http://fr.wikisource.org/wiki/%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_de_Platon
http://fr.wikisource.org/wiki/Auteur:Platon
"Socrate. — Considérons maintenant la cité. Quelles sont les choses qui font, l’une par sa présence, l’autre par son absence, qu’elle fonctionne mieux, qu’elle se garde en meilleur état et est mieux administrée ?
Alcibiade. — Si je ne me trompe, Socrate, c’est lorsque l’amitié entre les citoyens est présente, tandis que la haine et l’esprit de faction sont absents."
"Socrate. — Qu’est-ce donc que l’homme ?"
"Celui-là seul t’aime qui aime ton âme."
"Il te faut d’abord acquérir toi-même de la vertu, et c’est aussi le devoir de quiconque veut gouverner et administrer non seulement sa propre personne et ses intérêts à lui, mais aussi sa ville et les intérêts publics."
"Si vous agissez avec justice et sagesse, toi-même et la république, vous plairez aux dieux par vos actions."
"Ce n’est pas le pouvoir absolu, mon brave Alcibiade, qu’il faut ambitionner ni pour toi ni pour la ville, si vous voulez être heureux, c’est la vertu."
"Alcibiade. — En tout cas, c’est décidé : je vais commencer dès à présent à m’appliquer à la justice.
Socrate. — Je souhaite que tu y persévères. Mais j’ai grand peur. Non que je me défie de ta nature, mais je vois la puissance de notre peuple et je redoute qu’elle ne l’emporte sur moi et sur toi."
-Platon, Alcibiade.
"Non, bien sûr, Athéniens, ce n'est pas, par Zeus! un langage élégamment tourné que vous entendrez, ni possédant non plus, comme le leur, toutes les parures du vocabulaire et du style, mais plutôt des choses dites à la bonne fortune, dans les termes qui me viendront à l'esprit: c'est que j'ai foi dans la justice des choses que je dis."
"A la vérité, c'est pourtant une belle chose, à mon sens, d'être capable, éventuellement, de faire l'éducation des gens."
"Voilà un homme qui est moins sage que moi. Il est possible en effet que nous ne sachions, ni l'un ni l'autre, rien de beau et de bon. Mais lui, il croit qu'il en sait, alors qu'il n'en sait pas, tandis que moi, tout de même que, en fait, je n'en sais pas, pas davantage, je ne crois pas que je sais ! J'ai l'air, en tout cas, d'être plus sage que celui-là, au moins sur un petit point, celui-ci précisément: que ce que je ne savais pas, je ne croyais pas non plus le savoir !"
"L'humaine sagesse a peu de valeur ou n'en a même aucune."
"De la mort, nul n'a de savoir, pas même si ce n'est pas précisément pour l'homme le plus grand des biens; mais on la craint, comme si l'on savait parfaitement qu'il n'y a pas de plus grand mal !"
"Que celui qui aspire à combattre réellement pour la justice, mène, si peu de temps qu'il veuille sauvegarder son existence, la vie d'un simple particulier et non celle d'un homme public."
"Il n'y a personne, non vraiment personne à qui j'aie fait de concession au mépris de la justice et par crainte de la mort."
"Voilà pourtant que l'heure est déjà venue de nous en aller, moi pour mourir dans quelques temps, vous pour continuer à vivre ! Qui, de vous ou de moi, va vers le meilleur destin ?"
-Platon, Apologie de Socrate.
"Pourquoi nous soucier à ce point, bienheureux Criton, de l'opinion du plus grand nombre ?"
"[Criton] Il faut ne pas faire d'enfants, ou bien il faut prendre ensemble la peine de les élever et de faire leur éducation."
"Socrate: Mais nous vaut-il la peine de vivre avec un corps perverti et qui a été corrompu ?"
" [Socrate] Ce dont il faut faire le plus de cas, ce n'est pas de vivre, mais de vivre bien."
"[Socrate] On ne doit, ni par l'injustice répondre à l'injustice, ni faire en retour du mal à aucun de ses semblables, et quelle que soit même la façon dont ils nous ont traité. [...] Il y a, je le sais fort bien, il y aura toujours, fort peu de gens à penser ainsi !"
"C'est dans une telle conduite que réside le droit [...] partout, faire ce qu'aura ordonné la Cité, la patrie."
-Platon, Criton.
"La musique est la plus haute philosophie."
"[Socrate]: C'est de tout ce que je veux parler, de la grandeur, de la bonne santé, de la force, bref, de la réalité de tout ce qui existe encore, sans exception ; c'est-à-dire ce qu'est justement chacune. Est-ce par le moyen du corps que se contemple ce qu'il y a en elles de plus vrai ? Ou plutôt n'en est-il pas comme ceci ? Celui d'entre nous qui se sera, au plus haut point et le plus exactement, préparé à penser, tout seul en lui-même, chacun des objets qui concerne son examen, n'est pas celui-là qui se sera le plus approché de la connaissance de chacun d'eux ?
[Simmias]: Hé oui! absolument.
[Socrate]: Mais celui qui ferait cela de la plus pure façon, ne serait-ce pas celui qui, au plus haut degré possible, userait de la pensée toute seule pour aller à chacun de ces objets ; sans recourir subsidiairement, dans l'exercice de la pensée, ni à la vue, ni à aucune autre sensation, sans en traîner aucune à la remorque du raisonnement ? celui qui, bien plutôt, userait de la pensée, toute seule, par elle-même, sans mélange, pour entreprendre la chasse de chaque réalité, toute seule, par elle-même et sans mélange ? une fois qu'il serait séparé le plus possible de ses yeux, de ses oreilles, et, pour bien dire, de la totalité de son corps, puisque celui est ce qui trouble l'âme et qui l'empêche, chaque fois qu'elle a commerce avec lui, d'acquérir vérité et pensée ? Simmias, n'Est-ce pas celui-là, si personne au monde, qui touchera le réel ?"
"Ceux qui, au sens droit du terme, se mêlent de philosophie, réellement s'exercent à mourir et [...] il n'y a pas d'hommes qui aient, moins qu'eux, peur d'être morts."
"Ceux qui philosophent au sens droit du terme s'abstiennent de tous les désirs, sans exception, qui se rapportent au corps."
"[Socrate]: Il n'est pire mal [...] que d'avoir pris en haine les raisonnements."
"[Socrate]: Tâtonnant comme dans le noir, la plupart des hommes désignent en se servant d'un mot impropre quand ils lui donnent le nom de cause !"
"[Socrate]: Une expression vicieuse ne détonne pas uniquement par rapport à cela même qu'elle exprime, mais cause encore du mal dans les âmes."
-Platon, Phédon ou de l'âme.
"[Socrate à Alcibiade]: Mais si tu veux me prêter attention, en cherchant à deux, peut-être le verrons-nous."
"Tu vois que, parmi nos concitoyens aussi — et ceci, ce n’est point par ouï-dire que nous le savons, mais pour l’avoir vu de nos propres yeux —, tous ceux qui jusqu’à ce jour ont brigué la charge de stratège et l’ont obtenue sont encore à présent exilés de cette ville ou bien ont perdu la vie. Ceux d’entre eux qu’on croit avoir le mieux réussi, ont passé par une foule de dangers et de frayeurs, non seulement pendant leur commandement, mais encore après leur retour dans leur patrie, où ils n’ont cessé d’être assiégés par les sycophantes aussi violemment que par les ennemis, au point que certains d’entre eux voudraient n’avoir pas commandé plutôt que d’avoir été généraux."
"SOCRATE
Mais peut-être, excellent Alcibiade, un homme plus sage que toi et moi dirait que nous avons tort de blâmer ainsi l’ignorance à la légère, sans ajouter que c’est l’ignorance de certaines choses, et que c’est un bien pour certaines personnes dans certaines conditions, comme c’est un mal pour ceux dont nous avons parlé.
ALCIBIADE
Comment dis-tu ? Peut-il donc y avoir une chose qu’il soit meilleur d’ignorer que de connaître, quel que soit l’état où l’on se trouve ?
SOCRATE
Je le crois pour ma part, et toi, ne le crois-tu pas ?
ALCIBIADE
Non certes, par Zeus.
SOCRATE
Assurément je ne t’accuserai pas de vouloir faire à ta mère ce qui firent, dit-on, à la leur Oreste et Alcméon et d’autres qui ont commis les mêmes crimes.
ALCIBIADE
Au nom de Zeus, parle mieux, Socrate.
SOCRATE
Ce n’est pas, Alcibiade, à celui qui déclare que tu ne voudrais pas commettre un pareil acte que tu dois dire de parler mieux ; c’est bien plutôt à celui qui dirait le contraire, puisque l’acte te semble si abominable qu’il ne faut même pas le nommer à la légère. Mais crois-tu qu’Oreste, s’il avait été dans son bon sens et s’il avait su quelle était pour lui la meilleure conduite à tenir, aurait osé rien faire de ce qu’il fit ?
ALCIBIADE
Non certes.
SOCRATE
Ni personne autre, je pense ?
ALCIBIADE
Non, assurément.
SOCRATE
C’est donc, à ce qu’il paraît, un mal que l’ignorance du mieux, et il est fâcheux de ne pas connaître le mieux.
ALCIBIADE
Il me semble.
SOCRATE
Un mal pour Oreste et pour tous les autres ?
ALCIBIADE
Oui.
SOCRATE
VII. — Maintenant considérons aussi ce cas. Suppose que tu aies tout à coup l’idée, croyant bien faire, d’aller avec un poignard à la porte de Périclès, ton tuteur et ton ami, demander s’il est chez lui, dans l’intention de le tuer, lui, et personne autre, et qu’on te dise qu’il y est — je ne veux pas dire que tu voudrais commettre rien de pareil ; mais enfin je suppose que tu en aies l’idée, car rien n’empêche, n’est-ce pas ? celui qui ignore le bien de se mettre parfois en tête que le pire des maux est le plus grand des biens. Ne le penses-tu pas ?
ALCIBIADE
Assurément.
SOCRATE
Si donc, ayant pénétré dans sa maison et le voyant, tu ne le reconnaissais pas et pensais que c’est un autre, est-ce que tu oserais encore le tuer ?
ALCIBIADE
Non, par Zeus, je ne le crois pas.
SOCRATE
Car ce n’était assurément pas le premier venu, mais Périclès lui-même que tu voulais tuer, n’est-ce pas ?
ALCIBIADE
Oui.
SOCRATE
Et si tu renouvelais plusieurs fois ta tentative et que toujours tu méconnusses Périclès, au moment de commettre l’acte, tu ne l’attaquerais jamais.
ALCIBIADE
Non certes.
SOCRATE
Eh bien, pour en revenir à Oreste, crois-tu qu’il aurait jamais attaqué sa mère si, lui aussi, ne l’avait pas reconnue ?
ALCIBIADE
Je ne le crois pas.
SOCRATE
Car lui non plus, n’est-ce pas ? n’avait pas dessein de tuer la première femme venue, ni la mère de n’importe qui, mais sa mère à lui.
ALCIBIADE
C’est vrai.
SOCRATE
Donc être ignorant en de tels cas est meilleur pour ceux qui sont ainsi disposés et qui ont de telles opinions.
ALCIBIADE
Evidemment.
SOCRATE
Tu vois donc que l’ignorance de certaines choses est pour certaines personnes, en de certains états, un bien, et non un mal, comme tu le croyais tout à l’heure."
"Généralement la possession des autres sciences, sans la science de ce qui est bien, risque de n’être que rarement utile et d’être au contraire le plus souvent pernicieuse à ses possesseurs."
"Toute poésie est naturellement énigmatique et il n’appartient pas au premier venu de la comprendre."
"Les dieux sont libres, je pense, de donner ce qu’on leur demande et de donner le contraire. [...] Les dieux ne sont pas, j’imagine, gens à se laisser corrompre par des présents, comme un méchant usurier. [...] Il serait étrange en effet que les dieux eussent égard à nos présents et à nos sacrifices, et non à notre âme, pour distinguer ceux qui sont saints et justes."
-Platon, Second Alcibiade (Sur la Prière).
"Quand le tout est en mauvais état, il est impossible que la partie se porte bien."
"[Socrate]: La sagesse ne saurait être le calme, et la vie sage n’est pas la vie calme, du moins d’après notre raisonnement, puisqu’elle doit être belle, si elle est sage. Car entre les deux sortes d’actions, jamais ou presque jamais nous n’avons vu dans la vie que les actions calmes fussent plus belles que les actions rapides et fortes. En admettant même, cher ami, que les actions calmes soient aussi souvent belles que les actions violentes et rapides, la sagesse ne consisterait pas pour cela dans le calme plutôt que dans la force et la vitesse, qu’il s’agisse de marcher, de parler ou de toute autre chose, et la vie calme ne serait pas plus sage que l’autre, puisque nous avons posé en principe au cours de notre discussion que la sagesse fait partie des belles choses et que la rapidité ne nous a pas paru moins belle que la lenteur."
"[Socrate]: Nous n’avons pas du tout à examiner qui l’a dit, mais si c’est vrai ou non."
"[Socrate]: Sous le régime de la sagesse, on pourrait s’attendre qu’une maison fût bien administrée, un État bien gouverné, et il en serait de même de toute entreprise où la sagesse présiderait ; car, l’erreur étant supprimée, les hommes suivraient la droite raison et, dans ces conditions, réussiraient nécessairement toutes leurs entreprises, et la réussite leur assurerait le bonheur. N’est-ce pas là, Critias, dis-je, ce que nous disions de la sagesse pour montrer quel avantage il y avait à savoir ce qu’on sait et ce qu’on ne sait pas ?"
-Platon, Charmide.
http://fr.wikisource.org/wiki/Auteur:Platon
"Socrate. — Considérons maintenant la cité. Quelles sont les choses qui font, l’une par sa présence, l’autre par son absence, qu’elle fonctionne mieux, qu’elle se garde en meilleur état et est mieux administrée ?
Alcibiade. — Si je ne me trompe, Socrate, c’est lorsque l’amitié entre les citoyens est présente, tandis que la haine et l’esprit de faction sont absents."
"Socrate. — Qu’est-ce donc que l’homme ?"
"Celui-là seul t’aime qui aime ton âme."
"Il te faut d’abord acquérir toi-même de la vertu, et c’est aussi le devoir de quiconque veut gouverner et administrer non seulement sa propre personne et ses intérêts à lui, mais aussi sa ville et les intérêts publics."
"Si vous agissez avec justice et sagesse, toi-même et la république, vous plairez aux dieux par vos actions."
"Ce n’est pas le pouvoir absolu, mon brave Alcibiade, qu’il faut ambitionner ni pour toi ni pour la ville, si vous voulez être heureux, c’est la vertu."
"Alcibiade. — En tout cas, c’est décidé : je vais commencer dès à présent à m’appliquer à la justice.
Socrate. — Je souhaite que tu y persévères. Mais j’ai grand peur. Non que je me défie de ta nature, mais je vois la puissance de notre peuple et je redoute qu’elle ne l’emporte sur moi et sur toi."
-Platon, Alcibiade.
"Non, bien sûr, Athéniens, ce n'est pas, par Zeus! un langage élégamment tourné que vous entendrez, ni possédant non plus, comme le leur, toutes les parures du vocabulaire et du style, mais plutôt des choses dites à la bonne fortune, dans les termes qui me viendront à l'esprit: c'est que j'ai foi dans la justice des choses que je dis."
"A la vérité, c'est pourtant une belle chose, à mon sens, d'être capable, éventuellement, de faire l'éducation des gens."
"Voilà un homme qui est moins sage que moi. Il est possible en effet que nous ne sachions, ni l'un ni l'autre, rien de beau et de bon. Mais lui, il croit qu'il en sait, alors qu'il n'en sait pas, tandis que moi, tout de même que, en fait, je n'en sais pas, pas davantage, je ne crois pas que je sais ! J'ai l'air, en tout cas, d'être plus sage que celui-là, au moins sur un petit point, celui-ci précisément: que ce que je ne savais pas, je ne croyais pas non plus le savoir !"
"L'humaine sagesse a peu de valeur ou n'en a même aucune."
"De la mort, nul n'a de savoir, pas même si ce n'est pas précisément pour l'homme le plus grand des biens; mais on la craint, comme si l'on savait parfaitement qu'il n'y a pas de plus grand mal !"
"Que celui qui aspire à combattre réellement pour la justice, mène, si peu de temps qu'il veuille sauvegarder son existence, la vie d'un simple particulier et non celle d'un homme public."
"Il n'y a personne, non vraiment personne à qui j'aie fait de concession au mépris de la justice et par crainte de la mort."
"Voilà pourtant que l'heure est déjà venue de nous en aller, moi pour mourir dans quelques temps, vous pour continuer à vivre ! Qui, de vous ou de moi, va vers le meilleur destin ?"
-Platon, Apologie de Socrate.
"Pourquoi nous soucier à ce point, bienheureux Criton, de l'opinion du plus grand nombre ?"
"[Criton] Il faut ne pas faire d'enfants, ou bien il faut prendre ensemble la peine de les élever et de faire leur éducation."
"Socrate: Mais nous vaut-il la peine de vivre avec un corps perverti et qui a été corrompu ?"
" [Socrate] Ce dont il faut faire le plus de cas, ce n'est pas de vivre, mais de vivre bien."
"[Socrate] On ne doit, ni par l'injustice répondre à l'injustice, ni faire en retour du mal à aucun de ses semblables, et quelle que soit même la façon dont ils nous ont traité. [...] Il y a, je le sais fort bien, il y aura toujours, fort peu de gens à penser ainsi !"
"C'est dans une telle conduite que réside le droit [...] partout, faire ce qu'aura ordonné la Cité, la patrie."
-Platon, Criton.
"La musique est la plus haute philosophie."
"[Socrate]: C'est de tout ce que je veux parler, de la grandeur, de la bonne santé, de la force, bref, de la réalité de tout ce qui existe encore, sans exception ; c'est-à-dire ce qu'est justement chacune. Est-ce par le moyen du corps que se contemple ce qu'il y a en elles de plus vrai ? Ou plutôt n'en est-il pas comme ceci ? Celui d'entre nous qui se sera, au plus haut point et le plus exactement, préparé à penser, tout seul en lui-même, chacun des objets qui concerne son examen, n'est pas celui-là qui se sera le plus approché de la connaissance de chacun d'eux ?
[Simmias]: Hé oui! absolument.
[Socrate]: Mais celui qui ferait cela de la plus pure façon, ne serait-ce pas celui qui, au plus haut degré possible, userait de la pensée toute seule pour aller à chacun de ces objets ; sans recourir subsidiairement, dans l'exercice de la pensée, ni à la vue, ni à aucune autre sensation, sans en traîner aucune à la remorque du raisonnement ? celui qui, bien plutôt, userait de la pensée, toute seule, par elle-même, sans mélange, pour entreprendre la chasse de chaque réalité, toute seule, par elle-même et sans mélange ? une fois qu'il serait séparé le plus possible de ses yeux, de ses oreilles, et, pour bien dire, de la totalité de son corps, puisque celui est ce qui trouble l'âme et qui l'empêche, chaque fois qu'elle a commerce avec lui, d'acquérir vérité et pensée ? Simmias, n'Est-ce pas celui-là, si personne au monde, qui touchera le réel ?"
"Ceux qui, au sens droit du terme, se mêlent de philosophie, réellement s'exercent à mourir et [...] il n'y a pas d'hommes qui aient, moins qu'eux, peur d'être morts."
"Ceux qui philosophent au sens droit du terme s'abstiennent de tous les désirs, sans exception, qui se rapportent au corps."
"[Socrate]: Il n'est pire mal [...] que d'avoir pris en haine les raisonnements."
"[Socrate]: Tâtonnant comme dans le noir, la plupart des hommes désignent en se servant d'un mot impropre quand ils lui donnent le nom de cause !"
"[Socrate]: Une expression vicieuse ne détonne pas uniquement par rapport à cela même qu'elle exprime, mais cause encore du mal dans les âmes."
-Platon, Phédon ou de l'âme.
"[Socrate à Alcibiade]: Mais si tu veux me prêter attention, en cherchant à deux, peut-être le verrons-nous."
"Tu vois que, parmi nos concitoyens aussi — et ceci, ce n’est point par ouï-dire que nous le savons, mais pour l’avoir vu de nos propres yeux —, tous ceux qui jusqu’à ce jour ont brigué la charge de stratège et l’ont obtenue sont encore à présent exilés de cette ville ou bien ont perdu la vie. Ceux d’entre eux qu’on croit avoir le mieux réussi, ont passé par une foule de dangers et de frayeurs, non seulement pendant leur commandement, mais encore après leur retour dans leur patrie, où ils n’ont cessé d’être assiégés par les sycophantes aussi violemment que par les ennemis, au point que certains d’entre eux voudraient n’avoir pas commandé plutôt que d’avoir été généraux."
"SOCRATE
Mais peut-être, excellent Alcibiade, un homme plus sage que toi et moi dirait que nous avons tort de blâmer ainsi l’ignorance à la légère, sans ajouter que c’est l’ignorance de certaines choses, et que c’est un bien pour certaines personnes dans certaines conditions, comme c’est un mal pour ceux dont nous avons parlé.
ALCIBIADE
Comment dis-tu ? Peut-il donc y avoir une chose qu’il soit meilleur d’ignorer que de connaître, quel que soit l’état où l’on se trouve ?
SOCRATE
Je le crois pour ma part, et toi, ne le crois-tu pas ?
ALCIBIADE
Non certes, par Zeus.
SOCRATE
Assurément je ne t’accuserai pas de vouloir faire à ta mère ce qui firent, dit-on, à la leur Oreste et Alcméon et d’autres qui ont commis les mêmes crimes.
ALCIBIADE
Au nom de Zeus, parle mieux, Socrate.
SOCRATE
Ce n’est pas, Alcibiade, à celui qui déclare que tu ne voudrais pas commettre un pareil acte que tu dois dire de parler mieux ; c’est bien plutôt à celui qui dirait le contraire, puisque l’acte te semble si abominable qu’il ne faut même pas le nommer à la légère. Mais crois-tu qu’Oreste, s’il avait été dans son bon sens et s’il avait su quelle était pour lui la meilleure conduite à tenir, aurait osé rien faire de ce qu’il fit ?
ALCIBIADE
Non certes.
SOCRATE
Ni personne autre, je pense ?
ALCIBIADE
Non, assurément.
SOCRATE
C’est donc, à ce qu’il paraît, un mal que l’ignorance du mieux, et il est fâcheux de ne pas connaître le mieux.
ALCIBIADE
Il me semble.
SOCRATE
Un mal pour Oreste et pour tous les autres ?
ALCIBIADE
Oui.
SOCRATE
VII. — Maintenant considérons aussi ce cas. Suppose que tu aies tout à coup l’idée, croyant bien faire, d’aller avec un poignard à la porte de Périclès, ton tuteur et ton ami, demander s’il est chez lui, dans l’intention de le tuer, lui, et personne autre, et qu’on te dise qu’il y est — je ne veux pas dire que tu voudrais commettre rien de pareil ; mais enfin je suppose que tu en aies l’idée, car rien n’empêche, n’est-ce pas ? celui qui ignore le bien de se mettre parfois en tête que le pire des maux est le plus grand des biens. Ne le penses-tu pas ?
ALCIBIADE
Assurément.
SOCRATE
Si donc, ayant pénétré dans sa maison et le voyant, tu ne le reconnaissais pas et pensais que c’est un autre, est-ce que tu oserais encore le tuer ?
ALCIBIADE
Non, par Zeus, je ne le crois pas.
SOCRATE
Car ce n’était assurément pas le premier venu, mais Périclès lui-même que tu voulais tuer, n’est-ce pas ?
ALCIBIADE
Oui.
SOCRATE
Et si tu renouvelais plusieurs fois ta tentative et que toujours tu méconnusses Périclès, au moment de commettre l’acte, tu ne l’attaquerais jamais.
ALCIBIADE
Non certes.
SOCRATE
Eh bien, pour en revenir à Oreste, crois-tu qu’il aurait jamais attaqué sa mère si, lui aussi, ne l’avait pas reconnue ?
ALCIBIADE
Je ne le crois pas.
SOCRATE
Car lui non plus, n’est-ce pas ? n’avait pas dessein de tuer la première femme venue, ni la mère de n’importe qui, mais sa mère à lui.
ALCIBIADE
C’est vrai.
SOCRATE
Donc être ignorant en de tels cas est meilleur pour ceux qui sont ainsi disposés et qui ont de telles opinions.
ALCIBIADE
Evidemment.
SOCRATE
Tu vois donc que l’ignorance de certaines choses est pour certaines personnes, en de certains états, un bien, et non un mal, comme tu le croyais tout à l’heure."
"Généralement la possession des autres sciences, sans la science de ce qui est bien, risque de n’être que rarement utile et d’être au contraire le plus souvent pernicieuse à ses possesseurs."
"Toute poésie est naturellement énigmatique et il n’appartient pas au premier venu de la comprendre."
"Les dieux sont libres, je pense, de donner ce qu’on leur demande et de donner le contraire. [...] Les dieux ne sont pas, j’imagine, gens à se laisser corrompre par des présents, comme un méchant usurier. [...] Il serait étrange en effet que les dieux eussent égard à nos présents et à nos sacrifices, et non à notre âme, pour distinguer ceux qui sont saints et justes."
-Platon, Second Alcibiade (Sur la Prière).
"Quand le tout est en mauvais état, il est impossible que la partie se porte bien."
"[Socrate]: La sagesse ne saurait être le calme, et la vie sage n’est pas la vie calme, du moins d’après notre raisonnement, puisqu’elle doit être belle, si elle est sage. Car entre les deux sortes d’actions, jamais ou presque jamais nous n’avons vu dans la vie que les actions calmes fussent plus belles que les actions rapides et fortes. En admettant même, cher ami, que les actions calmes soient aussi souvent belles que les actions violentes et rapides, la sagesse ne consisterait pas pour cela dans le calme plutôt que dans la force et la vitesse, qu’il s’agisse de marcher, de parler ou de toute autre chose, et la vie calme ne serait pas plus sage que l’autre, puisque nous avons posé en principe au cours de notre discussion que la sagesse fait partie des belles choses et que la rapidité ne nous a pas paru moins belle que la lenteur."
"[Socrate]: Nous n’avons pas du tout à examiner qui l’a dit, mais si c’est vrai ou non."
"[Socrate]: Sous le régime de la sagesse, on pourrait s’attendre qu’une maison fût bien administrée, un État bien gouverné, et il en serait de même de toute entreprise où la sagesse présiderait ; car, l’erreur étant supprimée, les hommes suivraient la droite raison et, dans ces conditions, réussiraient nécessairement toutes leurs entreprises, et la réussite leur assurerait le bonheur. N’est-ce pas là, Critias, dis-je, ce que nous disions de la sagesse pour montrer quel avantage il y avait à savoir ce qu’on sait et ce qu’on ne sait pas ?"
-Platon, Charmide.
Dernière édition par Johnathan R. Razorback le Mer 15 Avr - 20:14, édité 2 fois