http://books.google.fr/books?id=Nmy6BAAAQBAJ&printsec=frontcover&dq=Aristote+oeuvres&hl=fr&sa=X&ei=jctkVPDwIIXkaMycgqgB&ved=0CDcQ6AEwAw#v=onepage&q=Aristote%20oeuvres&f=false
"Ce n'est pas une fois, que les mêmes opinions reparaissent périodiquement parmi les hommes, mais un nombre infini de fois." -Aristote, Les métérologiques, 339b 27, trad. Tricot, Vrin, 1976.
"De quelque façon qu'on s'y prenne, il est de toute manière extrêmement malaisé d'atteindre une quelconque position convaincante [à propos de l'âme]." (p.76)
"Dans la majorité des cas, l'âme ne subit, ni ne fait rien sans le corps. Ainsi, se mettre en colère, s'emporter, désirer ou, d'une manière globale, sentir." (p.83)
"Dans notre examen qui porte sur l'âme, tout en traitant de questions embarrassantes dont il faut venir à bout chemin faisant, nous devons nécessairement prendre en compte l'ensemble des opinions de tous ceux qui, antérieurement, ont professé une idée à son sujet, afin de recueillir ce qui est bien fondé dans leurs propos et, le cas échéant, de nous mettre en garde devant ce qui ne l'est pas." (p.89)
"La première incorrection est de dire que l'âme est une grandeur [physique ou mathématique]." (p.107)
"Comment donc, en effet, pourrait-elle penser, si elle est une grandeur ?" (p.108)
"Tout énoncé rationnel est une définition ou bien une démonstration." (p.110)
"Ils attachent l'âme au corps et l'y rapportent, sans avoir, au préalable, déterminé en vertu de quel motif, ni de quelle disposition du corps." (p.112)
"Si l'harmonie consiste bien en une certaine proportion de choses mélangées ou en une composition, l'âme, en revanche, ne peut être aucune des deux." (p.114)
"La sensation prend son départ dans tels objets précis." (p.118)
"Certains déclarent [tels Platon], de leur côté, que l'âme est morcelable, et qu'une partie pense, mais une autre désire. Qu'est-ce donc alors qui peut bien assurer la cohésion de l'âme, si la nature l'a rendue morcelable ? Car, en définitive, ce n'est pas le corps de toute façon. On pense, en effet, qu'au contraire, c'est plutôt l'âme qui assure la cohésion du corps, puisque, lorsqu'elle s'en est allée, il se dissipe et se putréfie." (p.132)
"Il faut nécessairement que l'âme soit substance comme forme d'un corps naturel qui a potentiellement la vie." (p.136)
"Il y a de la vie là où se trouve ne serait-ce qu'une seule quelconque des manifestations telles que l'intelligence, la sensation, le mouvement local et le repos, ou encore le mouvement nutritif, dépérissement et croissance." (p.141)
"L'animal [est] fondamentalement identifiable grâce au critère de la sensation. En effet, les êtres qui ne bougent pas et ne changent pas de place, mais qui sont doués de sensation, nous les appelons des animaux et pas seulement des vivants. Or le fondement de la sensation, dévolu à tous, est le toucher. Et, de même que la fonction nutritive peut être séparée du toucher et de toute sensation, de la même façon le toucher peut l'être des autres sensations. Mais nous appelons nutritive cette sorte de parcelle de l'âme que même les végétaux ont en partage, alors que, manifestement, les animaux possèdent tous la sensation tactile." (p.142)
"L'âme, c'est ce qui fait que nous vivons, sentons et réfléchissons, au sens premier. Si bien qu'elle doit être une sorte de raison ou de forme, et non une matière ou un sujet. Il y a, en effet, trois façons / d'entendre la substance, comme nous l'avons dit, qui sont, respectivement, la forme, la matière et le composé des deux. Et, parmi elles, la matière est potentialité, tandis que la forme est réalisation. Puisque donc le composé des deux représente l'être animé, ce n'est pas le corps qui est réalisation de l'âme, mais c'est, au contraire, celle-ci qui est réalisation d'un certain corps." (p.145)
"Par faculté, nous voulions dire ce qui permet la nutrition, l'appétit, la sensation, le mouvement local, la nutrition." (p.146)
"On ne trouve, chez les plantes, que la faculté nutritive, tandis qu'ailleurs, celle-ci va de pair avec la faculté sensitive. Or, dans ces conditions, la faculté appétitive est également présente. Or, dans ces conditions, la faculté appétitive est également présente. L'appétit est, en effet, désir, ardeur et souhait. Or tous les animaux ont l'un des sens, le toucher ; et qui se trouve doué de sensation, est aussi accessible au plaisir et à la peine, à ce qui est agréable ou douloureux ; et, dans ces conditions, il est également doué du désir, puisque ce dernier est l'appétit de l'agréable. De surcroît, les animaux possèdent le sens de la nourriture, puisque le toucher est sens de la nourriture." (p.147)
"La faim et la soif sont désirs." (p.147)
"Sans le nutritif, le sensitif n'existe pas, mais le nutritif se détache du sensitif chez les plantes." (p.149)
"Certains des animaux doués de sensations possèdent la faculté du mouvement local, d'autres non." (p.150)
"L'âme nutritive [...] est la première faculté de l'âme et la plus commune, celle en vertu de laquelle la vie appartient à tous.
Ses fonctions consistent à assurer la reproduction et la nutrition." (p.151)
"La sensation, passe pour être une sorte d'altération. Or, nul n'a de sensation, qui n'ait point l'âme en partage. Et le cas de la croissance et du dépérissement est semblable. Car nul ne dépérit, ni ne croît dans l'ordre naturel, sans se nourrir. Or nul ne se nourrit qui n'ait point part à la vie." (p.154)
"La sensation réside dans le fait de recevoir un mouvement et d'être affecté, comme on l'a dit, puisqu'elle passe pour être une sorte d'altération. [...] Si l'on demande pourquoi l'on n'a pas aussi de sensation des sens eux-mêmes, ou pourquoi, sans les objets extérieurs, les sens ne produisent pas de sensation (alors qu'ils contiennent le feu, la terre et les autres éléments qui sont objets de sensation en eux-mêmes ou dans leurs accidents), c'est donc évidemment que le sensitif n'est pas alors en activité, en n'existe que potentiellement. Aussi n'y a-t-il pas de sensation." (p.160)
"L'affection est subie par le dissemblable, mais, lorsqu'il l'a subie, il est semblable." (p.161)
"Le sensitif, par ailleurs, est potentiellement tel que le sensible déjà réalisé, comme on l'a dit. Donc, au moment où il est affecté, il n'est pas semblable à celui-ci, mais une fois qu'il a été affecté, il se trouve assimilé et est tel que lui." (p.164-165)
"J'entend par [objet] propre [de chaque sens], ce qui ne se laisse pas percevoir par un autre sens et qui ne laisse pas de place à l'illusion. Ainsi, la vue perçoit la couleur, l'ouïe le son et le goût la saveur. Le toucher, lui, comporte effectivement un plus grand nombre de différences. Mais il n'en reste pas moins que chaque sens est juge de ces différences. Et, s'il se trompe, ce n'est pas sur le fait d'une couleur ou d'un son, mais bien sur l'identité ou la localisation du coloré ou du sonore." (p.165)
"Le mouvement, le repos, le nombre, la figure, la grandeur [...] ne sont propres à aucun sens, mais sont communs à tous ; en effet, un mouvement sensible au toucher l'est aussi à la vue." (p.166)
"Le corps doit aussi constituer pour le sens tactile, un milieu intermédiaire intégré à notre nature, à travers lequel se produisent les sensations, lesquelles sont multiples." (p.191)
"Toutes nos sensations s'opèrent pas le truchement d'un milieu." (p.192)
"[Nous ne sentons] pas ce qui est chaud ou froid, dur ou tendre au même degré que nous, mais bien les excès. Comme quoi le sens présente une sorte d'état moyen entre les contraires qu'on trouve dans les sensibles. Et telle est la raison pourquoi il juge des sensibles. C'est que la moyenne permet de juger. Elle devient, en effet, chacun des extrêmes par rapport à l'autre. Et s'il faut, quand on veut percevoir le blanc et le noir, n'être ni l'un ni l'autre actuellement, mais l'un et l'autre à la fois potentiellement (et cela vaut aussi dans le cas des autres sens), il faut aussi, dans le cas du toucher, n'être ni chaud, ni froid." (p.194)
"De toute sensation, en général, on doit concevoir l'idée que le sens constitue ce qui est propre à recevoir les formes sensibles sans la matière." (p.195)
"Il faut nécessairement que si quelques sens fait défaut, nous fasse également défaut un organe sensoriel quelconque." (p.198)
"Chaque sens porte sur le sensible qui lui est assujetti, avec pour résidence l'organe sensoriel en tant que tel, et il juge des différences que présente ce sensible qui lui est assujetti." (p.209)
"Sentir et penser ne revient pas au même." (p.214)
"La représentation, en effet, se distingue et de la sensation et de la réflexion: elle n'a pas lieu sans la sensation et, sans elle, il n'y a pas de croyance." (p.215)
"Le sensitif ne va pas sans le corps, tandis que l'intelligence en est séparée." (p.224)
"La faculté sensitive permet de juger du chaud et du froid, ainsi que des qualités dont la chair constitue une certaine proportion." (p.225)
"Sans l'exercice des sens, on ne peut rien apprendre, ni comprendre. [...] Les contenus de la représentation sont, en effet, comme des données du sens, sauf qu'ils sont sans matière." (p.239)
"La représentation sensitive, comme on l'a dit, appartient également aux animaux privés de raison, tandis que la représentation délibérative appartient aux animaux doués de raison." (p.249)
"La raison pour laquelle nous n'avons pas de sensation par les os, les cheveux et les parties de ce genre, c'est qu'elles sont formées de terre. Et les plantes n'ont pas de sensation pour la même raison: c'est qu'elles sont formées de terre. Or, sans le toucher, aucun autre sens ne saurait leur être attribuée et l'organe de ce sens n'est formé exclusivement ni de terre, ni d'aucun autre élément." (p.256)
-Aristote, De l'âme, in Gallimard, coll. Flammarion, 1993, 292 pages.
"Il apparaît que les propriétés les plus importantes, aussi bien celles qui sont communes à tous les animaux que celles qui sont propres que celles qui sont propres à certains d'entre eux, sont celles qui sont communes à la fois à l'âme et au corps, comme la sensation, la mémoire, l'impulsion, l'appétit et le désir en général, et en outre le plaisir et la peine." (p.65)
"Que par ailleurs toutes les propriétés qui viennent d'être mentionnées soient communes à l'âme et au corps, cela n'est pas douteux. Toutes, en effet, surviennent, pour les unes avec la sensation, pour les autres par la sensation. Certaines sont précisément des affections de la sensation, d'autres des dispositions de la sensation, d'autres encore assurent sa protection et sa sauvegarde, d'autres enfin provoquent sa destruction et sa privation." (p.66)
"Chaque animal, en tant qu'animal, possède nécessairement la sensation. C'est par cela en effet que nous distinguons entre ce qui est animal et ce qui ne l'est pas. Si l'on traite maintenant de chaque sens en particulier, le toucher et le goût accompagnent nécessairement tous les animaux, le toucher pour la raison alléguée dans le traité De l'âme, et le goût à cause de la nutrition. C'est en effet ce sens qui distingue entre le plaisant et le désagréable dans la nourriture, de sorte que l'on se détourne de l'un et que l'on recherche l'autre, et, d'une manière générale, la saveur est une propriété de ce qui est nutritif. Quant aux sensations externes, chez les animaux capables de marcher, comme l'odorat, l'ouïe et la vue, leur présence assure la sauvegarde de tous ceux qui les possèdent, en leur permettant de rechercher leur nourriture en fonction d'une sensation antécédente et de se détourner de ce qui est mauvais et dangereux ; mais chez ceux qui possèdent en outre l'intelligence, ces sensations existent en vue du bien-vivre." (p.67)
"La faculté de la vue nous révèle un grand nombre de différences de toutes sortes parce que tous les corps ont part à la couleur, si bien que c'est également par son intermédiaire que l'on perçoit le mieux les sensibles communs (j'appelle "communs" la grandeur, la figure, le mouvement, le nombre) ; l'ouïe, quant à elle, ne révèle que les différences du son, et, pour un petit nombre d'animaux, celles de la voix. Par accident, toutefois, c'est l'ouïe qui contribue le plus à l'intelligence. En effet, le discours, parce qu'il est audible, est cause du savoir, non pas par soi, mais par accident, car il se compose de mots et chaque mot est un symbole." (p.67)
"Les organes sensoriels, parties du corps dans lesquelles les sens se situent naturellement." (p.68)
"Démocrite, quand à lui, a raison de dire que l'œil est eau, mais il a tort de croire que la vision est l'image réfléchie. Ce phénomène se produit en effet parce que l'œil est lisse, et la vision n'est pas dans l'œil mais dans celui qui voit. Cette affection, en effet, est une réflexion. Mais, d'une façon générale, la production des images et la réflexion n'étaient alors pas encore clairement expliquées, semble-t-il. Il est également étrange qu'il ne se soit pas demandé pourquoi seul l'œil voit et aucune des autres choses sur lesquelles les simulacres se réfléchissent. Que donc l'organe de la vision soit fait d'eau, c'est vrai ; cependant la vision ne se produit pas en tant qu'il est eau, mais en tant qu'il est diaphane ; et c'est là une qualité qui est commune aussi à l'air. Mais l'eau se contient et se condense plus facilement que l'air. C'est pourquoi la pupille, et l'œil en son entier, sont fait d'eau." (p.70)
"Il est clair que pour rendre compte de cette manière de chacun des organes sensoriels, c'est-à-dire les faire correspondre chacun à un élément, il faut supposer que, dans l'œil, ce qui voit est constitué d'eau, alors que ce qui perçoit les sons est constitué d'air et que l'odorat est du feu (en effet, ce que l'odorat est en acte, la faculté olfactive doit l'être en puissance, car le sensible fait passer le sens à l'acte, de sorte que, nécessairement, ce qu'il est alors, il l'était auparavant en puissance. D'autre part, l'odeur est une sorte d'exhalaison fumeuse, et toute exhalaison fumeuse vient du feu. C'est pourquoi aussi l'organe sensoriel de l'odorat a son lieu propre dans la partie qui entoure le cerveau. En effet, la matière de ce qui est froid est en puissance chaude ; et la génération de l'œil s'explique de la même façon: il se constitue à partir du cerveau et celui-ci est la plus humide et la plus froide des parties du corps). Quant à l'organe du toucher, il est fait de terre et le goût est une espèce du toucher. Aussi l'organe de ces deux sens est-il lié au cœur, car celui-ci s'oppose au cerveau et il est la partie la plus chaude du corps." (p.72)
"Le sentir n'est pas comme l'acquisition, mais comme l'exercice du savoir." (p.81)
"Démocrite et la plupart des physiciens qui traitent de la sensation font quelque chose de tout à fait absurde. Ils font en effet de tous les sensibles des objets du toucher. Pourtant, s'il en allait ainsi, il est évident que chacun des autres sens serait une sorte de toucher. Or il n'est pas difficile de s'apercevoir que c'est impossible. En outre, ils traitent des sensibles qui sont communs à tous les sens, comme s'ils étaient propres à chacun. En effet, le nombre, la figure, le rugueux et le lisse, comme l'aigu et l'émoussé des corps solides sont communs à plusieurs sens, sinon à tous, du moins à la vue et au toucher. C'est aussi pourquoi l'on peut se tromper sur les sensibles communs, mais pas sur les sensibles propres. Ainsi la vue ne se trompe pas sur la couleur, ni l'ouïe sur les sons." (p.83)
"Une première espèce d'odeurs correspond aux saveurs, comme nous l'avons dit, et elles contiennent par accident l'agréable et le désagréable (en effet ce sont des affections de la faculté nutritive, et quand nous avons de l'appétit, leurs odeurs sont agréables, alors qu'elles ne le sont pas pour ceux qui sont repus et ne désirent plus rien, pas plus qu'elles ne sont agréables à ceux qui n'apprécient pas la nourriture qui dégage ces odeurs). [...] Les autres odeurs, quant à elles, sont agréables en soi, comme par exemple celles des fleurs." (p.86)
"Chacune de ces qualités [couleur, saveur, odeur, son, lourd, léger, chaud, froid, dur, mou] est productrice de sensation (car c'est à leur capacité de mettre la sensation en mouvement que toutes doivent leur nom." (p.91)
"L'intellect ne saisit pas les objets externes sans le concours de la sensation." (p.91)
"Dans l'exercice d'une unique sensation, l'âme ne peut percevoir simultanément deux qualités si elles n'ont pas été mélangées. [...] Il n'est [...] pas possible que l'on perçoive deux choses en même temps par une seule sensation." (p.98)
"Tout sensible est une grandeur et il n'y a pas d'indivisible qui soit sensible." (p.103)
"L'objet de l'odorat et celui de l'ouïe, c'est-à-dire tous ceux des sensibles que l'on ne perçoit pas par contact." (p.103)
"Quand on possède la science et la sensation en dehors de leur exercice même, alors on se souvient dans un cas, que l'on a appris ou étudié, dans l'autre, qu'on a entendu, vu ou senti de quelque autre manière." (p.106)
"L'antérieur et le postérieur sont dans le temps." (p.108)
"On considère que celui qui sent est éveillé et que tout individu éveillé a la sensation d'un certain mouvement, externe ou interne. Si donc le fait d'être éveillé ne réside pas en autre chose que dans le fait de sentir, il est clair que c'est ce par quoi l'on sent qui fait que les individus éveillés sont éveillés et que les individus endormis sont endormis." (p.122)
"La veille se définit par la libération de la sensation." (p.124)
"Le sommeil est une certaine affection de la partie sensitive, comme un lien et une immobilisation, de sorte que, nécessairement, tout animal qui dort possède la partie sensitive." (p.124)
"Il est impossible que l'acte de la sensation, au sens éminent et absolu du terme, se produise en même temps que l'on dort." (p.124)
"Les êtres qui possèdent la sensation connaissent aussi la souffrance et la jouissance et les êtres qui connaissent ces états possèdent aussi l'appétit. Mais les plantes ne possèdent rien de tout cela." (p.125)
"Certains animaux ont tous les sens, alors que certains ne les ont pas tous." (p.126)
"Tous les sens subissent nécessairement la même affection dans ce qu'on appelle le sommeil." (p.126)
"Chaque sens en particulier possède d'une part quelque chose de propre, d'autre part quelque chose de commun (ainsi la vue possède-t-elle en propre le voir, l'ouïe l'entendre et chaque sens les autres facultés de la même manière) ; posons d'autre part qu'il y a aussi une faculté commune qui les accompagne tous, et par laquelle on sent que l'on voit et que l'on entend (en effet ce n'est assurément pas par la vue qu'on voit, et ce n'est certes pas par le goût, ni par la vue ni par les deux que l'on juge et que l'on est apte à juger que ce qui est sucré diffère de ce qui blanc, mais c'est grâce à une partie commune à tous les organes sensoriels ; c'est en effet une unique sensation et l'organe sensoriel principal est un, bien qu'il diffère en tant qu'il est une sensation qui se rapporte à chaque genre de sensible, comme le son et la couleur)." (p.126)
"Le sommeil ne consiste pas dans le repos des sens et dans leur non-usage, pas plus que dans l'impossibilité de sentir (dans les cas d'évanouissement en effet se produit aussi quelque chose de tel, car l'évanouissement est une impuissance de la sensibilité et certains cas d'inconscience prennent aussi cette forme ; en outre, ceux dont les veines du cou sont comprimées deviennent insensibles). Le sommeil se produit, plutôt, quand il devient impossible de faire usage de la sensibilité, non pas dans n'importe quel organe sensoriel, ni sous l'effet de n'importe quelle cause, mais, comme on vient de le dire, dans l'organe sensoriel premier par lequel nous avons la sensation de toutes choses. En effet, lorsque celui-ci ne peut plus accomplir sa fonction, les organes sensoriels sont tous dans l'impossibilité de sentir, mais quand c'est le cas de l'un d'eux, il n'y a pas nécessité que lui ne sente pas." (p.128)
"Tous les animaux sanguins ont un cœur et le principe du mouvement et de la sensation principale vient de cet organe." (p.129)
"Tout animal se meut lorsqu'une certaine sensation, propre ou externe, se produit dans l'organe sensoriel premier." (p.130)
-Aristote, Petits traités d’histoire naturelle (Parva Naturalia), Gallimard, coll. Flammarion, 2000, 229 pages.
"Ce n'est pas une fois, que les mêmes opinions reparaissent périodiquement parmi les hommes, mais un nombre infini de fois." -Aristote, Les métérologiques, 339b 27, trad. Tricot, Vrin, 1976.
"De quelque façon qu'on s'y prenne, il est de toute manière extrêmement malaisé d'atteindre une quelconque position convaincante [à propos de l'âme]." (p.76)
"Dans la majorité des cas, l'âme ne subit, ni ne fait rien sans le corps. Ainsi, se mettre en colère, s'emporter, désirer ou, d'une manière globale, sentir." (p.83)
"Dans notre examen qui porte sur l'âme, tout en traitant de questions embarrassantes dont il faut venir à bout chemin faisant, nous devons nécessairement prendre en compte l'ensemble des opinions de tous ceux qui, antérieurement, ont professé une idée à son sujet, afin de recueillir ce qui est bien fondé dans leurs propos et, le cas échéant, de nous mettre en garde devant ce qui ne l'est pas." (p.89)
"La première incorrection est de dire que l'âme est une grandeur [physique ou mathématique]." (p.107)
"Comment donc, en effet, pourrait-elle penser, si elle est une grandeur ?" (p.108)
"Tout énoncé rationnel est une définition ou bien une démonstration." (p.110)
"Ils attachent l'âme au corps et l'y rapportent, sans avoir, au préalable, déterminé en vertu de quel motif, ni de quelle disposition du corps." (p.112)
"Si l'harmonie consiste bien en une certaine proportion de choses mélangées ou en une composition, l'âme, en revanche, ne peut être aucune des deux." (p.114)
"La sensation prend son départ dans tels objets précis." (p.118)
"Certains déclarent [tels Platon], de leur côté, que l'âme est morcelable, et qu'une partie pense, mais une autre désire. Qu'est-ce donc alors qui peut bien assurer la cohésion de l'âme, si la nature l'a rendue morcelable ? Car, en définitive, ce n'est pas le corps de toute façon. On pense, en effet, qu'au contraire, c'est plutôt l'âme qui assure la cohésion du corps, puisque, lorsqu'elle s'en est allée, il se dissipe et se putréfie." (p.132)
"Il faut nécessairement que l'âme soit substance comme forme d'un corps naturel qui a potentiellement la vie." (p.136)
"Il y a de la vie là où se trouve ne serait-ce qu'une seule quelconque des manifestations telles que l'intelligence, la sensation, le mouvement local et le repos, ou encore le mouvement nutritif, dépérissement et croissance." (p.141)
"L'animal [est] fondamentalement identifiable grâce au critère de la sensation. En effet, les êtres qui ne bougent pas et ne changent pas de place, mais qui sont doués de sensation, nous les appelons des animaux et pas seulement des vivants. Or le fondement de la sensation, dévolu à tous, est le toucher. Et, de même que la fonction nutritive peut être séparée du toucher et de toute sensation, de la même façon le toucher peut l'être des autres sensations. Mais nous appelons nutritive cette sorte de parcelle de l'âme que même les végétaux ont en partage, alors que, manifestement, les animaux possèdent tous la sensation tactile." (p.142)
"L'âme, c'est ce qui fait que nous vivons, sentons et réfléchissons, au sens premier. Si bien qu'elle doit être une sorte de raison ou de forme, et non une matière ou un sujet. Il y a, en effet, trois façons / d'entendre la substance, comme nous l'avons dit, qui sont, respectivement, la forme, la matière et le composé des deux. Et, parmi elles, la matière est potentialité, tandis que la forme est réalisation. Puisque donc le composé des deux représente l'être animé, ce n'est pas le corps qui est réalisation de l'âme, mais c'est, au contraire, celle-ci qui est réalisation d'un certain corps." (p.145)
"Par faculté, nous voulions dire ce qui permet la nutrition, l'appétit, la sensation, le mouvement local, la nutrition." (p.146)
"On ne trouve, chez les plantes, que la faculté nutritive, tandis qu'ailleurs, celle-ci va de pair avec la faculté sensitive. Or, dans ces conditions, la faculté appétitive est également présente. Or, dans ces conditions, la faculté appétitive est également présente. L'appétit est, en effet, désir, ardeur et souhait. Or tous les animaux ont l'un des sens, le toucher ; et qui se trouve doué de sensation, est aussi accessible au plaisir et à la peine, à ce qui est agréable ou douloureux ; et, dans ces conditions, il est également doué du désir, puisque ce dernier est l'appétit de l'agréable. De surcroît, les animaux possèdent le sens de la nourriture, puisque le toucher est sens de la nourriture." (p.147)
"La faim et la soif sont désirs." (p.147)
"Sans le nutritif, le sensitif n'existe pas, mais le nutritif se détache du sensitif chez les plantes." (p.149)
"Certains des animaux doués de sensations possèdent la faculté du mouvement local, d'autres non." (p.150)
"L'âme nutritive [...] est la première faculté de l'âme et la plus commune, celle en vertu de laquelle la vie appartient à tous.
Ses fonctions consistent à assurer la reproduction et la nutrition." (p.151)
"La sensation, passe pour être une sorte d'altération. Or, nul n'a de sensation, qui n'ait point l'âme en partage. Et le cas de la croissance et du dépérissement est semblable. Car nul ne dépérit, ni ne croît dans l'ordre naturel, sans se nourrir. Or nul ne se nourrit qui n'ait point part à la vie." (p.154)
"La sensation réside dans le fait de recevoir un mouvement et d'être affecté, comme on l'a dit, puisqu'elle passe pour être une sorte d'altération. [...] Si l'on demande pourquoi l'on n'a pas aussi de sensation des sens eux-mêmes, ou pourquoi, sans les objets extérieurs, les sens ne produisent pas de sensation (alors qu'ils contiennent le feu, la terre et les autres éléments qui sont objets de sensation en eux-mêmes ou dans leurs accidents), c'est donc évidemment que le sensitif n'est pas alors en activité, en n'existe que potentiellement. Aussi n'y a-t-il pas de sensation." (p.160)
"L'affection est subie par le dissemblable, mais, lorsqu'il l'a subie, il est semblable." (p.161)
"Le sensitif, par ailleurs, est potentiellement tel que le sensible déjà réalisé, comme on l'a dit. Donc, au moment où il est affecté, il n'est pas semblable à celui-ci, mais une fois qu'il a été affecté, il se trouve assimilé et est tel que lui." (p.164-165)
"J'entend par [objet] propre [de chaque sens], ce qui ne se laisse pas percevoir par un autre sens et qui ne laisse pas de place à l'illusion. Ainsi, la vue perçoit la couleur, l'ouïe le son et le goût la saveur. Le toucher, lui, comporte effectivement un plus grand nombre de différences. Mais il n'en reste pas moins que chaque sens est juge de ces différences. Et, s'il se trompe, ce n'est pas sur le fait d'une couleur ou d'un son, mais bien sur l'identité ou la localisation du coloré ou du sonore." (p.165)
"Le mouvement, le repos, le nombre, la figure, la grandeur [...] ne sont propres à aucun sens, mais sont communs à tous ; en effet, un mouvement sensible au toucher l'est aussi à la vue." (p.166)
"Le corps doit aussi constituer pour le sens tactile, un milieu intermédiaire intégré à notre nature, à travers lequel se produisent les sensations, lesquelles sont multiples." (p.191)
"Toutes nos sensations s'opèrent pas le truchement d'un milieu." (p.192)
"[Nous ne sentons] pas ce qui est chaud ou froid, dur ou tendre au même degré que nous, mais bien les excès. Comme quoi le sens présente une sorte d'état moyen entre les contraires qu'on trouve dans les sensibles. Et telle est la raison pourquoi il juge des sensibles. C'est que la moyenne permet de juger. Elle devient, en effet, chacun des extrêmes par rapport à l'autre. Et s'il faut, quand on veut percevoir le blanc et le noir, n'être ni l'un ni l'autre actuellement, mais l'un et l'autre à la fois potentiellement (et cela vaut aussi dans le cas des autres sens), il faut aussi, dans le cas du toucher, n'être ni chaud, ni froid." (p.194)
"De toute sensation, en général, on doit concevoir l'idée que le sens constitue ce qui est propre à recevoir les formes sensibles sans la matière." (p.195)
"Il faut nécessairement que si quelques sens fait défaut, nous fasse également défaut un organe sensoriel quelconque." (p.198)
"Chaque sens porte sur le sensible qui lui est assujetti, avec pour résidence l'organe sensoriel en tant que tel, et il juge des différences que présente ce sensible qui lui est assujetti." (p.209)
"Sentir et penser ne revient pas au même." (p.214)
"La représentation, en effet, se distingue et de la sensation et de la réflexion: elle n'a pas lieu sans la sensation et, sans elle, il n'y a pas de croyance." (p.215)
"Le sensitif ne va pas sans le corps, tandis que l'intelligence en est séparée." (p.224)
"La faculté sensitive permet de juger du chaud et du froid, ainsi que des qualités dont la chair constitue une certaine proportion." (p.225)
"Sans l'exercice des sens, on ne peut rien apprendre, ni comprendre. [...] Les contenus de la représentation sont, en effet, comme des données du sens, sauf qu'ils sont sans matière." (p.239)
"La représentation sensitive, comme on l'a dit, appartient également aux animaux privés de raison, tandis que la représentation délibérative appartient aux animaux doués de raison." (p.249)
"La raison pour laquelle nous n'avons pas de sensation par les os, les cheveux et les parties de ce genre, c'est qu'elles sont formées de terre. Et les plantes n'ont pas de sensation pour la même raison: c'est qu'elles sont formées de terre. Or, sans le toucher, aucun autre sens ne saurait leur être attribuée et l'organe de ce sens n'est formé exclusivement ni de terre, ni d'aucun autre élément." (p.256)
-Aristote, De l'âme, in Gallimard, coll. Flammarion, 1993, 292 pages.
"Il apparaît que les propriétés les plus importantes, aussi bien celles qui sont communes à tous les animaux que celles qui sont propres que celles qui sont propres à certains d'entre eux, sont celles qui sont communes à la fois à l'âme et au corps, comme la sensation, la mémoire, l'impulsion, l'appétit et le désir en général, et en outre le plaisir et la peine." (p.65)
"Que par ailleurs toutes les propriétés qui viennent d'être mentionnées soient communes à l'âme et au corps, cela n'est pas douteux. Toutes, en effet, surviennent, pour les unes avec la sensation, pour les autres par la sensation. Certaines sont précisément des affections de la sensation, d'autres des dispositions de la sensation, d'autres encore assurent sa protection et sa sauvegarde, d'autres enfin provoquent sa destruction et sa privation." (p.66)
"Chaque animal, en tant qu'animal, possède nécessairement la sensation. C'est par cela en effet que nous distinguons entre ce qui est animal et ce qui ne l'est pas. Si l'on traite maintenant de chaque sens en particulier, le toucher et le goût accompagnent nécessairement tous les animaux, le toucher pour la raison alléguée dans le traité De l'âme, et le goût à cause de la nutrition. C'est en effet ce sens qui distingue entre le plaisant et le désagréable dans la nourriture, de sorte que l'on se détourne de l'un et que l'on recherche l'autre, et, d'une manière générale, la saveur est une propriété de ce qui est nutritif. Quant aux sensations externes, chez les animaux capables de marcher, comme l'odorat, l'ouïe et la vue, leur présence assure la sauvegarde de tous ceux qui les possèdent, en leur permettant de rechercher leur nourriture en fonction d'une sensation antécédente et de se détourner de ce qui est mauvais et dangereux ; mais chez ceux qui possèdent en outre l'intelligence, ces sensations existent en vue du bien-vivre." (p.67)
"La faculté de la vue nous révèle un grand nombre de différences de toutes sortes parce que tous les corps ont part à la couleur, si bien que c'est également par son intermédiaire que l'on perçoit le mieux les sensibles communs (j'appelle "communs" la grandeur, la figure, le mouvement, le nombre) ; l'ouïe, quant à elle, ne révèle que les différences du son, et, pour un petit nombre d'animaux, celles de la voix. Par accident, toutefois, c'est l'ouïe qui contribue le plus à l'intelligence. En effet, le discours, parce qu'il est audible, est cause du savoir, non pas par soi, mais par accident, car il se compose de mots et chaque mot est un symbole." (p.67)
"Les organes sensoriels, parties du corps dans lesquelles les sens se situent naturellement." (p.68)
"Démocrite, quand à lui, a raison de dire que l'œil est eau, mais il a tort de croire que la vision est l'image réfléchie. Ce phénomène se produit en effet parce que l'œil est lisse, et la vision n'est pas dans l'œil mais dans celui qui voit. Cette affection, en effet, est une réflexion. Mais, d'une façon générale, la production des images et la réflexion n'étaient alors pas encore clairement expliquées, semble-t-il. Il est également étrange qu'il ne se soit pas demandé pourquoi seul l'œil voit et aucune des autres choses sur lesquelles les simulacres se réfléchissent. Que donc l'organe de la vision soit fait d'eau, c'est vrai ; cependant la vision ne se produit pas en tant qu'il est eau, mais en tant qu'il est diaphane ; et c'est là une qualité qui est commune aussi à l'air. Mais l'eau se contient et se condense plus facilement que l'air. C'est pourquoi la pupille, et l'œil en son entier, sont fait d'eau." (p.70)
"Il est clair que pour rendre compte de cette manière de chacun des organes sensoriels, c'est-à-dire les faire correspondre chacun à un élément, il faut supposer que, dans l'œil, ce qui voit est constitué d'eau, alors que ce qui perçoit les sons est constitué d'air et que l'odorat est du feu (en effet, ce que l'odorat est en acte, la faculté olfactive doit l'être en puissance, car le sensible fait passer le sens à l'acte, de sorte que, nécessairement, ce qu'il est alors, il l'était auparavant en puissance. D'autre part, l'odeur est une sorte d'exhalaison fumeuse, et toute exhalaison fumeuse vient du feu. C'est pourquoi aussi l'organe sensoriel de l'odorat a son lieu propre dans la partie qui entoure le cerveau. En effet, la matière de ce qui est froid est en puissance chaude ; et la génération de l'œil s'explique de la même façon: il se constitue à partir du cerveau et celui-ci est la plus humide et la plus froide des parties du corps). Quant à l'organe du toucher, il est fait de terre et le goût est une espèce du toucher. Aussi l'organe de ces deux sens est-il lié au cœur, car celui-ci s'oppose au cerveau et il est la partie la plus chaude du corps." (p.72)
"Le sentir n'est pas comme l'acquisition, mais comme l'exercice du savoir." (p.81)
"Démocrite et la plupart des physiciens qui traitent de la sensation font quelque chose de tout à fait absurde. Ils font en effet de tous les sensibles des objets du toucher. Pourtant, s'il en allait ainsi, il est évident que chacun des autres sens serait une sorte de toucher. Or il n'est pas difficile de s'apercevoir que c'est impossible. En outre, ils traitent des sensibles qui sont communs à tous les sens, comme s'ils étaient propres à chacun. En effet, le nombre, la figure, le rugueux et le lisse, comme l'aigu et l'émoussé des corps solides sont communs à plusieurs sens, sinon à tous, du moins à la vue et au toucher. C'est aussi pourquoi l'on peut se tromper sur les sensibles communs, mais pas sur les sensibles propres. Ainsi la vue ne se trompe pas sur la couleur, ni l'ouïe sur les sons." (p.83)
"Une première espèce d'odeurs correspond aux saveurs, comme nous l'avons dit, et elles contiennent par accident l'agréable et le désagréable (en effet ce sont des affections de la faculté nutritive, et quand nous avons de l'appétit, leurs odeurs sont agréables, alors qu'elles ne le sont pas pour ceux qui sont repus et ne désirent plus rien, pas plus qu'elles ne sont agréables à ceux qui n'apprécient pas la nourriture qui dégage ces odeurs). [...] Les autres odeurs, quant à elles, sont agréables en soi, comme par exemple celles des fleurs." (p.86)
"Chacune de ces qualités [couleur, saveur, odeur, son, lourd, léger, chaud, froid, dur, mou] est productrice de sensation (car c'est à leur capacité de mettre la sensation en mouvement que toutes doivent leur nom." (p.91)
"L'intellect ne saisit pas les objets externes sans le concours de la sensation." (p.91)
"Dans l'exercice d'une unique sensation, l'âme ne peut percevoir simultanément deux qualités si elles n'ont pas été mélangées. [...] Il n'est [...] pas possible que l'on perçoive deux choses en même temps par une seule sensation." (p.98)
"Tout sensible est une grandeur et il n'y a pas d'indivisible qui soit sensible." (p.103)
"L'objet de l'odorat et celui de l'ouïe, c'est-à-dire tous ceux des sensibles que l'on ne perçoit pas par contact." (p.103)
"Quand on possède la science et la sensation en dehors de leur exercice même, alors on se souvient dans un cas, que l'on a appris ou étudié, dans l'autre, qu'on a entendu, vu ou senti de quelque autre manière." (p.106)
"L'antérieur et le postérieur sont dans le temps." (p.108)
"On considère que celui qui sent est éveillé et que tout individu éveillé a la sensation d'un certain mouvement, externe ou interne. Si donc le fait d'être éveillé ne réside pas en autre chose que dans le fait de sentir, il est clair que c'est ce par quoi l'on sent qui fait que les individus éveillés sont éveillés et que les individus endormis sont endormis." (p.122)
"La veille se définit par la libération de la sensation." (p.124)
"Le sommeil est une certaine affection de la partie sensitive, comme un lien et une immobilisation, de sorte que, nécessairement, tout animal qui dort possède la partie sensitive." (p.124)
"Il est impossible que l'acte de la sensation, au sens éminent et absolu du terme, se produise en même temps que l'on dort." (p.124)
"Les êtres qui possèdent la sensation connaissent aussi la souffrance et la jouissance et les êtres qui connaissent ces états possèdent aussi l'appétit. Mais les plantes ne possèdent rien de tout cela." (p.125)
"Certains animaux ont tous les sens, alors que certains ne les ont pas tous." (p.126)
"Tous les sens subissent nécessairement la même affection dans ce qu'on appelle le sommeil." (p.126)
"Chaque sens en particulier possède d'une part quelque chose de propre, d'autre part quelque chose de commun (ainsi la vue possède-t-elle en propre le voir, l'ouïe l'entendre et chaque sens les autres facultés de la même manière) ; posons d'autre part qu'il y a aussi une faculté commune qui les accompagne tous, et par laquelle on sent que l'on voit et que l'on entend (en effet ce n'est assurément pas par la vue qu'on voit, et ce n'est certes pas par le goût, ni par la vue ni par les deux que l'on juge et que l'on est apte à juger que ce qui est sucré diffère de ce qui blanc, mais c'est grâce à une partie commune à tous les organes sensoriels ; c'est en effet une unique sensation et l'organe sensoriel principal est un, bien qu'il diffère en tant qu'il est une sensation qui se rapporte à chaque genre de sensible, comme le son et la couleur)." (p.126)
"Le sommeil ne consiste pas dans le repos des sens et dans leur non-usage, pas plus que dans l'impossibilité de sentir (dans les cas d'évanouissement en effet se produit aussi quelque chose de tel, car l'évanouissement est une impuissance de la sensibilité et certains cas d'inconscience prennent aussi cette forme ; en outre, ceux dont les veines du cou sont comprimées deviennent insensibles). Le sommeil se produit, plutôt, quand il devient impossible de faire usage de la sensibilité, non pas dans n'importe quel organe sensoriel, ni sous l'effet de n'importe quelle cause, mais, comme on vient de le dire, dans l'organe sensoriel premier par lequel nous avons la sensation de toutes choses. En effet, lorsque celui-ci ne peut plus accomplir sa fonction, les organes sensoriels sont tous dans l'impossibilité de sentir, mais quand c'est le cas de l'un d'eux, il n'y a pas nécessité que lui ne sente pas." (p.128)
"Tous les animaux sanguins ont un cœur et le principe du mouvement et de la sensation principale vient de cet organe." (p.129)
"Tout animal se meut lorsqu'une certaine sensation, propre ou externe, se produit dans l'organe sensoriel premier." (p.130)
-Aristote, Petits traités d’histoire naturelle (Parva Naturalia), Gallimard, coll. Flammarion, 2000, 229 pages.
Dernière édition par Johnathan R. Razorback le Ven 8 Juin - 14:15, édité 1 fois