"L’immigration moderne, dont nous parlons, est née au XIXe siècle, au moment où le capitalisme industriel exigeait des masses croissantes de main-d’œuvre, tirée des régions avoisinantes : les patrons d’usines voulaient des travailleurs flexibles et bon marché. Importer, ou laisser venir, des Creusois, des Savoyards ou des Bourguignons, puis des Belges, des Espagnols ou des Polonais, permettait en sus de tirer les salaires vers le bas en créant une « armée de réserve », de briser les solidarités spontanées – mettez sur une chaîne de montage un Corse, un Portugais, un Algérien et un Normand côte-à-côte, le temps qu’ils apprennent à se parler, vous les ferez tourner – et de casser les grèves lorsqu’elles surgissent – vous avez tous lu Germinal – voire de les réprimer, comme les troupes Versaillaises contre les Communards, essentiellement constituées de paysans de province. L’immigration permet en plus de contourner les résistances locales diffuses, comme lorsque les gens préfèrent faire moins d’enfants pour en prendre soin ou sont rétifs à l’industrialisation et à l’ascension hiérarchique. Bref, c’est une mise en concurrence généralisée.
Bien entendu, les mouvements ouvriers de l’époque ont pu neutraliser partiellement ces effets, par l’assimilation sociale des étrangers, l’émergence d’une éthique collective, l’organisation des travailleurs en un lieu, une coordination entre secteurs, d’innombrables luttes mettant en échec les stratégies de division patronales, et surtout la mise en place des Associations Internationales du Travail pour enrayer cette rivalité construite entre les peuples et créer une solidarité voire une unité à l’échelle mondiale."
-"Immigration, écologie et décroissance", 8 juin 2019 in Écologie, pandémie & démocratie directe, Brochure n° 26 bis Lieux Communs, mai 2020, 68 pages, p.27
Bien entendu, les mouvements ouvriers de l’époque ont pu neutraliser partiellement ces effets, par l’assimilation sociale des étrangers, l’émergence d’une éthique collective, l’organisation des travailleurs en un lieu, une coordination entre secteurs, d’innombrables luttes mettant en échec les stratégies de division patronales, et surtout la mise en place des Associations Internationales du Travail pour enrayer cette rivalité construite entre les peuples et créer une solidarité voire une unité à l’échelle mondiale."
-"Immigration, écologie et décroissance", 8 juin 2019 in Écologie, pandémie & démocratie directe, Brochure n° 26 bis Lieux Communs, mai 2020, 68 pages, p.27