"Ce n’est pas tant parce que l’Homme moderne serait devenu insensible au monde qu’il le détruit ; c’est parce que les effets de son action sur le monde tendent à se soustraire à ses sens au fur et à mesure qu’ils augmentent en intensité."
"L’histoire du développement technologique depuis la révolution industrielle a donc été l’histoire d’une puissance croissante et d’une invisibilisation des effets aux yeux de l’utilisateur. Elle a vu naître et grandir un décalage - qu’Anders qualifie de prométhéen - entre la nature des effets des technologies (plus puissants, plus diffus dans le temps et dans l’espace) et leur modalité d’utilisation (plus banale et plus anodine).
Au fur et à mesure que les technologies se complexifient et se perfectionnent, les principes de fonctionnement et les effets nous sont toujours plus opaques, et le décalage prométhéen ne cesse de s’accroître."
"Le capitalisme produit les technologies dont il a besoin pour se développer. Les technologies qui génèrent des gains de productivité, qui alimentent le consumérisme, qui augmentent l’étendue des ressources naturelles exploitables, qui accroissent le type de biens ou de services marchandisables, et qui renforcent le complexe militaro-industriel adossé à l’État sans lequel tout cela ne tiendrait pas."
"L’organisation socio-économique du capitalisme industriel concourt elle aussi à faciliter l’accès aux biens de consommation cependant qu’elle rend plus lointaine et abstraite leur production, creusant le décalage entre la banalisation des usages et la puissance des effets.
L’essor des technologies numériques (informatique, télécommunication, téléphonie mobile) est un bon exemple de ce phénomène de double invisibilisation. La diminution de leur coût, condition sine qua non de leur expansion, n’a été possible que parce que la production est organisée selon des normes environnementales et sociales largement inférieures à… celles en vigueur pour les utilisateurs."
"Alors que fleurissent les politiques techno-solutionnistes, pour soi-disant nous éviter le pire, il nous semblait important de souligner la place centrale de la question technique dans ce travail de déboulonnage matériel et idéologique. La fin de Mégamachine commence donc notamment par une analyse critique de la technique."
-Olivier Lefebvre, "Les penseurs du vivant, Lordon et la question de la technique", 8 novembre 2021: https://lundi.am/Les-penseurs-du-vivant-Lordon-et-la-question-de-la-technique
"L’histoire du développement technologique depuis la révolution industrielle a donc été l’histoire d’une puissance croissante et d’une invisibilisation des effets aux yeux de l’utilisateur. Elle a vu naître et grandir un décalage - qu’Anders qualifie de prométhéen - entre la nature des effets des technologies (plus puissants, plus diffus dans le temps et dans l’espace) et leur modalité d’utilisation (plus banale et plus anodine).
Au fur et à mesure que les technologies se complexifient et se perfectionnent, les principes de fonctionnement et les effets nous sont toujours plus opaques, et le décalage prométhéen ne cesse de s’accroître."
"Le capitalisme produit les technologies dont il a besoin pour se développer. Les technologies qui génèrent des gains de productivité, qui alimentent le consumérisme, qui augmentent l’étendue des ressources naturelles exploitables, qui accroissent le type de biens ou de services marchandisables, et qui renforcent le complexe militaro-industriel adossé à l’État sans lequel tout cela ne tiendrait pas."
"L’organisation socio-économique du capitalisme industriel concourt elle aussi à faciliter l’accès aux biens de consommation cependant qu’elle rend plus lointaine et abstraite leur production, creusant le décalage entre la banalisation des usages et la puissance des effets.
L’essor des technologies numériques (informatique, télécommunication, téléphonie mobile) est un bon exemple de ce phénomène de double invisibilisation. La diminution de leur coût, condition sine qua non de leur expansion, n’a été possible que parce que la production est organisée selon des normes environnementales et sociales largement inférieures à… celles en vigueur pour les utilisateurs."
"Alors que fleurissent les politiques techno-solutionnistes, pour soi-disant nous éviter le pire, il nous semblait important de souligner la place centrale de la question technique dans ce travail de déboulonnage matériel et idéologique. La fin de Mégamachine commence donc notamment par une analyse critique de la technique."
-Olivier Lefebvre, "Les penseurs du vivant, Lordon et la question de la technique", 8 novembre 2021: https://lundi.am/Les-penseurs-du-vivant-Lordon-et-la-question-de-la-technique