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    David Hume, Œuvres complètes

    Johnathan R. Razorback
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    Message par Johnathan R. Razorback Lun 8 Sep - 7:43

    http://philotra.pagesperso-orange.fr/hume_oeuvres.htm
    http://www.econlib.org/library/LFBooks/Hume/hmMPL.html

    http://classiques.uqac.ca/classiques/Hume_david/essais_moraux_pol_lit/sept_essais_economiques/sept_essais_econo.html

    « L’esprit du peuple doit être stimulé souvent pour réfréner les ambitions de la cour, et la seule crainte qu’il ne soit pas stimulé doit être entretenue pour prévenir de telles ambitions. Rien ne remplit mieux ce rôle qu’une presse libre, grâce à laquelle tout le savoir, tout l’esprit et tout le génie de notre nation peuvent être mis au service de la liberté, et chacun s’employer à sa défense. Tant que l’élément républicain de notre gouvernement saura se maintenir contre l’élément monarchique, il veillera donc naturellement à encourager la liberté de la presse, si essentielle à sa propre préservation. » (De la liberté de la presse, p.123)

    « [Henri IV] prince patriote et héroïque. » (La politique peut-elle être réduite à une science ?, 1741, p.130)

    « Dans un gouvernement [monarchique] électif, la succession au trône est une question dont l’intérêt est trop grand et trop général pour ne pas diviser tout le peuple en factions, si bien qu’à chaque vacance on peut redouter une guerre civile, qui est le pire des maux. » ((La politique peut-elle être réduite à une science ?, 1741) (p.134)

    « Pour ma part, je serais toujours plus porté à promouvoir la modération que le zèle, même si la meilleure façon d’inspirer de la modération aux membres de chaque parti est sans doute d’accroître le zèle de chacun pour le public. […] Mais que cette modération n’étouffe en rien l’industrie et la passion avec lesquelles chaque individu se doit de poursuivre le bien de son pays. » (p.142-143)

    « Mon seul souhait est de convaincre les hommes de ne point s’affronter comme s’ils se battaient pro aris & focis [« Comme s’ils défendaient leurs autels et leurs foyers »]. » (p.146)

    « Rien ne paraît plus surprenant à ceux qui observent les affaires humaines d’un œil philosophique que la facilité avec laquelle le grand nombre est gouverné par le petit, et la soumission tacite avec laquelle les hommes sacrifient leurs propres sentiments et leurs propres passions à celles de leurs chefs. Si l’on cherche comment de tels prodigues s’accomplissent, on trouve que puisque la force est toujours du côté des gouvernés, les gouvernants ne peuvent s’appuyer sur rien d’autre que l’opinion. C’est donc sur l’opinion seule que se fonde le gouvernement. Une telle maxime s’applique tant aux gouvernements les plus despotiques et les plus militaires qu’aux gouvernements les plus libres et les plus populaires. » (Des principes premiers du gouvernement, 1741) (p.147)

    « On n’aurait aucune raison de craindre la fureur d’un tyran si la crainte était le seul fondement de son autorité. En tant qu’individu, sa force physique n’a qu’une portée réduite, et toute la puissance qu’il possède ne peut se fonder que sur l’opinion que nous en avons, ou sur l’opinion que nous présumons que les autres en ont. » (p.150)

    « Existe-t-il en vérité divertissement plus agréable pour l’esprit que de se transporter dans les âges les plus reculés, et d’observer la société humaine dans sa prime enfance faire ses premiers pas en matière d’arts et de sciences ; que de voir la conduite du gouvernement, la civilité de la conversation se raffiner par degrés, et tout ce qui contribue à l’ornement de la vie humaine avancer vers sa perfection ; que d’observer la naissance, le progrès, le déclin et enfin l’extinction des empires les plus florissants, et de remarquer les vertus qui ont fait leur grandeur, et les vices qui ont causé leur ruine ; en un mot, de voir toute l’espèce humaine, depuis l’origine des temps, défiler devant nos yeux, sous ses vraies couleurs, et sans ce fard qui, de leur vivant, dérouta tant ses observateurs ? Peut-on imaginer spectacle plus magnifique, plus varié, plus intéressant ? Quel amusement des sens ou de l’imagination lui est comparable ? […]
    Mais autant qu’un amusement agréable, l’histoire est une partie très instructive de la connaissance ; et une grande part de ce que nous nommons communément érudition, et que nous estimons tant, n’est autre qu’une simple familiarité des faits historiques. C’est aux hommes de lettres qu’il revient de connaître cette science en profondeur ; mais cela me semble une ignorance impardonnable, de quelque sexe ou condition que l’on soit, de ne point savoir l’histoire de son pays ni celle de la Grèce et de la Rome antiques. Une femme peut avoir des belles manières et même de la vivacité d’esprit : si son esprit est ainsi dénué, sa conversation ne pourra jamais plaire aux hommes de sens et de réflexion. […]
    D’un homme qui connaît l’histoire, on peut dire un sens qu’il vit depuis le commencement du monde, et que l’écoulement des siècles accroît sans cesse sa provision de connaissances.
    Il y a en outre dans cette expérience acquise grâce à l’histoire un avantage que ne possède pas celle que l’on acquiert par la pratique du monde : celui de s’instruire sur les affaires humaines sans diminuer en rien les sentiments de vertu les plus délicats. A cet égard, j’avoue que je ne connais point d’étude ou d’occupation aussi irréprochable que l’histoire. […] Les philosophes eux-mêmes sont portés à s’égarer dans les subtilités de leurs spéculations : on en a vu certains aller jusqu’à nier la réalité de toute distinction morale. Or, c’est là une remarque digne de l’attention des penseurs spéculatifs, que les historiens ont presque toujours été amis de la vertu, et l’ont représentée sous ses vraies couleurs, même lorsqu’ils se trompaient dans leurs jugements sur des personnes particulières. Il n’est jusqu’à Machiavel qui ne manifeste un vrai sentiment de vertu dans son histoire de Florence. Lorsqu’il écrit en savant politique, et dans ses raisonnements généraux, il considère l’empoissonnement, l’assassinat ou le parjure comme des artifices légitimes de pouvoir ; mais lorsqu’il écrit en historien, dans ses narrations particulières, il exprime souvent une indignation si vive contre le vice, et une approbation si chaleureuse de la vertu que je ne puis m’empêcher de lui appliquer cette remarque d’Horace : chassez la nature, même avec la plus grande indignité, elle reviendra toujours. Cette alliance des historiens en faveur de la vertu n’est, au reste, pas difficile à comprendre : quand un homme d’entreprise s’engage dans la vie et dans l’action, il est porté à considérer le caractère des hommes en relation avec l’intérêt qu’il poursuit, plutôt que leur caractère tel qu’il est effectivement ; aussi son jugement est-il faussé en chaque occasion par la violence de sa passion. A l’inverse, quand un philosophe contemple les caractères et les mœurs depuis le fond de son cabinet, la vue générale et abstraite qu’il a de ces objets de réflexion laisse son esprit si froid et impassible que les sentiments de la nature ne sauraient y trouver place, et il éprouve rarement la différence entre le vice et la vertu. L’histoire garde le juste milieu entre ces deux extrêmes en plaçant les objets dans leur vraie perspective
    . » (De l’étude de l’histoire, p.162-164)

    « Machiavel était sans aucun doute un grand génie ; mais comme il borna son étude aux gouvernements violents et tyranniques de l’Antiquité, ou aux petites principautés de l’Italie alors en proie au désordre, ses raisonnements se sont montrés fautifs à l’extrême, surtout quand ils touchent au gouvernement monarchique, et l’on ne trouve presque aucune maxime dans son Prince qui n’ait été entièrement réfutée par l’expérience ultérieure. » (De la liberté civile, 1741) (p.227)

    « Avant le siècle dernier, le commerce n’était jamais tenu pour une affaire d’Etat : c’est à peine si l’on trouve un seul auteur politique de l’Antiquité qui en fasse mention. » (De la liberté civile, 1741) (p.228)

    « C’est la France qui offre l’exemple le plus remarquable de l’épanouissement du savoir sous un gouvernement absolu. Bien que ce pays n’ait jamais bénéficié d’une liberté établie, il a porté les arts et les sciences à un degré de perfection aussi élevé que n’importe quelle autre nation. Les Anglais sont peut-être de plus grands philosophes, les Italiens de meilleurs peintres et de meilleurs musiciens, les Romains furent des orateurs plus éloquents, mais les Français sont le seul peuple, à l’exception des Grecs, à avoir produit à la fois des philosophes, des poètes, des orateurs, des historiens, des peintres, des architectes, des sculpteurs et des musiciens. En matière de théâtre, ils surpassent même les Grecs, qui sont eux-mêmes bien meilleurs que les Anglais. Et pour ce qui touche à la vie commune, ils ont dans une large mesure porté à la perfection l’art le plus utile et le plus agréable de tous, l’Art de Vivre, c’est-à-dire l’art de la société et de la conversation. » (De la liberté civile, 1741) (p.231)

    « On peut aujourd’hui appliquer aux monarchies civilisées l’éloge que l’on faisait autrefois des seules républiques : ce sont des gouvernements régis par les lois et non par les hommes. […] Il faut pourtant convenir que bien que les gouvernements monarchiques se soient approchés des gouvernements populaires par leur douceur et par leur stabilité, ils ne les égalent pas encore. » (p.234-235)

    « La quasi-totalité des gouvernements en place à l’heure actuelle, ou dont il subsiste quelque trace dans l’histoire, ont eu pour fondement originel soit l’usurpation, soit la conquête, soit les deux, sans prétendre au juste consentement ni à la sujétion volontaire du peuple. Lorsqu’un homme habile et audacieux prend la tête d’une armée ou d’une faction, il lui est aisé, en employant parfois la violence, parfois des arguments fallacieux, d’établir sa domination sur une population même cent fois plus nombreuse que ses partisans : ayant eu soin d’interdire toute communication ouverte permettant à ses ennemis de connaître le nombre ou la puissance de ses partisans, il ne leur laisse pas le loisir de s’unir pour former un corps ennemi. Et si ceux-là qui ont servi à son usurpation viennent à désirer sa chute, l’ignorance où sont les uns des intentions des autres les maintiendra dans une crainte respectueuse, et constituera la seule raison de sa sûreté. C’est par de tels artifices que nombre de gouvernements ont été établis ; et c’est là le seul contrat originel dont ils puissent s’enorgueillir.
    […] Que décèle-t-on dans tous ces événements, sinon la force et la violence ? Où donc est l’accord mutuel et l’association volontaire dont on parle tant ?
    » (Du contrat originel, 1748) (p.367-368)

    « Mon intention ici n’est pas de nier que le consentement populaire puisse constituer l’un des fondements légitimes du gouvernement, quand il est exercé : c’est sûrement le meilleur et le plus sacré d’entre tous. J’avance simplement qu’il n’est exercé que fort rarement à un degré quelconque et presque jamais de façon complète, et qu’il faut donc admettre que le gouvernement puisse avoir un autre fondement.
    Si les hommes avaient eu de la justice un respect assez inflexible pour s’abstenir par eux-mêmes de porter atteinte à la propriété d’autrui, ils seraient demeurés pour toujours dans un état de liberté absolue, sans sujétion au magistrat ni à la société civile ; mais c’est là un état de perfection dont la nature humaine est jugée à juste titre incapable. De même, si tous les hommes avaient l’entendement assez parfait pour connaître toujours leur propre intérêt, ils ne se soumettraient jamais qu’à des formes de gouvernement établies par consentement et minutieusement examinées par tous les membres de la société ; mais cet état de perfection est là encore bien supérieur à la nature humaine
    . » (p.370-371)

    « Si l’on demande à la raison pour quoi nous sommes obligés d’obéir au gouvernement, je répondrai sans hésiter : parce que sans cette obéissance la société ne pourrait subsister. » (p.379)

    « C’est sur l’intérêt et les nécessités de la société que se fonde l’obligation générale qui nous lie au gouvernement, et c’est là une obligation très forte ; déterminer quel prince particulier ou quelle forme particulière de gouvernement nous oblige est une question souvent plus incertaine et plus douteuse. » (p.383)

    « Un gouvernement établi possède un avantage infini par cela même qu’il est établi, car le gros de l’humanité est gouverné par l’autorité plus que par la raison, et ne reconnaît d’autorité qu’à ce qui se recommande de l’ancienneté. C’est pourquoi le rôle d’un sage magistrat ne sera jamais d’interférer dans ces matières, ni de tenter des expériences sur la seule foi d’arguments supposés ou d’une prétendue philosophie ; il s’inclinera au contraire devant ce qui porte l’empreinte du temps, et s’il peut essayer d’introduire certaines améliorations pour le bien public, il ajustera toujours ses innovations, autant que faire se peut, à l’ancien édifice, et conservera dans leur intégrité les principaux piliers et fondements de la constitution. » (p.640-641)

    « Le gouvernement que l’on qualifie communément de libre est celui qui admet une division du pouvoir entre plusieurs organes dont l’autorité conjointe n’est pas moindre que celle d’un monarque –et la surpasse même communément- mais qui doit, dans le cours ordinaire de l’administration, agir par des lois générales et égales, connues par avance de tous ces organes et de tous leurs sujets. En ce sens, il faut avouer que la liberté est la perfection de la société civile, tout en reconnaissant que l’autorité est essentielle à son existence. » (De l’origine du gouvernement, 1777) (p.740)
    -David Hume, Essais moraux, politiques et littéraires, et autres essais, PUF, coll. « Perspectives anglo-saxonnes », trad. Gilles Robel, 2001, 874 pages.
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    Message par Johnathan R. Razorback Mar 12 Nov - 15:35

    « L’Enquête sur les principes de la morale paraît à Londres en novembre 1751. David Hume est âgé de quarante ans, il n’a pas de véritable situation professionnelle : sa candidature à une chaire de Logique déclarée vacante à Glasgow vient d’être rejetée. C’est dire que, malgré le succès de ses différents recueils d’essais, le philosophe suscite toujours l’hostilité des milieux universitaires. » (p.7)

    « Le fait premier, chez Hume, n’est ni la raison humaine, ni la matérialité : c’est un donné impressionnel que la rigueur de l’intention analytique ne permet de renvoyer à rien qui soit plus originel. […] Tout se passe comme si Hume portait le doute cartésien plus loin, et ne trouvait que l’impression comme véritable résistance, une impression à la fois simple et close sur elle-même, « atomique », ou plutôt « monadique ». » (p.11)

    « L’auteur, au terme de son œuvre, se reconnaissait particulièrement dans cet ouvrage. » (p.18)

    « La méthode de cette Enquête prend appui sur la doctrine humienne de la connaissance. » (p.25)

    « Le concept d’une « bienveillance naturelle » est l’arme théorique principale de l’école sentimentaliste contre les morales de l’égoïsme, celle de Hobbes, mais aussi celles, plus cyniques, de La Rochefoucauld et de Mandeville. » (p.26)

    « Il n’y a pas, chez Hume, d’innéisme d’une conscience morale toute constituée. » (p.41)

    « Le philosophe ne soutient pas une doctrine utilitariste. » (p.47)

    « Hutcheson est sans doute le premier à définir la vertu comme « cette action […] qui procure le plus grand bonheur au plus grand nombre ». » (note 1 p.47)

    « L’hypothèse d’un sentiment bienveillant est davantage conforme aux apparences, sans supposer d’autre puissance que celle de la passion. […] Le sentiment qu’elle reconnaît pour principe est plus originel. Les passions sont en effet des tendances aveugles qui peuvent s’exercer contre l’intérêt de l’individu ; elles déterminent des préférences et des conduites dont la satisfaction est contingente : tendre au plaisir n’est pas le rechercher. L’amour de soi a la particularité de prendre cette satisfaction pour objet, et se révèle donc second : il serait un amour sans objet si la passion ne lui en donnait pas. Il apparaît donc que des motifs égoïstes peuvent s’ajouter aux motifs passionnels premiers, mais en sont distincts. Une systématique de l’intérêt n’est pas le destin de toute morale des passions. » (p.48-49)

    « On voit qu’il est question de mettre en place une science morale, mais que celle-ci sera nécessairement sceptique. » (p.55)

    « Les énoncés de valeur ne sont pas des énoncés objectifs. » (p.62)
    -Philippe Salter, Introduction à David Hume, Enquête sur les principes de la morale, Paris, GF-Flammarion, 1991, 346 pages.

    « Il n’est pas concevable qu’un être humain puisse jamais croire sérieusement que tous les caractères et tous les actes ont un droit égal à l’assentiment et à la considération de chacun. » (p.69)

    « Un homme ne raisonne pas quant à la beauté d’un autre, mais il lui arrive fréquemment de le faire à propos de la justice ou de l’injustice de ses actes. » (p.71)

    « Le but de toutes les spéculations morales est de nous enseigner notre devoir, et, par des représentations appropriées de la laideur du vice et de la beauté de la vertu, d’engendrer des habitudes correspondantes et de nous engager à éviter l’un et à rechercher l’autre. Mais est-il possible de s’en remettre, pour cela, aux inférences et aux conclusions de l’entendement, qui, par elles-mêmes, n’ont pas de prise sur les inclinations, et sont incapables de mettre en mouvement les forces actives de l’homme ? Elles dévoilent des vérités, mais si les vérités qu’elles dévoilent sont indifférentes et ne font naître ni désir ni aversion, elles ne peuvent avoir aucune influence sur la conduite et le comportement. Ce qui est honorable, ce qui est équitable, ce qui est convenable, ce qui est noble, ce qui est généreux, prend possession du cœur et donne la force de l’embrasser et de le défendre. Ce qui est intelligible, ce qui est évident, ce qui est probable, ce qui est vrai, procure seulement l’assentiment froid de l’entendement, et, en donnant satisfaction à une curiosité spéculative, met fin à nos recherches. » (p.72)

    « La raison et le sentiment concourent à la plupart des déterminations et conclusions dans le domaine moral. » (p.73)

    « Découvrir l’origine véritable de la morale. » (p.74)
    -David Hume, Enquête sur les principes de la morale, Paris, GF-Flammarion, 1991, 346 pages.

    « Je ne puis accepter le sens que vous donnez au mot naturel. Il est fondé sur les causes finales, ce qui est une considération qui me paraît assez incertaine et peu philosophique. Car, je vous prie, quelle est la fin de l’homme ? Est-il crée pour la vertu ou pour le bonheur ? Pour cette vie ou pour la suivante ? Pour lui-même ou pour son auteur ? Votre définition du mot naturel dépend de la solution de ces questions qui sont sans issue et hors de mon dessein. »
    -David Hume, Lettre à Hutcheson, 17 septembre 1739.

    « Pour ce qui est de mes opinions, vous savez que je ne défends aucune d’entre elles de manière absolue ; je propose seulement mes doutes, là où je suis assez infortuné pour ne pas partager la même conviction que le reste de l’humanité. » -David Hume, Lettre à Millar, 3 septembre 1757.

    « Il n’est pas contraire à la raison de préférer la destruction du monde entier à une égratignure à mon doigt. » -David Hume, Traité de la nature humaine, II, 3, 3, p.525.



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    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".

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    Message par Johnathan R. Razorback Ven 14 Fév - 17:49

    https://philotra.pagesperso-orange.fr/tnh.htm

    "Rien n'est plus habituel ni plus naturel, chez ceux qui prétendent révéler au monde quelque chose de nouveau en philosophie et dans les sciences, que de faire discrètement les louanges de leur propre système en décriant tous ceux qui ont été avancés avant eux. A vrai dire, s'ils se contentaient de déplorer cette ignorance où nous sommes encore plongés sur les plus importantes questions qui peuvent se présenter devant le tribunal de la raison humaine, ceux qui ont une connaissance des sciences seraient peu nombreux à ne pas être promptement d'accord avec eux. Il est facile à un homme de jugement et d'instruction d'apercevoir la faiblesse même du fondement de ces systèmes qui ont obtenu le plus grand crédit et ont porté au plus haut leurs prétentions à l'exactitude et à la profondeur du raisonnement. Principes adoptés de confiance, conséquences déduites de ces principes de façon boiteuse, manque de cohérence dans les parties et d'évidence dans le tout, c'est ce qu'on rencontre partout dans les systèmes des plus éminents philosophes, et c'est ce qui semble avoir jeté le discrédit sur la philosophie elle-même."

    "En vérité, rien, sinon le scepticisme le plus déterminé, accompagné d'un haut degré d'indolence, ne peut justifier cette aversion pour la métaphysique. En effet, si la vérité est à la portée de la capacité humaine, elle doit se trouver très profond, et à un niveau très abstrus; et espérer y arriver sans peine, alors que les plus grands génies ont échoué malgré les peines les plus extrêmes, doit certainement être jugé assez vain et présomptueux. Je ne prétends pas à un tel avantage dans la philosophie que je vais développer, et j'estimerais que, si elle était trop facile et trop évidente, ce serait une forte présomption contre elle."

    "Voici donc le seul moyen dont nous puissions espérer le succès dans nos recherches philosophiques : abandonner la fastidieuse et lente méthode que nous avons suivie jusqu’ici, et au lieu de prendre çà et là un château ou un village à la frontière, marcher directement sur la capitale, le centre de ces sciences, sur la nature humaine elle-même ; et une fois que nous en serons maîtres, nous pouvons espérer partout ailleurs une facile victoire."

    "Quoique d’autres nations puissent rivaliser avec nous en poésie, et nous surpasser en certains autres arts d’agrément, les progrès de la raison et de la philosophie ne peuvent être dus qu’à une terre de tolérance et de liberté."

    [Livre II : Des passions. Partie I : De l’orgueil et de l’humilité. Section 8 : De la beauté et de la laideur]

    "La beauté (de tout genre) nous donne une satisfaction et un plaisir particuliers, tout comme la laideur produit du déplaisir, quel que soit le sujet où elles puissent se trouver, qu’on les voie en un objet animé ou un objet inanimé. […]
    La beauté n’est rien qu’une forme qui produit un plaisir, tout comme la laideur est une structure de parties qui communique de la douleur
    "

    [Livre III : De la morale. Partie I : De la vertu et du vice en général. Section 1 : Les distinctions morales ne dérivent pas de la raison.]

    "La moralité est un sujet qui nous intéresse plus que tout autre. Nous imaginons que la paix de la société est en jeu à chaque décision la concernant ; et il est évident que ce souci doit rendre nos spéculations plus réelles et plus solides que quand le sujet nous est dans une grande mesure indifférent."

    "Peut-il y avoir quelque difficulté à prouver que le vice et la vertu ne sont pas des choses de fait dont l’existence pourrait être inférée par la raison ? Prenez une action reconnue comme vicieuse, un meurtre prémédité, par exemple. Examinez-le de tous les points de vue et voyez si vous pouvez trouver cette chose de fait, cette existence réelle que vous appelez vice. Quelle que soit la façon dont vous le considériez, vous trouverez seulement certaines passions, certains motifs, certaines volitions et certaines pensées. Il n’y aucune autre chose de fait dans ce cas. Le vice vous échappe entièrement aussi longtemps que vous considérez l’objet. Vous ne pourrez jamais le trouver tant que vous ne tournerez pas votre réflexion vers l’intérieur de votre cœur où vous trouverez un sentiment de désapprobation qui naît en vous envers cette action. Là, il y a une chose de fait mais c’est un objet du sentiment, non de la raison. Il se trouve en vous-mêmes et non dans l’objet. De sorte que, quand vous déclarez qu’une action ou un caractère est vicieux, vous ne voulez dire qu’une chose : que, par la constitution de votre nature, vous éprouvez quelque chose, vous avez un sentiment de blâme en considérant cette action. Le vice et la vertu peuvent donc être comparés à des sons, des couleurs, du chaud et du froid qui, selon la philosophie moderne, ne sont pas des qualités des objets mais sont des perceptions de l’esprit. Cette découverte en morale, comme cette autre faite en physique, doit être regardée comme un considérable progrès dans les sciences spéculatives bien que, comme l’autre, elle ait peu ou pas d’influence dans la pratique. Rien ne peut être plus réel ou nous concerner davantage que nos propres sentiments de plaisir et de déplaisir et, s’ils sont à l’avantage de la vertu et au désavantage du vice, on ne peut exiger rien de plus pour régler notre conduite et notre comportement.

    Je ne peux pas m’empêcher d’ajouter à ces raisonnements une remarque qui, peut-être, sera trouvée de quelque importance. Dans tous les systèmes de morale que j’ai rencontrés jusqu’alors, j’ai toujours remarqué que les auteurs, pendant un certain temps, procèdent selon la façon habituelle de raisonner et établissent l’existence de Dieu ou font des observations sur les affaires humaines ; puis, soudain, je suis surpris de voir qu’au lieu des habituelles copules
    est et n’est pas, je ne rencontre que des propositions reliées par un doit ou un ne doit pas. Ce changement est imperceptible mais néanmoins de la première importance. En effet, comme ce doit ou ne doit pas exprime une nouvelle relation ou affirmation, il est nécessaire qu’on la remarque et qu’on l’explique. En même temps, il faut bien expliquer comment cette nouvelle relation peut être déduite des autres qui en sont entièrement différentes car cela semble totalement inconcevable. Mais, comme les auteurs n’usent pas habituellement de cette précaution, je me permettrai de la recommander aux lecteurs et je suis persuadé que cette petite attention renversera tous les systèmes courants de morale et nous fera voir que la distinction du vice et de la vertu ne se fonde pas simplement sur les relations des objets et qu’elle n’est pas perçue par la raison."
    -David Hume, Traité de la nature humaine. Essai pour introduire la méthode expérimentale de raisonnement dans les sujets moraux, 1739 pour la première édition, traduction Philippe Folliot, 2007.



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