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    Sarah Vajda, Maurice Barrès

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Date d'inscription : 12/08/2013
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    Sarah Vajda, Maurice Barrès Empty Sarah Vajda, Maurice Barrès

    Message par Johnathan R. Razorback Lun 10 Sep - 16:53

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Sarah_Vajda

    "Mais c'est à Montherlant que revient le titre incontesté de fils qui forge la notion de "service inutile" et ne cesse de revenir à Barrès son libérateur." (p.19)

    "Singulièrement, c'est à sa passion bonapartiste que tient le républicanisme de Barrès: construction hybride où l'art de l'éloquence rivalise avec l'idée de hauteur. Son bonapartisme explique en bonne part son engagement aux côtés de Boulanger." (p.20)

    "Nathanaël est fils de Barrès, aussi, pour faire croire à son génie, Gide a-t-il traîné Barrès dans la boue, occultant ses sources, afin de faire croire à un nouveau lectorat inculte qu'il naissait, solitaire, du bourbier d'un XIXe siècle académique et bourgeois." (p.30)

    "Les femmes importaient peu à Barrès avant qu'Anna ne vînt." (p.32)

    "1923, à Neuilly, le jeune Montherlant suit le convoi funèbre." (p.40)

    "Montherlant a connu, à son tour, une disgrâce passagère et vu son nom mis au ban pour un étrange livre où il vilipendait la bassesse de ses contemporains. [...]
    L'auteur du
    Solstice de juin a, à son tour, été la proie de jeunes gens qui lui ont reproché d'avoir chanté la guerre et de ne pas l'avoir faite." (p.42)

    "avoir parcouru Nietzsche et lu Schopenhauer et s'être fabriqué une doctrine où l'idéalisme a grande part." (p.79)

    "En 1894, Barrès ne sait pas encore que c'est à Dreyfus -le chef d'escadron détaché en août 1914 au fort de Domont qui avertit Galliéni du changement de cap allemand, à la sortie de Luzarches- que la France devra les prémices de la manœuvre de la Marne. Il ne sait pas encore que l'ancien bagnard finira la guerre lieutenant-colonel et officier de la Légion d'honneur et, dans le 20e corps, sera du Chemin des Dames où son fils commande une batterie de 75, ni que le sien, Philippe, servira en compagnie de celui de Jaurès au 12e régiment de cuirassiers à pied et que Louis [Jaurès] disparaîtra le 3 juin 1918. Pour l'heure, les juifs n'appartiennent pas encore, selon Barrès, à l'histoire de France." (p.149)

    "Barrès s'illustrera aussi à un certain dîner chez Blanche. Georges Moore, qui habite alors Paris et prépare avec Édouard Dujardin des conférences franco-anglaises, souhaite rencontrer Barrès. L'Affaire vient sur le tapis, ils s'empoignent, Barrès reçoit la serviette de Moore en plein visage." (p.153)

    "Souvenons-nous, nous qui redessinons la carte du passé, de la violence avec laquelle Anatole France le dreyfusien avait, dans un article haut en couleurs, sabré Zola: Les Géorgiques de la crapule et avait souhaité "qu'il ne fût pas né", que Drumont comme Zola avaient grandi à l'ombre de [Alphonse] Daudet soupant de conserve chez madame Daudet, que Maurras, cinq ans durant, avait servi de secrétaire à Anatole France et que celui-ci voterait pour lui à l'Académie, après l'Affaire." (p.161)

    "Barrès demeure à jamais du côté de Hölderlin et de Nietzsche qui voulurent conjoindre Apollon et Dionysos et Maurras du parti du seul Apollon. Il choisit l'atticisme et lui seul pour désavouer et annihiler le legs romantique." (p.197)

    "Maurras a pour Zola, le félibrige dont il apprécie tout particulièrement Le Rêve, une profonde admiration." (p.198)

    "C'est le 11 juillet 1893 qu'il [Barrès] épouse Paul Couche à l'église Saint-Séverin et en mars 1901 qu'il rencontre Anna." (note 22 p.376)

    "Un homme supérieur comme Bernanos [...] en 1943, reproche encore dans Le Chemin de la croix des âmes à Hitler d'avoir "dénaturé la noble cause de l'antisémitisme"." (note 44 p.377)

    "Le 23 février 1899, jour de la Saint-Maurice, place de la Nation, Barrès lance un ultime appel au soldat. En habit noir, Barrès conspire et accompagne Déroulède qui s'essaie à convaincre le général Roget de marcher sur l'Élysée. Une fois encore, c'est à Labiche et à Courteline qu'il faut emprunter la plume pour narrer le fiasco de Reuilly. La nuit du 22 au 23 -mois béni selon Napoléon pour les insurrections- Barrès, Habert et Déroulède roulent en fiacre, non vers Emma et la cathédrale de Rouen, mais vers la France dont ils vont enfin prendre possession. Barrès, dans la langue de Zola, parle de "crime d'amour" et Déroulède, à ses hommes, une langue d'amant. Félix Faure vient de rendre l'âme -ajoutant encore un chapitre à la légende française. Déroulède, en hâte rentré du Midi, interpelle son successeur Émile Loubet qui, au temps de Panama, aida les chéquards à se tirer d'affaire. A Versailles, lorsqu'il prend la parole devant le congrès de la Ligue, il retrouve intacte la vague qui aurait porté Boulanger à l'Élysée si Boulanger avait voulu. Ivre de cette mer déchaînée, prisonnier du délire populaire, Déroulède entraîne ses bacchantes patriotiques à la statue de Jeanne d'Arc et, au lieu de marcher sur l'Élysée, leur fixe rendez-vous: Dans trois jours, pour trouver un soldat qui réponde à l'appel ! Il finit par dénicher un général. Pellieux appartient à l'état-major antidreyfusien, soupçonné de collusion avec Esterhazy. Les deux hommes règlent l'affaire dans les moindres détails, jusqu'au cheval que monterait le chef des Ligueurs quand il prendrait la tête des troupes. Ensuite, il prend langue avec des hommes politiques qui, réunis le soir même du coup d'Etat autour du tapis vert, en appelleront au peuple de France pour élire une assemblée constituante. Le lendemain se passe à rouler en fiacre avec Barrès et Barillier. A la dernière minute, place de la Nation, boulevard de Charonne, Déroulède en appelle à Hugo et brame: "Grouchy ! C'était Blücher... L'espoir changea de camps, le combat changea d'âme." Fin du coup ! En lieu et place du général de Pellieux, le général Roget mène les troupes à cheval à la caserne de Reuilly et non à l'Élysée, au repos vespéral et non à la gloire ! Déroulède est arrêté par le général Florentin." (p.181-182)

    "Déroulède gagne Saint-Sébastien et Barrès ravi/peiné d'avoir échappé aux Assisses et à la Haute Cour se calfeutre boulevard Maillot pour y consigner la mémoire de cet impérissable 23 février où, nouveau Retz, il a marché avec les factieux contre le pouvoir en place." (p.183)

    "Barrès, s'il reste fidèle à Déroulède et lui rend visite à Saint-Sébastien tous les 23 février, refuse désormais les coups de poings nationaux. Il ne suivra pas Maurras sur le tombe du général Pellieux, pas plus qu'il n'acceptera de troubler les funérailles de Zola. Barrès dissuade même Syveton, Coppée, Castellane et Rochefort de conduire une contre-manifestation nationale." (p.183-184)

    "En mars de cette même année où Barrès ne fut pas plus chanceux que le cardinal de Retz, il est encore une fois battu contre Gervaize, plus franchement réactionnaire, plus franchement antisémite que lui, en dépit du soutien de Déroulède. L'écart est infime: 5887 voix contre 5786. Barrès devra encore attendre six ans pour être à nouveau député." (p.184)

    "Barrès, soi disant ami de [Maurras]." (p.186)

    "Tous les admirateurs de Barrès, les Spire, Fleg... trouvent refuge aux Cahiers ce qui permet d'ôter tout caractère anecdotique à la présence de Jérôme Tharaud -transfuge de La Revue Blanche, normalien et dreyfusien- chez Barrès. C'est à Péguy que Thraud demande conseil avant de se présenter chez Barrès, comme à son directeur de conscience et sans hésiter Péguy le presse d'y aller." (p.186)

    "Tout, chez [Maurras], est labeur, sérieux et construction, quand Barrès donne, par la grâce d'une fantaisie unique, une impression d'aisance et de facilité dont la cause est l'indifférence profonde aux idées. L'homme libre se déleste un à un des fardeaux du siècle et de son humanité. Libéré de la pesanteur mortelle, il sait le don mystérieux de parler aux âmes enfantines, d'où l'insolence du do it ! Maurras appartient à cette théorie d'hommes qu'on ne saurait plus imaginer enfants, à cette race de grandes personnes qui croit à sa capacité de transformer le réel, à l'importance de son existence, au poids de ses mots et au choc de ses actes qu'elle redessine en images pieuses. Dilettante et fanatique, Barrès ne se dépare jamais du sentiment comique de la vanité d'être." (p.189)

    "[Maurras] refuse d'enterrer Octave Tauxier, un jeune homme dont il attend beaucoup et dont il salue l'annonce de la mort d'un: "On ne meurt pas"." (p.195)

    "A René Gilloin qui l'aimait si fort qu'il voulait, jeune Nietzschéen repenti, célébrer Seillière, Barrès demande:

    -Parlez-moi donc un peu de ce M. Seillière dont je n'ai pas lu une ligne et dont vous faites tant de cas.

    [Pour lui complaire Gilloin s'exécute, vante]:

    -son immense érudition et sa rare connaissance des choses allemandes.

    [Gilloin expose]:

    -la triade Impérialisme - Mysticisme - Raison qu'il avait prise pour fondement de sa doctrine.

    [conclut]:

    -Au surplus, c'est un homme avec qui vous devriez sympathiser, car il a mené des campagnes parallèles aux vôtres, contre le romantisme anarchique, contre l'individualisme révolutionnaire, contre les désordres de la sensibilité, contre la passion anti-sociale.

    Barrès pousse alors un grand soupir, coule [vers lui] un regard amusé et, complice: "Enfin, contre tout ce que nous aimons"." (p.201)

    "Je me souviens que le moi renforcé éloigne de tout narcissisme puisqu'il se sait solidifié par une hérédité, une tradition, inscrit dans une époque et ne devant presque rien à soi-même, quand le moi atomisé qui se sait minuscule, dévoré par l'impuissance et la conscience de son néant aboutit au narcissisme du sujet et à sa traduction politique la croyance en une supériorité de race, de caste ou de classe." (p.203)

    "Quand Barrès dédie "A Édouard Drumont, ce témoignage" le dernier volet du Roman de l'énergie nationale, il se place librement sous le signe de l'antisémitisme." (p.205)

    "Sur un panneau de bois, Barrès conserve, témoignage très précieux de la fugacité, une Cybelle nue à laquelle Éros jette des fleurs, peinte par Delacroix pour Nerval à même la porte de la clinique du docteur Blanche." (p.225)

    "Avril 1889, chez les Clermont-Tonnerre, il l'aperçoit. C'est seulement en mai de la même année que chez le félibrige Mariéton, Maurice Barrès -quarante ans, désabusé- rencontre la jeune Anna de Noailles, vingt et un ans, sous l’œil d'un témoin -invité par crainte d'être treize à table- auquel personne ne prête attention, Marcel Proust. La rencontre était sans doute fatale, déjà Blanche, à qui Barrès avait confié son ennui, s'était proposé de les réunir. Ils ne se reverront que deux ans plus tard, cette-fois-ci chez Madame de Montebello. L'entretien porte bien entendu sur le capitaine symbole. La comtesse, Albertine de son petit nom, se moque d'Anna qu'elle surnomme "Le Gavroche de Byrance", ce qui explique sans doute aux yeux de l'hôtesse son dreyfusisme. Marcel regarde la scène et sourit de cette trop parfaite illustration de sa théorie de l'amour, contemplant ce distingué écrivain français jusqu'à la moelle des os se perdre pour "une femme qui n'est pas son genre". Bien qu'elle soit, comme à l'accoutumée et à l'instar de sa sœur moins chanceuse Marie Bashkirtseff, de blanc vêtu, Barrès voit la robe incarnadine d'Édith de Plantagenet couvrir ce corps de femme-enfant qui ressemble à s'y méprendre à ses rêves scottiens. Ce jour-là, elle récite Parole à la lune, c'est du moins ce qu'elle rappellera en lui dédicaçant Le Cœur innombrable. Parole à la lune ou Hymne au soleil, qu'importe, La Musulmane courageuse comme Le Jardin sur l'Oronte narrent le ravissement d'un jeune homme, désoccidentalisé par un chant d'Orient. La scène princeps les laisse, l'un et l'autre, "effrayés", "épouvantés".
    La ronde des dédicaces et des présents littéraires commence. Barrès, d'abord, lui offre l’opuscule d'Anatole France consacré à Lucile de Chateaubriand, aux amours incestueuses, aux délices des liens fraternels ; puis de retour de Sparte dont il rapporte son
    Voyage: un livre qu'elle a entièrement inspiré. Barrès lui offre, enfin, pour clore tout sot débat sur une sotte Affaire -aveu sincère de son peu de foi politique- le fameux exemple aux feuilles virges relié en maroquin rouge que le jeune Emmanuel Berl admirera encore chez Anna devenue vieille: "A Madame de Noailles, ce livre tel qu'elle voudrait qu'il fût", marquant l'équivalence de l'engagement dans l'un ou l'autre camp. Année 1899, il note dans ses Cahiers: "Moi, dans mes activités, dans ma vie extérieure, je me lave, je me purifie dans mes rêves d'Orient". Plus loin, il avoue "la folie romanesque" où le plongent invariablement les violons tziganes. Anna, à nouveau, pour lui, est "Invitation au voyage" comme hier le furent Baudelaire, Gautier et le Flaubert de Salambô. Sans doute pressent-il que derrière la barrière sombre de la longue frange brune et les yeux verts si perçants qu'on les dirait charbons ardents, derrière cette créature dont la taille n'excède pas le mètre cinquante-cinq, se cache le meilleur de son œuvre à venir. Désormais, l'impossible mariage entre Idéologie et Poésie devient une arène où Barrès ne fait sonner haut et fort la pena nationaliste que pour laisser libre cours au chant de volupté et de mort. La schizophrénie, déesse ordinaire de l'adultère, est maîtresse de la place. L'homme y perdra tout. Seuls, l'oiseau bleu sous les étoiles et les pages enchanteresses consacrées à Sparte, à la Sibylle et autres créatures intermédiaires entre les hommes et les dieux, y gagneront des ailes si brillantes que la boue et l'encre des commentaires ne parviendront à les ternir.
    La romance a l'habituelle fadeur des romans sentimentaux. Au commencement, la joie sans mesure que procure la rencontre de l'âme jumelle, le masque courtois de l'amitié posé sur la démence comme l'ultime digue et enfin la levée de la digue, la déferlante et le débordement suivis par la mélancolie, les rancœurs et les souffrances. La littérature permet de convertir ces bassesses ordinaires en acte volontaire et de donner un sens à cette comédie des erreurs. Les
    Cahiers, comme leur correspondance, témoignent de cette évolution. Par Elle, la mort, mesure de tout sentiment, devient crainte de perdre la joie et désir de mourir dans cette plénitude. Des Amitiés françaises au Mystère en pleine lumière, pas un livre de Barrès qui ne dessine son visage ; romans ou essais poétiques, tous ses livres la citent, évoquent et célèbrent son amour, enfin traduisent en prose les meilleurs de ses vers. Les noces de l'amour et de la littérature augmentent une passion qui se fût éteinte sur la scène de la vie et que fortifieront les mots." (p.227-229)

    "Ni la vie ni l’œuvre de Barrès n'auraient été telles si cet amour et ce drame [rupture de 1907] n'étaient survenus, véritables bête dans la jungle, attendues toute sa vie et surtout à ceci, ils se sont revus en 1917 et ont été amants, d'heureux amants -la correspondance en fait foi. Contre les Tharaud, Barrès a tranché, le 11 mai 1923, il lui écrit ceci, exergue obligé de toute lecture de Barrès: "Je demande qu'un jour votre nom qui fut le rêve et le secret de ma vie soit inscrit à la première page de ce qui pourrait survivre de votre ami"." (p.238)

    "Les filles toujours doivent-elles avant de sourire aux garçons songer aux suicides potentiels de ceux qu'elles ne parviendront à aimer ? Barrès, au plus fort de sa détresse, alors qu'il vient de passer trois jours au chevet de [son neveu] Charles agonisant, guettant une reprise de conscience qui n'est pas venue, ne l'a pas cru." (p.245)

    "En octobre 1901, trois mois après la mort de sa mère, Barrès quitte le comité directeur de La Patrie française. [...] [En 1904], il rompt son serment d'orphelin ivre et échoue à l'élection législative d'avril." (p.259)

    "Parmi tous les reproches adressés à Maurice Barrès, celui d'avoir sonné du clairon et couvert le massacre d'une génération de jeunes gens paraît ne souffrir aucune atténuation. Résumé en un mot de l'auteur d'Au-dessus de la mêlée qui, d'ailleurs, s'y trouva si bien qu'Hitler lui-même ne l'en déménagea pas [...] ce reproche le sacre eernitate: "Rossignol du carnage". La formule est belle, elle est fausse. [...]
    Montherlant raconte, non sans émotion, comment Barrès fut sifflé par la foule, lors du défilé de la Victoire, tout bonnement mis au ban, traité en paria
    ." (p.286-287)

    "Trop vieux pour porter l'uniforme -réformé à vingt ans, il en a cinquante-deux- plusieurs fois, il tente, en vain, de s'engager, mais le ministère lui refuse jusqu'au poste de correspondant de guerre. Sa fonction sera humble, servir de porte-parole aux combattants, à leurs épouses ou à leurs veuves, à leurs parents et à leurs fils, intercéder pour les mutilés et tenter d'adoucir leurs conditions de vie. Barrès intercède pour des pensions, des prothèses ; tente de faire rester des chirurgiens à l'arrière et enfin pour que "les mutilés ne mendient pas aux portes des cinémas" il use de son prestige et de son nom en faveur de la Fédération nationale pour la défense des mutilés des armées de Terre et de Mer. Quatre années durant, il préfère au sublime et à la "gloigloire" des Lettres des tâches très humbles comme celle de généraliser l'emploi du réchaud à alcool dans les tranchées, comme la création d’œuvres d'apprentissage et de placement pour les gueules cassées. [...] Ces années-là, Barrès s'obstine et parvient à ne fixer son attention que sur les pensions des mères de famille dont l'époux est au front et les enfants à l'école ; il borne son univers aux unités que l'état-major a oublié de relever ; à l'instauration d'une croix de guerre pour les braves ou à l'élargissement du registre des musiques-qui-vont-quelque-part. A la Chambre, il se bat contre certain décret, apparemment de peu d'importance, et gagne: des hygiénistes, trop dignes ancêtres de nos Verts, décident de brûler les corps des soldats non identifiés. A ce vœu sanitaire, il répond par une défense de la tradition de l'ensevelissement et par la nécessité qu'ont les familles de pleurer un mort qui soit quelque part." (p.289)

    "Long projet qu'à partir des témoignages des survivants, Barrès a consacré sous le titre de Gerbéviller au 21 août 1914, 22e jour de la guerre en Alsace où le village tint héroïquement 10 heures avant l'arrivée des troupes françaises et vit la soldatesque s'amuser à un jeu de massacre sur adolescents, mères, enfants, vieillards et invalides en prenant soin de séparer les sexes et d'abattre d'abord les enfants sous les yeux de leurs mères, prenant plaisir à brûler vifs les jeunes filles et les adolescents. En 1870, les Allemands avaient été vainqueurs, ils n'étaient donc pas des enfants humiliés ; la guerre venait de commencer, ils n'avaient donc encore à se venger d'aucun pillage ni d'aucune barbarie contre leurs civils. Ils n'agirent ainsi que pour faire régner la terreur chez l'ennemi selon le vœu de l'état-major qui prônait une guerre psychologique." (note 32 p.394)
    -Sarah Vajda, Maurice Barrès, Flammarion, coll.
    Grandes Biographies, 2000, 434 pages.



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    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".


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