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    Julien Freund, L'Essence de l'économique

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Julien Freund, L'Essence de l'économique Empty Julien Freund, L'Essence de l'économique

    Message par Johnathan R. Razorback Sam 18 Déc - 17:37

    https://book4you.org/book/16839769/caad6a

    "On entend en général par économie l'ensemble des opérations onéreuses ou gratuites dont le but est d'assurer par l'action et la connaissance la subsistance des êtres et d'organiser avec les moyens chaque fois disponibles leur survie." (p.7)

    "Les théories économiques, même celles qui récusent la philosophie, véhiculent au moins implicitement des bribes de philosophie." (p.9)

    "Nés avec le temps, le libéralisme et le socialisme peuvent disparaître avec lui, à la différence de la donnée de l'économie qu'est le besoin." (p.10)

    "Le socialisme qui peut se prévaloir de certaines réussites est celui de la social-démocratie, lorsqu'elle intègre des éléments empruntés à l'économie du marché. De même le libéralisme n'est tolérable que s'il ne pousse pas la liberté de la concurrence à l'extrême, au mépris des aménagements sociaux indispensables." (p.12)

    "[Première partie: La donnée]
    CHAPITRE I : PRÉALABLES ANTHROPOLOGIQUES ET HISTORIQUES." (p.17)

    "Pendant que les Phéniciens par exemple s'adonnaient déjà au commerce, y compris sur mer, d'autres peuples demeuraient plongés dans la relative pénurie d'une économie de subsistance. Durant leur développement certains sont passés par des étapes que d'autres ont ignorées et même lorsqu'ils sont passés par degrés de développement analogues la durée ne fut pas chaque fois -la même." (p.18)

    "On ne saurait dire quel est le type d'économie le plus ancien : celui de la communauté des biens, ou celui de la propriété familiale ou individuelle." (p.18)

    "Le Moyen Age fut une époque en quelque sorte idéaltypique de l'économie de partage, ce qui ne veut pas dire que l'on n'aurait pas pratiqué autrefois l'économie d'échange (à l'exemple des Phéniciens ou des Grecs) car il ne s'agit pas entre les deux notions d'une succession chronologique, ni que l'échange aurait été inconnu au Moyen Age. Pour des raisons en général religieuses, il donnait la préférence à l'économie de partage et à ses conséquences que furent le refus de l'exploitation d'un profit et celui d'une expansion en principe illimitée.

    Ainsi, le moine travaillait, non pas dans le but de produire toujours plus de biens, mais uniquement pour assurer la subsistance matérielle d'une vie destinée à quelque chose de plus important, à savoir la glorification de Dieu. La noblesse était en principe au service de la défense des diverses communautés de partage, selon un esprit de gratuité dit chevaleresque. En ville régnait l'esprit de la communauté artisanale, dit encore celui des "corps de métiers", qu'on appellera plus tard corporations. Il régnait dans cette communauté le partage entre le maître, le compagnon et l'apprenti (souvent ils vivaient sous le même toit). Ce style de vie donna lieu à des règles strictes qui excluaient comme illégales ou plutôt comme "déloyales" la concurrence propre au système de l'échange. Il ne s'agissait pas d'aguicher le plus grand nombre de clients, mais d'offrir un produit de qualité. On retrouve sous d'autres formes ce style économique du partage, par exemple dans les civilisations qu'on appelait "primitives" à l'époque de DURKHEIM, mais aussi dans des territoires dominés par le bouddhisme.

    L'une des raisons de la décadence du Moyen Age fut l'abandon progressif ou souvent l'altération de ce style de vie, bien que l'esprit chrétien continuât à demeurer vivace. Les monastères subsistèrent, mais ils cessèrent de passer pour le principe structurant de la société ou le modèle à généraliser. On pensa alors faire de la société un immense monastère, selon la formule bien connue de Sébastien FRANCK : désormais tout chrétien devait vivre comme un moine. En réalité, l'idée d'une économie commerciale, fondée sur l'échange, n'a jamais entièrement disparu à cette époque, ainsi qu'en témoigne l'institution des foires, à l'image de celle de Champagne. C'est aux franges de la respublica christiana, grâce à la Hanse dans les pays nordiques, mais aussi à certaines villes italiennes qui gardaient un contrat étroit avec Byzance, par exemple Venise, que l'échange perdura." (p.21)

    "On distingue l'économie domestique au sens de XÉNOPHON, qui concernait la manière plus ou moins habile d'administrer son ménage, au sens large que ce terme avait chez les Grecs et les Romains, et par conséquent de faire fructifier les acquis du travail réalisé par les esclaves et plus tard les serfs. Ce sens subsiste dans l'expression "être économe" et même dans l'habileté qui consiste à obtenir le meilleur résultat en ne gaspillant pas les moyens (économie des moyens). D'autre part, nous avons l'économie privée (au sens moderne du terme), en tant qu'activité qui avait pour base une manufacture (plus tard une entreprise), dont le budget était autonome. A la limite le profit servait à agrandir la fortune personnelle, mais aussi à développer l'organisation dans son autonomie. Enfin, il Y a l'économie publique ou politique, dont l'organisation générale devenait l'un des attributs de l'État souverain, dans la mesure où il devint le maître unique de la monnaie qui circulait légalement dans les limites de ses frontières. En conséquence, l'État fut dès lors tenté d'intervenir de tout son poids dans l'administration et le développement du monopole dont il disposait, les gestionnaires n'étant plus recrutés parmi les membres de la famille, mais parmi les citoyens choisis en raison de leur capacité et de leur compétence. De ce point de vue l'ouvrage Économie politique de MONTCHRESTIEN paru en 1615 fut beaucoup plus décisif que ne le pensent les historiens français de l'économie, à la différence de leurs collègues étrangers." (p.23)

    "[Le capitalisme] consiste dans le phénomène de l'investissement dans des entreprises aux tailles variées, en vue d'augmenter les capacités de production. Comme tel, il a été le responsable principal du confort moderne, avec l'appui des nombreux progrès techniques. Il n'est interdit à personne de rêver avec nostalgie aux conditions de la vie d'autrefois, mais il nous paraît déraisonnable, sinon insensé, de profiter des commodités actuelles de la voiture, de l'avion ou des appareils ménagers et de passer son temps à dénigrer le capitalisme qui en a été le promoteur. On peut diverger sur la nature des instituts d'investissements (préférer les organisations publiques aux privées ·et inversement), ou bien sur la répartition de la richesse produite ou encore sur les bienfaits ou les méfaits du marché ou bien de la planification, il n'en reste pas moins vrai que le socialisme est comme le libéralisme une version du capitalisme." (p.26)
    -Julien Freund, L'Essence de l'économique, Presses universitaires de Strasbourg, 1993, 160 pages.




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