"Le présent ouvrage [...] se rapporte surtout à la période qui s'étend de l'Antiquité au début du XXe siècle, et [...] ne retrace l'évolution des attitudes de l'homme à l'égard de la nature que dans la perspective de la métaphore du dévoilement." (p.16)
"Hans Blumenberg, qui fut pour moi un ami [...] avait montré d'une manière frappante dans son livre Paradigmen zu einer Metaphorologie, Francfort, 1998 (1èr ed. 1960), comment l'histoire de certaines métaphores, dont beaucoup ne peuvent se traduire adéquatement dans des propositions et des concepts -par exemple: la nudité de la vérité, la nature comme écriture et comme livre, le monde comme horloge-, permet de déceler l'évolution, à travers les âges, des attitudes spirituelles et des visions du monde. Ces métaphores traditionnelles sont étroitement liées à ce qu'on appelle, en rhétorique, les lieux communs. Il s'agit là de formules, d'images, de métaphores, qui sont adoptées par les philosophes et les écrivains comme des modèles préfabriqués dont ils croient se servir librement, mais qui n'en influencent pas moins leur pensée. Elles s'imposent pendant des siècles aux générations successives comme une sorte de programme à réaliser, de tâche à accomplir, d'attitude à prendre, même si, à travers les âges, le sens qu'on donne à ces sentences, ces images, ces métaphores se modifie profondément. Ces idées, ces images, ces symboles peuvent inspirer les oeuvres d'art, les poèmes, les discours philosophiques ou la pratique de la vie elle-même. C'est dans le cadre de l'histoire de ces métaphores et de ces lieux communs que s'inscrit la présente étude, qu'il s'agisse de la formule : "La Nature aime à se cacher", des notions de voile et de dévoilement, ou de la figure d'Isis. Ces métaphores et ces images ont à la fois exprimé et influencé l'attitude de l'homme à l'égard de la nature." (p.18)
-Pierre Hadot, Le voile d'Isis. Essai sur l'histoire de l'idée de nature, Gallimard, 2004, 515 pages.
"Hans Blumenberg, qui fut pour moi un ami [...] avait montré d'une manière frappante dans son livre Paradigmen zu einer Metaphorologie, Francfort, 1998 (1èr ed. 1960), comment l'histoire de certaines métaphores, dont beaucoup ne peuvent se traduire adéquatement dans des propositions et des concepts -par exemple: la nudité de la vérité, la nature comme écriture et comme livre, le monde comme horloge-, permet de déceler l'évolution, à travers les âges, des attitudes spirituelles et des visions du monde. Ces métaphores traditionnelles sont étroitement liées à ce qu'on appelle, en rhétorique, les lieux communs. Il s'agit là de formules, d'images, de métaphores, qui sont adoptées par les philosophes et les écrivains comme des modèles préfabriqués dont ils croient se servir librement, mais qui n'en influencent pas moins leur pensée. Elles s'imposent pendant des siècles aux générations successives comme une sorte de programme à réaliser, de tâche à accomplir, d'attitude à prendre, même si, à travers les âges, le sens qu'on donne à ces sentences, ces images, ces métaphores se modifie profondément. Ces idées, ces images, ces symboles peuvent inspirer les oeuvres d'art, les poèmes, les discours philosophiques ou la pratique de la vie elle-même. C'est dans le cadre de l'histoire de ces métaphores et de ces lieux communs que s'inscrit la présente étude, qu'il s'agisse de la formule : "La Nature aime à se cacher", des notions de voile et de dévoilement, ou de la figure d'Isis. Ces métaphores et ces images ont à la fois exprimé et influencé l'attitude de l'homme à l'égard de la nature." (p.18)
-Pierre Hadot, Le voile d'Isis. Essai sur l'histoire de l'idée de nature, Gallimard, 2004, 515 pages.