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    Henri Massis, La pensée de Maurice Barrès + Les jeunes gens d'aujourd'hui + le manifeste Pour un parti de l'intelligence + la Revue universelle

    Johnathan R. Razorback
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    Message par Johnathan R. Razorback Ven 8 Juin - 18:47

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Massis

    https://archive.org/details/lapensedemauri00massuoft/page/2

    https://archive.org/details/lesjeunesgensdau00agatuoft/page/n5

    "La génération dont nous voulons esquisser une image est [...] celle qui naquit vers 1890." (p.II)

    "Décrire le type nouveau de la jeune élite intellectuelle." (p.III)

    "Nietzsche est à peine lu par notre jeunesse. Pour les intelligences anémiées de ses ainées, il fut un puissant cordial et prépara la restauration des valeurs courageuses, de la force, de l'énergie, de la belle audace des races nobles. Certains même furent amenés par lui jusqu'au seuil d'une renaissance française et classique. Mais aujourd'hui, les jeunes gens n'ont point besoin de ce "tonique". Ce goût maladif de la vie, cet anxieux appel vers la santé leur inspirent quelque méfiance. L'obsession de ce qui est vigoureux et puissant, l'apologie effrénée de la force paraissent justement suspectes à un homme fort. Tout ce qui, chez Nietzsche, n'est qu'hygiène à l'usage des neurasthéniques, n'a plus de sens pour ceux qui viennent.
    Stendhal, au contraire, est plus proche de leur âme ; Stendhal, ce Nietzsche de notre race, formé par l'analyse lucide des hommes du dix-huitième siècle, nullement infesté de métaphysique allemande. Et chez l'auteur de
    Rouge et Noir ils découvrent, avec le sentiment de l'honneur, le goût des belles actions et le culte des individualités éminentes." (p.55)
    -"Agathon" (Henri Massis et Alfred de Tarde), Les jeunes gens d'aujourd'hui, Édition de 1919 (11ème édition, 1913), 289 pages.

    "Ce ne fut pas, comme on pourrait le croire, Nietzsche et son appel maladif vers la santé qui nous guérirent, ce fut elle, la boxe anglaise dont on a tant médit." (p.143)
    -Georges Rozet, La Jeunesse et le sport, annexe à -"Agathon" (Henri Massis et Alfred de Tarde), Les jeunes gens d'aujourd'hui, Édition de 1919 (11ème édition, 1913), 289 pages.

    On notera que Massis et Alfred de Tarde, dans la préface de 1919 à la onzième édition de leur enquête Les jeunes gens d'aujourd'hui qualifient (en italique) d'"inactuelles" -terme mélioratif et nietzschéen s'il en est- les valeurs catholiques.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Pour_un_parti_de_l%27intelligence

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Revue_universelle

    "La Revue universelle s'adresse au lecteur catholique et cultivé avec ses articles de fond traitant de questions politiques, historiques, littéraires et scientifiques. Dans son ensemble, la revue présente une vision du monde reposant sur un traditionalisme de valeurs établies. La littérature y joue un rôle central, et la critique dans le sens large du terme y est le genre dominant. Auprès du public, la revue profite de sa rigueur idéologique et, tout en restant fidèle au "nationalisme intégral", elle prétend se mettre au service des intérêts de la nation en général. C'est ce qui la distingue le plus de la Revue critique des idées et des livres, vouée à la disparition à cause du succès de la Revue universelle." (p.313-314)

    "La Revue universelle défend donc les valeurs affirmées de l'art bourgeois sans être attirée par une quelconque révolte de la jeunesse. Cela dit, on y est loin d'ambitionner le rôle de novateur au pôle dominant du champ littéraire. La violence qui remplace la révolte apparaît cependant dans la critique. Et c'est surtout à Henri Massis lui-même de défendre la doctrine esthétique de l'Action française contre tous les courants de la littérature moderne. En accord avec la rivalité de sa revue face à la NRF, son adversaire préféré est André Gide, figure emblématique de cette revue." (p.316)
    -M. Michel Einfalt, La critique littéraire de "L'Action française", Cahiers de l'AIEF, Année 2007, 59, pp. 303-319.



    _________________
    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".

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    Message par Johnathan R. Razorback Ven 12 Avr - 14:31

    « « Je vais fonder un parti, le parti des hommes de quarante ans. Vous en serez aussi, mon garçon. Un jour, vous serez mûr ». C’est ainsi que Péguy nous enrôla par avance, certain soir de juillet 1910, où nous l’avions accompagné pour acheter le Temps au kiosque qui fait le coin du boulevard Saint-Germain et du boulevard Saint-Michel. » (p.1)
    « En écrivant ces pages, c’est moins au désir d’évoquer ma jeunesse que j’ai cédé qu’à celui de montrer à quelles sources vivantes se sont alimentés les hommes de notre âge. » (p.3)
    « Mon aventure fut commune, en son fond, à la plupart de ceux qui eurent vingt ans aux environs de 1905. » (p.7)
    « Son gros bouquin sur Émile Zola lui avait facilité l’accès du monde littéraire. Étrange passeport, en vérité, pour entrer à dix-neuf ans à peine dans la République des lettres ! Émile Faguet, qui avait consacré tout un feuilleton à son livre et qu’il était allé remercier dans son petit logement de la rue Monge, ne lui avait-il pas dit : « Voyez donc Anatole France. Vous apprendrez, en l’écoutant, bien des choses qu’on ne vous enseignera pas à la Sorbonne. France, c’est l’érudition vivante ». » (p.10)
    « [France] n’aimait point Zola. » (p.11)
    « Maintes fois, à la fin des matinées de la Villa Saïd, il avait vu le Maître recevoir une délégation de militants socialistes, qui lui apportaient une pétition à signer. M. France ajustait alors ses besicles. Indifférent à l’objet même de la démarche, il semblait arrêté par quelque phrase incorrecte, par quelque faute de français. Alors, avec une intime ironie, il lisait à haute voix l’inélégant factum, comme pour se moquer de soi-même et de ce qu’il allait faire. […] Vingt scène, toutes semblables, avaient fait tomber la ferveur de notre néophyte qui, déjà, cherchait vers d’autres horizons un plus viril animateur. Cet humaniste lui semblait « inhumain ». » (p.15)
    « L’écrivain qui avait sauvé notre langage des plus basses dégradations. » (p.15)
    « Mais surtout, et cela seul eût dû le remplir de gratitude, notre adolescent avait entendu parler de Racine, comme nul n’en a jamais parlé. Il avait vu ce miracle qui fit, après des années de séparation, renaître l’amitié d’Anatole France et de Jules Lemaître, sous le signe du poète de Bérénice. M. France venait de lire le volume où Lemaître avait publié ses conférences ; pour lui exprimer sa gratitude, il hercha dans son carton aux estampes une précieuse « épreuve » qu’il adressa avec ces mots : A Jules Lemaître, qui a bien parlé de Racine, son ami, Anatole France. Il y avait près de dix ans qu’ils ne se voyaient plus. » (p.16)
    « Pouvais-je me représenter la Villa Saïd et l’hôtel de Neuilly comme la maison des Montégut et la maison des Capulet, alors que j’avais dans la mémoire le premier article où le jeune Barrès, encore étudiant à Nancy, faisait l’éloge de so aîné Anatole France ; et comment eussé-je oublié que celui-ci, dans la Vie littéraire, avait loué, dès son départ, la subtilité ironique et perverse de l’auteur du Jardin de Bérénice ? » (p.19-20)
    « [Chez Barrès] A part un portrait de Bonaparte, au-dessus de la cheminée, une image du grand Condé (comme il lui ressemblait !), un étrange moulage égyptien relégué dans un coin de la bibliothèque, rien qui détournât le regard de la longue table, où s’amoncelaient les dossiers, les papiers, les manuscrits, où se concentraient tout son travail, toute sa vie. » (p.23)
    « De 1890, où il enseignait le Culte du moi, à 1923, la veille de sa mort, où il conviait ses successeurs à porter leurs regards sur les grands intérêts de la vie des peuples en même temps que sur les parties divines de l’âme, Maurice Barrès a toujours eu à l’Ecole normale, à la Sorbonne, au quartier Latin, de jeunes écuyers qui portaient ses couleurs. » (p.24)
    « Ce qui traîne, par endroits, de Fichte, de Hegel, de philosophie allemande, dans le Culte du moi, il l’avait recueilli sur les lèvres savantes de l’universel Wyzewa. » (p.26)
    « Comment, tout grisé de bergsonisme que j’étais alors, eussé-je imaginé que Barrès n’avait jamais lu Bergson ? Il avait ses livres, il les avait respirés, rien qu’en les ouvrant. Il en savait assez ; et malgré mon enthousiasme, ai-je jamais pu le décider à en apprendre davantage ? Le jour où je me hasardai à lui envoyer l’Introduction à la Métaphysique, il voulut bien me répondre quand même : « Je vais lire ce morceau de Bergson. Mais diable ! diable ! ». Ses curiosités n’étaient pas là. Et pourtant il s’enchantait d’apprendre que Nietzsche avait eu du plaisir à connaître ses premiers essais !
    Au fond, Barrès ne pensait pas qu’une idée valut plus que celle qui la contredit. » (p.27-28)
    « Athènes lui fut insupportable, avec sa société de rastaqouères, ses prétentieux archéaologues, son éprouvant climat.
    Il fut plus malheureux encore en Égypte. Il y était allé pour visiter les temples, les tombeaux, et faire provision d’images capables d’enrichir ce thème du « culte des morts » qu’il avait élu par avance. Cette architecture gigantesque, ces pyramides, ces sphinx, ces obélisques, ces hypogées, tout cela, qui lui demeurait inintelligible, ne sut point trouver le chemin de son cœur. […] Il ne garda de son voyage qu’une petite pièce à l’effigie d’Alexandre Sévère que lui avait offerte son ami Paul Adam et qui portait en exergue : Principi Juventutis (au Prince de la jeunesse). » (p.31)
    « On lit quelque part dans ses Cahiers : « La grande différence entre les hommes est dans les choses qui les intéressent. Regarder ce qui vaut la peine d’être regardé. Respecter, aimer ce qu’ils doivent respecter, aimer ». » (p.33)
    « Des poètes symbolistes, il avait gardé une certaine méfiance contre les choses trop évidentes, trop claires, trop parfaites. » (p.34)
    « Lui qui, en écrivant, voulait toujours tout ennoblir, quel ne fut pas son dépit quand il dut parler, par exemple, de l’édredon, qui recouvrait le lit du professeur Asmus ? […] Sa croyance, c’était qu’un livre valait « dans la mesure où il arrache le lecteur aux soins vulnérables et l’élève au désir de ce que l’humanité peut concevoir de plus profond et de plus haut ». » (p.37)
    « Après les livrets du Culte du moi, et surtout après l’Ennemi des Lois, Barrès avait senti s’épuiser je ne dis pas la veine de l’égotisme, mais le procédé littéraire qui lui avait jusqu’alors servi à l’exploiter. C’est l’instant où il se proposa les grands romans de Zola pour modèle, et où il rédigea d’un seul jet le « Roman de l’Énergie nationale » : les Déracinés, l’Appel au Soldat, Leurs Figures. » (p.39)

    « Faisant le tour de l’horizon littéraire, Barrès soudain s’arrêta puis laissa tomber ces deux noms associés dans l’éloge : « Nous avons aujourd’hui deux grands écrivains : Charles Maurras et Madame de Noailles » […] Excès qu’ils symbolisaient à ses yeux : excès de la raison raisonnante dans la logique maurrassienne, excès de luxuriance orientale dans l’inspiration poétique de celle qu’avec un sourire il nommait une « jeune faunesse ». » (p.41)
    « La Révolution française faisait partie de sa tradition : « Sans la Révolution, disait-il, je ne serais pas ce que je suis. Je lui dois mon ascension sociale », et, ma foi, il semblait convaincu ! » (p.43)
    « Après la dure contention de la guerre : « Corneille m’ennuie ! Je lui préfère la magnifique animalité de Racine ! ». » (p.46-47)
    « Nous n’aimions, au reste, que les extrêmes : nous ne savions rien de plus beau ni de plus courageux. Affirmateurs de l’être ou faiseurs d’aventures, nous demandions à tous le mot de nos destins. Subir, rejeter, se débarasser, aller plus loin, mais d’abord être en marche. Ces chevaux héroïques que la jeunesse met entre nos genoux, nous les laissions fourbus, épuisés sur la route ; à chaque relais, un nouvel enthousiasme, un nouvel élan… C’était l’âge magnifique où l’on dit tour à tour : « Je crois qu’un tel sera mon maître. Son influence sur moi est énorme. Que ne m’a-t-il pas apporté ? » Mais ces influences que nous subissions, nous voulions les sentir dans notre vie, dans notre chair, quitte à nous en dégager pour accueillir encore. C’était, chaque fois, un détachement cruel, comme des fibres qui se rompaient. Nous nous blessions à toutes les rencontres avec cette manie que nous avions de chercher notre vie dans les livres : autant de désastres pour notre cœur. Ah ! que nous les prenions donc au sérieux. En sortant de certaines lectures, n’allions-nous pas jusqu’à dire : « Que faire, si c’est ainsi, réellement ainsi : se tuer ! ». Je me revois encore, certain jour de l’hiver de 1906, dans ma chambre de l’avenue d’Eylau, roulé en boule sur le tapis, comme un pauvre animal, laissant les ombres tout envahir autour de moi et recouvrir ce livre maudit d’où montait un mortel conseil.
    Ce n’était qu’une forme de ce malaise que nous éprouvions à nous disperser en vérités fragmentaires, mais déjà nous pensions : « Il faut avoir passé par là, pour s’en souvenir avec horreur ». Ainsi de Nietzsche qui, à dix-huit ans, nous avait donné une si forte fièvre. Deux années plus tard, j’entends l’un des nôtres nous dire sur le ton qui s’évade : « Ce grand poète n’est-il pas un poseur de la pensée ? Que nous veut-il avec son surhomme, celui qui n’a pas eu la force d’être un homme ! » Il devait en aller ainsi successivement de bien d’autres, de Maeterlinck, de Gide, voire de Barrès, où notre jeune arrogance craignait de ne trouver désormais que « rabâchage ». […]
    C’est la rançon de ces idolâtries, de ces cultes passionnés, de ces admirations fanatiques. Quand il aime trop, un jeune homme ne sait guère que copier. Dans cet effort à se trouver parmi les livres, il ne recueille que des paroles, des citations, des formules qu’il met sur son vrai visage et sur sa propre vie. Puis un beau jour arrive où l’on ne se retrouve plus sous ces masques d’emprunt. C’est l’heure des grandes sévérités, des injustices implacables et méchantes, des préventions sans motif, sinon qu’à ces formules rejetées, arrachées, on ne veut plus se laisser prendre. Celui-ci n’est plus qu’un « faiseur » à qui, la veille encore, on trouvait du génie. On ne discerne qu’apparat et grandiloquence, là où l’on avait été conquis par un certain ton grandiose. Goûts et dégoûts, pas d’entre-deux. Nous étions de ceux qui ne font jamais de concession. Le succès et l’art nous semblaient incompatibles. Nous ne pardonnions pas à nos maîtres de devenir académiciens ! –mais nous étions contents quand même. Aussi bien aimions-nous les auteurs « difficiles », ceux que les « autres » ne comprendraient jamais. Besoin d’étonner, de surprendre, de scandaliser, plaisirs du paradoxe où s’ébattaient nos esprits. » (p.160-162)
    -Henri Massis, Évocations. Souvenirs (1905-1911), Librairie Plon, coll. La Palatine, 1931, 300 pages.



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