http://books.google.fr/books?id=YjjgblwKy48C&pg=PA174&dq=le+socialisme+est+un+nationalisme&hl=fr&sa=X&ei=aKNjVK7vEMzhauTFgXg&ved=0CDgQ6AEwBA#v=onepage&q=le%20socialisme%20est%20un%20nationalisme&f=false
"Le nationalisme barrésien apparaît [...] sous un double visage. Un visage contestataire d'une part, plébéien et socialisant: il est culte de la jeunesse, de l'énergie et de l'aventure, répudiation des normes de la vie et de la société bourgeoise, romantisme de l'action, abandon aux forces obscures de l'être. Un visage conservateur d'autre part: il s'agit de s'appuyer, pour assurer la survie d'une communauté nationale menacée d’anéantissement, sur toutes les forces de l'ordre et de la hiérarchie sociale, l'armée, l’Église, les institutions en place, les classes dirigeantes..." (p.4)
-Raoul Girardet, préface à Zeev Sternhell, Maurice Barrès et le nationalisme français, Éditions complexe, Librairie Armand Colin, 1972, 389 pages.
"[A la fin du XIXème siècle] Une révolution [...] [s']annonce et prépare, par ses thèmes comme par son style, la politique des masses propre à notre siècle. Car le vaste mouvement de pensée des années 1890 est d'abord un mouvement de révolte -un "souffle de révolte" disait le jeune Barrès. Un mouvement dirigé contre le monde la matière et de la raison, contre le matérialisme et contre le positivisme, contre la société bourgeoise et sa médiocrité, contre la démocratie libérale et ses incohérence." (p.6-7)
"Le romantisme reste essentiellement une réaction contre la philosophie des lumières." (note 3 p.9)
"La révolution darwinienne imprègne profondément l'atmosphère intellectuelle de la seconde moitié du siècle, elle nourrit des formes de nationalisme et d'impérialisme très diverses mais qui se caractérisent toutes par leur brutalité et leur agressivité, leur culte de la vitalité, leur goût de la force et, bien sûr, leur profonde aversion pour la démocratie. En Angleterre, le darwinisme social permet de justifier la conquête de l'Irlande ; pour Danilevsky, en Russie, il apporte la preuve de la supériorité des slaves sur les autres espèces humaines, aux Etats-Unis, la victoire du Nord sur le Sud semble avoir été acquise en vertu d'une loi naturelle." (p.12)
"Wagner et Houston Stewart Chamberlain furent les disciples les plus malfaisants de Gobineau, ceux qui inspirèrent le plus directement peut-être les théories raciales nazies. Mais Gobineau eut aussi d'autres disciples. Parmi les intellectuels célèbres qui subirent son influence, on compte Taine, Renan, Bourget, Albert Sorel et bien sûr Barrès." (p.13)
"Dans la lutte contre le rationalisme, les écrits de Bergson ont été abondamment utilisés par des esprits peu portés aux finesses du raisonnement philosophique qui les ont réduits à un antikantisme primaire aux implications multiples et extrêmement dangereuses." (p.16)
"Mystique universaliste du nationalisme jacobin." (p.21)
"Pour sa première trilogie, [Barrès] dit s'être inspiré de Schopenhauer, de Fichte et de Hartmann." (p.22)
"Au niveau de l'action politique, l'antilibéralisme, l'anti-capitalisme, le patriotisme -ces trois éléments essentiels du boulangisme- n'ont pas encore engendré cette vision du monde étroite et défensive qui est le propre du nationalisme de combat né avec l'Affaire." (p.23)
"En 1892, et après le passage de la vague boulangiste, Barrès s'élève encore, dans un célèbre article du Figaro, souvent mal interprété, contre le chauvinisme culturel ; Jules Lemaître notamment, futur président de la Ligue de la patrie française, y est l'objet de sarcasmes à peine voilés, de même que Déroulède et ses ligueurs firent, dans Les Taches d'encre, les frais de l'énergique protestation de Barrès contre les délires verbaux du patriotisme professionnel. [...] Il a en horreur le patriotisme bavard qui sévit alors." (p.27-28)
"De nombreuses contradictions apparentes se résolvent dès que l'on comprend ce que fut la grande inquiétude de la pensée de Barrès: découvrir le vrai, le solide, l'immuable, échapper à la terrible incertitude qui plane sur l'existence humaine. [...] Son traditionalisme est donc le fruit de cette recherche de l'absolu." (p.48)
"Une telle conception du monde n'aurait pas porté à conséquence si elle avait été réellement limitée au niveau de l'individu. Tel ne fut pas le cas de Barrès qui, en élevant immédiatement au niveau des collectivités sa vision des relations entre le Moi et le barbare -relations de lutte perpétuelle- donna à cette vision des attributs d'une loi naturelle. Très rapidement en effet, la première règle de l'éthique barrésienne qui consistait à s'affirmer contre tout ce qui n'était pas le Moi, à se cantonner dans un monde fermé à la vie des hommes, acquiert la dimension du collectif." (p.52)
"C'est ainsi qu'au-delà des thèmes d'un certain anarchisme qui avait, comme l'a fait remarquer Roger Labrousse, secoué toutes les contraintes, y compris celles du passé, apparaissent dans Le Culte du Moi les éléments d'acceptation qui préparent le traditionnalisme et Le Roman de l'énergie nationale. On discerne en effet que le même fil -l'acceptation du verdict de l'histoire- rattache ses premières romans aux Déracinés, à sa campagne pour les églises de France et enfin à son refus de rallier l'Action française." (p.55)
"Dans le boulangisme, Barrès collabore avec des blanquistes et des radicaux ; dans les années 1890, il n'est pas très éloigné de Jaurès pour qui il professe alors une profonde admiration. Le boulangisme de gauche ne pouvait-il pas, sur la base du programme social de 1889-1891, établir avec le socialisme un accord qui, sans être un accord sur les principes, aurait pu servir de base à une action politique commune ?" (p.172)
"Dans Le Journal du 20 janvier 1893, Barrès publie, à l'occasion de la soutenance de la thèse de Jaurès, un article plein d'éloges pour le leader socialiste." (note 48 p.172)
-Zeev Sternhell, Maurice Barrès et le nationalisme français, Éditions complexe, Librairie Armand Colin, 1972, 389 pages.
"Le nationalisme barrésien apparaît [...] sous un double visage. Un visage contestataire d'une part, plébéien et socialisant: il est culte de la jeunesse, de l'énergie et de l'aventure, répudiation des normes de la vie et de la société bourgeoise, romantisme de l'action, abandon aux forces obscures de l'être. Un visage conservateur d'autre part: il s'agit de s'appuyer, pour assurer la survie d'une communauté nationale menacée d’anéantissement, sur toutes les forces de l'ordre et de la hiérarchie sociale, l'armée, l’Église, les institutions en place, les classes dirigeantes..." (p.4)
-Raoul Girardet, préface à Zeev Sternhell, Maurice Barrès et le nationalisme français, Éditions complexe, Librairie Armand Colin, 1972, 389 pages.
"[A la fin du XIXème siècle] Une révolution [...] [s']annonce et prépare, par ses thèmes comme par son style, la politique des masses propre à notre siècle. Car le vaste mouvement de pensée des années 1890 est d'abord un mouvement de révolte -un "souffle de révolte" disait le jeune Barrès. Un mouvement dirigé contre le monde la matière et de la raison, contre le matérialisme et contre le positivisme, contre la société bourgeoise et sa médiocrité, contre la démocratie libérale et ses incohérence." (p.6-7)
"Le romantisme reste essentiellement une réaction contre la philosophie des lumières." (note 3 p.9)
"La révolution darwinienne imprègne profondément l'atmosphère intellectuelle de la seconde moitié du siècle, elle nourrit des formes de nationalisme et d'impérialisme très diverses mais qui se caractérisent toutes par leur brutalité et leur agressivité, leur culte de la vitalité, leur goût de la force et, bien sûr, leur profonde aversion pour la démocratie. En Angleterre, le darwinisme social permet de justifier la conquête de l'Irlande ; pour Danilevsky, en Russie, il apporte la preuve de la supériorité des slaves sur les autres espèces humaines, aux Etats-Unis, la victoire du Nord sur le Sud semble avoir été acquise en vertu d'une loi naturelle." (p.12)
"Wagner et Houston Stewart Chamberlain furent les disciples les plus malfaisants de Gobineau, ceux qui inspirèrent le plus directement peut-être les théories raciales nazies. Mais Gobineau eut aussi d'autres disciples. Parmi les intellectuels célèbres qui subirent son influence, on compte Taine, Renan, Bourget, Albert Sorel et bien sûr Barrès." (p.13)
"Dans la lutte contre le rationalisme, les écrits de Bergson ont été abondamment utilisés par des esprits peu portés aux finesses du raisonnement philosophique qui les ont réduits à un antikantisme primaire aux implications multiples et extrêmement dangereuses." (p.16)
"Mystique universaliste du nationalisme jacobin." (p.21)
"Pour sa première trilogie, [Barrès] dit s'être inspiré de Schopenhauer, de Fichte et de Hartmann." (p.22)
"Au niveau de l'action politique, l'antilibéralisme, l'anti-capitalisme, le patriotisme -ces trois éléments essentiels du boulangisme- n'ont pas encore engendré cette vision du monde étroite et défensive qui est le propre du nationalisme de combat né avec l'Affaire." (p.23)
"En 1892, et après le passage de la vague boulangiste, Barrès s'élève encore, dans un célèbre article du Figaro, souvent mal interprété, contre le chauvinisme culturel ; Jules Lemaître notamment, futur président de la Ligue de la patrie française, y est l'objet de sarcasmes à peine voilés, de même que Déroulède et ses ligueurs firent, dans Les Taches d'encre, les frais de l'énergique protestation de Barrès contre les délires verbaux du patriotisme professionnel. [...] Il a en horreur le patriotisme bavard qui sévit alors." (p.27-28)
"De nombreuses contradictions apparentes se résolvent dès que l'on comprend ce que fut la grande inquiétude de la pensée de Barrès: découvrir le vrai, le solide, l'immuable, échapper à la terrible incertitude qui plane sur l'existence humaine. [...] Son traditionalisme est donc le fruit de cette recherche de l'absolu." (p.48)
"Une telle conception du monde n'aurait pas porté à conséquence si elle avait été réellement limitée au niveau de l'individu. Tel ne fut pas le cas de Barrès qui, en élevant immédiatement au niveau des collectivités sa vision des relations entre le Moi et le barbare -relations de lutte perpétuelle- donna à cette vision des attributs d'une loi naturelle. Très rapidement en effet, la première règle de l'éthique barrésienne qui consistait à s'affirmer contre tout ce qui n'était pas le Moi, à se cantonner dans un monde fermé à la vie des hommes, acquiert la dimension du collectif." (p.52)
"C'est ainsi qu'au-delà des thèmes d'un certain anarchisme qui avait, comme l'a fait remarquer Roger Labrousse, secoué toutes les contraintes, y compris celles du passé, apparaissent dans Le Culte du Moi les éléments d'acceptation qui préparent le traditionnalisme et Le Roman de l'énergie nationale. On discerne en effet que le même fil -l'acceptation du verdict de l'histoire- rattache ses premières romans aux Déracinés, à sa campagne pour les églises de France et enfin à son refus de rallier l'Action française." (p.55)
"Dans le boulangisme, Barrès collabore avec des blanquistes et des radicaux ; dans les années 1890, il n'est pas très éloigné de Jaurès pour qui il professe alors une profonde admiration. Le boulangisme de gauche ne pouvait-il pas, sur la base du programme social de 1889-1891, établir avec le socialisme un accord qui, sans être un accord sur les principes, aurait pu servir de base à une action politique commune ?" (p.172)
"Dans Le Journal du 20 janvier 1893, Barrès publie, à l'occasion de la soutenance de la thèse de Jaurès, un article plein d'éloges pour le leader socialiste." (note 48 p.172)
-Zeev Sternhell, Maurice Barrès et le nationalisme français, Éditions complexe, Librairie Armand Colin, 1972, 389 pages.