouvement fut non-violent et, après avoir persévéré pendant des décennies, le peuple indien gagna son indépendance, délivrant ainsi une victoire pacifiste certifiée.
    L’histoire réelle est plus compliquée, puisque des poussées violentes ont également influencé la décision de retrait des Britanniques. Ceux-ci avaient perdu la capacité de maintenir leur pouvoir colonial, après que des millions de leurs soldats meurent et qu'une grande quantité de ressources diverses soient anéanties au cours de deux guerres mondiales extrêmement violentes, dont la seconde dévasta tout spécialement la "mère patrie". Les luttes armées des militant-e-s arabes et juifs en Palestine entre 1945 et 1948 continuèrent d’affaiblir l’empire britannique, et rendirent alors évidente la menace que les Indien-ne-s pourraient abandonner la désobéissance civile et prendre les armes en masse si l'on continuait de les ignorer encore longtemps ; tout ceci ne peut être exclu des facteurs qui déterminèrent la décision des Britanniques de renoncer à une administration coloniale directe.
    On réalise que cette menace était encore plus directe lorsque l’on comprend que l’histoire pacifiste du mouvement d’indépendance indien brosse un tableau sélectif et incomplet : la non-violence n’était pas universelle en Inde. La résistance à la colonisation britannique comprenait bien assez de lutte violente ou armée pour que l’on considère de façon plus exacte que la méthode gandhienne était l’une des différentes formes concurrentes de résistance populaire. Dans leur dérangeante démarche d’universalisation, les pacifistes effacent ces autres formes de résistance et contribuent à propager l’histoire fausse selon laquelle Gandhi et ses disciples étaient la seule boussole de la résistance indienne. Sont ainsi passés sous silence d’importants dirigeants militants comme Chandrasekhar Azad, qui combattit les armes à la main contre les colons britanniques, et des révolutionnaires comme Bhagat Singh, qui s’attira un soutien massif en commettant des attentats à la bombe et des assassinats au profit d’une lutte visant le renversement du capitalisme tant indien que britannique.
    L’histoire pacifiste de la lutte indienne ne peut rendre compte du fait que Subhas Chandra Bose, le candidat favorable à l'usage de méthodes de luttes non exclusivement pacifiques, fut élu deux fois président du Congrès National Indien, en 1938 et 1939. Si Gandhi fut peut-être la figure la plus remarquablement influente et populaire dans la lutte pour l’indépendance de l’Inde, la position dirigeante qu’il assuma ne lui valut pas toujours un soutien unanime des masses. Il perdit tellement de soutien des Indien-ne-s lorsqu’il appela au calme après l’émeute de 1922 que « pas le moindre murmure de protestation ne se fit entendre en Inde quand les Britanniques l’arrêtèrent ensuite ».
    De façon significative, l’histoire se souvient de Gandhi plus que de tous les autres non pas parce qu’il représentait la voix unanime de l’Inde, mais de par l’attention particulière que lui porta la presse britannique et la prééminence que lui valut le fait d’être pris comme interlocuteur lors d’importantes négociations avec le gouvernement colonial britannique. Si l’on se rappelle que l’histoire est écrite par les vainqueurs, une autre strate du mythe de l’indépendance indienne s’effrite.
    Mais l’aspect le plus désolant de l'affirmation des pacifistes que l’indépendance de l’Inde est une victoire pour la non-violence est qu’elle donne tête baissée dans la manipulation historique élaborée dans l’intérêt des États impérialistes et partisans de la suprématie blanche, qui ont colonisé les pays du Sud. Le mouvement de libération de l’Inde échoua. Les Britanniques ne furent pas contraints à quitter l’Inde. Ils choisirent au lieu de ça de transférer le territoire d'une administration coloniale directe à une administration néocoloniale. Quelle sorte de victoire autorise les perdants à dicter le calendrier et les modalités de l’ascension des vainqueurs ? Les Britanniques rédigèrent la nouvelle constitution et remirent le pouvoir entre les mains de successeurs qu’ils choisirent. Ils attisèrent les flammes du séparatisme ethnique et religieux afin que l’Inde soit affaiblie par des divisions internes, empêchée de bénéficier de la paix et de la prospérité, et dépendante de l’aide militaire et autres formes de soutien de la part des États euro-américains. L’Inde est toujours exploitée par des entreprises euro-américaines (bien que plusieurs nouvelles entreprises indiennes, principalement des filiales, se soient jointes au pillage), et continue de fournir des ressources et des marchés aux États impérialistes. Par bien des façons, la pauvreté de son peuple s’est aggravée et l’exploitation est devenue plus efficace. L’indépendance à l’égard du pouvoir colonial a donné à l’Inde plus d’autonomie dans quelques zones, et a certainement permis à une poignée d’Indiens de s’asseoir dans les fauteuils du pouvoir, mais l’exploitation et la marchandisation des ressources s’est approfondie. Qui plus est, l’Inde a perdu la nette opportunité que représentait une lutte d’émancipation riche de sens menée contre un oppresseur étranger aisément identifiable. Aujourd’hui, un mouvement d’émancipation aurait a s’opposer aux dynamiques déconcertantes du nationalisme et de la rivalité ethnique et religieuse pour abolir un capitalisme et un gouvernement domestiques bien plus développés que dans leurs formes d’alors. Tout bien pesé, le mouvement d’indépendance a donc bien échoué. »
    « L'idée que l'on se fait en général (avant tout chez les progressistes blanc-he-s, les pacifistes, les éducateur-ices, les historien-nes et les officiel-les du gouvernement) du mouvement contre l’oppression raciale aux États-Unis est qu'il était avant tout non-violent. Mais bien au contraire, malgré le fait que des groupes pacifistes tels que la SCLC (Southern Christian Leadership Conference) de Martin Luther King Jr aient eu un pouvoir et une influence considérables, le soutien populaire au sein du mouvement se cristallisait de façon croissante autour de groupes révolutionnaires comme le Black Panther Party, particulièrement chez les Noir-e-s pauvres. Selon un sondage mené en 1970 par l’institut Harris, 66 % des Afro-Américain-e-s déclaraient que les activités du Black Panther Party les rendaient fier-e-s, et 43 % que ce parti incarnait leurs propres vues. En fait, la lutte violente a longtemps été partie intégrante de la résistance des Noir-e-s à la suprématie blanche. Mumia Abu-Jamal documente de façon solide cette histoire dans son livre de 2004, « We want freedom ».
    Il y écrit : « Les racines de la résistance armée plongent en profondeur dans l’histoire des Afro-Américains. Seuls ceux qui ignorent ce fait considèrent le Black Panther Party comme quelque chose d’étranger à notre héritage historique commun ». En réalité, les fractions non-violentes ne peuvent être distillées et séparées des franges révolutionnaires du mouvement (même si la désaffection et les rancunes, encouragées par l’État, ont souvent existé entre elles). Les activistes pacifistes de la classe moyenne, y compris Luther King, ont tiré une grande part de leur pouvoir du spectre de la résistance noire et de l’existence de révolutionnaires noir-e-s armé-e-s.
    Au printemps de 1963, la campagne de Birmingham lancée par Martin Luther King semblait clairement devoir être une répétition de l’action qui avait lamentablement échoué à Albany, en Géorgie, où une campagne de désobéissance civile menée pendant 9 mois en 1961 démontra l’impuissance des protestataires non-violent-e-s contre un gouvernement disposant de prisons apparemment sans fond et où, le 24 juillet 1962, de jeunes émeutier-e-s occupèrent des blocs entiers pendant une nuit et forcèrent la police à se retirer du ghetto, démontrant qu’après un an de campagne non-violente, les Noir-e-s d’Albany continuaient de combattre le racisme mais avaient renoncé à préférer la non-violence. Et voilà que le 7 mai à Birmingham, à la suite de continuelles violences policières, trois mille Noir-e-s commencèrent à contre-attaquer, criblant la police de pierres et de bouteilles. À peine deux jours plus tard, la ville de Birmingham, qui avait jusque-là été un inflexible bastion de la ségrégation, accepta de mettre fin à la ségrégation dans les magasins du centre-ville, et le Président Kennedy soutint cette décision en accordant des garanties fédérales. Le lendemain, après que des suprématistes blancs de l’endroit eurent fait exploser des bombes dans un domicile noir et dans un commerce noir, des milliers de Noir-e-s s’émeutèrent à nouveau, s’emparant d’une zone de neuf blocs, détruisant des voitures de police, blessant plusieurs policiers (dont l’inspecteur en chef), et incendiant des entreprises blanches. Un mois et un jour plus tard, le Président Kennedy en appelait au Congrès pour qu’il adopte le Civil Rights Act, mettant ainsi fin à plusieurs années d’une stratégie visant à embourber le mouvement pour les droits civiques. Il est donc permis de penser que les principales des victoires limitées (sinon creuses) du mouvement des droits civiques survinrent lorsque les Noir-e-s démontrèrent qu’ils ne resteraient pas pacifiques éternellement. »
    « Une fois que l’on a réalisé que jamais dans l’histoire la non-violence n’a mené à des victoires sur la voie de buts révolutionnaires, on peut alors examiner d'autres graves défauts dans la non-violence. »
    [Chapitre 2 : La non-violence est raciste]
    « Dans le contexte contemporain, la non-violence est en soi une posture de privilégié-e-s. Outre que le pacifiste lambda est assez clairement un Blanc de la classe moyenne, le pacifisme comme idéologie émane d’un contexte privilégié. Il ignore que la violence est déjà là ; que la violence est inévitable, car elle fait structurellement partie intégrante de la hiérarchie sociale actuelle ; et que ce sont les personnes de couleur qui sont les plus touchées par cette violence. Le pacifisme présuppose que les Blanc-he-s qui ont grandi dans des banlieues pavillonnaires, et en obtenant satisfaction de tous leurs besoins de base, peuvent conseiller aux personnes opprimées, dont un grand nombre sont des personnes de couleur, de subir patiemment une violence indiciblement plus grande que celle qu’ils ont connue eux-mêmes, jusqu’au jour où le Grand Père Blanc se laissera émouvoir par les exigences du mouvement, ou bien que les non-violent-e-s parviendront à la légendaire « masse critique ».
    « Bien que l’histoire conventionnelle lui accorde relativement peu d’attention, Malcolm X eut énormément d’influence sur le mouvement de libération noir et fut reconnu comme tel par le mouvement lui-même et par les forces gouvernementales chargées de détruire le mouvement. Dans une note interne, le FBI traite de la nécessité d’empêcher l’émergence d’un messie noir dans le cadre de son Programme de Contre-Espionnage (Counter Intelligence Program). Selon le FBI, c’est Malcolm X « qui aurait pu devenir un tel messie ; aujourd’hui, il est le martyr du mouvement ». Le fait que Malcolm X soit ainsi pointé par le FBI comme une menace majeure pose la question de la possible implication de l’État dans son assassinat. Il est certain que d’autres activistes noir-e-s non pacifistes furent la cible de tentatives d’élimination, y compris d’assassinat. Pendant ce temps, on laissa Martin Luther King Jr acquérir célébrité et influence, jusqu’à ce qu’il se radicalise, se mette à parler d’une révolution anticapitaliste et à plaider pour la solidarité avec la lutte armée des Vietnamien-ne-s. »
    « L’impératif de la non-violence supplante le respect basique qui consiste à faire confiance aux gens pour se libérer eux-mêmes. »
    « À l’examen, la non-violence s’avère imbriquée dans des dynamiques de race et de pouvoir. La race est un élément essentiel à notre expérience d’oppression et de résistance. De longue date, une des composantes du racisme est le présupposé que les Européen-ne-s, ou les colons européens sur d’autres continents, savent ce qui est le mieux pour des populations qu’ils considèrent comme « moins civilisées ». Les gens qui luttent contre le racisme doivent sans équivoque mettre fin à cette tradition et accepter qu’aucune priorité donnée au pacifisme ne peut tenir face à l’impératif que chaque communauté ait le pouvoir de déterminer sa propre forme de résistance, en se fondant sur ses propres expériences. »
    [Chapitre 3 : La non-violence est étatiste]
    « On peut dire, pour résumer, que la non-violence assure un monopole de la violence à l’État. Les États – bureaucraties centrales qui protègent le capitalisme, préservent un ordre patriarcal, fondés sur la suprématie blanche et implémentent l'expansion impérialiste – survivent en assumant le rôle de seul pourvoyeur légitime de la force violence sur leur territoire. Toute lutte contre l'oppression doit passer par un conflit avec l’État. Les pacifistes font le jeu de l’État en pacifiant l'opposition par avance. Les États, de leur côté, découragent la lutte potentiellement radicale au sein de l'opposition et encouragent à la passivité.
    Certain-e-s pacifistes obscurcissent cette relation mutuelle en clamant que le gouvernement adorerait les voir abandonner leur discipline non-violente pour s'abandonner à la violence, que le gouvernement incite même les dissident-e-s à la violence, et que de nombreux activistes défendant l'usage tactique de moyens dits violents sont, en fait, des provocateurs du gouvernement. Ainsi, selon eux, ce sont les activistes militant-e-s qui jouent dans le jeu de l’État. Bien que dans certains cas le gouvernement US aie utilisé des infiltré-e-s pour pousser les groupes radicaux à se procurer des armes ou à planifier des actions violentes (par exemple dans les cas de la tentative de Molly Maguire et Jonathan Jackson de frapper le tribunal), une distinction cruciale est à faire. Le gouvernement n'encourage la violence que lorsqu'il est sûr que cette violence peut être contenue et qu'elle ne lui échappera pas des mains. Au final, pousser un groupe militant à agir prématurément ou à se jeter dans un piège élimine le potentiel violent de ce groupe tout en garantissant aisément une peine à perpétuité ou en autorisant les autorités à outrepasser le processus judiciaire et à tuer les radicaux plus rapidement. Dans l'ensemble, et dans presque tous les autres cas, les autorités pacifient la population et découragent la rébellion violente. »
    « Les pacifistes clament que le refus de la violence a aidé à la déségrégation des écoles et des universités dans le sud, mais ce sont au bout du compte des unités armées de la Garde Nationale qui ont permis aux premier-e-s étudiant-e-s Noir-es d'entrer dans ces écoles et qui les ont protégé-e-s contre des tentatives d'expulsion par la force, ou pire. Si les pacifistes sont incapables de défendre leurs propres gains, que feront-ils lorsque la violence organisée de la police et de la Garde Nationale ne sera pas de leur côté ? (A ce propos, les pacifistes se souviendraient-ils de la déségrégation comme d'un échec si les familles Noires avaient eu besoin d'appeler les Deacons for Defense plutôt que la Garde Nationale, pour protéger leurs enfants qui rentraient dans ces écoles entièrement blanches ?) La déségrégation institutionnelle a dans les faits été favorable aux structures de pouvoir suprématistes, parce qu'elle a diffusé une crise, a augmenté les possibilités de manipuler les dirigeants Noirs et a rationalisé l'économie en niant la hiérarchie raciale si fondamentale à la société US. La Garde Nationale a donc été appelée pour aider à la déségrégation des universités. Il n'est pas difficile d'imaginer une série d'objectifs révolutionnaires que la Garde Nationale ne serait jamais appelée à défendre. »
    -Peter Gelderloos,




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