http://ccrh.revues.org/2981
"A la différence de Marx, Weber estime que la caractéristique essentielle de la société moderne, c'est la rationalisation bureaucratique et, quel que soit le statut de propriété des moyens de production, aucune collectivité ne peut y renoncer. [...] Le socialisme planificateur, qui est contraint de renforcer le contrôle de l'économie, se situe dans la lignée du capitalisme."
"Sombart définit l'esprit du capitalisme d'une manière radicalement opposée à celle de Weber, quand il écrit que le puritanisme n'est pas « responsable de l'épanouissement illimité de l'amour du gain, de la passion insensée de l'argent, de l'idiosyncrasie des affaires, toutes qualités caractéristiques de l'esprit capitaliste à son apogée… La morale puritaine n'a pas favorisé la course éhontée, sans scrupule dans le choix des moyens, aux richesses. Comme la morale thomiste, elle ne se lasse pas de recommander et de prêcher l'emploi de moyens honnêtes »67. C'est sous la pression des conditions économiques et « à contrecœur » que les prédicateurs puritains durent s'efforcer de concilier les progrès du capitalisme avec leurs conceptions religieuses et qu'ils finirent par « reconnaître que le genre de vie bourgeois était compatible avec l'état de grâce »68. Le capitalisme s'oppose, pour W. Sombart, à la mentalité économique traditionnelle, qui se définit par l'idéal de la subsistance, l'organisation corporative et la stabilité. Il introduit une conception essentiellement individualiste de l'économie, conception d'après laquelle la sphère d'action de chaque sujet économique ne devait être limitée par aucune réglementation restrictive portant soit sur le volume de la vente, soit sur la spécialisation et sur la séparation des professions. Selon l'éthique capitaliste, chaque sujet a, au contraire, le droit d'étendre son champ d'action, dans la mesure de ses moyens, même aux dépens de ses voisins."
"Dans la première édition de Der moderne Kapitalismus (1902), W. Sombart fait débuter le capitalisme en l'année 1204, qui vit la chute de Constantinople et l'introduction des chiffres arabes dans les opérations de calcul. Dans l'édition de 1916, il intègre comme éléments décisifs de la formation du capitalisme, la production des métaux précieux, les rentes urbaines, le rôle des Juifs, celui du luxe et de la guerre. Tous ces éléments se combinent en un système par la force de quelque esprit mystérieux, ou encore sous l'effet du hasard. Sombart ne le précise pas. Dans l'édition de 1927, il distingue « l'aube du capitalisme », qui s'étend de 1500 à 1760, du « capitalisme à son apogée » qui s'étend de 1760 à 1814."
-Freddy Raphael, « Werner Sombart et Max Weber », Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques [En ligne], 00 | 1988, mis en ligne le 13 avril 2009, consulté le 13 novembre 2015.
"A la différence de Marx, Weber estime que la caractéristique essentielle de la société moderne, c'est la rationalisation bureaucratique et, quel que soit le statut de propriété des moyens de production, aucune collectivité ne peut y renoncer. [...] Le socialisme planificateur, qui est contraint de renforcer le contrôle de l'économie, se situe dans la lignée du capitalisme."
"Sombart définit l'esprit du capitalisme d'une manière radicalement opposée à celle de Weber, quand il écrit que le puritanisme n'est pas « responsable de l'épanouissement illimité de l'amour du gain, de la passion insensée de l'argent, de l'idiosyncrasie des affaires, toutes qualités caractéristiques de l'esprit capitaliste à son apogée… La morale puritaine n'a pas favorisé la course éhontée, sans scrupule dans le choix des moyens, aux richesses. Comme la morale thomiste, elle ne se lasse pas de recommander et de prêcher l'emploi de moyens honnêtes »67. C'est sous la pression des conditions économiques et « à contrecœur » que les prédicateurs puritains durent s'efforcer de concilier les progrès du capitalisme avec leurs conceptions religieuses et qu'ils finirent par « reconnaître que le genre de vie bourgeois était compatible avec l'état de grâce »68. Le capitalisme s'oppose, pour W. Sombart, à la mentalité économique traditionnelle, qui se définit par l'idéal de la subsistance, l'organisation corporative et la stabilité. Il introduit une conception essentiellement individualiste de l'économie, conception d'après laquelle la sphère d'action de chaque sujet économique ne devait être limitée par aucune réglementation restrictive portant soit sur le volume de la vente, soit sur la spécialisation et sur la séparation des professions. Selon l'éthique capitaliste, chaque sujet a, au contraire, le droit d'étendre son champ d'action, dans la mesure de ses moyens, même aux dépens de ses voisins."
"Dans la première édition de Der moderne Kapitalismus (1902), W. Sombart fait débuter le capitalisme en l'année 1204, qui vit la chute de Constantinople et l'introduction des chiffres arabes dans les opérations de calcul. Dans l'édition de 1916, il intègre comme éléments décisifs de la formation du capitalisme, la production des métaux précieux, les rentes urbaines, le rôle des Juifs, celui du luxe et de la guerre. Tous ces éléments se combinent en un système par la force de quelque esprit mystérieux, ou encore sous l'effet du hasard. Sombart ne le précise pas. Dans l'édition de 1927, il distingue « l'aube du capitalisme », qui s'étend de 1500 à 1760, du « capitalisme à son apogée » qui s'étend de 1760 à 1814."
-Freddy Raphael, « Werner Sombart et Max Weber », Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques [En ligne], 00 | 1988, mis en ligne le 13 avril 2009, consulté le 13 novembre 2015.